J’ai vu cette brillante fête,
Fête des grâces, des amours,
Que trois mois d’avance on apprête,
Et dont on s’occupe trois jours.
J’ai vu la beauté sous les armes,
Rassemblant tous ses traits vainqueurs,
Doubler le pouvoir de ses charmes
Pour venir assiéger les coeurs.
J’ai vu la toilette nouvelle,
Et, d’honneur, j’en suis enchanté
Ces dames mettant tant de zèle
À retracer l’antiquité,
Qu’on les verra, si cela dure,
Quittant l’habit grec ou romain,
Reprendre la simple parure
De la mère du genre humain.
J’ai vu tour à tour d’autres belles,
Se livrant à des goûts nouveaux,
Oser, amazones nouvelles,
Caracoler sur des chevaux...
Comme tomber n’est pas descendre,
Belles, prenez garde aux faux pas :
Vous risquez… Vous devez m’entendre,
Et Boufflers a su vous apprendre
Ce qu’il arrive en pareil cas.
J’ai vu la tournure grossière
Des parvenus en chars brillants :
Ces messieurs se tiennent dedans
De l’air dont on se tient derrière.
J’ai vu l’intrigant Dorival,
Qui faisait aujourd’hui figure,
Et demain vendra le cheval
Afin de payer la voiture.
J’ai vu campos ubi Troja…
J’ai vu les ruines célèbres
Du temple où jadis ce jour-là
Les nonnettes chantaient ténèbres
Avec les filles d’Opéra.
J’ai vu la foule confondue
Revenir, au déclin du jour,
Par la longue et sombre avenue
De ce bois planté par l’amour,
Où, dit-on, à l’hymen son frère
Le fripon joua plus d’un tour ;
Bois charmant où le doux mystère
Établit avec lui sa cour.
J’ai vu l’amant et son amie,
Dans leurs yeux portant le bonheur ;
Je les ai vus d’un œil d’envie,
Et me suis dit au fond du cœur :
Ah ! dans ce bois, aimable Laure,
Que ne puis-je avec toi rêver !
Je ne voudrais m’y retrouver
Qu’afin de m’y reperdre encore.
« Les J’ai vu de la promenade de Longchamp » : différence entre les versions
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==__MATCH__:[[Page:Millevoye - Œuvres complètes de Millevoye, I, 1837, éd. Pongerville.djvu/172]]== |
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Fête des grâces, des amours, |
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Que trois mois |
Que trois mois d’avance on apprête, |
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Et dont on |
Et dont on s’occupe trois jours. |
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J’ai vu la beauté sous les armes, |
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Rassemblant tous ses traits vainqueurs, |
Rassemblant tous ses traits vainqueurs, |
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Doubler le pouvoir de ses charmes |
Doubler le pouvoir de ses charmes |
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Pour venir assiéger les coeurs. |
Pour venir assiéger les coeurs. |
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J’ai vu la toilette nouvelle, |
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Et, |
Et, d’honneur, j’en suis enchanté |
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Ces dames mettant tant de zèle |
Ces dames mettant tant de zèle |
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À retracer |
À retracer l’antiquité, |
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Qu’on les verra, si cela dure, |
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Quittant |
Quittant l’habit grec ou romain, |
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Reprendre la simple parure |
Reprendre la simple parure |
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De la mère du genre humain. |
De la mère du genre humain. |
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J’ai vu tour à tour d’autres belles, |
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Se livrant à des goûts nouveaux, |
Se livrant à des goûts nouveaux, |
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Oser, amazones nouvelles, |
Oser, amazones nouvelles, |
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Caracoler sur des chevaux... |
Caracoler sur des chevaux... |
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Comme tomber |
Comme tomber n’est pas descendre, |
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Belles, prenez garde aux faux pas : |
Belles, prenez garde aux faux pas : |
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Vous risquez… Vous devez m’entendre, |
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Et Boufflers a su vous apprendre |
Et Boufflers a su vous apprendre |
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J’ai vu la tournure grossière |
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Des parvenus en chars brillants : |
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Ces messieurs se tiennent dedans |
Ces messieurs se tiennent dedans |
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Qui faisait |
Qui faisait aujourd’hui figure, |
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Et demain vendra le cheval |
Et demain vendra le cheval |
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Afin de payer la voiture. |
Afin de payer la voiture. |
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J’ai vu ''campos ubi Troja…'' |
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J’ai vu les ruines célèbres |
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Du temple où jadis ce jour-là |
Du temple où jadis ce jour-là |
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Les nonnettes chantaient ténèbres |
Les nonnettes chantaient ténèbres |
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Avec les filles |
Avec les filles d’Opéra. |
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J’ai vu la foule confondue |
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Revenir, au déclin du jour, |
Revenir, au déclin du jour, |
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Par la longue et sombre avenue |
Par la longue et sombre avenue |
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De ce bois planté par |
De ce bois planté par l’amour, |
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Où, dit-on, à |
Où, dit-on, à l’hymen son frère |
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Le fripon joua plus |
Le fripon joua plus d’un tour ; |
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Bois charmant où le doux mystère |
Bois charmant où le doux mystère |
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Établit avec lui sa cour. |
Établit avec lui sa cour. |
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J’ai vu l’amant et son amie, |
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Dans leurs yeux portant le bonheur ; |
Dans leurs yeux portant le bonheur ; |
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Je les ai vus d’un œil d’envie, |
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Ah ! dans ce bois, aimable Laure, |
Ah ! dans ce bois, aimable Laure, |
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Que ne puis-je avec toi rêver ! |
Que ne puis-je avec toi rêver ! |
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Je ne voudrais m’y retrouver |
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