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exprimer une angoisse et une révolte. — « Oui, » insista-t-elle, « un seul homme, et c’est Dickie Marsh. » — « Le commodore ? » fit Mme de Chésy avec une évidente stupeur. Puis, hochant de nouveau la tête et la bouche soudain crispée dans un pli amer : « Non, » fit-elle vivement, « je sais trop maintenant ce que valent ces amitiés des hommes et le prix qu’ils mettent à leurs services. Je ne suis pas ruinée depuis bien longtemps, et déjà il y a eu quelqu’un, » elle hésita une seconde, « oui, il y a eu quelqu’un pour m’offrir de l’argent… ah ! chère Ely ! » et elle mit ses mains devant ses yeux en rougissant d’indignation, « si je voulais être sa maîtresse ? … Vous ne savez pas, vous ne pouvez pas savoir ce qu’éprouve une femme quand elle découvre tout d’un coup que depuis des mois et des mois elle est guettée par un homme qu’elle croyait son ami, comme une bête par un chasseur… Les familiarités qu’elle avait permises, sans y prendre garde, parce qu’elle n’y voyait pas de mal, les petites coquetteries qu’elle avait pu avoir innocemment, les intimités dont elle ne se défiait pas, tout lui revient à la fois pour lui faire honte, une honte affreuse. L’infâme manège qui se cachait sous cette comédie, elle ne l’a pas vu ; elle le voit. Elle n’a pas été coupable, et il lui semble qu’elle l’a été. Subir un nouvel affront de cette espèce, non, jamais ! Marsh me ferait la même ignoble proposition que m’a faite l’autre… Ah ! c’est trop honteux ! … »