« Page:Gide - L’Immoraliste.djvu/183 » : différence entre les versions
Aucun résumé des modifications |
|||
Contenu (par transclusion) : | Contenu (par transclusion) : | ||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
morte; mais, sans ouvrir les yeux, elle tourna vers moi la tête. Dans un coin sombre de la pièce, la figure inconnue rangeait, cachait divers objets ; je vis des instruments luisants, de |
morte ; mais, sans ouvrir les yeux, elle tourna vers moi la tête. Dans un coin sombre de la pièce, la figure inconnue rangeait, cachait divers objets ; je vis des instruments luisants, de l’ouate ; je vis, crus voir, un linge taché de sang… Je sentis que je chancelais. Je tombai presque vers le Docteur ; il me soutint. Je comprenais ; j’avais peur de comprendre. |
||
un linge taché de sang... Je sentis que je chancelais. Je tombai presque vers le Docteur; il me soutint. Je comprenais; j’avais peur de comprendre... |
|||
– Le petit ? demandai-je anxieusement. |
|||
Il eut un triste haussement d’épaules. |
Il eut un triste haussement d’épaules. – Sans plus savoir ce que je faisais, je me jetai contre le lit, en sanglotant. Ah ! subit avenir ! Le terrain cédait brusquement sous mon pas ; devant moi n’était plus qu’un trou vide où je trébuchais tout entier. |
||
Ici tout se confond en un ténébreux souvenir. Pourtant Marceline sembla d’abord assez vite se remettre. Les vacances du début de l’année me laissant un peu de répit, je pus passer près d’elle presque toutes les |
Ici tout se confond en un ténébreux souvenir. Pourtant Marceline sembla d’abord assez vite se remettre. Les vacances du début de l’année me laissant un peu de répit, je pus passer près d’elle presque toutes les heures du jour. Près d’elle je lisais, j’écrivais, |
Version du 23 mars 2012 à 03:41
morte ; mais, sans ouvrir les yeux, elle tourna vers moi la tête. Dans un coin sombre de la pièce, la figure inconnue rangeait, cachait divers objets ; je vis des instruments luisants, de l’ouate ; je vis, crus voir, un linge taché de sang… Je sentis que je chancelais. Je tombai presque vers le Docteur ; il me soutint. Je comprenais ; j’avais peur de comprendre.
– Le petit ? demandai-je anxieusement.
Il eut un triste haussement d’épaules. – Sans plus savoir ce que je faisais, je me jetai contre le lit, en sanglotant. Ah ! subit avenir ! Le terrain cédait brusquement sous mon pas ; devant moi n’était plus qu’un trou vide où je trébuchais tout entier.
Ici tout se confond en un ténébreux souvenir. Pourtant Marceline sembla d’abord assez vite se remettre. Les vacances du début de l’année me laissant un peu de répit, je pus passer près d’elle presque toutes les heures du jour. Près d’elle je lisais, j’écrivais,