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chambre se hâtèrent d’exécuter le désir de leur princesse et la transportèrent dans un autre lit, qu’elles avaient eu soin de bassiner tant et plus. L’effet de cette imprudence ne se fit pas attendre : au retour des médecins, dont l’absence avait duré un quart d’heure à peu près, une forte hémorragie s’était déjà déclarée, et l’on crut pendant un instant que c’en était fait de la princesse royale. On est parvenu à la sauver, mais une affreuse faiblesse a été le résultat de cette secousse. Le Duc d’Orléans était, dit-on, hors de lui d’inquiétude et de douleur.


20 décembre. — La réouverture des Chambres met de nouveau tout le monde en émoi. Ce sont des intrigues à n’en plus finir contre le comte Molé et son ministère [1] ; on veut le renverser sans savoir qui mettre à sa place, c’est une coalition monstrueuse entre la gauche et le centre gauche, les doctrinaires et les carlistes. Ces élémens si différens peuvent bien s’accorder pendant quelque temps, mais ils ne sauraient former un ministère qui puisse avoir une majorité compacte dans la Chambre. Le renversement du ministère Molé mettrait, par conséquent, le Roi dans la nécessité de dissoudre la Chambre, pour en faire élire une nouvelle, ce qui serait un embarras et un danger immense pour la royauté de Juillet.

Dupin a été réélu président de la Chambre à la majorité de cinq voix seulement, ce qui est un échec grave pour le gouvernement. Hier soir, on doutait même de l’élection de Cunin-Gridaine comme vice-président et l’on croyait généralement qu’Odilon-Barrot l’emporterait, ce qui eût été déplorable et aurait amené la retraite du ministère. Fort heureusement pour les affaires du jour, on est parvenu à faire élire aujourd’hui Cunin-Gridaine.

Cette difficulté vaincue, il en reste encore un bon nombre à surmonter ; tout présage une très mauvaise réponse au discours du Roi. Le projet de cette réponse sera rédigé, je n’en doute pas, dans le sens le plus subversif, et la discussion qui s’ensuivra sera au plus haut degré dangereuse. Si le ministère parvient à se maintenir jusqu’après cette malencontreuse adresse, je le crois sauvé pour tout le reste de la session. Dieu veuille que ce soit ainsi !

  1. On sait que le Cabinet Molé tomba, au mois de mars suivant, sous les votes d’une coalition des partis représentés dans la Chambre qu’avait organisée Çujzot avec le concours des carlistes et des républicains,