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Version du 11 novembre 2020 à 18:57
qu’avec des peines infinies ou des frais considérables.
Au nombre de ces phénomènes nous rangeons le débordement ou la stagnation des
eaux, les sables mouvans, les avalanches et
les éboulemens.
Les eaux sont stagnantes ou courantes.
Les eaux stagnantes nuisent aux forêts, en
convertissant le terrain, soit en marécages,
soit en terres inondées où les arbres, surtout
ceux qui ne sont pas propres à ces sortes de
terrains, périssent bientôt, sans qu’il soit possible de repeupler par semis ou plantations.
Les eaux stagnantes, en outre, occasionent
par leur évaporation des brouillards, du givre, des gelées blanches et des froids qui
concourent à la destruction des pousses encore tendres et à celle des jeunes sujets.
Nous nous sommes étendus suffisamment
dans le premier livre de l'Encyclopédie, page
131, sur le desséchement des terrains marécageux ou inondés, et sur les moyens qu’il
faut employer pour les rendre à la culture,
pour qu’il soit inutile de revenir sur ce sujet.
Les eaux courantes qui baignent les forêts
peuvent, par des crues extraordinaires, dues
a des pluies considérables, des ondées, ou à
la fonte de neiges, entraîner une partie du
sol forestier, ou seulement la couche végétale
qui le recouvre, ou les arbres qu’elle porte,
couvrir le terrain de sables, de pierres, de
débris, faire périr les jeunes sujets par le séjour qu’elles font à la surface, ou par leur
conversion en glace, ou les renverser en charriant des glaçons. Les torrens, les violentes
pluies d’orage causent des dégâts analogues.
Il n’y a qu’un seul moyen de se garantir de
ces désastres, c’est par la construction des
endiguages ou embanquemens, qui ont fait
déjà le sujet d’un article (livre ler, page 123),
auquel nous renvoyons , ou la formation des rigoles d’écoulement, livre V, page 95.
Les sables mouvans sont ceux des dunes ou
ceux des plaines de sable. Ces sables, emportés par les vents, peuvent fondre sur les fo-
rêts du voisinage et les engloutir. Il faut donc
se préserver de leurs ravages. Déjà nous
avons fait connaître (livre ler, page 32-33, livre V, p. 76) les moyens de conquérir de
semblables terrains à la culture, et par conséquent d’arrêter leur action désastreuse.
Nous croyons, à cet égard, être entré dans
des détails suffisans pour l’usage des forestiers, et n’avoir rien à ajouter à ce que nous
avons dit.
Les avalanches sont des masses de neiges
qui, ne pouvant plus s’arrêter ou rester sur
la pente des montagnes, tombent en forme
de poussière, ou glissent sur ces pentes en détruisant tout sur leur passage. Pour se pré-
server des avalanches glissantes, les habitans
du Valais enfoncent des troncs de mélèze,
là où les avalanches se forment, pour les empêcher de glisser. On peut faire aussi des
fossés à angles coupés, ou établir des brise-avalanches à angles aigus avec des pilots, ou
en laissant de grands tronçons dans les
coupes.
Les éboulemens de terre qui ont lieu dans
les montagnes, surtout quand les couches superficielles reposent sur des lits d’argile, quoi-
que très-difficiles à contenir, peuvent parfois être prévenus en détournant les eaux des
vallées, en plantant des aunes, des saules, ou liant le terrain par des planta-
tions d’arbres à racines traçantes, en soutenant par des digues ou des pilotis les
terrains qui coulent, etc. On emploiera des
moyens à peu près analogues contre la formation des crevasses ou des fissures, qui se
manifestent quelquefois à la surface du sol.
F. M.
CHAPITRE VIII. — DE L'ESTIMATION DES FORÊTS.
Dans les chapitres précédens, on a présenté d’abord le dénombrement et la des-
cription exacte de tous les arbres qui entrent dans la composition de nos forêts ; on
a donné ensuite des préceptes sur leur plantation, leur conservation et leur reproduction ;
plus loin on a exposé les principes qui
doivent présider à la culture, à l’aménagement et à l’exploitation des bois ; en dernier
lieu on a fait connaître la nature et l’emploi
des produits variés dont ces fonds précieux
sont la source, ainsi que les moyens de les
garantir des attaques et des dégâts ; actuellement nous avons à traiter de l’estimation
des forêts ; en d’autres termes, à ramener
l’appréciation de ces propriétés à l’unique
point de vue de leur valeur pécuniaire.
L’estimation d’un bois consiste à déterminer la valeur en argent, soit du fonds, soit des
produits superficiels de ce fonds. De là, 2 divisions principales dans notre travail. La 1re
se rapportera à l’évaluation du sol, et la seconde à l’évaluation de la superficie des bois.
Il serait surabondant de faire ressortir l’utilité de l’art dont nous allons retracer les
règles ; personne ne doute que l’estimation
des forêts ne soit un anneau essentiel dans
la chaîne des travaux confiés à la science du
forestier : c’est le corollaire, le complément
de sa mission ; tous ses soins habituels tendent
en effet à accélérer le développement des
produits qui doivent, par la suite, appeler
son attention comme estimateur. Ses appréciations, alors, prennent place parmi les plus
importantes opérations de l’économie forestière , elles interviennent forcément dans les
relations du vendeur et de l’acheteur : leur
but est de garantir à l’un qu’il retirera de sa
chose le prix le plus élevé possible, et à l’au-
tre qu’il ne la paiera cependant point au-delà
d’une véritable et juste valeur.
L’estimation des bois se rattache à des intérêts majeurs dans une foule de circonstances,
mais plus particulièrement dans le cas d’attribution de cantonnement à des usagers, ou
lorsqu’il s’agit de l’aliénation d’une forêt, d’un
partage, d’un échange de bois, en un mot,
dans toutes les transactions qui impliquent
l'évaluation du fonds même de la propriété,
avec l’évaluation de ses produits. Nous rem-