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la connaissance à la volonté, bref, de l’Idée à la Nature, et qui n’y va pas !


III

Audace et niaiserie… Ce sont là des mots bien insolents pour le génie. Diderot, dit-on encore, en avait la flamme, et M. Vera, qui se connaît en pensée, appelle Hegel le plus prodigieux des penseurs qui ait jamais existé. Mais c’est que le génie lui-même est, en philosophie, dans des conditions très-particulières et très-impérieuses. Il ne s’y agit pas de talent, mais de vérité. S’il ne s’y agissait que de talent, que d’invention quelconque, que d’effort, de ressource et de profondeur dans l’invention, nous dirions, tout aussi bien qu’un autre, qu’Hegel est un esprit formidablement puissant. Mais c’est précisément son invention qui le perd en philosophie. Il part d’une préconception qui lui appartient trop, sans justesse et sans réalité. Il a une notion fausse et folle de la force humaine. Il croit à une science absolue que l’on peut construire à l’aide d’une méthode absolue. Déification de la science et de l’homme, tout simplement ! Une fois cela lâché, rien n’étonne plus, et on a tout ce grand système, le poème épique de l’absurdité !

Ce poème, illisible sans la grâce d’état philosophique, n’est dangereux que par fragments. Aussi est-ce par fragments qu’on nous l’a donné jusqu’ici. Je l’ai dit plus haut, mais il est bon d’insister ! Les Mandarins