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Ioz snsamz nr LES LYS
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expression : la métaphore sans suite, pourrait-on
croire, d’nn auteur négligent etillettré.
Il n’en est pas ainsi. Son audace même et sa
vigueur Ont POU? bui`. de DOUS fil1I‘C F0g3I'Cl6I‘ de
près à la phrase et de nous en fa1re souvenir. Ces
deux monosyllabes expriment les deux contraires,
exactement, du vrai caractère des deux grandes
fonctions de l’Eglise, celles d’évêque et de pasteur.
Un « Evêque » signifie « une personne qui
voit (1) ». Un « pasteur » signifie « une personne
(1) Quand deux triangles ontun angle égal compris entre deux côtes
égaux, les deux autres angles et le troisième côté coïncident aussi.
Demême quand on a pu faire coïncider certains points générateurs de
deux esprits,d’autrcs coïncidences endécouleront 1 on pourra ne les
observer qu’cnsuite, mais elles étaient enfermécs dans la vérité pre-
mière, Quand après cela nous faisons le tour des deux esprits nous
les aperccvons qui nous ont dcvancés et sont allées se ranger
d’clles—mêmes à la place que nous leur avions assi née, (C’est ainsi
qu’uu astronome voit pour la première fois, quanc? il a un télescope
assez puissant, une toile dont il avait préalablement démontré
Pexistence et la place par le simple calcul). Plus modestementll),
j’avais, dans la Préface de la Bible d’Amiens,c0mparé à Ruskin un
moderne idolâtre dont je prise infiniment le talent et l’esp1·it, et
j’avais relevé entre eux quelques points de coîncidence,d’aiIleurs bien
faciles à apercevoir. Voici que Huskin m’en offre de nouveaux, qui
vérifient mon dire, et en me montrant qu‘ils passent par les mêmes
points, confirme qu’ils suivent (un peu, et pas longtemps, les esprits
ne sont pas si géométriques) la même ligne. Oui « un Evêque signifie
une personne qui voit »,voilà une phrase que tous ceux de mes amis
qui connaissent le poète et Pessayiste idolâtre dont je veux parler,
'diront presque involontairement de la voix forte, avec l'accent qui
souligne et qui martèle, qui chez lui sont si originaux : <c Un évêque
est une personne qui voit ». On l’entcnd dire cela, car, comme Bus-
kin (trahit sua quemque voluptas) il s’enivre de trouver au fond
de chaque mot son sens caché, antique et savoureux. Un mot est ·
pour lui la gourde pleine de souveniiydont parle Baudelaire. En de- [
ors même de la beauté de la phrase où il estplacé (et c’est là que
pourrait commencer le danger), il le vénère. Et si on méconnaît ce
qu’il contient (cn Femployant à faux) il crie au sacrilège (eten cela
i a raison). Il s’ét0nne de la vertu secrète qu’il y a dans un mot, il
s’en_émerveiIle; en prononçant ce mot dans la conversation la plus ·
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là il donne aux choses les plus simples une dignité, une grâce, un
intérêt, une vie, qui font que ceux qui l’0nt approché préfèrent à

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Ioz snsamz nr LES LYS expression : la métaphore sans suite, pourrait-on croire, d’nn auteur négligent etillettré. Il n’en est pas ainsi. Son audace même et sa vigueur Ont POU? bui`. de DOUS fil1I‘C F0g3I'Cl6I‘ de près à la phrase et de nous en fa1re souvenir. Ces deux monosyllabes expriment les deux contraires, exactement, du vrai caractère des deux grandes fonctions de l’Eglise, celles d’évêque et de pasteur. Un « Evêque » signifie « une personne qui voit (1) ». Un « pasteur » signifie « une personne (1) Quand deux triangles ontun angle égal compris entre deux côtes égaux, les deux autres angles et le troisième côté coïncident aussi. Demême quand on a pu faire coïncider certains points générateurs de deux esprits,d’autrcs coïncidences endécouleront 1 on pourra ne les observer qu’cnsuite, mais elles étaient enfermécs dans la vérité pre- mière, Quand après cela nous faisons le tour des deux esprits nous les aperccvons qui nous ont dcvancés et sont allées se ranger d’clles—mêmes à la place que nous leur avions assi née, (C’est ainsi qu’uu astronome voit pour la première fois, quanc? il a un télescope assez puissant, une toile dont il avait préalablement démontré Pexistence et la place par le simple calcul). Plus modestementll), j’avais, dans la Préface de la Bible d’Amiens,c0mparé à Ruskin un moderne idolâtre dont je prise infiniment le talent et l’esp1·it, et j’avais relevé entre eux quelques points de coîncidence,d’aiIleurs bien faciles à apercevoir. Voici que Huskin m’en offre de nouveaux, qui vérifient mon dire, et en me montrant qu‘ils passent par les mêmes points, confirme qu’ils suivent (un peu, et pas longtemps, les esprits ne sont pas si géométriques) la même ligne. Oui « un Evêque signifie une personne qui voit »,voilà une phrase que tous ceux de mes amis qui connaissent le poète et Pessayiste idolâtre dont je veux parler, 'diront presque involontairement de la voix forte, avec l'accent qui souligne et qui martèle, qui chez lui sont si originaux : <c Un évêque est une personne qui voit ». On l’entcnd dire cela, car, comme Bus- kin (trahit sua quemque voluptas) il s’enivre de trouver au fond de chaque mot son sens caché, antique et savoureux. Un mot est · pour lui la gourde pleine de souveniiydont parle Baudelaire. En de- [ ors même de la beauté de la phrase où il estplacé (et c’est là que pourrait commencer le danger), il le vénère. Et si on méconnaît ce qu’il contient (cn Femployant à faux) il crie au sacrilège (eten cela i a raison). Il s’ét0nne de la vertu secrète qu’il y a dans un mot, il s’en_émerveiIle; en prononçant ce mot dans la conversation la plus · fam1lière,i1 le remarque, le fait remarquer, le répète, se récrie. Par là il donne aux choses les plus simples une dignité, une grâce, un intérêt, une vie, qui font que ceux qui l’0nt approché préfèrent à