« Les Fleurs du mal (1861)/Le Rêve d’un curieux » : différence entre les versions

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J’étais comme l’enfant avide du spectacle,
J’étais comme l’enfant avide du spectacle,
Haïssant le rideau comme on hait un obstacle…
Haïssant le rideau comme on hait un obstacle....
Enfin la vérité froide se révéla :
Enfin la vérité froide se révéla :



Version du 14 août 2008 à 13:37

LA MORT
Le Rêve d’un curieux



CXXV. — Le Rêve d’un curieux

À F. N.


Connais-tu, comme moi, la douleur savoureuse,
Et de toi fais-tu dire  : « Oh ! l’homme singulier ! »
— J’allais mourir. C’était dans mon âme amoureuse,
Désir mêlé d’horreur, un mal particulier ;

Angoisse et vif espoir, sans humeur factieuse.
Plus allait se vidant le fatal sablier,
Plus ma torture était âpre et délicieuse ;
Tout mon cœur s’arrachait au monde familier.

J’étais comme l’enfant avide du spectacle,
Haïssant le rideau comme on hait un obstacle....
Enfin la vérité froide se révéla :

J’étais mort sans surprise, et la terrible aurore
M’enveloppait. — Eh quoi ! n’est-ce donc que cela ?
La toile était levée et j’attendais encore.