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« Page:Désorgues - Voltaire, ou le Pouvoir de la philosophie, 1798.djvu/11 » : différence entre les versions

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J’accoutumais leur cœur à l’aimer, à l’entendre,
Et je les instruisis à mériter sa cendre.
Elle nous sauve encor de ces vils préjugés,
Enfants de l’ignorance, à Rome protégés.
Ce monstre, armé toujours de foudres, d’anathèmes,
Qui, soumettant la tombe à ses décrets suprêmes,
Nous donne et nous ravit les honneurs du trépas,
Dans ce cloître-jamais n’osa porter ses pas :
Il pense voir Voltaire au pont de l’abbaye
Debout entre la gloire et la philosophie,
Suivi de ces héros qui , plus grands par ses vers,
Sur la scène française ont instruit l’univers :
Il baisse alors d’effroi ses regards fanatiques,
Cède, et rend.par sa fuite hommage à ses reliques.

Ah ! m’écriai-je alors, sage et pieux vieillard,
Disciple tolérant du rigoureux Bernard,
Tel qu’un miel bienfaisant votre sainte éloquence
Du poison de ce monstre endort la violence ;
À sa rage homicide à peine ai-je échappé,
J’ai vu dans ses replis mon corps enveloppé ;
Mais, poursuivi bientôt par l’aspect de Voltaire,
Il a fui loin de moi l’imposant monastère.
Mon père, de ce monstre apprenez-moi le nom,
Et sur ses attentats éclairez ma raison.

Etranger, s’écria ce vieillard respectable,
Tremblez ; le Fanatisme est son nom redoutable ;
Monstre affreux, il s’accouple à des monstres nouveaux,
S’associe à leur rage et conduit leurs complots ;
Il s’unit dans l’église au foudroyant papisme,
À l’enfant de Calvin, au triste jansénisme.