Spéculations/Locomotion aérienne

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SpéculationsFasquelle éd. (p. 168-169).

LOCOMOTION AÉRIENNE

Les successifs Santos-Dumont ont tourné l’attention du côté de la locomotion aérienne. On remarquera qu’aucun de ces appareils n’essaye d’imiter de près le mécanisme du vol de l’oiseau. Mais nous ne croyons point que personne se soit rendu compte de la vraie raison pour laquelle il ne fallait point l’imiter. Or, si l’on prend la peine d’y réfléchir, on constatera que le mécanisme du vol chez l’oiseau est à ce point rudimentaire que, s’il donne quelques résultats, c’est en dépit de toutes les lois mécaniques : les ailes de l’oiseau — que l’on peut figurer schématiquement par deux triangles opposés par le sommet — ne s’appuient sur l’air qu’à droite et à gauche, négligeant la bonne moitié de support disponible qui s’étend devant et derrière. D’autre part, si l’on conçoit une aile circulaire, comprimant sans perte l’atmosphère tout autour du corps à élever, ce sera là un aviateur deux fois plus efficace que l’oiseau. Or cet aviateur est dans les mains de tous : le parapluie, dont l’application au vol n’est qu’ébauchée dans le parachute. On sait que le parachute est supporté par l’air qu’il comprime. Qu’on suppose donc un moteur le fermant avec violence : l’air sera comprimé davantage, et l’appareil s’élèvera, avec d’autant plus de facilité que, demi-fermé, il rencontre moins de résistance. On se le figure aisément palpitant, épanoui puis contracté, ainsi que la méduse progresse dans la mer. La soupape du parachute réservée à l’excès d’air se ramifierait dans des baleines en tubes d’acier dont l’orifice clos ou libre permettrait de modifier la direction.

Quant à savoir si cette invention ferait plus de kilomètres à l’heure que le Santos-Dumont… un parapluie fermé, cela ressemble beaucoup à une flèche !