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« Le Principe de relativité » : différence entre les versions

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{{Titre|Le Principe de Relativité|[[Auteur:Paul Langevin|Paul Langevin]]|1922 <br /><br />Editions Etienne Chiron}}
{{Titre|Le Principe de Relativité|[[Auteur:Paul Langevin|Paul Langevin]]|1922 <br /><br />Éditions Étienne Chiron}}


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{{t2|LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ}}
{{t2|LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ}}


PAUL LANGEVIN
PAUL LANGEVIN


Conférence faite à la Société Française des Electriciens
Conférence faite à la Société Française des Électriciens


Le 9 novembre 1919, la Société royale et la Société
Le 9 novembre 1919, la Société royale et la Société
Ligne 12 : Ligne 12 :
solennelle, sous la présidence de Sir Joseph Thomson,
solennelle, sous la présidence de Sir Joseph Thomson,
pour recevoir communication des résultats obtenus
pour recevoir communication des résultats obtenus
par les deux expéditions chargées d'observer l'éclipse
par les deux expéditions chargées d’observer l’éclipse
totale de Soleil du 29 mai 1919. Le but essentiel de
totale de Soleil du 29 mai 1919. Le but essentiel de
ces expéditions était de vérifier les prévisions théoriques
ces expéditions était de vérifier les prévisions théoriques
de M. Einstein sur la déviation de la lumière
de M. Einstein sur la déviation de la lumière
par le champ de gravitation du Soleil : une étoile vue
par le champ de gravitation du Soleil : une étoile vue
dans une direction voisine du bord de l'astre devait
dans une direction voisine du bord de l’astre devait
paraître écartée de sa position normale d'un angle
paraître écartée de sa position normale d’un angle
égal à 1''74 vers l'extérieur du Soleil.
égal à 1''74 vers l’extérieur du Soleil.
La vérification complète, qualitative et quantitative
La vérification complète, qualitative et quantitative
de cette prévision, venant après d'autres confirmations
de cette prévision, venant après d’autres confirmations
expérimentales non moins frappantes dont
expérimentales non moins frappantes dont
j'ai l'intention de vous entretenir ici, appelle vivement
j’ai l’intention de vous entretenir ici, appelle vivement
l'attention, même du grand public, si l'on en
l’attention, même du grand public, si l’on en
juge par les nombreux articles que lui a consacrés
juge par les nombreux articles que lui a consacrés
la presse, sur la théorie de la relativité grâce à
la presse, sur la théorie de la relativité grâce à
laquelle ces résultats ont été obtenus.
laquelle ces résultats ont été obtenus.
La puissance d'explication et de prévision de cette
La puissance d’explication et de prévision de cette
théorie, imposée par les faits et confirmée par eux,
théorie, imposée par les faits et confirmée par eux,
est aussi grande que sa structure logique est rigoureuse
est aussi grande que sa structure logique est rigoureuse
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la relativité restreinte de 1905 à 1912 et depuis 1912
la relativité restreinte de 1905 à 1912 et depuis 1912
celle de la relativité généralisée. La nouveauté et
celle de la relativité généralisée. La nouveauté et
quelquefois l'étrangeté des conceptions auxquelles
quelquefois l’étrangeté des conceptions auxquelles
elle conduit rend particulièrement difficile sa pleine
elle conduit rend particulièrement difficile sa pleine
intelligence, mais son importance justifie .largement
intelligence, mais son importance justifie.largement
l'effort qu'elle peut demander. Son étude est d'autant
l’effort qu’elle peut demander. Son étude est d’autant
plus nécessaire qu'elle représente l'aboutissement actuel
plus nécessaire qu’elle représente l’aboutissement actuel
du travail progressif d'adaptation de la pensée
du travail progressif d’adaptation de la pensée
aux faits et d'élimination des absolus arbitraires introduits
aux faits et d’élimination des absolus arbitraires introduits
dans les constructions provisoires par lesquelles
dans les constructions provisoires par lesquelles
la Science a tenté, avec un succès croissant, de représenter
la Science a tenté, avec un succès croissant, de représenter
les lois de l'Univers.
les lois de l’Univers.


I.
I.
Ligne 51 : Ligne 51 :
La relativité restreinte.
La relativité restreinte.


1. ''La relativité en Mécanique''. — L'expérience
1. ''La relativité en Mécanique''. — L’expérience
montre que les phénomènes mécaniques se passent
montre que les phénomènes mécaniques se passent
de la même manière lorsqu'ils sont observés à partir
de la même manière lorsqu’ils sont observés à partir
de systèmes matériels en mouvement de translation
de systèmes matériels en mouvement de translation
uniforme les uns par rapport aux autres, qu'ils suivent
uniforme les uns par rapport aux autres, qu’ils suivent
les mêmes lois pour des observateurs liés à la Terre
les mêmes lois pour des observateurs liés à la Terre
et pour d'autres opérant à l'intérieur d'un véhicule
et pour d’autres opérant à l’intérieur d’un véhicule
lancé à toute vitesse d'un mouvement uniforme. On
lancé à toute vitesse d’un mouvement uniforme. On
peut encore dire qu' ''il n'y a pas de translation absolue'',
peut encore dire qu’''il n’y a pas de translation absolue'',
l'expérience ne peut mettre en évidence que le mouvement
l’expérience ne peut mettre en évidence que le mouvement
de translation relatif de deux portions de
de translation relatif de deux portions de
matière.
matière.
Ligne 66 : Ligne 66 :
ayons à notre disposition pour vérifier cette loi nous
ayons à notre disposition pour vérifier cette loi nous
est fournie par le mouvement annuel de la Terre :
est fournie par le mouvement annuel de la Terre :
à six mois d'intervalle, celle-ci se trouve dans deux
à six mois d’intervalle, celle-ci se trouve dans deux
positions diamétralement opposées sur l'orbite et des
positions diamétralement opposées sur l’orbite et des
systèmes d'axes qui lui sont liés aux deux instants
systèmes d’axes qui lui sont liés aux deux instants
possèdent l'un par rapport à l'autre une vitesse relative
possèdent l’un par rapport à l’autre une vitesse relative
de 60 km par seconde. S'il était possible, par
de 60 km par seconde. S’il était possible, par
d'autres expériences que celles de Mécanique, de
d’autres expériences que celles de Mécanique, de
définir des axes absolus et par rapport à eux le repos
définir des axes absolus et par rapport à eux le repos
absolu, comme on a espéré pouvoir le faire en Optique
absolu, comme on a espéré pouvoir le faire en Optique
et en Electricité au moyen de l'éther, milieu hypothétique
et en Electricité au moyen de l’éther, milieu hypothétique
à travers lequel se propagent les ondes lumineuses
à travers lequel se propagent les ondes lumineuses
et se transmettent les actions électromagnétiques, la
et se transmettent les actions électromagnétiques, la
vitesse de translation de la Terre par rapport à ces
vitesse de translation de la Terre par rapport à ces
axes changerait constamment au cours de l'année, et,
axes changerait constamment au cours de l’année, et,
quel que soit le mouvement du Soleil par rapport à
quel que soit le mouvement du Soleil par rapport à
eux, prendrait au moins un moment une valeur égale
eux, prendrait au moins un moment une valeur égale
Ligne 88 : Ligne 88 :
en janvier et en juillet met bien en évidence le caractère
en janvier et en juillet met bien en évidence le caractère
relatif de la translation.
relatif de la translation.
S'il n'y a pas, au moins en Mécanique, de translation
S’il n’y a pas, au moins en Mécanique, de translation
absolue, il y a au contraire rotation absolue
absolue, il y a au contraire rotation absolue
comme en témoignent les effets de force centrifuge
comme en témoignent les effets de force centrifuge
en statique et de force centrifuge composée en dynamique.
en statique et de force centrifuge composée en dynamique.
Des expériences faites à l'intérieur d'un système
Des expériences faites à l’intérieur d’un système
matériel permettent de mettre en évidence un
matériel permettent de mettre en évidence un
mouvement de rotation d'ensemble.
mouvement de rotation d’ensemble.
Il est nécessaire de voir comment la Mécanique
Il est nécessaire de voir comment la Mécanique
rationnelle traduit dans ses formules cette relativité
rationnelle traduit dans ses formules cette relativité
Ligne 100 : Ligne 100 :
expressions qui nous seront utiles par la suite.
expressions qui nous seront utiles par la suite.


2. ''L'Univers cinématique''. — La présence d'une
2. ''L’Univers cinématique''. — La présence d’une
portion de matière, d'un mobile par exemple, en un
portion de matière, d’un mobile par exemple, en un
certain lieu à un certain instant est un événement.
certain lieu à un certain instant est un événement.
En général nous appellerons événement le fait qu'une
En général nous appellerons événement le fait qu’une
chose matérielle ou non, portion de matière ou onde
chose matérielle ou non, portion de matière ou onde
électromagnétique par exemple, se trouve ou passe
électromagnétique par exemple, se trouve ou passe
en un lieu donné à un instant donné. Nous appellerons
en un lieu donné à un instant donné. Nous appellerons
''Univers'' l'ensemble des événements. Pour repérer
''Univers'' l’ensemble des événements. Pour repérer
ceux-ci, nous pouvons faire choix de divers ''systèmes
ceux-ci, nous pouvons faire choix de divers ''systèmes
de référence'' par exemple d'axes rectangulaires liés à
de référence'' par exemple d’axes rectangulaires liés à
un groupe donné d'observateurs. Pour ceux-ci, la
un groupe donné d’observateurs. Pour ceux-ci, la
situation de chaque événement sera caractérisée par
situation de chaque événement sera caractérisée par
quatre coordonnées, x, y, z, t, dont trois d'espace
quatre coordonnées, x, y, z, t, dont trois d’espace
et une de temps. L'ensemble de toutes les situations
et une de temps. L’ensemble de toutes les situations
possibles d'événements constitue ''l'Univers cinématique''
possibles d’événements constitue ''l’Univers cinématique''
défini comme étant une multiplicité à quatre dimensions.
défini comme étant une multiplicité à quatre dimensions.
Les coordonnées d'un même événement changent
Les coordonnées d’un même événement changent
avec le système de référence, soit parce qu'on modifie
avec le système de référence, soit parce qu’on modifie
l'orientation des axes, soit parce que cet événement
l’orientation des axes, soit parce que cet événement
est observé par différents groupes d'expérimentateurs,
est observé par différents groupes d’expérimentateurs,
est rapporté à divers systèmes de référence en mouvement
est rapporté à divers systèmes de référence en mouvement
les uns par rapport aux autres. Nous supposerons
les uns par rapport aux autres. Nous supposerons
toujours, au moins en relativité restreinte, que tous
toujours, au moins en relativité restreinte, que tous
les observateurs emploient les mêmes unités, se servent,
les observateurs emploient les mêmes unités, se servent,
en particulier pour les mesures d'espace et de
en particulier pour les mesures d’espace et de
temps, de règles et d'horloges définies de la même
temps, de règles et d’horloges définies de la même
manière.
manière.
Le cas le plus simple, le seul que nous considérerons
Le cas le plus simple, le seul que nous considérerons
ici, est celui où les deux systèmes d'axes ont
ici, est celui où les deux systèmes d’axes ont
même orientation et une vitesse de translation relative
même orientation et une vitesse de translation relative
uniforme v dans la direction commune des x. Les
uniforme v dans la direction commune des x. Les
origines O et O' des coordonnées d'espace sont supposées
origines O et O’des coordonnées d’espace sont supposées
coïncider à l'origine du temps. Dans ces conditions,
coïncider à l’origine du temps. Dans ces conditions,
la cinématique ordinaire fournit les relations
la cinématique ordinaire fournit les relations
suivantes entre les coordonnées d'espace et de temps
suivantes entre les coordonnées d’espace et de temps
d'un même événement x, y, z, t, pour l'un des systèmes
d’un même événement x, y, z, t, pour l’un des systèmes
et x', y', z', t', pour l'autre :
et x’, y’, z’, t’, pour l’autre :


{{centré|<math>\scriptstyle x = x'+ vt', y = y', z = z', t = t'</math>}} (1)
{{centré|<math>\scriptstyle x = x’+ vt’, y = y’, z = z’, t = t’</math>}} (1)


Ces formules caractérisent une transformation
Ces formules caractérisent une transformation
Ligne 144 : Ligne 144 :
Galilée''. On entend par là que deux transformations
Galilée''. On entend par là que deux transformations
successives de cette nature, correspondant à des vitesses
successives de cette nature, correspondant à des vitesses
v et v' équivalent à une transformation unique
v et v’équivalent à une transformation unique
de même forme avec une valeur de la vitesse égale à
de même forme avec une valeur de la vitesse égale à


{{centré|<math>\scriptstyle v'' = v + v'</math>}} (2)
{{centré|<math>\scriptstyle v'' = v + v’</math>}} (2)


c'est, pour le cas simple actuel, la loi bien connue de
c’est, pour le cas simple actuel, la loi bien connue de
composition des vitesses. Elle signifie encore qu'un
composition des vitesses. Elle signifie encore qu’un
mobile ayant dans la direction des x la vitesse v' par
mobile ayant dans la direction des x la vitesse v’par
rapport au système O' a, par rapport au système O,
rapport au système O’a, par rapport au système O,
dans la même direction une vitesse v" définie par la
dans la même direction une vitesse v" définie par la
formule (2).
formule (2).
Ligne 158 : Ligne 158 :
Ce groupe de Galilée possède les propriétés suivantes,
Ce groupe de Galilée possède les propriétés suivantes,
fondamentales en cinématique ordinaire.
fondamentales en cinématique ordinaire.
''L'intervalle de temps entre deux événements a la
''L’intervalle de temps entre deux événements a la
même valeur dans tous les systèmes de référence'' (temps
même valeur dans tous les systèmes de référence'' (temps
absolu). En particulier, ''la simultanéité a un sens absolu'',
absolu). En particulier, ''la simultanéité a un sens absolu'',
deux événements simultanés pour un groupe d'observateurs
deux événements simultanés pour un groupe d’observateurs
sont simultanés pour tous autres quel que soit
sont simultanés pour tous autres quel que soit
leur mouvement par rapport aux premiers. ''Le temps
leur mouvement par rapport aux premiers. ''Le temps
est un invariant du groupe de Galilée''.
est un invariant du groupe de Galilée''.
La distance dans l'espace de deux événements
La distance dans l’espace de deux événements
simultanés est la même pour tous les observateurs.
simultanés est la même pour tous les observateurs.
La forme d'un corps, définie pour des observateurs
La forme d’un corps, définie pour des observateurs
par rapport aux quels il est en mouvement comme étant
par rapport aux quels il est en mouvement comme étant
le lieu des positions simultanées des différents points
le lieu des positions simultanées des différents points
de la surface du corps, est la même dans tous les systèmes
de la surface du corps, est la même dans tous les systèmes
de référence. L'espace, comme le temps, est
de référence. L’espace, comme le temps, est
le même pour tous.
le même pour tous.
Au contraire, deux événements ''successifs'', séparés
Au contraire, deux événements ''successifs'', séparés
par un intervalle de temps t, ont ''une distance dans
par un intervalle de temps t, ont ''une distance dans
l'espace variable avec le système de référence''. Cela résulte
l’espace variable avec le système de référence''. Cela résulte
immédiatement des formules (1) et peut s'illustrer par
immédiatement des formules (1) et peut s’illustrer par
un exemple concret simple : un wagon se mouvant
un exemple concret simple:un wagon se mouvant
par rapport au sol avec la vitesse v porte une ouverture
par rapport au sol avec la vitesse v porte une ouverture
par laquelle les observateurs liés au wagon laissent
par laquelle les observateurs liés au wagon laissent
tomber successivement deux objets à intervalle de
tomber successivement deux objets à intervalle de
temps t. Les deux événements que constituent les
temps t. Les deux événements que constituent les
passages des objets par l'ouverture se passent au même
passages des objets par l’ouverture se passent au même
point, ont une distance nulle dans l'espace pour les
point, ont une distance nulle dans l’espace pour les
gens du wagon ; ils sont au contraire distants de vt
gens du wagon; ils sont au contraire distants de vt
dans l'espace pour des observateurs liés au sol.
dans l’espace pour des observateurs liés au sol.
Le groupe de Galilée, qui caractérise la cinématique
Le groupe de Galilée, qui caractérise la cinématique
ordinaire, introduit ainsi entre la distance
ordinaire, introduit ainsi entre la distance
dans l'espace et l'intervalle dans le temps de deux
dans l’espace et l’intervalle dans le temps de deux
événements quelconques une dissymétrie qui disparaît
événements quelconques une dissymétrie qui disparaît
dans la cinématique nouvelle. Nous verrons que,
dans la cinématique nouvelle. Nous verrons que,
pour celle-ci, l'intervalle dans le temps varie aussi
pour celle-ci, l’intervalle dans le temps varie aussi
bien que la distance dans l'espace avec le mouvement
bien que la distance dans l’espace avec le mouvement
du système de référence.
du système de référence.
C'est seulement dans le cas où il y aurait coïncidence
C’est seulement dans le cas où il y aurait coïncidence
des événements dans l'espace et dans le temps,
des événements dans l’espace et dans le temps,
''coïncidence absolue'' comme nous dirons, que la distance
''coïncidence absolue'' comme nous dirons, que la distance
dans l'espace et l'intervalle dans le temps doivent
dans l’espace et l’intervalle dans le temps doivent
s'annuler à la fois pour tous les groupes d'observateurs.
s’annuler à la fois pour tous les groupes d’observateurs.
Et il en sera nécessairement ainsi même en relativité
Et il en sera nécessairement ainsi même en relativité
généralisée puisque cette coïncidence complète des
généralisée puisque cette coïncidence complète des
événements a un sens absolu, étant donné qu'un effet,
événements a un sens absolu, étant donné qu’un effet,
un phénomène, en peut résulter sur l'existence duquel
un phénomène, en peut résulter sur l’existence duquel
tous les observateurs seront nécessairement d'accord :
tous les observateurs seront nécessairement d’accord :
par exemple les objets peuvent se briser par choc
par exemple les objets peuvent se briser par choc
mutuel en passant en même temps par la même
mutuel en passant en même temps par la même
Ligne 209 : Ligne 209 :
Il est important de remarquer dès maintenant que
Il est important de remarquer dès maintenant que
toute notre expérience, ''toutes les sensations par lesquelles
toute notre expérience, ''toutes les sensations par lesquelles
nous percevons l'Univers, sont déterminées par de
nous percevons l’Univers, sont déterminées par de
telles coïncidences absolues'', contact de notre corps avec
telles coïncidences absolues'', contact de notre corps avec
les objets ou coïncidence absolue d'un signal lumineux
les objets ou coïncidence absolue d’un signal lumineux
avec notre rétine. ''Les liaisons causales que la mémoire
avec notre rétine. ''Les liaisons causales que la mémoire
et l'habitude nous permettent d'établir entre des séries
et l’habitude nous permettent d’établir entre des séries
de semblables coïncidences doivent avoir le même caractère
de semblables coïncidences doivent avoir le même caractère
absolu, et, comme toute notre science est fondée sur de
absolu, et, comme toute notre science est fondée sur de
telles constatations, les lois qui régissent l'Univers'' de
telles constatations, les lois qui régissent l’Univers'' de
notre expérience, le seul qui soit objet de science,
notre expérience, le seul qui soit objet de science,
''doivent avoir {ou pouvoir être mises sous) une forme complètement
''doivent avoir {ou pouvoir être mises sous) une forme complètement
indépendante du système de référence''. On voit
indépendante du système de référence''. On voit
apparaître ici l'idée profonde qui semble avoir guidé
apparaître ici l’idée profonde qui semble avoir guidé
M. Einstein à travers toutes les difficultés de la seconde
M. Einstein à travers toutes les difficultés de la seconde
étape du développement de la relativité et lui a donné,
étape du développement de la relativité et lui a donné,
avant le succès complet atteint seulement à la fin de
avant le succès complet atteint seulement à la fin de
1915, la conviction profonde qu'il était possible et
1915, la conviction profonde qu’il était possible et
même, nécessaire de donner aux lois de la physique
même, nécessaire de donner aux lois de la physique
une forme complètement invariante pour toutes les
une forme complètement invariante pour toutes les
transformations qui permettent de passer d'un système
transformations qui permettent de passer d’un système
de référence à un autre en mouvement quelconque par
de référence à un autre en mouvement quelconque par
rapport au premier, et non plus seulement dans le
rapport au premier, et non plus seulement dans le
Ligne 235 : Ligne 235 :
3. ''La Mécanique rationnelle'', — A la cinématique,
3. ''La Mécanique rationnelle'', — A la cinématique,
définie par le groupe de Galilée, la Mécanique rationnelle
définie par le groupe de Galilée, la Mécanique rationnelle
associe tout d'abord les notions de masse et de
associe tout d’abord les notions de masse et de
force. La première y est considérée comme un invariant:
force. La première y est considérée comme un invariant :
la masse ou coefficient d'inertie d'une portion
la masse ou coefficient d’inertie d’une portion
de matière est admise a priori comme constante, indépendante
de matière est admise a priori comme constante, indépendante
de l'état de repos ou de mouvement ou des
de l’état de repos ou de mouvement ou des
changements d'état physique ou chimique que cette
changements d’état physique ou chimique que cette
portion de matière peut subir. Le mouvement d'un
portion de matière peut subir. Le mouvement d’un
point matériel est régi par, et la mécanique rationnelle
point matériel est régi par, et la mécanique rationnelle
est construite sur les équations fondamentales de la
est construite sur les équations fondamentales de la
forme
forme

{{centré|<math>\scriptstyle m \frac{d^2 x}{dt^2} = F</math>}} (3)
{{centré|<math>\scriptstyle m \frac{d^2 x}{dt^2} = F</math>}} (3)


Ligne 251 : Ligne 251 :
force qui agit sur le point matériel.
force qui agit sur le point matériel.
Si nous associons aux relations (1) la condition
Si nous associons aux relations (1) la condition
d'invariance de la masse
d’invariance de la masse


{{centré|<math>\scriptstyle m = m'</math>}} (4)
{{centré|<math>\scriptstyle m = m’</math>}} (4)


et la condition qui traduit dans notre cas particulier
et la condition qui traduit dans notre cas particulier
le caractère vectoriel de la force
le caractère vectoriel de la force


{{centré|<math>\scriptstyle F=F'</math>}} (5)
{{centré|<math>\scriptstyle F=F’</math>}} (5)


nous obtenons, comme conséquence de (1), (3), (4)
nous obtenons, comme conséquence de (1), (3), (4)
et (5),
et (5),


{{centré|<math>\scriptstyle m' \frac{d^2 x'}{dt'^2} = F'</math>}} (6)
{{centré|<math>\scriptstyle m’\frac{d^2 x’}{dt’^2} = F’</math>}} (6)


c'est-à-dire que ''les équations de la Mécanique conservent
c’est-à-dire que ''les équations de la Mécanique conservent
leur forme quand on passe d'un système de référence
leur forme quand on passe d’un système de référence
à un autre en mouvement de translation uniforme par
à un autre en mouvement de translation uniforme par
rapport au premier''. Ce fait traduit analytiquement
rapport au premier''. Ce fait traduit analytiquement
Ligne 272 : Ligne 272 :
uniforme en Mécanique.
uniforme en Mécanique.
Cette invariance des lois de la Mécanique se
Cette invariance des lois de la Mécanique se
traduit d'ailleurs par la possibilité d'en donner des
traduit d’ailleurs par la possibilité d’en donner des
énoncés ''intrinsèques'' grâce à l'introduction d'éléments
énoncés ''intrinsèques'' grâce à l’introduction d’éléments
''vectoriels'' (vitesse, accélération, force, axes de couples,
''vectoriels'' (vitesse, accélération, force, axes de couples,
quantités de mouvement, moments de quantités de
quantités de mouvement, moments de quantités de
mouvement), ''tensoriels'' (moments d'inertie, déformations
mouvement), ''tensoriels'' (moments d’inertie, déformations
élastiques, tensions élastiques, etc.), ou ''scalaires''
élastiques, tensions élastiques, etc.), ou ''scalaires''
(masse, énergie, etc.), sans qu'interviennent les coordonnées
(masse, énergie, etc.), sans qu’interviennent les coordonnées
particulières dans un système de référence,
particulières dans un système de référence,
de même que les invariants de la Géométrie pure
de même que les invariants de la Géométrie pure
(distances, angles, surfaces, volumes, etc.) permettent
(distances, angles, surfaces, volumes, etc.) permettent
d'énoncer les lois de cette science sous une forme
d’énoncer les lois de cette science sous une forme
indépendante de tout système de coordonnées (relativité
indépendante de tout système de coordonnées (relativité
de l'espace).
de l’espace).


4. ''La relativité en Physique''. — On peut se demander
4. ''La relativité en Physique''. — On peut se demander
si l'indifférence à une translation uniforme s'étend
si l’indifférence à une translation uniforme s’étend
à l'ensemble des phénomènes physiques : il en doit
à l’ensemble des phénomènes physiques : il en doit
être ainsi au point de vue mécaniste, si tout peut
être ainsi au point de vue mécaniste, si tout peut
s'expliquer par espace et mouvement comme le pensait
s’expliquer par espace et mouvement comme le pensait
Descartes. Et en effet les expériences les plus délicates
Descartes. Et en effet les expériences les plus délicates
et les plus précises d'optique et d'électricité, reproduites
et les plus précises d’optique et d’électricité, reproduites
à diverses époques de l'année pour toutes les orientations
à diverses époques de l’année pour toutes les orientations
possibles des appareils, n'ont jamais décelé
possibles des appareils, n’ont jamais décelé
la moindre influence d'un changement de vitesse de
la moindre influence d’un changement de vitesse de
translation d'ensemble ou, pour employer une expression
translation d’ensemble ou, pour employer une expression
courante, d'un changement de vitesse par rapport
courante, d’un changement de vitesse par rapport
à l'éther.
à l’éther.
En présence du résultat négatif de toutes les tentatives
En présence du résultat négatif de toutes les tentatives
faites dans ce but, il a paru naturel de généraliser
faites dans ce but, il a paru naturel de généraliser
et d'énoncer un ''principe de relativité'' restreinte sous
et d’énoncer un ''principe de relativité'' restreinte sous
la forme:
la forme :


" ''Il est impossible, par des expériences de physique
" ''Il est impossible, par des expériences de physique
intérieures à un système matériel, de mettre en évidence
intérieures à un système matériel, de mettre en évidence
un mouvement de translation d'ensemble du système'' ",
un mouvement de translation d’ensemble du système'' ",


ou encore de manière plus symétrique :
ou encore de manière plus symétrique :
Ligne 313 : Ligne 313 :
systèmes de référence en translation uniforme les uns par
systèmes de référence en translation uniforme les uns par
rapport aux autres. Tout se passe pour chaque système de
rapport aux autres. Tout se passe pour chaque système de
référence comme s'il était immobile par rapport à l'éther.'' "
référence comme s’il était immobile par rapport à l’éther.'' "


La théorie des ondulations en optique, sous la
La théorie des ondulations en optique, sous la
forme que lui a donnée Fresnel, est d'accord avec
forme que lui a donnée Fresnel, est d’accord avec
ce résultat pour ce qui concerne les expériences dites
ce résultat pour ce qui concerne les expériences dites
du premier ordre, c'est-à-dire celles dont la précision
du premier ordre, c’est-à-dire celles dont la précision
est comprise entre 1/10000 (nombre égal au rapport à
est comprise entre 1/10000 (nombre égal au rapport à
la vitesse de la lumière des 30 km par seconde que
la vitesse de la lumière des 30 km par seconde que
doit atteindre au moins un moment au cours de
doit atteindre au moins un moment au cours de
l'année, la vitesse de la Terre par rapport au milieu),
l’année, la vitesse de la Terre par rapport au milieu),
et le carré de ce rapport, soit 1/100 000 000 ou 10^(-8).
et le carré de ce rapport, soit 1/100 000 000 ou 10^(-8).


5. ''L'expérience de Michelson et la contraction de
5. ''L’expérience de Michelson et la contraction de
Lorentz''. — L'accord entre les faits et la théorie des
Lorentz''. — L’accord entre les faits et la théorie des
ondulations de Fresnel, fondée sur la cinématique
ondulations de Fresnel, fondée sur la cinématique
ordinaire, cesse lorsqu'on arrive aux expériences du
ordinaire, cesse lorsqu’on arrive aux expériences du
second ordre. En particulier, la théorie prévoit que,
second ordre. En particulier, la théorie prévoit que,
pour des observateurs en mouvement par rapport à
pour des observateurs en mouvement par rapport à
l'éther, la vitesse apparente de la lumière, mesurée
l’éther, la vitesse apparente de la lumière, mesurée
par l'intermédiaire du temps d'aller et retour entre
par l’intermédiaire du temps d’aller et retour entre
deux stations qui leur sont liées, doit varier avec la
deux stations qui leur sont liées, doit varier avec la
direction d'une quantité du second ordre : la variation
direction d’une quantité du second ordre : la variation
relative, quand on passe d'une direction parallèle an
relative, quand on passe d’une direction parallèle an
mouvement dans l'éther à une direction perpendiculaire
mouvement dans l’éther à une direction perpendiculaire
doit être égale à
doit être égale à


{{centré|<math>\scriptstyle \frac{1}{2} . \frac{v^2}{V^2}</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle \frac{1}{2}. \frac{v^2}{V^2}</math>}}


ou
ou
Ligne 349 : Ligne 349 :
{{centré|<math>\scriptstyle beta = \frac{v}{V}</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle beta = \frac{v}{V}</math>}}


où v représente la vitesse du mouvement d'ensemble
où v représente la vitesse du mouvement d’ensemble
par rapport à l'éther de l'observateur avec ses appareils,
par rapport à l’éther de l’observateur avec ses appareils,
et V la vitesse de la lumière par rapport au
et V la vitesse de la lumière par rapport au
milieu.
milieu.
La célèbre expérience de Michelson consiste
La célèbre expérience de Michelson consiste
précisément dans la comparaison par les méthodes
précisément dans la comparaison par les méthodes
interférentielles des temps d'aller et retour de la
interférentielles des temps d’aller et retour de la
lumière dans deux directions perpendiculaires. Si
lumière dans deux directions perpendiculaires. Si
cette égalité a été réalisée pour une orientation déterminée
cette égalité a été réalisée pour une orientation déterminée
des appareils, la théorie prévoit qu'elle doit être
des appareils, la théorie prévoit qu’elle doit être
modifiée au second ordre d'une quantité pouvant aller
modifiée au second ordre d’une quantité pouvant aller
jusqu'à beta^2 quand on change cette orientation. Et comme
jusqu’à beta^2 quand on change cette orientation. Et comme
nous avons vu qu'en raison du mouvement annuel de
nous avons vu qu’en raison du mouvement annuel de
la Terre la vitesse de celle-ci par rapport au milieu
la Terre la vitesse de celle-ci par rapport au milieu
doit, au moins une fois dans l'année, atteindre ou dépasser
doit, au moins une fois dans l’année, atteindre ou dépasser
la valeur de 30 km par seconde, on doit, au
la valeur de 30 km par seconde, on doit, au
moins une fois dans l'année, prévoir, par changement
moins une fois dans l’année, prévoir, par changement
d'orientation des appareils, un déplacement des franges
d’orientation des appareils, un déplacement des franges
d'interférence égal au cent-millionième (10^(-8)) du nombre
d’interférence égal au cent-millionième (10^(-8)) du nombre
de longueurs d'onde contenu dans chacun des deux
de longueurs d’onde contenu dans chacun des deux
trajets d'aller et retour. Ce dernier nombre étant de
trajets d’aller et retour. Ce dernier nombre étant de
40.000.000 pour 22 m de trajet aller et retour, on
40.000.000 pour 22 m de trajet aller et retour, on
aurait dû observer un déplacement d'au moins une
aurait dû observer un déplacement d’au moins une
demi-frange, alors que ''l'expérience a donné un résultat
demi-frange, alors que ''l’expérience a donné un résultat
constamment négatif'' à la précision du centième de
constamment négatif'' à la précision du centième de
frange.
frange.
Ligne 379 : Ligne 379 :
et Lorentz ont cherché à lever, tout en conservant
et Lorentz ont cherché à lever, tout en conservant
la cinématique ordinaire, en admettant que la
la cinématique ordinaire, en admettant que la
forme d'un corps en mouvement par rapport à l'éther
forme d’un corps en mouvement par rapport à l’éther
change avec son orientation par rapport à la direction
change avec son orientation par rapport à la direction
du mouvement : une dimension quelconque d'un corps
du mouvement : une dimension quelconque d’un corps
quelconque doit se contracter dans le rapport sqrt(1-beta^2)
quelconque doit se contracter dans le rapport sqrt(1-beta^2)
quand elle passe d'une direction perpendiculaire à la
quand elle passe d’une direction perpendiculaire à la
direction même du mouvement.
direction même du mouvement.
Le souci de conserver la cinématique usuelle,
Le souci de conserver la cinématique usuelle,
Ligne 391 : Ligne 391 :
observateurs terrestres doivent se considérer comme
observateurs terrestres doivent se considérer comme
contractés, ainsi que tous les objets qui leur sont liés,
contractés, ainsi que tous les objets qui leur sont liés,
d'une quantité variable avec la saison, et d'ailleurs
d’une quantité variable avec la saison, et d’ailleurs
inconnue, dans une direction inconnue puisque nos
inconnue, dans une direction inconnue puisque nos
mesures terrestres sont faites avec des règles dont nous
mesures terrestres sont faites avec des règles dont nous
devons supposer que leur longueur change aussi avec
devons supposer que leur longueur change aussi avec
l'orientation de manière à. masquer complètement
l’orientation de manière à. masquer complètement
pour nous l'effet de la contraction.
pour nous l’effet de la contraction.
Nous verrons également que la conservation du
Nous verrons également que la conservation du
temps absolu et de la contraction de Lorentz au sens
temps absolu et de la contraction de Lorentz au sens
précédent donne aux équations de la physique, et en
précédent donne aux équations de la physique, et en
particulier à celles qui traduisent les lois de l 'électromagnétisme,
particulier à celles qui traduisent les lois de l’électromagnétisme,
une forme compliquée et variable avec le
une forme compliquée et variable avec le
mouvement supposé du système de référence par
mouvement supposé du système de référence par
rapport à l'éther, ''alors que l'expérience nous montre
rapport à l’éther, ''alors que l’expérience nous montre
au contraire que ce mouvement d'ensemble est inaccessible
au contraire que ce mouvement d’ensemble est inaccessible
et que les phénomènes se passent exactement de la même
et que les phénomènes se passent exactement de la même
manière pour tous les systèmes quels que soient leurs
manière pour tous les systèmes quels que soient leurs
Ligne 411 : Ligne 411 :
Pour éviter ces complications arbitraires et ne
Pour éviter ces complications arbitraires et ne
rien introduire dans nos conceptions fondamentales
rien introduire dans nos conceptions fondamentales
qui ne soit l'expression aussi simple et immédiate que
qui ne soit l’expression aussi simple et immédiate que
possible des faits, il a semblé beaucoup plus naturel
possible des faits, il a semblé beaucoup plus naturel
de traduire le résultat de l'expérience de Michelson
de traduire le résultat de l’expérience de Michelson
sous la forme suivante :
sous la forme suivante :
''Pour tous les systèmes de référence en translation
''Pour tous les systèmes de référence en translation
Ligne 422 : Ligne 422 :
Cette loi particulière, conforme au principe de
Cette loi particulière, conforme au principe de
relativité restreinte énoncé plus haut, doit nous sembler
relativité restreinte énoncé plus haut, doit nous sembler
d'autant plus nécessaire qu'elle se déduit immédiatement
d’autant plus nécessaire qu’elle se déduit immédiatement
des lois générales de l'électromagnétisme telles
des lois générales de l’électromagnétisme telles
que les ont établies Maxwell, Hertz et Lorentz. Ces lois
que les ont établies Maxwell, Hertz et Lorentz. Ces lois
sont vérifiées par tout l'ensemble des faits de l'électromagnétisme
sont vérifiées par tout l’ensemble des faits de l’électromagnétisme
avec une précision qui, pour certains
avec une précision qui, pour certains
d'entre eux, atteint le second ordre, à quelque moment
d’entre eux, atteint le second ordre, à quelque moment
de l'année que les expériences soient faites et par
de l’année que les expériences soient faites et par
conséquent quel que soit le mouvement d'ensemble
conséquent quel que soit le mouvement d’ensemble
du système de référence auquel les observateurs sont
du système de référence auquel les observateurs sont
liés. Nous sommes aujourd'hui certains que l'optique
liés. Nous sommes aujourd’hui certains que l’optique
est un chapitre de l 'électromagnétisme depuis les
est un chapitre de l’électromagnétisme depuis les
confirmations décisives et nombreuses de la théorie
confirmations décisives et nombreuses de la théorie
électromagnétique de la lumière.
électromagnétique de la lumière.
Ligne 448 : Ligne 448 :
incompatible avec la cinématique ordinaire : imaginons
incompatible avec la cinématique ordinaire : imaginons
par exemple une onde lumineuse ou électromagnétique
par exemple une onde lumineuse ou électromagnétique
et deux groupes d'observateurs se mouvant l'un par
et deux groupes d’observateurs se mouvant l’un par
rapport à l'autre avec une vitesse v dans la direction
rapport à l’autre avec une vitesse v dans la direction
normale au plan de Tonde : nous venons d'être conduits
normale au plan de Tonde : nous venons d’être conduits
à affirmer que pour les uns comme pour les autres
à affirmer que pour les uns comme pour les autres
celle-ci se propage avec une même vitesse V, alors
celle-ci se propage avec une même vitesse V, alors
qu'au point de vue ancien, la propagation se fait
qu’au point de vue ancien, la propagation se fait
pour les uns avec la vitesse V elle doit se faire pour les
pour les uns avec la vitesse V elle doit se faire pour les
autres avec la vitesse V—v ou V+v suivant le sens du
autres avec la vitesse V—v ou V+v suivant le sens du
Ligne 460 : Ligne 460 :
les énoncés nouveaux exige que nous abandonnions
les énoncés nouveaux exige que nous abandonnions
la notion du temps absolu sur laquelle repose la cinématique
la notion du temps absolu sur laquelle repose la cinématique
ordinaire pour n'introduire plus qu'un temps
ordinaire pour n’introduire plus qu’un temps
relatif, l'intervalle de temps entre deux événements
relatif, l’intervalle de temps entre deux événements
étant, comme leur distance dans l'espace, mesuré de
étant, comme leur distance dans l’espace, mesuré de
manières différentes par des observateurs en mouvement
manières différentes par des observateurs en mouvement
relatif.
relatif.
Il est facile de voir que, dans le cas simple où deux
Il est facile de voir que, dans le cas simple où deux
groupes d'observateurs choisissent un même événement
groupes d’observateurs choisissent un même événement
origine et des directions d'axes parallèles avec celle
origine et des directions d’axes parallèles avec celle
des X dans la direction de leur mouvement relatif, les
des X dans la direction de leur mouvement relatif, les
coordonnées d'espace et de temps d'un même événement
coordonnées d’espace et de temps d’un même événement
noté x, y, z, t, par les uns (observateurs O) et
noté x, y, z, t, par les uns (observateurs O) et
x', y', z', t', par les autres (observateurs O') doivent
x’, y’, z’, t’, par les autres (observateurs O’) doivent
avoir entre elles les relations suivantes pour satisfaire
avoir entre elles les relations suivantes pour satisfaire
à la condition de propagation isotrope de la lumière
à la condition de propagation isotrope de la lumière
avec la vitesse V à la fois pour O et O' ainsi qu'au
avec la vitesse V à la fois pour O et O’ainsi qu’au
principe de relativité restreinte
principe de relativité restreinte


{{bloc centré|<poem><math>\scriptstyle x = \frac{1}{\sqrt{(1-beta^2)}}.(x'+vt')</math>
{{bloc centré|<poem><math>\scriptstyle x = \frac{1}{\sqrt{(1-beta^2)}}.(x’+vt’)</math>
<math>\scriptstyle y = y'</math>
<math>\scriptstyle y = y’</math>
<math>\scriptstyle z = z'</math>
<math>\scriptstyle z = z’</math>
<math>\scriptstyle t = \frac{1}{\sqrt{(1-beta^2)}}.(t' + \frac{v*x'}{V^2})</math>,</poem>}} (3)
<math>\scriptstyle t = \frac{1}{\sqrt{(1-beta^2)}}.(t’+ \frac{v*x’}{V^2})</math>,</poem>}} (3)


en posant toujours
en posant toujours
Ligne 488 : Ligne 488 :
Ces transformations forment encore un groupe
Ces transformations forment encore un groupe
puisque deux transformations successives de vitesses
puisque deux transformations successives de vitesses
v et v' équivalent à une transformation unique de
v et v’équivalent à une transformation unique de
même forme et de vitesse v'' donnée, comme un calcul
même forme et de vitesse v'' donnée, comme un calcul
facile permet de s'en assurer, par la relation
facile permet de s’en assurer, par la relation


{{centré|<math>\scriptstyle v'' = \frac{v+v'}{1 + \frac{v*v'}{V^2}}</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle v'' = \frac{v+v’}{1 + \frac{v*v’}{V^2}}</math>}}


ou
ou


{{centré|<math>\scriptstyle \frac{beta+beta'}{1+beta*beta'}</math>}} (4)
{{centré|<math>\scriptstyle \frac{beta+beta’}{1+beta*beta’}</math>}} (4)


On donne à ce groupe le nom de groupe de Lorentz
On donne à ce groupe le nom de groupe de Lorentz
pour la raison suivante : M. Lorentz a montré le premier
pour la raison suivante : M. Lorentz a montré le premier
que les équations de l'électromagnétisme conservent
que les équations de l’électromagnétisme conservent
leur forme quand on y effectue pour les coordonnées
leur forme quand on y effectue pour les coordonnées
d'espace et de temps la substitution (2) en
d’espace et de temps la substitution (2) en
même temps que des substitutions analogues pour les
même temps que des substitutions analogues pour les
autres grandeurs (champ électrique et champ magnétique)
autres grandeurs (champ électrique et champ magnétique)
qui y figurent.
qui y figurent.
Cette propriété remarquable n'est autre chose que
Cette propriété remarquable n’est autre chose que
l'expression mathématique du fait que les lois de l'électromagnétisme
l’expression mathématique du fait que les lois de l’électromagnétisme
et de l'optique sont les mêmes pour les
et de l’optique sont les mêmes pour les
observateurs O et O', que les équations qui traduisent
observateurs O et O’, que les équations qui traduisent
ces lois doivent se présenter sous la même forme
ces lois doivent se présenter sous la même forme
pour les uns comme pour les autres à condition que
pour les uns comme pour les autres à condition que
chacun utilise les mesures que l'expérience lui permet
chacun utilise les mesures que l’expérience lui permet
de faire.
de faire.
Cette concordance ne peut nous surprendre puisque
Cette concordance ne peut nous surprendre puisque
nous avons vu comment les équations de l 'électromagnétisme
nous avons vu comment les équations de l’électromagnétisme
impliquent l'uniformité de propagation
impliquent l’uniformité de propagation
de la lumière dans toutes les directions et que nous
de la lumière dans toutes les directions et que nous
avons obtenu la transformation (3) à partir de cette
avons obtenu la transformation (3) à partir de cette
Ligne 523 : Ligne 523 :
Il est facile de voir également que, si on veut
Il est facile de voir également que, si on veut
conserver la notion du temps absolu et le groupe de
conserver la notion du temps absolu et le groupe de
Galilée (1) qui en dérive, les équations de l'électromagnétisme
Galilée (1) qui en dérive, les équations de l’électromagnétisme
prennent au contraire des formes différentes
prennent au contraire des formes différentes
pour les observateurs O et O' : ces équations
pour les observateurs O et O’: ces équations
ne conservent pas leur forme pour les substitutions
ne conservent pas leur forme pour les substitutions
du groupe de Galilée. Le cinématique ordinaire ne
du groupe de Galilée. Le cinématique ordinaire ne
peut interpréter le caractère relatif des lois de l'électromagnétisme
peut interpréter le caractère relatif des lois de l’électromagnétisme
et de l'optique. Elle oblige les observateurs
et de l’optique. Elle oblige les observateurs
terrestres, s'ils veulent tenir compte du changement
terrestres, s’ils veulent tenir compte du changement
continuel de leur vitesse relative, à modifier constamment
continuel de leur vitesse relative, à modifier constamment
et à prendre sous une forme compliquée les lois
et à prendre sous une forme compliquée les lois
de l'électromagnétisme, et ceci en opposition avec les
de l’électromagnétisme, et ceci en opposition avec les
faits que traduisent exactement ces équations sous leur
faits que traduisent exactement ces équations sous leur
forme simple habituelle grâce à l'introduction du temps
forme simple habituelle grâce à l’introduction du temps
relatif.
relatif.
Ceci revient encore à dire que le temps, introduit
Ceci revient encore à dire que le temps, introduit
de manière inconsciente par les fondateurs de l'électromagnétisme
de manière inconsciente par les fondateurs de l’électromagnétisme
et avec eux par tous les électriciens
et avec eux par tous les électriciens
lorsqu'ils utilisent à tout moment les lois fondamentales
lorsqu’ils utilisent à tout moment les lois fondamentales
de Maxwell-Hertz sous leur forme ordinaire, n'est
de Maxwell-Hertz sous leur forme ordinaire, n’est
autre que le temps relatif dont la mesure varie suivant
autre que le temps relatif dont la mesure varie suivant
les observateurs conformément aux relations (3).
les observateurs conformément aux relations (3).
Ligne 547 : Ligne 547 :
cinématique des électriciens, comme celle définie par
cinématique des électriciens, comme celle définie par
(1) est celle des mécaniciens ; la différence résulte du
(1) est celle des mécaniciens ; la différence résulte du
fait que les équations de l'électromagnétisme conservent
fait que les équations de l’électromagnétisme conservent
leur forme pour les transformations du groupe de
leur forme pour les transformations du groupe de
Lorentz, tandis que celles de la mécanique conservent
Lorentz, tandis que celles de la mécanique conservent
la leur pour les transformations du groupe de Galilée.
la leur pour les transformations du groupe de Galilée.
Là se trouve la raison profonde de l'impossibilité
Là se trouve la raison profonde de l’impossibilité
dans laquelle se sont trouvés les physiciens, malgré
dans laquelle se sont trouvés les physiciens, malgré
les efforts puissants et prolongés des plus illustres d'entre
les efforts puissants et prolongés des plus illustres d’entre
eux» de donner une interprétation mécanique des
eux » de donner une interprétation mécanique des
phénomènes électriques et optiques. D'équations qui
phénomènes électriques et optiques. D’équations qui
se conservent pour le groupe de Galilée, comme celles
se conservent pour le groupe de Galilée, comme celles
de la mécanique, il est impossible, par voie de combinaison
de la mécanique, il est impossible, par voie de combinaison
analytique, de déduire des lois qui, comme
analytique, de déduire des lois qui, comme
celles de l'électromagnétisme, se conservent pour les
celles de l’électromagnétisme, se conservent pour les
transformations du groupe de Lorentz.
transformations du groupe de Lorentz.
L'origine de cette opposition va nous apparaître
L’origine de cette opposition va nous apparaître
plus clairement encore dans un instant.
plus clairement encore dans un instant.
Remarquons d'abord que les deux transformations
Remarquons d’abord que les deux transformations
(1) et (3) diffèrent très peu l'une de l'autre pour les
(1) et (3) diffèrent très peu l’une de l’autre pour les
valeurs ordinaires de v qui sont très petites par rapport
valeurs ordinaires de v qui sont très petites par rapport
à la vitesse de la lumière. La transformation de Galilée
à la vitesse de la lumière. La transformation de Galilée
(1) n'est autre chose que la forme limite de la transformation
(1) n’est autre chose que la forme limite de la transformation
de Lorentz (3) quand on suppose dans cette
de Lorentz (3) quand on suppose dans cette
dernière que la vitesse V devient infinie, ce qui
dernière que la vitesse V devient infinie, ce qui
Ligne 576 : Ligne 576 :
nouvelle le rôle que joue la vitesse infinie pour la
nouvelle le rôle que joue la vitesse infinie pour la
cinématique ordinaire.
cinématique ordinaire.
Un peu d'attention montre que cette différence
Un peu d’attention montre que cette différence
a son origine dans la définition même de la notion de
a son origine dans la définition même de la notion de
temps et de la simultanéité d'événements distants
temps et de la simultanéité d’événements distants
dans l'espace. La notion du temps absolu et d'une
dans l’espace. La notion du temps absolu et d’une
simultanéité indépendante du système de référence
simultanéité indépendante du système de référence
n'aurait de sens expérimental que si nous disposions
n’aurait de sens expérimental que si nous disposions
d'un moyen de signaler instantanément à distance,
d’un moyen de signaler instantanément à distance,
sous forme d'ondes se propageant avec une vitesse
sous forme d’ondes se propageant avec une vitesse
infinie, de mobiles se mouvant avec une vitesse infinie,
infinie, de mobiles se mouvant avec une vitesse infinie,
ou par l'intermédiaire du fil inextensible ou du solide
ou par l’intermédiaire du fil inextensible ou du solide
invariable qui peuvent être mis en mouvement simultanément
invariable qui peuvent être mis en mouvement simultanément
en tous leurs points, c'est-à-dire dans lesquels
en tous leurs points, c’est-à-dire dans lesquels
les déformations se propagent avec une vitesse
les déformations se propagent avec une vitesse
infinie. Ces diverses notions, temps et simultanéité
infinie. Ces diverses notions, temps et simultanéité
Ligne 602 : Ligne 602 :
qui se propagent avec une vitesse finie, celle de la
qui se propagent avec une vitesse finie, celle de la
lumière. Le temps utilisé par chacun des groupes
lumière. Le temps utilisé par chacun des groupes
d'observateurs est ainsi le ''temps optique'' ou électromagnétique,
d’observateurs est ainsi le ''temps optique'' ou électromagnétique,
et la vitesse de la lumière, qui intervient
et la vitesse de la lumière, qui intervient
dans la définition même du temps, joue par là même
dans la définition même du temps, joue par là même
un rôle particulier qui explique son introduction dans
un rôle particulier qui explique son introduction dans
les formules des transformations (3) permettant de
les formules des transformations (3) permettant de
passer d'un système de référence à un autre.
passer d’un système de référence à un autre.
L'affirmation que la vitesse de la lumière est la
L’affirmation que la vitesse de la lumière est la
même pour tous les systèmes de référence revient donc
même pour tous les systèmes de référence revient donc
à celle-ci : la seule mesure du temps qui soit accessible
à celle-ci : la seule mesure du temps qui soit accessible
à l'expérience, le seul moyen que nous ayons de
à l’expérience, le seul moyen que nous ayons de
synchroniser des horloges à distance, nous est fourni
synchroniser des horloges à distance, nous est fourni
par l'intermédiaire des signaux lumineux ou électromagnétiques.
par l’intermédiaire des signaux lumineux ou électromagnétiques.
Nous posons en principe qu'aucun autre
Nous posons en principe qu’aucun autre
procédé expérimental ne pourra nous fournir une
procédé expérimental ne pourra nous fournir une
mesure différente par des observations intérieures au
mesure différente par des observations intérieures au
système matériel auquel nous sommes liés.
système matériel auquel nous sommes liés.
Le caractère arbitraire de la cinématique habituelle
Le caractère arbitraire de la cinématique habituelle
tient à ce qu'elle repose sur la possibilité d'une signalisation
tient à ce qu’elle repose sur la possibilité d’une signalisation
instantanée à distance, sans que l'expérience
instantanée à distance, sans que l’expérience
vienne autoriser une telle hypothèse.
vienne autoriser une telle hypothèse.
Par opposition, la cinématique nouvelle prend
Par opposition, la cinématique nouvelle prend
Ligne 626 : Ligne 626 :
dans la définition du temps lui-même que des possibilités
dans la définition du temps lui-même que des possibilités
expérimentales immédiates, telles que la synchronisation
expérimentales immédiates, telles que la synchronisation
à distance par l'intermédiaire de signaux
à distance par l’intermédiaire de signaux
réels.
réels.


Ligne 634 : Ligne 634 :
les plus fondamentales par la théorie de la relativité,
les plus fondamentales par la théorie de la relativité,
représentent une phase décisive du conflit séculaire
représentent une phase décisive du conflit séculaire
entre les idées d'action à distance et d'action au contact.
entre les idées d’action à distance et d’action au contact.
La Mécanique céleste s'est développée depuis
La Mécanique céleste s’est développée depuis
Newton grâce, à la loi d'actions en raison inverse du
Newton grâce, à la loi d’actions en raison inverse du
carré de la distance. Cette loi est adéquate à la Mécanique
carré de la distance. Cette loi est adéquate à la Mécanique
rationnelle puisqu'elle admet la possibilité d'une
rationnelle puisqu’elle admet la possibilité d’une
action à distance déterminée par la position actuelle
action à distance déterminée par la position actuelle
du corps attirant, c'est-à-dire d'une action instantanée
du corps attirant, c’est-à-dire d’une action instantanée
à distance. Le succès remarquable de cette conception
à distance. Le succès remarquable de cette conception
en Astronomie a eu pour conséquence qu'au XVIIIème
en Astronomie a eu pour conséquence qu’au XVIIIème
et dans la première partie du XIXème siècle la Physique
et dans la première partie du XIXème siècle la Physique
presque entière s'est développée dans cette direction,
presque entière s’est développée dans cette direction,
sur le modèle pourrait-on dire de la Mécanique
sur le modèle pourrait-on dire de la Mécanique
céleste. Les lois de Coulomb en électricité et en magnétisme
céleste. Les lois de Coulomb en électricité et en magnétisme
sont la transposition immédiate de la loi de
sont la transposition immédiate de la loi de
Newton, la loi de Laplace en électromagnétisme est
Newton, la loi de Laplace en électromagnétisme est
aussi une loi d'action instantanée ainsi que les lois
aussi une loi d’action instantanée ainsi que les lois
électrodynamiques d'Ampère.
électrodynamiques d’Ampère.
Le point de vue opposé est celui de l'action de
Le point de vue opposé est celui de l’action de
proche en proche : introduit tout d'abord par Huygens
proche en proche : introduit tout d’abord par Huygens
en optique sous la forme de la théorie des ondulations,
en optique sous la forme de la théorie des ondulations,
il fut développé par Fresnel avec une puissance d'intuition
il fut développé par Fresnel avec une puissance d’intuition
extraordinaire, qui permit à ce grand physicien
extraordinaire, qui permit à ce grand physicien
de tourner des difficultés aujourd'hui encore insurmontables
de tourner des difficultés aujourd’hui encore insurmontables
quand on n'adopte pas franchement le
quand on n’adopte pas franchement le
point de vue de la théorie électromagnétique de la
point de vue de la théorie électromagnétique de la
lumière.
lumière.
La raison profonde de ces difficultés, dont un
La raison profonde de ces difficultés, dont un
exemple nous a été fourni par l'interprétation du
exemple nous a été fourni par l’interprétation du
résultat négatif de l'expérience de Michelson, est que
résultat négatif de l’expérience de Michelson, est que
la théorie de Fresnel est en réalité une théorie hybride.
la théorie de Fresnel est en réalité une théorie hybride.
Elle admet un milieu dans lequel les actions optiques
Elle admet un milieu dans lequel les actions optiques
se transmettent de proche en proche et s'efforce en
se transmettent de proche en proche et s’efforce en
même temps de traduire les propriétés de ce milieu
même temps de traduire les propriétés de ce milieu
dans le langage de la Mécanique rationnelle, langage
dans le langage de la Mécanique rationnelle, langage
fondé sur la conception d'action instantanée à distance.
fondé sur la conception d’action instantanée à distance.
L'hybride fut fécond, mais le déséquilibre profond dû
L’hybride fut fécond, mais le déséquilibre profond dû
à son origine vient se manifester pleinement aujourd'hui
à son origine vient se manifester pleinement aujourd’hui
grâce à la précision accrue de nos méthodes
grâce à la précision accrue de nos méthodes
expérimentales.
expérimentales.
Au contraire, la notion d'action de proche en
Au contraire, la notion d’action de proche en
proche s'est développée pleinement sous une forme
proche s’est développée pleinement sous une forme
pure dans le domaine électromagnétique depuis Faraday,
pure dans le domaine électromagnétique depuis Faraday,
et a trouvé son expression mathématique dans un
et a trouvé son expression mathématique dans un
système d'équations complété par Maxwell grâce à
système d’équations complété par Maxwell grâce à
l'introduction du courant de déplacement. La facilité
l’introduction du courant de déplacement. La facilité
extraordinaire avec laquelle la théorie électromagnétique
extraordinaire avec laquelle la théorie électromagnétique
supprime toutes les difficultés inhérentes à la théorie
supprime toutes les difficultés inhérentes à la théorie
Ligne 688 : Ligne 688 :
instantanément à distance ou seulement de proche
instantanément à distance ou seulement de proche
en proche avec une vitesse finie caractéristique de
en proche avec une vitesse finie caractéristique de
l'espace vide interposé.
l’espace vide interposé.
Notre affirmation que ''la seule cinématique ayant
Notre affirmation que ''la seule cinématique ayant
un sens expérimental, et aussi grâce à laquelle les lois
un sens expérimental, et aussi grâce à laquelle les lois
Ligne 694 : Ligne 694 :
du système de référence, est la cinématique du groupe
du système de référence, est la cinématique du groupe
de Lorentz'', prend ainsi une signification plus nette et
de Lorentz'', prend ainsi une signification plus nette et
plus profonde et vient s'appuyer largement sur toute
plus profonde et vient s’appuyer largement sur toute
l'histoire de la Physique.
l’histoire de la Physique.


8. ''La composition des vitesses''. — Mettons tout d'à
8. ''La composition des vitesses''. — Mettons tout d’à
bord en évidence le rôle particulier que joue la vitesse
bord en évidence le rôle particulier que joue la vitesse
de la lumière dans la cinématique de la relativité. On
de la lumière dans la cinématique de la relativité. On
voit immédiatement que les relations (3) n'ont de sens
voit immédiatement que les relations (3) n’ont de sens
que si beta < 1, c'est-à-dire si les deux systèmes de référence
que si beta < 1, c’est-à-dire si les deux systèmes de référence
ont une vitesse relative v inférieure à la vitesse
ont une vitesse relative v inférieure à la vitesse
de la lumière, ce qui revient à dire que deux portions
de la lumière, ce qui revient à dire que deux portions
de matière ne peuvent se mouvoir l'une par rapport
de matière ne peuvent se mouvoir l’une par rapport
à l'autre avec une vitesse égale ou supérieure à celle
à l’autre avec une vitesse égale ou supérieure à celle
de la lumière. Ceci résulte en effet de la loi de composition
de la lumière. Ceci résulte en effet de la loi de composition
des vitesses que donne la formule (4) et qui se
des vitesses que donne la formule (4) et qui se
réduit à la loi ordinaire (2) quand on y suppose V
réduit à la loi ordinaire (2) quand on y suppose V
infini. Cette formule (4), caractéristique du groupe
infini. Cette formule (4), caractéristique du groupe
de Lorentz, peut encore s'obtenir en considérant un
de Lorentz, peut encore s’obtenir en considérant un
mobile dont la vitesse par rapport aux observateurs O*
mobile dont la vitesse par rapport aux observateurs O*
a pour composante dans la direction des x
a pour composante dans la direction des x


{{centré|<math>\scriptstyle v' = \frac{dx'}{dt'}</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle v’= \frac{dx’}{dt’}</math>}}


et dont la vitesse par rapport aux observateurs O a
et dont la vitesse par rapport aux observateurs O a
Ligne 724 : Ligne 724 :
des relations (3) et de diviser membre à membre pour
des relations (3) et de diviser membre à membre pour
retrouver, avec la signification un peu différente qui
retrouver, avec la signification un peu différente qui
vient d'être indiquée, la loi nouvelle de composition
vient d’être indiquée, la loi nouvelle de composition
de vitesses
de vitesses


{{centré|<math>\scriptstyle v'' = \frac{v+v'}{1 + \frac{v*v'}{V^2}}</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle v'' = \frac{v+v’}{1 + \frac{v*v’}{V^2}}</math>}}


Il est facile de vérifier sur cette formule que ''la
Il est facile de vérifier sur cette formule que ''la
composition d'un nombre quelconque de vitesses inférieures
composition d’un nombre quelconque de vitesses inférieures
à V donne toujours une vitesse inférieure à V'' et par
à V donne toujours une vitesse inférieure à V'' et par
conséquent qu'un mobile, par accroissements successifs
conséquent qu’un mobile, par accroissements successifs
à partir du mouvement antérieurement acquis, ne
à partir du mouvement antérieurement acquis, ne
pourra jamais atteindre la vitesse de la lumière.
pourra jamais atteindre la vitesse de la lumière.
Ligne 738 : Ligne 738 :
9. ''Les rayons beta du radium''. — Une première vérification
9. ''Les rayons beta du radium''. — Une première vérification
expérimentale de ce résultat va nous être
expérimentale de ce résultat va nous être
apportée par l'observation des mouvements les plus
apportée par l’observation des mouvements les plus
rapides que nous connaissions : les rayons beta du radium
rapides que nous connaissions : les rayons beta du radium
sont constitués par des particules cathodiques chargées
sont constitués par des particules cathodiques chargées
Ligne 744 : Ligne 744 :
ainsi que le quotient de leur charge par leur masse en
ainsi que le quotient de leur charge par leur masse en
utilisant la déviation de ces rayons par des champs
utilisant la déviation de ces rayons par des champs
électrique et magnétique connus.- Les résultats obtenus,
électrique et magnétique connus. Les résultats obtenus,
par Danysz en particulier, montrent que ces particules beta
par Danysz en particulier, montrent que ces particules beta
présentent toute une série de vitesses et que celles-ci
présentent toute une série de vitesses et que celles-ci
''convergent vers la vitesse de la lumière'', s 'accumulant
''convergent vers la vitesse de la lumière'', s’accumulant
au-dessous de celle-ci puisqu'on a pu observer jusqu'à
au-dessous de celle-ci puisqu’on a pu observer jusqu’à
297.000 km par seconde, mais sans l'atteindre et
297.000 km par seconde, mais sans l’atteindre et
encore moins la dépasser.
encore moins la dépasser.


10. ''L'entraînement des ondes''. — Une confirmation
10. ''L’entraînement des ondes''. — Une confirmation
non moins remarquable, et qui attira vivement l'attention
non moins remarquable, et qui attira vivement l’attention
des physiciens lorsqu'elle fut signalée par M. Einstein
des physiciens lorsqu’elle fut signalée par M. Einstein
dès 1906, résulte de la simplicité extraordinaire
dès 1906, résulte de la simplicité extraordinaire
avec laquelle la nouvelle loi de composition rend compte
avec laquelle la nouvelle loi de composition rend compte
de la loi d'entraînement des ondes lumineuses par les
de la loi d’entraînement des ondes lumineuses par les
milieux réfringents en mouvement sous la forme prévue
milieux réfringents en mouvement sous la forme prévue
par Fresnel et vérifiée expérimentalement par Fizeau.
par Fresnel et vérifiée expérimentalement par Fizeau.
Si n est l'indice de réfraction du milieu matériel
Si n est l’indice de réfraction du milieu matériel
transparent pour les ondes considérées, la vitesse U'
transparent pour les ondes considérées, la vitesse U’
de ces ondes par rapport au milieu est donnée par
de ces ondes par rapport au milieu est donnée par


{{centré|<math>\scriptstyle U' = \frac{V}{n}</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle U’= \frac{V}{n}</math>}}


conformément au résultat des mesures directes de
conformément au résultat des mesures directes de
Foucault sur la vitesse de la lumière. Si le milieu est
Foucault sur la vitesse de la lumière. Si le milieu est
en mouvement avec la vitesse v par rapport à des
en mouvement avec la vitesse v par rapport à des
observateurs, l'expérience de Fizeau montre que la
observateurs, l’expérience de Fizeau montre que la
vitesse des ondes par rapport à ceux-ci est
vitesse des ondes par rapport à ceux-ci est


{{centré|<math>\scriptstyle U'' = U' + v*.(1 - \frac{1}{n^2})</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle U'' = U’+ v*.(1 \frac{1}{n^2})</math>}}


Au point de vue de la cinématique ancienne, il
Au point de vue de la cinématique ancienne, il
faut, pour avoir U'' composer avec U' une fraction
faut, pour avoir U'' composer avec U’une fraction
seulement 1-1/n^2 de la vitesse d'entraînement v. C'est
seulement 1-1/n^2 de la vitesse d’entraînement v. C’est
la loi d'entraînement partiel des ondes, plus singulière
la loi d’entraînement partiel des ondes, plus singulière
encore quand on l'énonce comme faisait Fresnel en
encore quand on l’énonce comme faisait Fresnel en
disant que le milieu réfringent entraîne partiellement
disant que le milieu réfringent entraîne partiellement
l'éther qu'il renferme, cet entraînement partiel variant
l’éther qu’il renferme, cet entraînement partiel variant
avec la fréquence des ondes propagées puisque l'indice
avec la fréquence des ondes propagées puisque l’indice
n dépend de cette fréquence.
n dépend de cette fréquence.
Appliquons, au contraire la nouvelle loi (4) de
Appliquons, au contraire la nouvelle loi (4) de
composition en faisant v' égal à U', c'est-à-dire en
composition en faisant v’égal à U’, c’est-à-dire en
composant la vitesse relative U' des ondes avec la
composant la vitesse relative U’des ondes avec la
vitesse d'entraînement v ; il vient
vitesse d’entraînement v ; il vient


{{centré|<math>\scriptstyle U'' = \frac{U'+v}{1 + \frac{U'*v}{V^2}} = U'+v[1 - \frac{U'^2}{V^2}] = U'+v(1 - \frac{1}{n^2})</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle U'' = \frac{U’+v}{1 + \frac{U’*v}{V^2}} = U’+v[1 \frac{U’^2}{V^2}] = U’+v(1 \frac{1}{n^2})</math>}}


en limitant le développement aux termes du premier
en limitant le développement aux termes du premier
ordre. La loi d'entraînement n'a qu'une signification
ordre. La loi d’entraînement n’a qu’une signification
purement cinématique, immédiate et simple au possible.
purement cinématique, immédiate et simple au possible.


11. ''Le temps et l'espace relatifs''. — Dégageons
11. ''Le temps et l’espace relatifs''. — Dégageons
quelques aspects particulièrement remarquables de la
quelques aspects particulièrement remarquables de la
cinématique nouvelle.
cinématique nouvelle.
La relation
La relation


{{centré|<math>\scriptstyle t = \frac{1}{ \sqrt{(1-beta^2)}}.(t' + \frac{v*x'}{V^2})</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle t = \frac{1}{ \sqrt{(1-beta^2)}}.(t’+ \frac{v*x’}{V^2})</math>}}


montre que, contrairement à ce qui se passe en cinématique
montre que, contrairement à ce qui se passe en cinématique
ordinaire, l'intervalle de temps entre deux
ordinaire, l’intervalle de temps entre deux
événements (par exemple entre l'événement origine
événements (par exemple entre l’événement origine
et l'événement noté x, y, z, t) n'est pas mesuré de la
et l’événement noté x, y, z, t) n’est pas mesuré de la
même manière par les observateurs O et O', puisque t
même manière par les observateurs O et O’, puisque t
est différent de t' (sauf, comme il est facile de s'en
est différent de t’(sauf, comme il est facile de s’en
assurer, lorsque x' et t' sont simultanément nuls,
assurer, lorsque x’et t’sont simultanément nuls,
c'est-à-dire lorsqu'il y a coïncidence absolue des deux
c’est-à-dire lorsqu’il y a coïncidence absolue des deux
événements au sens que j'ai indiqué plus haut).
événements au sens que j’ai indiqué plus haut).
''Si, pour les observateurs O', les deux événements
''Si, pour les observateurs O’, les deux événements
coïncident dans le temps'', c'est-à-dire ''sont simultanés''
coïncident dans le temps'', c’est-à-dire ''sont simultanés''
(t=0), sans coïncider dans l'espace (x' différent de
(t=0), sans coïncider dans l’espace (x’différent de
zéro), t est différent de zéro, c'est-à-dire que ''les
zéro), t est différent de zéro, c’est-à-dire que ''les
événements ne sont pas simultanés pour les observateurs O''.
événements ne sont pas simultanés pour les observateurs O''.
De même la formule
De même la formule


{{centré|<math>\scriptstyle x = \frac{1}{\sqrt{(1-beta^2)}}.(x'+vt')</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle x = \frac{1}{\sqrt{(1-beta^2)}}.(x’+vt’)</math>}}


montre que pour t'=0 on a
montre que pour t’=0 on a


{{centré|<math>\scriptstyle x = \frac{x'}{\sqrt{(1-beta^2)}}</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle x = \frac{x’}{\sqrt{(1-beta^2)}}</math>}}


c'est-à-dire que deux événements simultanés pour les
c’est-à-dire que deux événements simultanés pour les
observateurs O' ont pour ceux-ci une distance dans
observateurs O’ont pour ceux-ci une distance dans
l'espace (x') plus petite dans le rapport sqrt(1-beta^2) que
l’espace (x’) plus petite dans le rapport sqrt(1-beta^2) que
pour d'autres observateurs O en mouvement de translation
pour d’autres observateurs O en mouvement de translation
par rapport à eux avec la vitesse v = beta*V. En
par rapport à eux avec la vitesse v = beta*V. En
particulier, supposons les observateurs O liés à une
particulier, supposons les observateurs O liés à une
règle parallèle à la direction du mouvement relatif et
règle parallèle à la direction du mouvement relatif et
qui pour eux a la longueur x. Pour les observateurs O',
qui pour eux a la longueur x. Pour les observateurs O’,
cette règle est mobile par rapport à eux et sa longueur
cette règle est mobile par rapport à eux et sa longueur
est définie comme la distance x' dans l'espace entre les
est définie comme la distance x’dans l’espace entre les
événements que sont les présences ''simultanées'' (pour
événements que sont les présences ''simultanées'' (pour
eux) des deux extrémités de la règle. En vertu de la
eux) des deux extrémités de la règle. En vertu de la
relation précédente, on aura
relation précédente, on aura


{{centré|<math>\scriptstyle x' = x* \sqrt{(1-beta^2)}</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle x’= x* \sqrt{(1-beta^2)}</math>}}


Cette relation est d'ailleurs réciproque : si la règle
Cette relation est d’ailleurs réciproque : si la règle
était liée aux observateurs O', sa longueur pour les
était liée aux observateurs O’, sa longueur pour les
observateurs O par rapport auxquels elle est mobile
observateurs O par rapport auxquels elle est mobile
serait la distance dans l'espace des deux événements
serait la distance dans l’espace des deux événements
simultanés pour eux (t=0) et l'on aurait
simultanés pour eux (t=0) et l’on aurait


{{centré|<math>\scriptstyle x = x'* \sqrt{(1-beta^2)}</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle x = x’* \sqrt{(1-beta^2)}</math>}}


Ceci est la forme sous laquelle la contraction de
Ceci est la forme sous laquelle la contraction de
Lorentz intervient dans la cinématique nouvelle :
Lorentz intervient dans la cinématique nouvelle :
elle est réciproque puisqu'il résulte de ce qui précède
elle est réciproque puisqu’il résulte de ce qui précède
que si deux règles égales glissent l'une contre l'autre
que si deux règles égales glissent l’une contre l’autre
avec la vitesse v, des observateurs liés à l'une quelconque
avec la vitesse v, des observateurs liés à l’une quelconque
des règles voient l'autre plus courte que la leur.
des règles voient l’autre plus courte que la leur.
On voit que cette contraction n'a plus le caractère
On voit que cette contraction n’a plus le caractère
absolu que lui donnait la cinématique ordinaire : elle
absolu que lui donnait la cinématique ordinaire : elle
résulte simplement de la manière différente dont les
résulte simplement de la manière différente dont les
deux groupes d'observateurs définissent la simultanéité
deux groupes d’observateurs définissent la simultanéité
et du fait, sur lequel j'insiste, que la forme d'un corps
et du fait, sur lequel j’insiste, que la forme d’un corps
en mouvement ne peut être définie que comme le lieu
en mouvement ne peut être définie que comme le lieu
des positions simultanées des différents points de ce
des positions simultanées des différents points de ce
corps. Si des observateurs en mouvement relatif ne
corps. Si des observateurs en mouvement relatif ne
définissent pas de la même manière la simultanéité,
définissent pas de la même manière la simultanéité,
il n'est pas surprenant qu'ils ne voient pas la même
il n’est pas surprenant qu’ils ne voient pas la même
forme au même corps.
forme au même corps.
Deux événements simultanés pour les observateurs
Deux événements simultanés pour les observateurs
O' (t'=0) et distants pour eux de x' dans l'espace
O’(t’=0) et distants pour eux de x’dans l’espace
ont ainsi pour les observateurs O un intervalle dans
ont ainsi pour les observateurs O un intervalle dans
le temps et une distance dans l'espace donnés par
le temps et une distance dans l’espace donnés par


{{centré|<math>\scriptstyle t = \frac{1}{ \sqrt{(1-beta^2)}}. \frac{v*x'}{V^2}, x = \frac{x'}{ \sqrt{(1-beta^2)}}</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle t = \frac{1}{ \sqrt{(1-beta^2)}}. \frac{v*x’}{V^2}, x = \frac{x’}{ \sqrt{(1-beta^2)}}</math>}}


d’où
d'où


{{centré|<math>\scriptstyle x = ( \frac{V^2}{v}) . t = \frac{V*t}{beta} > V*t</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle x = ( \frac{V^2}{v}). t = \frac{V*t}{beta} > V*t</math>}}


Il résulte de cette inégalité que le caractère relatif
Il résulte de cette inégalité que le caractère relatif
de la simultanéité n'est pas en contradiction avec le
de la simultanéité n’est pas en contradiction avec le
principe de causalité si nous admettons, ce qui est
principe de causalité si nous admettons, ce qui est
conforme à notre hypothèse fondamentale sur la mesure
conforme à notre hypothèse fondamentale sur la mesure
du temps, qu'aucun signal ne peut se propager avec
du temps, qu’aucun signal ne peut se propager avec
une vitesse supérieure à celle de la lumière. Pas plus
une vitesse supérieure à celle de la lumière. Pas plus
pour les observateurs O', pour lesquels les deux
pour les observateurs O’, pour lesquels les deux
événements sont simultanés, que pour les observateurs
événements sont simultanés, que pour les observateurs
O, pour lesquels leur distance x dans l'espace est supérieure
O, pour lesquels leur distance x dans l’espace est supérieure
au chemin parcouru par la lumière pendant
au chemin parcouru par la lumière pendant
leur intervalle dans le temps t, un lien de cause à effet
leur intervalle dans le temps t, un lien de cause à effet
ne pourra être établi entre eux. Il n'y a donc aucune
ne pourra être établi entre eux. Il n’y a donc aucune
difficulté logique à ce que leur ordre de succession
difficulté logique à ce que leur ordre de succession
puisse être modifié par un changement du système
puisse être modifié par un changement du système
Ligne 892 : Ligne 892 :
Si, au contraire, les deux événements sont tels
Si, au contraire, les deux événements sont tels
que pour un système de référence quelconque on ait
que pour un système de référence quelconque on ait
x < V*t, c'est-à-dire tels qu'un signal lumineux permette
x < V*t, c’est-à-dire tels qu’un signal lumineux permette
au premier d'influer sur le second, il est facile
au premier d’influer sur le second, il est facile
de voir, d'après les équations (3), que cette inégalité
de voir, d’après les équations (3), que cette inégalité
subsiste pour un système quelconque en mouvement
subsiste pour un système quelconque en mouvement
par rapport au premier : l'ordre de succession des deux
par rapport au premier : l’ordre de succession des deux
événements a un sens absolu dès qu'un lien causal
événements a un sens absolu dès qu’un lien causal
peut être établi entre eux par l'intermédiaire d'un
peut être établi entre eux par l’intermédiaire d’un
signal lumineux ou de tout autre procédé moins rapide
signal lumineux ou de tout autre procédé moins rapide
que la lumière.Les mêmes conséquences peuvent s'obtenir
que la lumière.Les mêmes conséquences peuvent s’obtenir
peut-être plus simplement en remarquant que la
peut-être plus simplement en remarquant que la
transformation (3) laisse invariante l'expression
transformation (3) laisse invariante l’expression


{{centré|<math>\scriptstyle s^2 = (V^2)*(t^2) - (x^2) - (y^2) - (z^2)</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle s^2 = (V^2)*(t^2) (x^2) (y^2) (z^2)</math>}}


(5)
(5)


ou, s'il s'agit d'événements infiniment voisins, l'expression
ou, s’il s’agit d’événements infiniment voisins, l’expression


{{centré|<math>\scriptstyle ds^2 = (V^2)*(dt^2) - (dx^2) - (dy^2) - (dz^2)</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle ds^2 = (V^2)*(dt^2) (dx^2) (dy^2) (dz^2)</math>}}


(6)
(6)


c'est-à-dire qu'on a identiquement
c’est-à-dire qu’on a identiquement


{{centré|<math>\scriptstyle ds^2 = (V^2)*(dt^2) - (dx^2) - (dy^2) - (dz^2) = (V^2)*(dt'^2) - (dx'^2) - (dy'^2) - (dz'^2)</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle ds^2 = (V^2)*(dt^2) (dx^2) (dy^2) (dz^2) = (V^2)*(dt’^2) (dx’^2) (dy’^2) (dz’^2)</math>}}


Cet invariant joue, dans la théorie de la relativité,
Cet invariant joue, dans la théorie de la relativité,
un rôle analogue à celui de la distance de deux points
un rôle analogue à celui de la distance de deux points
en géométrie. Il est caractéristique du groupe de
en géométrie. Il est caractéristique du groupe de
Lorentz, et celui-ci peut s'obtenir, sous sa forme la
Lorentz, et celui-ci peut s’obtenir, sous sa forme la
plus générale, par la condition de conserver leur
plus générale, par la condition de conserver leur
forme aux expressions (5) ou (6). De même, en géométrie
forme aux expressions (5) ou (6). De même, en géométrie
analytique, les formules qui permettent de passer
analytique, les formules qui permettent de passer
d'un système de coordonnées rectangulaires à un autre
d’un système de coordonnées rectangulaires à un autre
peuvent s'obtenir sous leur forme la plus générale par
peuvent s’obtenir sous leur forme la plus générale par
la condition de laisser invariante l'expression de la
la condition de laisser invariante l’expression de la
distance entre deux points en fonction de leurs coordonnées.
distance entre deux points en fonction de leurs coordonnées.


" ''De même encore que la géométrie affirme l'existence
" ''De même encore que la géométrie affirme l’existence
d'un espace indépendant des systèmes particuliers de
d’un espace indépendant des systèmes particuliers de
coordonnées qui servent à en repérer les points, et permet
coordonnées qui servent à en repérer les points, et permet
d'en énoncer les lois sous une forme intrinsèque grâce à
d’en énoncer les lois sous une forme intrinsèque grâce à
l'introduction d'éléments invariants'' (distances, angles,
l’introduction d’éléments invariants'' (distances, angles,
surfaces, volumes, etc.), ''la physique, par l'intermédiaire
surfaces, volumes, etc.), ''la physique, par l’intermédiaire
du principe de relativité affirme l'existence d'un Univers
du principe de relativité affirme l’existence d’un Univers
indépendant du système de référence qui sert à repérer
indépendant du système de référence qui sert à repérer
les événements'' ".
les événements'' ".
Ligne 942 : Ligne 942 :
Le principe de relativité, sous la forme restreinte
Le principe de relativité, sous la forme restreinte
comme sous la forme plus générale que nous examinerons
comme sous la forme plus générale que nous examinerons
tout à l'heure, n'est donc, au fond, que l'affirmation
tout à l’heure, n’est donc, au fond, que l’affirmation
de l'existence d'une réalité indépendante des
de l’existence d’une réalité indépendante des
systèmes de référence en mouvement les uns par
systèmes de référence en mouvement les uns par
rapport aux autres à partir desquels nous en observons
rapport aux autres à partir desquels nous en observons
des perspectives changeantes. Cet univers a des lois
des perspectives changeantes. Cet univers a des lois
auxquelles l'emploi des coordonnées permet de donner
auxquelles l’emploi des coordonnées permet de donner
une forme analytique indépendante du système de
une forme analytique indépendante du système de
référence bien que les coordonnées individuelles de
référence bien que les coordonnées individuelles de
chaque événement en dépendent, mais qu'il est possible
chaque événement en dépendent, mais qu’il est possible
d'exprimer sous forme intrinsèque, comme la géométrie
d’exprimer sous forme intrinsèque, comme la géométrie
le fait pour l'espace, grâce à l'introduction d'éléments
le fait pour l’espace, grâce à l’introduction d’éléments
invariants et à la constitution d'un langage
invariants et à la constitution d’un langage
approprié. C'est la tâche qui s'impose actuellement
approprié. C’est la tâche qui s’impose actuellement
aux physiciens : constituer une physique qui soit, à
aux physiciens:constituer une physique qui soit, à
l'expression analytique actuelle des lois de l'Univers
l’expression analytique actuelle des lois de l’Univers
conforme au principe de relativité, ce que la géométrie
conforme au principe de relativité, ce que la géométrie
pure est à la géométrie analytique.
pure est à la géométrie analytique.
L'invariant que nous venons de rencontrer sous
L’invariant que nous venons de rencontrer sous
les formes (5) ou (6) est le plus fondamental et correspond
les formes (5) ou (6) est le plus fondamental et correspond
à la distance en géométrie.
à la distance en géométrie.


12. ''La possibilité d'influence ou d'action''. —Il importe,
12. ''La possibilité d’influence ou d’action''. —Il importe,
à titre d'exemple, d'insister sur la signification
à titre d’exemple, d’insister sur la signification
physique de ce premier invariant. Si deux événements
physique de ce premier invariant. Si deux événements
sont tels que leur distance dans l'espace (dont les composantes
sont tels que leur distance dans l’espace (dont les composantes
sont x, y, z) est inférieure au chemin V*t
sont x, y, z) est inférieure au chemin V*t
parcouru par la lumière pendant leur intervalle dans
parcouru par la lumière pendant leur intervalle dans
le temps, s^2 est positif et il en résulte, à cause de
le temps, s^2 est positif et il en résulte, à cause de
l'invariance de s^2, que la relation qui vient d'être
l’invariance de s^2, que la relation qui vient d’être
énoncée entre les deux événements a un sens absolu,
énoncée entre les deux événements a un sens absolu,
qu'elle est satisfaite dans tous les systèmes de référence
qu’elle est satisfaite dans tous les systèmes de référence
d'où l'on peut observer les deux événements considérés.
d’où l’on peut observer les deux événements considérés.
Quand cette condition est remplie, c'est-à-dire quand s
Quand cette condition est remplie, c’est-à-dire quand s
est réel, un signal ou un messager se déplaçant moins
est réel, un signal ou un messager se déplaçant moins
vite que la lumière permet à l'un des événements
vite que la lumière permet à l’un des événements
d'intervenir comme cause dans les conditions qui déterminent
d’intervenir comme cause dans les conditions qui déterminent
le second. Il est facile de voir d'après les formules
le second. Il est facile de voir d’après les formules
du groupe de Lorentz que dans ce cas, conformément
du groupe de Lorentz que dans ce cas, conformément
au principe de causalité, Tordre de succession
au principe de causalité, Tordre de succession
des deux événements a un sens absolu, aucun changement
des deux événements a un sens absolu, aucun changement
du système de référence ne permet d'inverser
du système de référence ne permet d’inverser
cet ordre ni de voir les deux événements simultanés.
cet ordre ni de voir les deux événements simultanés.
Au contraire, quand s^2 est négatif ou s imaginaire,
Au contraire, quand s^2 est négatif ou s imaginaire,
la distance dans l'espace des deux événements est plus
la distance dans l’espace des deux événements est plus
grande que le chemin V*t parcouru par la lumière
grande que le chemin V*t parcouru par la lumière
pendant leur intervalle dans le temps (cette relation
pendant leur intervalle dans le temps (cette relation
a un sens absolu) et aucun lien causal ne peut exister
a un sens absolu) et aucun lien causal ne peut exister
entre les deux événements dont l'ordre de succession
entre les deux événements dont l’ordre de succession
peut, sans contradiction avec le principe de causalité,
peut, sans contradiction avec le principe de causalité,
être renversé par un changement convenable du système
être renversé par un changement convenable du système
de référence et n'a pas de sens absolu.
de référence et n’a pas de sens absolu.
La quantité s est donc réelle ou imaginaire suivant
La quantité s est donc réelle ou imaginaire suivant
que l'un des événements peut ou non influer sur l'autre ;
que l’un des événements peut ou non influer sur l’autre ;
elle est nulle quand un signal lumineux dont l'émission
elle est nulle quand un signal lumineux dont l’émission
coïncide dans l'espace et dans le temps avec l'un des
coïncide dans l’espace et dans le temps avec l’un des
événements peut juste coïncider au passage avec
événements peut juste coïncider au passage avec
l'autre. On peut donc dire que cette quantité mesure
l’autre. On peut donc dire que cette quantité mesure
''la possibilité d'influence ou d'action'' (au sens cinématique)
''la possibilité d’influence ou d’action'' (au sens cinématique)
des deux événements l'un sur l'autre.
des deux événements l’un sur l’autre.


13. ''La loi d'inertie ou d'action stationnaire''. —
13. ''La loi d’inertie ou d’action stationnaire''. —
Comme exemple de la possibilité indiquée plus haut
Comme exemple de la possibilité indiquée plus haut
d'atteindre, grâce à l'introduction de semblables
d’atteindre, grâce à l’introduction de semblables
invariants, des énoncés ''intrinsèques et simples'' pour les
invariants, des énoncés ''intrinsèques et simples'' pour les
lois de la physique ou de la mécanique, voyons comment
lois de la physique ou de la mécanique, voyons comment
l'invariant fondamental s ou ds permet d'exprimer la
l’invariant fondamental s ou ds permet d’exprimer la
loi d'inertie.
loi d’inertie.
Considérons deux événements A et B dont la
Considérons deux événements A et B dont la
possibilité d'influence S soit réelle ; puis que leur
possibilité d’influence S soit réelle; puis que leur
distance dans l'espace est inférieure au chemin par
distance dans l’espace est inférieure au chemin par
couru par la lumière pendant leur intervalle dans le
couru par la lumière pendant leur intervalle dans le
temps, il existe une infinité de mouvements possibles
temps, il existe une infinité de mouvements possibles
pour un mobile qui, partant du premier A (il y en a
pour un mobile qui, partant du premier A (il y en a
un qui est le premier dans le temps au sens absolu
un qui est le premier dans le temps au sens absolu
puisque l'ordre de succession est invariable quand s
puisque l’ordre de succession est invariable quand s
est réel) passe par le second B. En appelant ''ligne
est réel) passe par le second B. En appelant ''ligne
d' Univers'' l'ensemble des événements que représentent
d’Univers'' l’ensemble des événements que représentent
les diverses positions successives d'un mobile, nous
les diverses positions successives d’un mobile, nous
pouvons encore énoncer ceci en disant : lorsque deux
pouvons encore énoncer ceci en disant : lorsque deux
événements ont une possibilité d'influence réelle, il
événements ont une possibilité d’influence réelle, il
y a une infinité de lignes d'univers réelles passant par
y a une infinité de lignes d’univers réelles passant par
ces deux événements, exactement comme dans l'espace
ces deux événements, exactement comme dans l’espace
une infinité de lignes réelles passent par deux points
une infinité de lignes réelles passent par deux points
dont la distance est réelle. La quantité qui correspondra
dont la distance est réelle. La quantité qui correspondra
ici à la longueur d'une de ces lignes, et qui sera la
ici à la longueur d’une de ces lignes, et qui sera la
''possibilité d'action'' le long d'une ligne d'univers passant
''possibilité d’action'' le long d’une ligne d’univers passant
par les deux événements, aura pour expression
par les deux événements, aura pour expression


{{centré|<math>\scriptstyle I = \int\limits_{A}^{B} ds</math>}} (7)
{{centré|<math>\scriptstyle I = \int\limits_{A}^{B} ds</math>}} (7)


l'intégrale étant étendue à tous les couples d'événements
l’intégrale étant étendue à tous les couples d’événements
infiniment voisins qui se succèdent le long de cette
infiniment voisins qui se succèdent le long de cette
ligne.
ligne.
En géométrie, il y a une ligne qui se distingue
En géométrie, il y a une ligne qui se distingue
de toutes les autres passant par les deux mêmes points :
de toutes les autres passant par les deux mêmes points :
c'est la droite, qui jouit de la propriété de longueur
c’est la droite, qui jouit de la propriété de longueur
minimum, ce minimum étant précisément égal à la
minimum, ce minimum étant précisément égal à la
distance des deux points.
distance des deux points.
Un calcul très simple, qui utilise la définition (6)
Un calcul très simple, qui utilise la définition (6)
de ds, montre que l'intégrale I est ''stationnaire'' et passe
de ds, montre que l’intégrale I est ''stationnaire'' et passe
par un maximum égal à s pour la ligne d'univers qui
par un maximum égal à s pour la ligne d’univers qui
correspond à ''un mouvement rectiligne et uniforme,
correspond à ''un mouvement rectiligne et uniforme,
c'est-à-dire à un mobile se mouvant entre les deux événements
c’est-à-dire à un mobile se mouvant entre les deux événements
conformément à la loi d'inertie''.
conformément à la loi d’inertie''.


Cette loi a donc, pour énoncé intrinsèque et
Cette loi a donc, pour énoncé intrinsèque et
simple,
simple,


{{centré|<math>\scriptstyle delta . \int ds = 0</math>}} (8)
{{centré|<math>\scriptstyle delta. \int ds = 0</math>}} (8)


On remarquera que cet énoncé ''d'action stationnaire''
On remarquera que cet énoncé ''d’action stationnaire''
a précisément la forme hamiltonienne et fait
a précisément la forme hamiltonienne et fait
jouer, dans l'Univers de la relativité, au mouvement
jouer, dans l’Univers de la relativité, au mouvement
rectiligne et uniforme le rôle que joue la droite en
rectiligne et uniforme le rôle que joue la droite en
géométrie euclidienne. On peut encore dire, sous une
géométrie euclidienne. On peut encore dire, sous une
forme plus générale, que le mouvement d'un point
forme plus générale, que le mouvement d’un point
matériel libre, que la ligne d'univers de ce point est
matériel libre, que la ligne d’univers de ce point est
une ''géodésique'' tracée dans la multiplicité à quatre
une ''géodésique'' tracée dans la multiplicité à quatre
dimensions qu'est l'ensemble des événements ou Univers.
dimensions qu’est l’ensemble des événements ou Univers.
On voit déjà que, loin de compliquer les choses,
On voit déjà que, loin de compliquer les choses,
notre principe de relativité, par la symétrie qu'il introduit
notre principe de relativité, par la symétrie qu’il introduit
entre les coordonnées d'espace et de temps contrairement
entre les coordonnées d’espace et de temps contrairement
à ce qui se passe en cinématique ordinaire,
à ce qui se passe en cinématique ordinaire,
permet d'obtenir des énoncés remarquablement simples
permet d’obtenir des énoncés remarquablement simples
quand on a réussi à dégager les invariants nécessaires.
quand on a réussi à dégager les invariants nécessaires.
Nous verrons d'autres exemples de cette
Nous verrons d’autres exemples de cette
puissance de simplification.
puissance de simplification.


14. ''Le temps propre''. — Nous pouvons encore
14. ''Le temps propre''. — Nous pouvons encore
donner de l'invariant fondamental une autre interprétation
donner de l’invariant fondamental une autre interprétation
dans le cas où il est réel. Imaginons pour
dans le cas où il est réel. Imaginons pour
cela que des observateurs soient liés au mobile dont
cela que des observateurs soient liés au mobile dont
la ligne d'univers passe par les deux événements considérés:
la ligne d’univers passe par les deux événements considérés :
pour eux les deux événements se passent au
pour eux les deux événements se passent au
même point puisque tous deux coïncident avec leur
même point puisque tous deux coïncident avec leur
présence, de sorte que si d tau est la mesure ''faite par
présence, de sorte que si d tau est la mesure ''faite par
eux'' de l'intervalle de temps entre les deux événements
eux'' de l’intervalle de temps entre les deux événements
supposés par exemple infiniment voisins, on a, comme
supposés par exemple infiniment voisins, on a, comme
conséquence de la formule (6), en tenant compte du
conséquence de la formule (6), en tenant compte du
fait que pour les observateurs considérés la distance
fait que pour les observateurs considérés la distance
dans l'espace est nulle.
dans l’espace est nulle.


{{centré|<math>\scriptstyle ds^2 = V^2.d tau^2</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle ds^2 = V^2.d tau^2</math>}}
Ligne 1 090 : Ligne 1 090 :
{{centré|<math>\scriptstyle ds = V*d tau</math>}} (9)
{{centré|<math>\scriptstyle ds = V*d tau</math>}} (9)


Nous donnerons à d tau le nom, qui s'impose d'après
Nous donnerons à d tau le nom, qui s’impose d’après
ce qui précède, de ''temps propre'' du mobile entre les
ce qui précède, de ''temps propre'' du mobile entre les
deux événements qui se succèdent au même point
deux événements qui se succèdent au même point
par rapport à lui. La possibilité d'influence entre deux
par rapport à lui. La possibilité d’influence entre deux
événements, lorsqu'elle est réelle, est donc proportionnelle,
événements, lorsqu’elle est réelle, est donc proportionnelle,
avec le coefficient V, à l'intervalle de temps
avec le coefficient V, à l’intervalle de temps
mesuré entre ces événements par des observateurs
mesuré entre ces événements par des observateurs
en mouvement rectiligne et uniforme tel que les deux
en mouvement rectiligne et uniforme tel que les deux
événements se passent pour eux au même point.
événements se passent pour eux au même point.
Si leur ligne d'univers n'est pas celle d'un mouvement
Si leur ligne d’univers n’est pas celle d’un mouvement
libre, on a, le long de cette ligne,
libre, on a, le long de cette ligne,


{{centré|<math>\scriptstyle \int\limits_{A}^B ds = V. \int\limits_{A}^B d tau</math>}} (10)
{{centré|<math>\scriptstyle \int\limits_{A}^B ds = V. \int\limits_{A}^B d tau</math>}} (10)


C'est donc le mouvement rectiligne et uniforme
C’est donc le mouvement rectiligne et uniforme
qui donne, d'après la propriété reconnue plus haut,
qui donne, d’après la propriété reconnue plus haut,
le maximum de temps propre entre deux quelconques
le maximum de temps propre entre deux quelconques
des événements par lesquels il passe. On peut encore
des événements par lesquels il passe. On peut encore
s'en rendre compte de la manière suivante. Considérons
s’en rendre compte de la manière suivante. Considérons
d'autres observateurs O que ceux liés au mobile.
d’autres observateurs O que ceux liés au mobile.
Pour eux, celui-ci a une certaine vitesse v à l'instant t,
Pour eux, celui-ci a une certaine vitesse v à l’instant t,
et l'on a, d'après la définition de ds^2,
et l’on a, d’après la définition de ds^2,


{{centré|<math>\scriptstyle ds^2 = (V^2)*(dt^2) - (v^2)*(dt^2) = (V^2)*(1 - beta^2)*(dt^2)</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle ds^2 = (V^2)*(dt^2) (v^2)*(dt^2) = (V^2)*(1 beta^2)*(dt^2)</math>}}


d’où
d'où


{{centré|<math>\scriptstyle d tau = \sqrt{(1-beta^2*dt)}</math>}} (11)
{{centré|<math>\scriptstyle d tau = \sqrt{(1-beta^2*dt)}</math>}} (11)
Ligne 1 126 : Ligne 1 126 :
événements extrêmes A et B pour les observateurs O.
événements extrêmes A et B pour les observateurs O.
La présence du facteur sqrt(1-beta^2) montre que plus le
La présence du facteur sqrt(1-beta^2) montre que plus le
mouvement entre A et B différera d'un mouvement
mouvement entre A et B différera d’un mouvement
rectiligne et uniforme, plus par conséquent les vitesses
rectiligne et uniforme, plus par conséquent les vitesses
seront grandes puisque la durée totale t2-t1 fixe,
seront grandes puisque la durée totale t2-t1 fixe,
et plus l'intégrale entre ces limites fixes sera petite.
et plus l’intégrale entre ces limites fixes sera petite.
La loi d'inertie peut encore s'exprimer comme ''loi
La loi d’inertie peut encore s’exprimer comme ''loi
du temps propre maximum'', et elle nous apparaît comme
du temps propre maximum'', et elle nous apparaît comme
liée de façon nécessaire aux conclusions suivantes,
liée de façon nécessaire aux conclusions suivantes,
dont l'aspect semble plus paradoxal encore que celles
dont l’aspect semble plus paradoxal encore que celles
relatives à la simultanéité et à la contraction apparente
relatives à la simultanéité et à la contraction apparente
réciproque des corps en mouvement.
réciproque des corps en mouvement.
Imaginons deux portions de matière dont les
Imaginons deux portions de matière dont les
lignes d'univers se croisent en deux événements A et B,
lignes d’univers se croisent en deux événements A et B,
c'est-à-dire qui se séparent en A pour se retrouver en B,
c’est-à-dire qui se séparent en A pour se retrouver en B,
mais dont l'une se meut entre A et B d'un mouvement
mais dont l’une se meut entre A et B d’un mouvement
rectiligne et uniforme, tandis que l'autre a un mouvement
rectiligne et uniforme, tandis que l’autre a un mouvement
varié, subit des accélérations. Il résulte de ce qui
varié, subit des accélérations. Il résulte de ce qui
précède que l'intervalle de temps, la durée de la séparation,
précède que l’intervalle de temps, la durée de la séparation,
mesuré par la seconde est moindre que pour
mesuré par la seconde est moindre que pour
la première. Et si nous admettons, conformément
la première. Et si nous admettons, conformément
au principe de relativité, qu'aucune autre mesure du
au principe de relativité, qu’aucune autre mesure du
temps n'est possible, il en résulte que la seconde a,
temps n’est possible, il en résulte que la seconde a,
dans l'intervalle, moins vieilli que la première. On peut
dans l’intervalle, moins vieilli que la première. On peut
déduire de là des conséquences amusantes qui ne sont
déduire de là des conséquences amusantes qui ne sont
en opposition avec aucun fait expérimental. Un peu
en opposition avec aucun fait expérimental. Un peu
d'attention montre d'ailleurs que la mise en oeuvre
d’attention montre d’ailleurs que la mise en œuvre
de cette possibilité de ralentir le cours du temps grâce
de cette possibilité de ralentir le cours du temps grâce
à une agitation suffisante obligerait à réaliser des vitesses
à une agitation suffisante obligerait à réaliser des vitesses
Ligne 1 157 : Ligne 1 157 :


15. ''La dynamique de la relativité''. — Revenons à des
15. ''La dynamique de la relativité''. — Revenons à des
conséquences plus facilement vérifiables par l'expérience.
conséquences plus facilement vérifiables par l’expérience.
A la nouvelle cinématique correspond une dynamique nouvelle,
A la nouvelle cinématique correspond une dynamique nouvelle,
entièrement compatible avec les lois
entièrement compatible avec les lois
de l'électromagnétisme puisque ses équations conserveront
de l’électromagnétisme puisque ses équations conserveront
leur forme pour les mêmes transformations
leur forme pour les mêmes transformations
de coordonnées, celles du groupe de Lorentz.
de coordonnées, celles du groupe de Lorentz.
Étant donné, comme nous allons le voir, que les
Étant donné, comme nous allons le voir, que les
faits imposent cette nouvelle dynamique, il serait
faits imposent cette nouvelle dynamique, il serait
important d'orienter l'enseignement de la mécanique
important d’orienter l’enseignement de la mécanique
ordinaire dans un sens ménageant la possibilité de
ordinaire dans un sens ménageant la possibilité de
passer à la mécanique nouvelle avec le minimum de
passer à la mécanique nouvelle avec le minimum de
changements. Or, il est facile de montrer que le principe
changements. Or, il est facile de montrer que le principe
de relativité, joint au principe de conservation
de relativité, joint au principe de conservation
de l'énergie, fournissent, quand on admet la cinématique
de l’énergie, fournissent, quand on admet la cinématique
de Galilée, toutes les fois fondamentales de la
de Galilée, toutes les fois fondamentales de la
mécanique rationnelle, en particulier la conservation
mécanique rationnelle, en particulier la conservation
de la masse, introduite d'ordinaire comme un postulat
de la masse, introduite d’ordinaire comme un postulat
indépendant, et celle de la conservation de la quantité
indépendant, et celle de la conservation de la quantité
de mouvement.
de mouvement.
Il suffit de remplacer la cinématique de Galilée
Il suffit de remplacer la cinématique de Galilée
par celle du groupe de Lorentz, -c'est-à-dire d'introduire
par celle du groupe de Lorentz, —c’est-à-dire d’introduire
la mesure optique du temps, pour obtenir une
la mesure optique du temps, pour obtenir une
nouvelle dynamique qui, chose tout à fait remarquable,
nouvelle dynamique qui, chose tout à fait remarquable,
est plus simple que celle de la mécanique rationnelle.
est plus simple que celle de la mécanique rationnelle.
En effet, elle réunit en un seul l'ensemble des principes
En effet, elle réunit en un seul l’ensemble des principes
de conservation de la masse, de la quantité de mouvement
de conservation de la masse, de la quantité de mouvement
et de l'énergie. ''Elle affirme pour un système
et de l’énergie. ''Elle affirme pour un système
matériel isolé la constance d'un vecteur d'Univers à
matériel isolé la constance d’un vecteur d’Univers à
quatre composantes, dont les trois composantes d'espace
quatre composantes, dont les trois composantes d’espace
sont les quantités de mouvement et dont la composante
sont les quantités de mouvement et dont la composante
de temps est l'énergie''.
de temps est l’énergie''.
De plus, et ceci est l'aspect peut-être le plus remarquable,
De plus, et ceci est l’aspect peut-être le plus remarquable,
''la notion de masse se confond avec celle d'énergie'' :
''la notion de masse se confond avec celle d’énergie'' :
la masse d'un système matériel n'est plus qu'une quantité
la masse d’un système matériel n’est plus qu’une quantité
proportionnelle à son énergie interne avec un coefficient
proportionnelle à son énergie interne avec un coefficient
de proportionnalité égal au carré de la vitesse
de proportionnalité égal au carré de la vitesse
de la lumière. Entre la masse m d'une portion de
de la lumière. Entre la masse m d’une portion de
matière définie comme coefficient de proportionnalité
matière définie comme coefficient de proportionnalité
de la quantité de mouvement à la vitesse et son énergie
de la quantité de mouvement à la vitesse et son énergie
Ligne 1 200 : Ligne 1 200 :
{{centré|<math>\scriptstyle m = \frac{E}{V}</math>}} (12)
{{centré|<math>\scriptstyle m = \frac{E}{V}</math>}} (12)


de sorte que la masse varie avec l'énergie et ne reste
de sorte que la masse varie avec l’énergie et ne reste
constante pour un système fermé que grâce à l'absence
constante pour un système fermé que grâce à l’absence
d'échange avec l'extérieur, par voie de rayonnement
d’échange avec l’extérieur, par voie de rayonnement
par exemple.
par exemple.


16. ''Variation de la masse avec la vitesse''. — L'énergie
16. ''Variation de la masse avec la vitesse''. — L’énergie
totale d'un corps augmente avec sa vitesse d'une
totale d’un corps augmente avec sa vitesse d’une
quantité égale à l'énergie cinétique. Si E0 est l'énergie
quantité égale à l’énergie cinétique. Si E0 est l’énergie
interne du corps (mesurée par des observateurs qui
interne du corps (mesurée par des observateurs qui
lui sont liés) et par conséquent
lui sont liés) et par conséquent
Ligne 1 220 : Ligne 1 220 :
{{centré|<math>\scriptstyle E = \frac{E_{0}}{ \sqrt{(1-beta^2)}}</math>}} (13)
{{centré|<math>\scriptstyle E = \frac{E_{0}}{ \sqrt{(1-beta^2)}}</math>}} (13)


L'énergie cinétique prend la valeur
L’énergie cinétique prend la valeur


{{centré|<math>\scriptstyle E - E_{0} = E_{0}. \frac{1}{ \sqrt{(1-beta^2)}-1}</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle E E_{0} = E_{0}. \frac{1}{ \sqrt{(1-beta^2)}-1}</math>}}


qui, pour les petites valeurs de beta, se confond, comme on
qui, pour les petites valeurs de beta, se confond, comme on
le voit immédiatement en développant l'expression
le voit immédiatement en développant l’expression
précédente suivant les puissances de beta, avec l'énergie
précédente suivant les puissances de beta, avec l’énergie
cinétique ordinaire
cinétique ordinaire


{{centré|<math>\scriptstyle \frac{1}{2} . E_{0} . beta^2 = \frac{1}{2} . m_{0} . v^2</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle \frac{1}{2}. E_{0}. beta^2 = \frac{1}{2}. m_{0}. v^2</math>}}


A la valeur (13) de l'énergie correspond, en vertu
A la valeur (13) de l’énergie correspond, en vertu
de la relation (12), une valeur de la masse m :
de la relation (12), une valeur de la masse m :


{{centré|<math>\scriptstyle m = \frac{1}{ \sqrt{(1-beta^2)}}</math>}} (14)
{{centré|<math>\scriptstyle m = \frac{1}{ \sqrt{(1-beta^2)}}</math>}} (14)


L'accroissement de masse avec la vitesse ainsi
L’accroissement de masse avec la vitesse ainsi
prévu par la théorie de la relativité est lié au fait
prévu par la théorie de la relativité est lié au fait
que l'énergie cinétique existe, que l'énergie totale
que l’énergie cinétique existe, que l’énergie totale
d'un corps en mouvement est plus grande que celle
d’un corps en mouvement est plus grande que celle
du même corps au repos et n'est qu'un aspect particulier
du même corps au repos et n’est qu’un aspect particulier
de la loi fondamentale d' ''inertie de l'énergie'' exprimée
de la loi fondamentale d’''inertie de l’énergie'' exprimée
par la formule (12).
par la formule (12).


Ligne 1 248 : Ligne 1 248 :
des vitesses du même ordre que celle de la lumière
des vitesses du même ordre que celle de la lumière
et donne une masse infinie quand v tend vers V.
et donne une masse infinie quand v tend vers V.
C'estl'aspect dynamique du résultat cinématique
C’estl’aspect dynamique du résultat cinématique
limitant à V la vitesse relative que peuvent prendre
limitant à V la vitesse relative que peuvent prendre
deux portions de matière : il faudrait une énergie
deux portions de matière : il faudrait une énergie
infinie pour atteindre cette limite.
infinie pour atteindre cette limite.
Pour obtenir une vérification expérimentale, il
Pour obtenir une vérification expérimentale, il
est nécessaire de s'adresser aux projectiles les plus
est nécessaire de s’adresser aux projectiles les plus
rapides que nous connaissions, aux rayons cathodiques
rapides que nous connaissions, aux rayons cathodiques
et aux rayons beta des corps radioactifs. En observant
et aux rayons beta des corps radioactifs. En observant
la déviation par un champ magnétique connu de
la déviation par un champ magnétique connu de
rayons cathodiques produits sous une différence de
rayons cathodiques produits sous une différence de
potentiel connue entre la cathode et le lieu d'observation,
potentiel connue entre la cathode et le lieu d’observation,
on peut obtenir deux relations entre la vitesse des particules
on peut obtenir deux relations entre la vitesse des particules
cathodiques et le quotient de leur charge
cathodiques et le quotient de leur charge
par leur masse initiale m0. Comme il est nécessaire d'ailleurs
par leur masse initiale m0. Comme il est nécessaire d’ailleurs
pour conserver leur forme aux équations de
pour conserver leur forme aux équations de
l'électromagnétisme, d'admettre que la charge électrique
l’électromagnétisme, d’admettre que la charge électrique
reste invariante quand on passe d'un système
reste invariante quand on passe d’un système
de référence à un autre en mouvement par rapport à
de référence à un autre en mouvement par rapport à
lui, ces deux relations s'écrivent, dans la dynamique
lui, ces deux relations s’écrivent, dans la dynamique
de la relativité,
de la relativité,


{{centré|<math>\scriptstyle U . e = m_{0} . V^2 . \frac{1}{ \sqrt{(1-beta^2)}-1}</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle U. e = m_{0}. V^2. \frac{1}{ \sqrt{(1-beta^2)}-1}</math>}}


et
et


{{centré|<math>\scriptstyle H*R = m* \frac{v}{e} = m_{0} . beta . \frac{V}{e*( \sqrt{(1-beta^2)})}</math>}} (15)
{{centré|<math>\scriptstyle H*R = m* \frac{v}{e} = m_{0}. beta. \frac{V}{e*( \sqrt{(1-beta^2)})}</math>}} (15)


La première équation exprime que l'accroissement
La première équation exprime que l’accroissement
d'énergie cinétique de la particule est égal au travail
d’énergie cinétique de la particule est égal au travail
effectué par le champ électrique sur sa charge, U représentant
effectué par le champ électrique sur sa charge, U représentant
la différence de potentiel dont on se sert pour
la différence de potentiel dont on se sert pour
Ligne 1 282 : Ligne 1 282 :
le champ magnétique H supposé perpendiculaire à la
le champ magnétique H supposé perpendiculaire à la
direction de la vitesse au rayon de courbure R de la
direction de la vitesse au rayon de courbure R de la
trajectoire. L'élimination de beta entre ces deux relations
trajectoire. L’élimination de beta entre ces deux relations
montre suivant quelle loi doivent varier simultanément
montre suivant quelle loi doivent varier simultanément
la différence de potentiel et le champ magnétique
la différence de potentiel et le champ magnétique
(ou l'intensité du courant qui produit ce dernier) pour
(ou l’intensité du courant qui produit ce dernier) pour
que la déviation reste constante.
que la déviation reste constante.
Des expériences très soignées faites récemment
Des expériences très soignées faites récemment
sous cette forme par MM. Ch.-Eug. Guye et Lavanchy
sous cette forme par MM. Ch.-Eug. Guye et Lavanchy
ont exactement vérifié la loi prévue pour des vitesses
ont exactement vérifié la loi prévue pour des vitesses
de rayons cathodiques allant jusqu'à 150.000 km par
de rayons cathodiques allant jusqu’à 150.000 km par
seconde, moitié de la vitesse de la lumière.
seconde, moitié de la vitesse de la lumière.
Les rayons beta des corps radioactifs permettent,
Les rayons beta des corps radioactifs permettent,
comme nous l'avons vu, d'opérer avec des vitesses
comme nous l’avons vu, d’opérer avec des vitesses
beaucoup plus grandes, mais la précision est moindre
beaucoup plus grandes, mais la précision est moindre
parce que la première des relations (15) doit être
parce que la première des relations (15) doit être
remplacée par une autre déduite de la déviation des
remplacée par une autre déduite de la déviation des
rayons sous l'action d'un champ électrique perpendiculaire
rayons sous l’action d’un champ électrique perpendiculaire
à leur direction. Cette dernière mesure est moins
à leur direction. Cette dernière mesure est moins
facile que celle d'une différence de potentiel. Néanmoins,
facile que celle d’une différence de potentiel. Néanmoins,
au degré de précision des mesures, les formules
au degré de précision des mesures, les formules
de la nouvelle dynamique représentent encore exactement
de la nouvelle dynamique représentent encore exactement
Ligne 1 306 : Ligne 1 306 :
de la masse initiale.
de la masse initiale.


18. ''La structure des raies de l'hydrogène''. — Une
18. ''La structure des raies de l’hydrogène''. — Une
confirmation au moins aussi remarquable et tout à fait
confirmation au moins aussi remarquable et tout à fait
imprévue a été apportée en 1916 par M. Sommerfeld.
imprévue a été apportée en 1916 par M. Sommerfeld.
On sait que, grâce à l'application de l-a théorie
On sait que, grâce à l’application de l-a théorie
des quanta aux mouvements des électrons intérieurs
des quanta aux mouvements des électrons intérieurs
aux atomes, des progrès considérables ont pu être
aux atomes, des progrès considérables ont pu être
faits dans l'interprétation et dans la prévision des séries
faits dans l’interprétation et dans la prévision des séries
de raies dans le spectre d'émission des éléments.
de raies dans le spectre d’émission des éléments.
En particulier, le modèle proposé par M. Bohr pour
En particulier, le modèle proposé par M. Bohr pour
l'atome d'hydrogène (un seul électron négatif tournant
l’atome d’hydrogène (un seul électron négatif tournant
autour d'un noyau central positif) donne exactement
autour d’un noyau central positif) donne exactement
la série de Balmer.
la série de Balmer.
Lorsque, au lieu de supposer, comme l'avait fait
Lorsque, au lieu de supposer, comme l’avait fait
M. Bohr, que l'électron décrit des orbites circulaires,
M. Bohr, que l’électron décrit des orbites circulaires,
on admet avec M. Sommerfeld la possibilité d'orbites
on admet avec M. Sommerfeld la possibilité d’orbites
elliptiques et qu'on leur applique les procédés récents
elliptiques et qu’on leur applique les procédés récents
qui ont permis d'étendre la théorie des quanta à de
qui ont permis d’étendre la théorie des quanta à de
semblables problèmes, on retrouve toujours cette même
semblables problèmes, on retrouve toujours cette même
série de Balmer avec une fréquence bien définie pour
série de Balmer avec une fréquence bien définie pour
chaque raie.
chaque raie.
Or, l'expérience montre que les raies de la série
Or, l’expérience montre que les raies de la série
de Balmer ont une structure, très fine à la vérité.
de Balmer ont une structure, très fine à la vérité.
Chaque raie possède un certain nombre de composantes
Chaque raie possède un certain nombre de composantes
Ligne 1 332 : Ligne 1 332 :
intenses et leur intervalle a pu être mesuré par les
intenses et leur intervalle a pu être mesuré par les
méthodes basées sur la variation de visibilité des franges
méthodes basées sur la variation de visibilité des franges
d'interférence avec la différence de marche. Les mesures
d’interférence avec la différence de marche. Les mesures
de MM. Buisson et Fabry ont donné pour la raie rouge
de MM. Buisson et Fabry ont donné pour la raie rouge
(alpha) de l'hydrogène un écartement voisin de trois centièmes
(alpha) de l’hydrogène un écartement voisin de trois centièmes
d'unité Angström.
d’unité Angström.
Comme les vitesses que prévoit la théorie pour
Comme les vitesses que prévoit la théorie pour
les diverses orbites possibles de l'électron dans l'atome
les diverses orbites possibles de l’électron dans l’atome
d'hydrogène représentent déjà une fraction sensible
d’hydrogène représentent déjà une fraction sensible
de la vitesse de la lumière, M. Sommerfeld s'est
de la vitesse de la lumière, M. Sommerfeld s’est
demandé si la substitution de la mécanique de la relativité
demandé si la substitution de la mécanique de la relativité
à la mécanique ordinaire employée jusque-là
à la mécanique ordinaire employée jusque-là
Ligne 1 351 : Ligne 1 351 :
doivent présenter dans leur spectre des structures
doivent présenter dans leur spectre des structures
analogues avec un écart de fréquence entre les
analogues avec un écart de fréquence entre les
composantes d'autant plus considérable que le rang
composantes d’autant plus considérable que le rang
de l'atome est plus élevé dans la série des éléments.
de l’atome est plus élevé dans la série des éléments.
Appliquée aux rayons de Rôntgen caractéristiques les
Appliquée aux rayons de Rôntgen caractéristiques les
plus pénétrants, à ceux qui constituent le groupe des
plus pénétrants, à ceux qui constituent le groupe des
raies K, la théorie de M. Sommerfeld présente un
raies K, la théorie de M. Sommerfeld présente un
accord remarquable avec l'expérience, bien que l'écart
accord remarquable avec l’expérience, bien que l’écart
en question varie dans un rapport voisin de loo.ooo.ooo
en question varie dans un rapport voisin de loo.ooo.ooo
quand on passe de la raie alpha de l'hydrogène aux raies K
quand on passe de la raie alpha de l’hydrogène aux raies K
de l'uranium qui en sont l'équivalent déplacé vers les
de l’uranium qui en sont l’équivalent déplacé vers les
grandes fréquences.
grandes fréquences.
II est donc établi que les problèmes relatifs aux
II est donc établi que les problèmes relatifs aux
mouvements intra-atomiques exigent l'emploi de la
mouvements intra-atomiques exigent l’emploi de la
nouvelle dynamique pour donner des solutions en
nouvelle dynamique pour donner des solutions en
accord avec les faits.
accord avec les faits.


19. ''Les petits écarts à la loi de Prout''. — La relation (12)
19. ''Les petits écarts à la loi de Prout''. — La relation (12)
d'inertie de l'énergie comporte d'autres
d’inertie de l’énergie comporte d’autres
conséquences remarquables.
conséquences remarquables.
On sait que l'hypothèse de l'unité de la matière,
On sait que l’hypothèse de l’unité de la matière,
d'après laquelle les atomes seraient construits à partir
d’après laquelle les atomes seraient construits à partir
d'un élément fondamental, probablement l'hydrogène,
d’un élément fondamental, probablement l’hydrogène,
comporterait, au point de vue de la mécanique rationnelle,
comporterait, au point de vue de la mécanique rationnelle,
la conséquence connue sous le nom de loi de
la conséquence connue sous le nom de loi de
Prout, d'après laquelle les masses atomiques de tous
Prout, d’après laquelle les masses atomiques de tous
les éléments devraient être des multiples entiers de
les éléments devraient être des multiples entiers de
celle de l'hydrogène.
celle de l’hydrogène.
L'unité de la matière semble d'ailleurs de plus en
L’unité de la matière semble d’ailleurs de plus en
plus vraisemblable : les transformations radioactives
plus vraisemblable : les transformations radioactives
nous montrent que des atomes lourds peuvent émettre
nous montrent que des atomes lourds peuvent émettre
successivement plusieurs atomes d'hélium en se simplifiant
successivement plusieurs atomes d’hélium en se simplifiant
d'autre part. Sir Ernest Rutherford vient de
d’autre part. Sir Ernest Rutherford vient de
montrer que le choc d'une particule alpha (atome d'hélium
montrer que le choc d’une particule alpha (atome d’hélium
lancé pendant la transmutation spontanée d'atomes
lancé pendant la transmutation spontanée d’atomes
radioactifs) contre le noyau d'un atome d'azote en
radioactifs) contre le noyau d’un atome d’azote en
peut détacher un atome d'hydrogène. Enfin les cas
peut détacher un atome d’hydrogène. Enfin les cas
comme celui du chlore (masse atomique 35,5) où un
comme celui du chlore (masse atomique 35, 5) où un
écart important existe avec un multiple entier de
écart important existe avec un multiple entier de
l'hydrogène semblent devoir s'expliquer par l'existence
l’hydrogène semblent devoir s’expliquer par l’existence
d'un mélange d'éléments ''isotopes'' doués des mêmes
d’un mélange d’éléments ''isotopes'' doués des mêmes
propriétés chimiques mais de masses atomiques différentes.
propriétés chimiques mais de masses atomiques différentes.
La méthode des rayons positifs imaginée par
La méthode des rayons positifs imaginée par
Ligne 1 399 : Ligne 1 399 :
différences subsistent, que les masses atomiques des
différences subsistent, que les masses atomiques des
éléments les plus simples sont ''très voisins'' de multiples
éléments les plus simples sont ''très voisins'' de multiples
entiers de celle de l'hydrogène.
entiers de celle de l’hydrogène.
Or il suffit d'admettre que la formation d'atomes
Or il suffit d’admettre que la formation d’atomes
complexes à partir de l'élément simple s'accompagne
complexes à partir de l’élément simple s’accompagne
de variations d'énergie interne par rayonnement ''du
de variations d’énergie interne par rayonnement ''du
même ordre que celles auxquelles nous assistons au cours
même ordre que celles auxquelles nous assistons au cours
des transformations radioactives'', pour rendre compte
des transformations radioactives'', pour rendre compte
quantitativement de ces écarts par application de la
quantitativement de ces écarts par application de la
formule (12), d'après laquelle la variation de masse
formule (12), d’après laquelle la variation de masse
s'obtient en divisant par le carré de la vitesse de la
s’obtient en divisant par le carré de la vitesse de la
lumière la variation d'énergie interne par rayonnement.
lumière la variation d’énergie interne par rayonnement.


II.
II.
Ligne 1 414 : Ligne 1 414 :
La Relativité Généralisée.
La Relativité Généralisée.


20. ''La pesanteur de l'énergie''. — Si l'on réfléchit
20. ''La pesanteur de l’énergie''. — Si l’on réfléchit
d'ailleurs que cette inertie de l'énergie donne l'interprétation
d’ailleurs que cette inertie de l’énergie donne l’interprétation
la plus simple de la pression de rayonnement
la plus simple de la pression de rayonnement
puisque l'énergie, si elle est inerte, doit quand elle se
puisque l’énergie, si elle est inerte, doit quand elle se
propage sous forme de rayonnement transporter de
propage sous forme de rayonnement transporter de
la quantité de mouvement, et par conséquent pousser
la quantité de mouvement, et par conséquent pousser
les obstacles qu'elle rencontre et donner lieu au recul
les obstacles qu’elle rencontre et donner lieu au recul
d'une source qui rayonne de manière non symétrique,
d’une source qui rayonne de manière non symétrique,
on voit quelle puissance de simplification et d'explication
on voit quelle puissance de simplification et d’explication
possède la nouvelle dynamique, la seule qui soit
possède la nouvelle dynamique, la seule qui soit
compatible avec les équations de l 'électromagnétisme.
compatible avec les équations de l’électromagnétisme.
Une remarque très simple va nous servir de transition
Une remarque très simple va nous servir de transition
entre la relativité restreinte, grâce à laquelle les
entre la relativité restreinte, grâce à laquelle les
Ligne 1 431 : Ligne 1 431 :
aux conséquences du principe de relativité.
aux conséquences du principe de relativité.
Nous venons de voir vérifiée par les faits la loi
Nous venons de voir vérifiée par les faits la loi
d'inertie de l'énergie, la variation de masse d'un corps
d’inertie de l’énergie, la variation de masse d’un corps
avec son énergie totale. Mais, d'autre part, les expériences
avec son énergie totale. Mais, d’autre part, les expériences
les plus précises, celles d'Eotvös en particulier
les plus précises, celles d’Eotvös en particulier
qui ont atteint le vingt-millionième, montrent que le
qui ont atteint le vingt-millionième, montrent que le
poids d'un corps est exactement proportionnel à sa
poids d’un corps est exactement proportionnel à sa
masse, que l'accélération de la pesanteur est la même
masse, que l’accélération de la pesanteur est la même
pour tous les corps. Si donc la masse (inertie) change
pour tous les corps. Si donc la masse (inertie) change
avec l'énergie interne, le poids doit changer aussi
avec l’énergie interne, le poids doit changer aussi
exactement dans le même rapport : ''si l'énergie est
exactement dans le même rapport : ''si l’énergie est
inerte, elle doit être en même temps pesante''. Nous pouvons
inerte, elle doit être en même temps pesante''. Nous pouvons
remarquer en particulier que les petits écarts
remarquer en particulier que les petits écarts
sur les masses atomiques, résultant des variations
sur les masses atomiques, résultant des variations
d'énergie interne pendant la formation des atomes,
d’énergie interne pendant la formation des atomes,
se constatent en réalité au moyen de mesures de poids.
se constatent en réalité au moyen de mesures de poids.
Il est donc vraisemblable que l'énergie rayonnante,
Il est donc vraisemblable que l’énergie rayonnante,
la lumière en particulier, qui se comporte comme
la lumière en particulier, qui se comporte comme
inerte, doit se comporter comme pesante, d'où l'idée
inerte, doit se comporter comme pesante, d’où l’idée
qu'un rayon lumineux doit s'incurver dans un champ
qu’un rayon lumineux doit s’incurver dans un champ
de gravitation.
de gravitation.
La première forme sous laquelle cette idée a été
La première forme sous laquelle cette idée a été
Ligne 1 454 : Ligne 1 454 :
naturelle, au moins en apparence. On pouvait supposer
naturelle, au moins en apparence. On pouvait supposer
que la lumière serait déviée comme un mobile se mouvant
que la lumière serait déviée comme un mobile se mouvant
avec la vitesse V. L'énormité de cette vitesse fait
avec la vitesse V. L’énormité de cette vitesse fait
que la courbure dans le champ de pesanteur terrestre
que la courbure dans le champ de pesanteur terrestre
serait absolument insensible. Le Soleil, au contraire,
serait absolument insensible. Le Soleil, au contraire,
possède une masse suffisante pour dévier appréciablement
possède une masse suffisante pour dévier appréciablement
un rayon lumineux passant à proximité suffisante.
un rayon lumineux passant à proximité suffisante.
Un calcul très simple, la recherche de l'angle
Un calcul très simple, la recherche de l’angle
des asymptotes de la trajectoire hyperbolique suivie
des asymptotes de la trajectoire hyperbolique suivie
par un mobile dont la vitesse à grande distance du
par un mobile dont la vitesse à grande distance du
Ligne 1 470 : Ligne 1 470 :
Soleil, R la distance minimum de la trajectoire au
Soleil, R la distance minimum de la trajectoire au
centre du Soleil. Pour un rayon passant exactement
centre du Soleil. Pour un rayon passant exactement
au bord du Soleil, l'emploi des valeurs connues pour
au bord du Soleil, l’emploi des valeurs connues pour
les quantités figurant dans la formule (16) donne
les quantités figurant dans la formule (16) donne
pour a la valeur
pour a la valeur
Ligne 1 477 : Ligne 1 477 :


Une étoile voisine du bord du Soleil devrait donc
Une étoile voisine du bord du Soleil devrait donc
en paraître plus éloignée qu'elle n'est en réalité, d'une
en paraître plus éloignée qu’elle n’est en réalité, d’une
quantité un peu inférieure à une seconde d'arc, c'est-à-
quantité un peu inférieure à une seconde d’arc, c’est-à-
dire accessible à l'expérience pendant une éclipse
dire accessible à l’expérience pendant une éclipse
totale qui permet seule de photographier les étoiles
totale qui permet seule de photographier les étoiles
voisines du bord du Soleil.
voisines du bord du Soleil.
Des expéditions, empêchées par la guerre, avaient
Des expéditions, empêchées par la guerre, avaient
été prévues pour vérifier ce fait sur l'éclipse totale du
été prévues pour vérifier ce fait sur l’éclipse totale du
19 août 1914. Depuis cette époque, M. Einstein a
19 août 1914. Depuis cette époque, M. Einstein a
réussi de manière complète à développer les conséquences
réussi de manière complète à développer les conséquences
du principe de relativité sous sa forme la plus
du principe de relativité sous sa forme la plus
générale et s'est trouvé conduit, à la fin de 1915, en
générale et s’est trouvé conduit, à la fin de 1915, en
suivant la voie que je vais essayer d'indiquer brièvement
suivant la voie que je vais essayer d’indiquer brièvement
à prévoir une déviation exactement double de celle
à prévoir une déviation exactement double de celle
qu'il avait obtenue par ce raisonnement provisoire,
qu’il avait obtenue par ce raisonnement provisoire,
soit 1"74 pour une étoile vue tout près du bord du
soit 1"74 pour une étoile vue tout près du bord du
Soleil.
Soleil.
On peut tout d'abord remarquer que ce raisonnement
On peut tout d’abord remarquer que ce raisonnement
simpliste présente ce même caractère hybride
simpliste présente ce même caractère hybride
que nous avons reconnu à la théorie optique de Fresnel :
que nous avons reconnu à la théorie optique de Fresnel :
il associe le point de vue de la propagation des ondes
il associe le point de vue de la propagation des ondes
lumineuses, exactement régi par les lois de l 'électromagnétisme
lumineuses, exactement régi par les lois de l’électromagnétisme
qui se conservent pour les transformations
qui se conservent pour les transformations
du groupe de Lorentz et sont l'expression pure de la
du groupe de Lorentz et sont l’expression pure de la
notion des actions de proche en proche à travers
notion des actions de proche en proche à travers
l'espace, avec celui de la mécanique rationnelle, celui
l’espace, avec celui de la mécanique rationnelle, celui
des actions instantanées à distance, en appliquant
des actions instantanées à distance, en appliquant
la loi de gravitation de Newton. Ici encore la vérité
la loi de gravitation de Newton. Ici encore la vérité
Ligne 1 510 : Ligne 1 510 :
trouvant ainsi, pour la première fois, amenée en contact
trouvant ainsi, pour la première fois, amenée en contact
ou en liaison avec les phénomènes électromagnétiques
ou en liaison avec les phénomènes électromagnétiques
ou optiques par l'idée que la lumière ou l'énergie
ou optiques par l’idée que la lumière ou l’énergie
rayonnante doit se comporter comme pesante, M. Einstein
rayonnante doit se comporter comme pesante, M. Einstein
en déduit naturellement que, pour des observateurs
en déduit naturellement que, pour des observateurs
liés à la Terre, l'expression immédiate des faits qui se
liés à la Terre, l’expression immédiate des faits qui se
passent à leur voisinage doit être que la lumière ne se
passent à leur voisinage doit être que la lumière ne se
propage pas en ligne droite, pas plus qu'un mobile
propage pas en ligne droite, pas plus qu’un mobile
lancé et abandonné à lui-même ne se meut d'un mouvement
lancé et abandonné à lui-même ne se meut d’un mouvement
rectiligne et uniforme, ne satisfait à la loi d'inertie,
rectiligne et uniforme, ne satisfait à la loi d’inertie,
puisqu'il est dévié par la pesanteur. Le champ de
puisqu’il est dévié par la pesanteur. Le champ de
pesanteur nous apparaît comme la cause commune
pesanteur nous apparaît comme la cause commune
de ces écarts à partir des lois simples prévues par la
de ces écarts à partir des lois simples prévues par la
théorie de la relativité restreinte pour un Univers régi
théorie de la relativité restreinte pour un Univers régi
par les lois de l'électromagnétisme sous leur forme
par les lois de l’électromagnétisme sous leur forme
habituelle et que nous appellerons un ''Univers euclidien''
habituelle et que nous appellerons un ''Univers euclidien''
à cause de l'analogie signalée plus haut avec la géométrie
à cause de l’analogie signalée plus haut avec la géométrie
euclidienne. Un Univers euclidien est caractérisé par
euclidienne. Un Univers euclidien est caractérisé par
le fait qu'il existe une infinité de systèmes de référence,
le fait qu’il existe une infinité de systèmes de référence,
en mouvement de translation uniforme les uns par
en mouvement de translation uniforme les uns par
rapport aux autres, pour lesquels nos postulats fondamentaux
rapport aux autres, pour lesquels nos postulats fondamentaux
sur la propagation isotrope de la lumière, sur
sur la propagation isotrope de la lumière, sur
la possibilité d'une mesure optique du temps et sur
la possibilité d’une mesure optique du temps et sur
l'exactitude des lois de l'électromagnétisme sont vérifiés.
l’exactitude des lois de l’électromagnétisme sont vérifiés.
Dans un tel Univers et pour les systèmes de référence
Dans un tel Univers et pour les systèmes de référence
appropriés, la lumière se propage en ligne
appropriés, la lumière se propage en ligne
droite et un mobile libre se meut d'un mouvement
droite et un mobile libre se meut d’un mouvement
rectiligne et uniforme.
rectiligne et uniforme.
L'Univers réel ne remplit pas ces conditions, au
L’Univers réel ne remplit pas ces conditions, au
moins pour un système de référence lié à la Terre. Il
moins pour un système de référence lié à la Terre. Il
pourrait cependant les remplir par rapport à d'autres
pourrait cependant les remplir par rapport à d’autres
systèmes en mouvement convenable (autre qu'une
systèmes en mouvement convenable (autre qu’une
translation uniforme) par rapport à la Terre, et être
translation uniforme) par rapport à la Terre, et être
par suite euclidien.
par suite euclidien.
On peut en effet trouver, au moins localement,
On peut en effet trouver, au moins localement,
c'est-à-dire pour une région de l'Univers suffisamment
c’est-à-dire pour une région de l’Univers suffisamment
limitée dans l'espace et dans le temps, une solution
limitée dans l’espace et dans le temps, une solution
à cette question par l'intermédiaire du boulet de Jules
à cette question par l’intermédiaire du boulet de Jules
Verne.
Verne.
A l'intérieur d'un projectile lancé sans rotation et
A l’intérieur d’un projectile lancé sans rotation et
par conséquent se mouvant en chute libre, la pesanteur
par conséquent se mouvant en chute libre, la pesanteur
n'existe pas et l'Univers est euclidien. En effet, tous
n’existe pas et l’Univers est euclidien. En effet, tous
les objets qu'il peut renfermer étant soumis, en vertu
les objets qu’il peut renfermer étant soumis, en vertu
de la loi de constance de g rappelée plus haut, à une
de la loi de constance de g rappelée plus haut, à une
même accélération d'ensemble, tombant tous de la
même accélération d’ensemble, tombant tous de la
même manière et indépendamment les uns des autres,
même manière et indépendamment les uns des autres,
il n'y a ni haut ni bas pour des observateurs intérieurs
il n’y a ni haut ni bas pour des observateurs intérieurs
au projectile et aucun effort n'est nécessaire pour
au projectile et aucun effort n’est nécessaire pour
maintenir un corps libre immobile par rapport aux
maintenir un corps libre immobile par rapport aux
parois.
parois.
Pour un système de référence lié à ces parois, la
Pour un système de référence lié à ces parois, la
pesanteur a disparu, un mobile libre se meut d'un
pesanteur a disparu, un mobile libre se meut d’un
mouvement rectiligne et uniforme, et il est naturel
mouvement rectiligne et uniforme, et il est naturel
d'admettre que la lumière à l'intérieur se propage en
d’admettre que la lumière à l’intérieur se propage en
ligne droite, que l'Univers est euclidien.
ligne droite, que l’Univers est euclidien.
L'emploi d'un système de référence en mouvement
L’emploi d’un système de référence en mouvement
uniformément varié par rapport à la Terre permet
uniformément varié par rapport à la Terre permet
donc de supprimer le champ de gravitation, mais il
donc de supprimer le champ de gravitation, mais il
est visible que ce résultat n'est obtenu que localement
est visible que ce résultat n’est obtenu que localement
puisque le champ de gravitation terrestre n'est pas
puisque le champ de gravitation terrestre n’est pas
uniforme. Pour un boulet de Jules Verne voisin d'un
uniforme. Pour un boulet de Jules Verne voisin d’un
point de la Terre, le champ de pesanteur n'existe pas
point de la Terre, le champ de pesanteur n’existe pas
à son intérieur ni à son voisinage immédiat, mais il
à son intérieur ni à son voisinage immédiat, mais il
existe à distance là où g commence à varier appréciablement
existe à distance là où g commence à varier appréciablement
en grandeur ou en direction. Nous exprimerons
en grandeur ou en direction. Nous exprimerons
ce fait en disant ''qu'il y a un Univers euclidien
ce fait en disant ''qu’il y a un Univers euclidien
tangent en tout point et en tout lieu à l'Univers réel'' :
tangent en tout point et en tout lieu à l’Univers réel'' :
c'est dans une petite étendue autour d'eux celui d'observateurs
c’est dans une petite étendue autour d’eux celui d’observateurs
en chute libre et sans rotation rapportant
en chute libre et sans rotation rapportant
les événements à des axes qui leur sont liés. Cette
les événements à des axes qui leur sont liés. Cette
notion est, comme nous allons le voir, tout à fait voisine
notion est, comme nous allons le voir, tout à fait voisine
de celle que Gauss a mise à la base de sa théorie des
de celle que Gauss a mise à la base de sa théorie des
surfaces en admettant l'existence en tout point d'une
surfaces en admettant l’existence en tout point d’une
surface d'un plan tangent confondu avec la surface
surface d’un plan tangent confondu avec la surface
dans une étendue infiniment petite pour laquelle la
dans une étendue infiniment petite pour laquelle la
géométrie est la géométrie plane conforme en particulier
géométrie est la géométrie plane conforme en particulier
au postulatum d'Euclide, alors que, pour une
au postulatum d’Euclide, alors que, pour une
étendue finie considérée sur la surface, les lignes qu'on
étendue finie considérée sur la surface, les lignes qu’on
y peut tracer n'obéissent pas aux lois de la géométrie
y peut tracer n’obéissent pas aux lois de la géométrie
euclidienne : les géodésiques ou lignes de plus courte
euclidienne : les géodésiques ou lignes de plus courte
distance n'y sont pas des droites et leurs propriétés
distance n’y sont pas des droites et leurs propriétés
correspondent, comme on voit, à une géométrie qui
correspondent, comme on voit, à une géométrie qui
n'est pas euclidienne à moins que la surface ne soit
n’est pas euclidienne à moins que la surface ne soit
développable, applicable sur un plan.
développable, applicable sur un plan.
Le fait essentiel qui résulte de la remarque précédente
Le fait essentiel qui résulte de la remarque précédente
est que, étant donnés deux événements infiniment
est que, étant donnés deux événements infiniment
voisins, il existe des systèmes de référence, ceux
voisins, il existe des systèmes de référence, ceux
d'observateurs en chute libre au voisinage immédiat
d’observateurs en chute libre au voisinage immédiat
de ces événements, par rapport auxquels peut se mesurer,
de ces événements, par rapport auxquels peut se mesurer,
au sens de la relativité restreinte, l'élément invariant
au sens de la relativité restreinte, l’élément invariant
d^ que nous avons rappelé la possibilité d'action
d^ que nous avons rappelé la possibilité d’action
de ces deux événements. De la même manière l'hypothèse
de ces deux événements. De la même manière l’hypothèse
de Gauss sur l'existence du plan tangent en tout
de Gauss sur l’existence du plan tangent en tout
point d'une surface comme celle de la Terre permet
point d’une surface comme celle de la Terre permet
d'appliquer aux mesures faites dans une étendue
d’appliquer aux mesures faites dans une étendue
limitée la géométrie euclidienne du plan et, en particulier,
limitée la géométrie euclidienne du plan et, en particulier,
d'exprimer la longueur ds d'un arc de courbe
d’exprimer la longueur ds d’un arc de courbe
infiniment petit tracé sur la surface en l'assimilant
infiniment petit tracé sur la surface en l’assimilant
à un élément de droite situé dans le plan tangent.
à un élément de droite situé dans le plan tangent.
Mais inversement, si l'emploi d'un système de
Mais inversement, si l’emploi d’un système de
référence approprié permet de faire disparaître le
référence approprié permet de faire disparaître le
champ de gravitation dans une région limitée de
champ de gravitation dans une région limitée de
l'Univers, l'emploi d'un système de référence
l’Univers, l’emploi d’un système de référence
en mouvement quelconque est exactement équivalent
en mouvement quelconque est exactement équivalent
à l'introduction d'un champ de gravitation
à l’introduction d’un champ de gravitation
approprié, toujours comme conséquence de la proportionnalité
approprié, toujours comme conséquence de la proportionnalité
du poids des corps à leur inertie, de la masse
du poids des corps à leur inertie, de la masse
de gravitation à la masse mécanique.
de gravitation à la masse mécanique.
Reprenons en effet l'exemple du boulet de Jules
Reprenons en effet l’exemple du boulet de Jules
Verne et supposons qu'au lieu de le laisser en chute
Verne et supposons qu’au lieu de le laisser en chute
libre, nous lui communiquions, par l'intermédiaire
libre, nous lui communiquions, par l’intermédiaire
d'une corde par exemple, une accélération d'ensemble
d’une corde par exemple, une accélération d’ensemble
par rapport à la chute libre. Les objets intérieurs ne
par rapport à la chute libre. Les objets intérieurs ne
pourront suivre ce mouvement qu'à condition d'être
pourront suivre ce mouvement qu’à condition d’être
soumis de la part de la paroi à une force convenable ;
soumis de la part de la paroi à une force convenable ;
ils devront être poussés par cette paroi et viendront
ils devront être poussés par cette paroi et viendront
Ligne 1 627 : Ligne 1 627 :
la corde. Il y aura de nouveau un haut et un bas
la corde. Il y aura de nouveau un haut et un bas
et les observateurs intérieurs au boulet pourront croire
et les observateurs intérieurs au boulet pourront croire
qu'ils sont au repos dans un champ de gravitation
qu’ils sont au repos dans un champ de gravitation
proportionnel à l'accélération communiquée à la paroi
proportionnel à l’accélération communiquée à la paroi
par la corde. Si même ils regardent au dehors et voient
par la corde. Si même ils regardent au dehors et voient
la corde tendue, ils pourront se croire suspendus par
la corde tendue, ils pourront se croire suspendus par
Ligne 1 634 : Ligne 1 634 :
gravitation. Il y a ainsi ''équivalence'', comme dit M. Einstein,
gravitation. Il y a ainsi ''équivalence'', comme dit M. Einstein,
entre un champ de gravitation uniforme et une
entre un champ de gravitation uniforme et une
accélération d'ensemble du système de référence.
accélération d’ensemble du système de référence.
On peut aller plus loin et supposer le système de
On peut aller plus loin et supposer le système de
référence en mouvement quelconque à condition
référence en mouvement quelconque à condition
d'introduire un champ de gravitation non uniforme
d’introduire un champ de gravitation non uniforme
et convenablement distribué : il suffit en chaque point
et convenablement distribué : il suffit en chaque point
d'admettre un champ de gravitation d'intensité égale
d’admettre un champ de gravitation d’intensité égale
à l'accélération en ce point du système de référence par
à l’accélération en ce point du système de référence par
rapport à des axes en chute libre et sans rotation. Un
rapport à des axes en chute libre et sans rotation. Un
point matériel libre, qui se meut en ligne droite par
point matériel libre, qui se meut en ligne droite par
rapport à ces derniers, se mouvra par rapport au
rapport à ces derniers, se mouvra par rapport au
système de référence exactement comme il le ferait
système de référence exactement comme il le ferait
s'il était soumis à l'action du champ de gravitation
s’il était soumis à l’action du champ de gravitation
indiqué, et nous admettrons qu'il en sera de même
indiqué, et nous admettrons qu’il en sera de même
pour un rayon lumineux.
pour un rayon lumineux.
Champ de gravitation et mouvement quelconque
Champ de gravitation et mouvement quelconque
du système de référence sont donc indiscernables
du système de référence sont donc indiscernables
au point de vue physique. L'emploi d'un système de
au point de vue physique. L’emploi d’un système de
référence en ''rotation'' par rapport à des axes de Galilée,
référence en ''rotation'' par rapport à des axes de Galilée,
comme par exemple l'emploi d'axes liés à la Terre,
comme par exemple l’emploi d’axes liés à la Terre,
est ''équivalent'' à l'introduction d'un champ de gravitation
est ''équivalent'' à l’introduction d’un champ de gravitation
distribué exactement comme l'accélération centrifuge,
distribué exactement comme l’accélération centrifuge,
comme le champ de force centrifuge. Et nous
comme le champ de force centrifuge. Et nous
savons que sur la Terre par exemple la mesure de g
savons que sur la Terre par exemple la mesure de g
Ligne 1 662 : Ligne 1 662 :
nous conduisent à décomposer en un champ de force
nous conduisent à décomposer en un champ de force
centrifuge et un champ newtonien. Rien ne différencie
centrifuge et un champ newtonien. Rien ne différencie
l'un de l'autre au point de vue de leur influence sur les
l’un de l’autre au point de vue de leur influence sur les
phénomènes sensibles à leur action, mouvement d'un
phénomènes sensibles à leur action, mouvement d’un
point matériel, propagation de la lumière, etc.
point matériel, propagation de la lumière, etc.
Nous voici donc conduits à l'énoncé suivant d'un
Nous voici donc conduits à l’énoncé suivant d’un
principe de relativité généralisé :
principe de relativité généralisé :


" ''A condition d'introduire un champ de gravitation convenablement
" ''A condition d’introduire un champ de gravitation convenablement
distribué, il est possible d'énoncer les lois de la Physique
distribué, il est possible d’énoncer les lois de la Physique
sous une forme complètement indépendante du système de référence'' ".
sous une forme complètement indépendante du système de référence'' ".


Tout se passe pour un système de référence en
Tout se passe pour un système de référence en
rotation comme s'il était en translation et comportait
rotation comme s’il était en translation et comportait
un champ de gravitation distribué comme le champ
un champ de gravitation distribué comme le champ
de force centrifuge.
de force centrifuge.
Ligne 1 682 : Ligne 1 682 :


" ''Les équations qui régissent les lois des phénomènes
" ''Les équations qui régissent les lois des phénomènes
physiques en présence d'un champ de gravitation quelconque
physiques en présence d’un champ de gravitation quelconque
doivent conserver leur forme quand on change
doivent conserver leur forme quand on change
d'une manière quelconque le système de référence employé'' ".
d’une manière quelconque le système de référence employé'' ".


Cette condition d'invariance généralisée limite
Cette condition d’invariance généralisée limite
extraordinairement les formes possibles pour les lois
extraordinairement les formes possibles pour les lois
de l'Univers. Grâce à l'introduction du ''calcul différentiel
de l’Univers. Grâce à l’introduction du ''calcul différentiel
absolu'' créé antérieurement par MM. Ricci et
absolu'' créé antérieurement par MM. Ricci et
Levi-Civita, et qui permet de former les combinaisons
Levi-Civita, et qui permet de former les combinaisons
jouissant de la propriété requise, M. Einstein a pu
jouissant de la propriété requise, M. Einstein a pu
déterminer la forme générale des équations de la
déterminer la forme générale des équations de la
mécanique et de l'électromagnétisme en présence d'un
mécanique et de l’électromagnétisme en présence d’un
champ de gravitation quelconque et pour un système
champ de gravitation quelconque et pour un système
de référence quelconque à partir de la forme particulière
de référence quelconque à partir de la forme particulière
connue pour l'univers euclidien, c'est-à-dire en
connue pour l’univers euclidien, c’est-à-dire en
l'absence de tout champ de gravitation. Ceci est la
l’absence de tout champ de gravitation. Ceci est la
traduction mathématique du fait signalé plus haut
traduction mathématique du fait signalé plus haut
que les mesures faites à partir d'un système de référence
que les mesures faites à partir d’un système de référence
quelconque et dans un champ de gravitation
quelconque et dans un champ de gravitation
quelconque peuvent se déduire dans chaque région
quelconque peuvent se déduire dans chaque région
infiniment petite des mesures faites dans un univers
infiniment petite des mesures faites dans un univers
euclidien, celui d'observateurs en chute libre dans la
euclidien, celui d’observateurs en chute libre dans la
région considérée.
région considérée.


22. ''La loi de gravitation''. — Il restait une dernière
22. ''La loi de gravitation''. — Il restait une dernière
étape à franchir. Si l'énergie est sensible au champ de
étape à franchir. Si l’énergie est sensible au champ de
gravitation, comme la masse dans la théorie newtonienne,
gravitation, comme la masse dans la théorie newtonienne,
elle doit aussi contribuer à le produire ou à le
elle doit aussi contribuer à le produire ou à le
modifier. La distribution du champ de gravitation
modifier. La distribution du champ de gravitation
doit être déterminée par celle de l'énergie présente
doit être déterminée par celle de l’énergie présente
exactement comme Newton prévoit suivant quelle loi
exactement comme Newton prévoit suivant quelle loi
le champ de gravitation est déterminé par la distribution
le champ de gravitation est déterminé par la distribution
des masses attirantes. Il s'agit de trouver la
des masses attirantes. Il s’agit de trouver la
relation qui doit remplacer la loi du carré de la distance
relation qui doit remplacer la loi du carré de la distance
traduite analytiquement par l'équation de Poisson
traduite analytiquement par l’équation de Poisson


{{centré|<math>\scriptstyle delta . phi = 4*Pi*G*rho</math>}} (17)
{{centré|<math>\scriptstyle delta. phi = 4*Pi*G*rho</math>}} (17)


où phi est le potentiel de gravitation, G la constante de la
où phi est le potentiel de gravitation, G la constante de la
Ligne 1 729 : Ligne 1 729 :
même titre que la mécanique de la relativité comporte
même titre que la mécanique de la relativité comporte
la mécanique rationnelle comme forme limite pour V
la mécanique rationnelle comme forme limite pour V
infini, M. Einstein a pu déterminer exactement l'expression
infini, M. Einstein a pu déterminer exactement l’expression
analytique de cette loi.
analytique de cette loi.
En vertu de cette loi, l'énergie présente dans
En vertu de cette loi, l’énergie présente dans
l'Univers, sous forme de matière ou de rayonnement,
l’Univers, sous forme de matière ou de rayonnement,
détermine en tout point la distribution du champ
détermine en tout point la distribution du champ
de gravitation et par suite la façon dont s'y propage la
de gravitation et par suite la façon dont s’y propage la
lumière. Toutes les possibilités de mesure, y compris
lumière. Toutes les possibilités de mesure, y compris
celles de l'espace et du temps se trouvant liées à la
celles de l’espace et du temps se trouvant liées à la
manière dont se fait cette propagation, on voit que les
manière dont se fait cette propagation, on voit que les
propriétés même de l'espace au point de vue géométrique
propriétés même de l’espace au point de vue géométrique
ou cinématique sont influencées par l'énergie
ou cinématique sont influencées par l’énergie
présente et l'Univers réel n'est pas euclidien dans son
présente et l’Univers réel n’est pas euclidien dans son
ensemble, si l'on peut le considérer comme tel dans
ensemble, si l’on peut le considérer comme tel dans
chaque région infiniment petite.
chaque région infiniment petite.
Le mouvement d'un point matériel libre dans cet
Le mouvement d’un point matériel libre dans cet
Univers et la trajectoire d'un rayon lumineux sont
Univers et la trajectoire d’un rayon lumineux sont
déterminés d'autre part, dès que l'on connaît la distribution
déterminés d’autre part, dès que l’on connaît la distribution
du champ de gravitation, par les lois générales
du champ de gravitation, par les lois générales
de la mécanique et de l'optique conformes au principe
de la mécanique et de l’optique conformes au principe
de relativité généralisé. En particulier, le mouvement
de relativité généralisé. En particulier, le mouvement
d'un point libre y est encore régi par la condition
d’un point libre y est encore régi par la condition
d'action stationnaire donnée par la formule (8), où
d’action stationnaire donnée par la formule (8), où
l'élément d^ d'une ligne d'univers est défini en chaque
l’élément d^ d’une ligne d’univers est défini en chaque
point par des observateurs en chute libre, c'est-à-dire
point par des observateurs en chute libre, c’est-à-dire
dans l'univers euclidien tangent à ce point à l'Univers
dans l’univers euclidien tangent à ce point à l’Univers
réel, comme l'arc élémentaire d'une courbe tracée
réel, comme l’arc élémentaire d’une courbe tracée
sur une surface est défini par des mesures euclidiennes
sur une surface est défini par des mesures euclidiennes
faites. dans le plan tangent. Cette condition (8) a par
faites. dans le plan tangent. Cette condition (8) a par
conséquent le caractère d'invariance requis par le
conséquent le caractère d’invariance requis par le
principe de relativité généralisé et l'on peut l'exprimer
principe de relativité généralisé et l’on peut l’exprimer
en disant que la ligne d'univers d'un point matériel
en disant que la ligne d’univers d’un point matériel
libre est une géodésique de l'Univers réel. Le trajet
libre est une géodésique de l’Univers réel. Le trajet
d'un rayon lumineux s'obtient de manière analogue
d’un rayon lumineux s’obtient de manière analogue
puisque la lumière doit se propager en ligne droite
puisque la lumière doit se propager en ligne droite
avec la vitesse V pour les observateurs en chute libre
avec la vitesse V pour les observateurs en chute libre
voisins d'un point donné quelconque du rayon. Connaissant
voisins d’un point donné quelconque du rayon. Connaissant
en chaque point le champ de gravitation, on
en chaque point le champ de gravitation, on
peut déterminer la courbe cherchée par cette condition
peut déterminer la courbe cherchée par cette condition
qui, comme la précédente, possède évidemment
qui, comme la précédente, possède évidemment
un caractère d'invariance, son énoncé étant indépendant
un caractère d’invariance, son énoncé étant indépendant
de tout système particulier de référence. Le passage
de tout système particulier de référence. Le passage
d'un système quelconque à un autre aurait seulement
d’un système quelconque à un autre aurait seulement
pour effet de changer la distribution du champ de
pour effet de changer la distribution du champ de
gravitation à admettre et par conséquent la forme des
gravitation à admettre et par conséquent la forme des
trajectoires ou des rayons qui en résultent, de la manière
trajectoires ou des rayons qui en résultent, de la manière
exigée par l'emploi d'axes en mouvement quelconque
exigée par l’emploi d’axes en mouvement quelconque
par rapport aux premiers.
par rapport aux premiers.
Les résultats obtenus par M. Einstein sont d'ailleurs
Les résultats obtenus par M. Einstein sont d’ailleurs
plus généraux encore que je ne l'indique ici, où
plus généraux encore que je ne l’indique ici, où
je m'efforce surtout d'insister sur l'aspect physique
je m’efforce surtout d’insister sur l’aspect physique
des idées. Les lois obtenues restent exactes même
des idées. Les lois obtenues restent exactes même
lorsqu'on emploie pour repérer chaque événement
lorsqu’on emploie pour repérer chaque événement
quatre coordonnées quelconques ne correspondant
quatre coordonnées quelconques ne correspondant
plus à la décomposition de l'univers cinématique en
plus à la décomposition de l’univers cinématique en
espace et temps, exactement comme on peut employer
espace et temps, exactement comme on peut employer
pour repérer les points d'une surface ou d'un espace
pour repérer les points d’une surface ou d’un espace
à trois dimensions un système quelconque de coordonnées
à trois dimensions un système quelconque de coordonnées
curvilignes non orthogonales. Il n'est pas
curvilignes non orthogonales. Il n’est pas
nécessaire de s'élever à ce degré d'abstraction pour
nécessaire de s’élever à ce degré d’abstraction pour
comprendre ce qui suit.
comprendre ce qui suit.


23. ''Le champ de gravitation d'un centre''. — L'application
23. ''Le champ de gravitation d’un centre''. — L’application
la plus immédiate de la loi, conforme au principe
la plus immédiate de la loi, conforme au principe
de relativité généralisé, suivant laquelle le champ
de relativité généralisé, suivant laquelle le champ
de gravitation est déterminé, est relative au cas d'une
de gravitation est déterminé, est relative au cas d’une
seule masse attirante centrale comme le Soleil et au
seule masse attirante centrale comme le Soleil et au
mouvement possible d'un point matériel ou au trajet
mouvement possible d’un point matériel ou au trajet
d'un rayon lumineux dans le champ ainsi défini.
d’un rayon lumineux dans le champ ainsi défini.
Il suffit pour cela de prendre les équations qui
Il suffit pour cela de prendre les équations qui
expriment la loi de distribution dans le vide et de chercher
expriment la loi de distribution dans le vide et de chercher
si elles admettent une solution analogue à la
si elles admettent une solution analogue à la
solution G*m/r pour le potentiel de gravitation autour
solution G*m/r pour le potentiel de gravitation autour
d'une masse centrale m, M. Einstein a pu les intégrer
d’une masse centrale m, M. Einstein a pu les intégrer
par approximations successives, et M. Schwarzschild
par approximations successives, et M. Schwarzschild
en a donné la solution rigoureuse.
en a donné la solution rigoureuse.
Cette solution s'exprime de la manière suivante :
Cette solution s’exprime de la manière suivante :
si Ton utilise un système de référence lié au centre
si Ton utilise un système de référence lié au centre
attirant avec un système de coordonnées sphériques
attirant avec un système de coordonnées sphériques
r, theta, phi pour l'espace et une mesure optique t du temps,
r, theta, phi pour l’espace et une mesure optique t du temps,
si les coordonnées de deux événements infiniment
si les coordonnées de deux événements infiniment
voisins diffèrent de dr, d theta, d phi, dt pour ce système de
voisins diffèrent de dr, d theta, d phi, dt pour ce système de
référence, le champ de gravitation est tel que l'élément
référence, le champ de gravitation est tel que l’élément
de temps propre d tau ou le ds/V pour des observateurs
de temps propre d tau ou le ds/V pour des observateurs
en chute libre dans leur univers euclidien au voisinage
en chute libre dans leur univers euclidien au voisinage
immédiat de ces événements est donné par
immédiat de ces événements est donné par


{{centré|<math>\scriptstyle ds^2 = V^2*d tau^2 = (V^2 - 2*G* \frac{M}{r}*dt^2 - [1- \frac{2*G*M}{V^2*r}]^(-1) * dr^2 - r^2*sin^2(theta)*d phi^2</math>}} (18)
{{centré|<math>\scriptstyle ds^2 = V^2*d tau^2 = (V^2 2*G* \frac{M}{r}*dt^2 [1— \frac{2*G*M}{V^2*r}]^(-1) * dr^2 r^2*sin^2(theta)*d phi^2</math>}} (18)


où M représente la masse du corps attirant, du Soleil
où M représente la masse du corps attirant, du Soleil
Ligne 1 822 : Ligne 1 822 :
24. ''Le mouvement des planètes''. — Partant de là,
24. ''Le mouvement des planètes''. — Partant de là,
on peut facilement trouver par la condition (8) le
on peut facilement trouver par la condition (8) le
mouvement d'un point libre lancé dans ce champ de
mouvement d’un point libre lancé dans ce champ de
gravitation. Il suffît de chercher les géodésiques d'une
gravitation. Il suffît de chercher les géodésiques d’une
multiplicité à quatre dimensions ayant l'élément d'arc
multiplicité à quatre dimensions ayant l’élément d’arc
donné en fonction des coordonnées par la formule (8).
donné en fonction des coordonnées par la formule (8).
Le calcul est très simple et donne pour résultat un
Le calcul est très simple et donne pour résultat un
mouvement analogue à celui fourni par la loi de Newton
mouvement analogue à celui fourni par la loi de Newton
mais un peu plus complexe. Au lieu d'une ellipse fixe
mais un peu plus complexe. Au lieu d’une ellipse fixe
(dans le cas où la trajectoire reste à distance finie),
(dans le cas où la trajectoire reste à distance finie),
on trouve une ellipse qui tourne dans son plan autour
on trouve une ellipse qui tourne dans son plan autour
du centre d'attraction avec une vitesse angulaire
du centre d’attraction avec une vitesse angulaire
(mouvement du périhélie) donnée en fraction de tour
(mouvement du périhélie) donnée en fraction de tour
par période par la formule
par période par la formule


{{centré|<math>\scriptstyle delta . omega = \frac{3*G*M}{a*V^2*(1-e^2)}</math>}} (19)
{{centré|<math>\scriptstyle delta. omega = \frac{3*G*M}{a*V^2*(1-e^2)}</math>}} (19)


où a est le demi-grand axe de l'ellipse, e son excentricité.
où a est le demi-grand axe de l’ellipse, e son excentricité.
En donnant aux constantes les valeurs suivantes,
En donnant aux constantes les valeurs suivantes,
qui correspondent au Soleil comme centre d'attraction
qui correspondent au Soleil comme centre d’attraction
et aux éléments a et e de la planète Mercure :
et aux éléments a et e de la planète Mercure :


{{centré|<math>\scriptstyle \frac{G*M}{V^2} = 1,47.10^5</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle \frac{G*M}{V^2} = 1, 47.10^5</math>}}


{{centré|<math>\scriptstyle a = 5,85.10^(12)</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle a = 5, 85.10^(12)</math>}}


{{centré|<math>\scriptstyle e = 0,21</math>}}
{{centré|<math>\scriptstyle e = 0, 21</math>}}


et en prenant 88 jours pour la durée de révolution, on
et en prenant 88 jours pour la durée de révolution, on
Ligne 1 855 : Ligne 1 855 :
Mercure, depuis bientôt un siècle que Le Verrier en
Mercure, depuis bientôt un siècle que Le Verrier en
a établi la théorie, fait le désespoir des astronomes par
a établi la théorie, fait le désespoir des astronomes par
suite d'un désaccord entre le mouvement observé de
suite d’un désaccord entre le mouvement observé de
son périhélie et les prévisions de la mécanique céleste
son périhélie et les prévisions de la mécanique céleste
de Newton en tenant compte des perturbations dues
de Newton en tenant compte des perturbations dues
aux autres planètes, Vénus en particulier. Ce désaccord
aux autres planètes, Vénus en particulier. Ce désaccord
est exactement de 43 secondes d'arc par siècle, et l'on
est exactement de 43 secondes d’arc par siècle, et l’on
a vainement tenté de l'expliquer par l'hypothèse de
a vainement tenté de l’expliquer par l’hypothèse de
planètes intramercurielles que les astronomes ont cherché
planètes intramercurielles que les astronomes ont cherché
à voir passer sur le disque du Soleil. Il est tout à
à voir passer sur le disque du Soleil. Il est tout à
fait remarquable que, sans introduction d'aucune
fait remarquable que, sans introduction d’aucune
hypothèse ou constante arbitraire, par le développement
hypothèse ou constante arbitraire, par le développement
nécessaire de l'idée fondamentale, la théorie de
nécessaire de l’idée fondamentale, la théorie de
relativité généralisée apporte la solution si longtemps
relativité généralisée apporte la solution si longtemps
cherchée.
cherchée.
La nouvelle mécanique céleste fondée sur la loi
La nouvelle mécanique céleste fondée sur la loi
de gravitation représentée par l'ensemble des formules
de gravitation représentée par l’ensemble des formules
(8) et (18) se développe en ce moment de divers côtés.
(8) et (18) se développe en ce moment de divers côtés.
Elle n'introduit aucune difficulté en ce qui concerne
Elle n’introduit aucune difficulté en ce qui concerne
les planètes autres que Mercure et semble devoir
les planètes autres que Mercure et semble devoir
également combler les lacunes qui subsistaient dans
également combler les lacunes qui subsistaient dans
la théorie de la Lune conforme à l'ancienne mécanique
la théorie de la Lune conforme à l’ancienne mécanique
céleste.
céleste.


26. ''La déviation de la lumière''. — La formule (18)
26. ''La déviation de la lumière''. — La formule (18)
permet, comme je l'ai indiqué, de trouver le trajet d'un
permet, comme je l’ai indiqué, de trouver le trajet d’un
rayon lumineux qui reste déterminé par la condition
rayon lumineux qui reste déterminé par la condition
de Fermât ou de temps minimum. On n'obtient pas
de Fermât ou de temps minimum. On n’obtient pas
une ligne droite, mais une trajectoire incurvée vers le
une ligne droite, mais une trajectoire incurvée vers le
centre d'attraction, avec une déviation totale donnée
centre d’attraction, avec une déviation totale donnée
par l'expression
par l’expression


{{centré|<math>\scriptstyle alpha' = \frac{4*G*M}{R*V^2}</math>}} (20)
{{centré|<math>\scriptstyle alpha’= \frac{4*G*M}{R*V^2}</math>}} (20)


double exactement, comme je l'ai déjà dit, de la valeur
double exactement, comme je l’ai déjà dit, de la valeur
donnée par la formule (16).
donnée par la formule (16).
On prévoit ainsi pour une étoile vue près du bord
On prévoit ainsi pour une étoile vue près du bord
du Soleil une déviation vers l'extérieur égale à 1''74
du Soleil une déviation vers l’extérieur égale à 1''74
et variant en raison inverse de la distance au centre du
et variant en raison inverse de la distance au centre du
Soleil pour les étoiles plus éloignées.
Soleil pour les étoiles plus éloignées.
Les astronomes anglais de Greenwich et d'Oxford
Les astronomes anglais de Greenwich et d’Oxford
ont organisé de manière remarquable deux expéditions
ont organisé de manière remarquable deux expéditions
destinées à vérifier l'exactitude de ce résultat en profitant
destinées à vérifier l’exactitude de ce résultat en profitant
de l'éclipsé totale qui devait avoir lieu le 29 mai
de l’éclipsé totale qui devait avoir lieu le 29 mai
1919. La zone de totalité traversait l'Atlantique au voisinage
1919. La zone de totalité traversait l’Atlantique au voisinage
de l'Equateur, Commençant dans l'Amérique
de l’Equateur, Commençant dans l’Amérique
du Sud, pour finir en Afrique. Les conditions étaient
du Sud, pour finir en Afrique. Les conditions étaient
particulièrement favorables, plusieurs étoiles brillantes
particulièrement favorables, plusieurs étoiles brillantes
devant être voisines du Soleil pendant l'éclipsé.
devant être voisines du Soleil pendant l’éclipsé.
Une première expédition se rendit à Sobral, au
Une première expédition se rendit à Sobral, au
Brésil et réussit à prendre une dizaine de photographies
Brésil et réussit à prendre une dizaine de photographies
pendant les 5 ou 6 minutes que dura la totalité. L'éclipsé
pendant les 5 ou 6 minutes que dura la totalité. L’éclipsé
ayant eu lieu le matin, le mouvement rétrograde du Soleil
ayant eu lieu le matin, le mouvement rétrograde du Soleil
par rapport aux étoiles fit en sorte qu'au bout
par rapport aux étoiles fit en sorte qu’au bout
de deux mois environ la même région du ciel fut
de deux mois environ la même région du ciel fut
visible de nuit et put être de nouveau photographiée
visible de nuit et put être de nouveau photographiée
avec les mêmes appareils pour permettre la comparaison.
avec les mêmes appareils pour permettre la comparaison.
Le déplacement moyen ramené au bord du
Le déplacement moyen ramené au bord du
Soleil fut trouvé égal à l''98. L'autre expédition s'installa
Soleil fut trouvé égal à l''98. L’autre expédition s’installa
dans la petite île portugaise de Principe, sur la
dans la petite île portugaise de Principe, sur la
côte ouest d'Afrique et rencontre des conditions moins
côte ouest d’Afrique et rencontre des conditions moins
favorables, le ciel ne s 'étant découvert qu'aux derniers
favorables, le ciel ne s’étant découvert qu’aux derniers
instants de l'éclipsé. Néanmoins les clichés obtenus
instants de l’éclipsé. Néanmoins les clichés obtenus
ont donné pour la déviation ramenée au bord en tenant
ont donné pour la déviation ramenée au bord en tenant
compte de la relation (20) la valeur 1"6o±o"3.
compte de la relation (20) la valeur 1 « 6o±o » 3.
Il est remarquable que la moyenne entre les
Il est remarquable que la moyenne entre les
résultats des deux expéditions, 1"79, coïncide exactement
résultats des deux expéditions, 1"79, coïncide exactement
avec la valeur prévue. L'accord existe non seulement
avec la valeur prévue. L’accord existe non seulement
en moyenne, mais aussi dans les déplacements
en moyenne, mais aussi dans les déplacements
individuels observés sur les diverses étoiles et qui
individuels observés sur les diverses étoiles et qui
Ligne 1 927 : Ligne 1 927 :
La déviation en raison inverse de la distance au
La déviation en raison inverse de la distance au
centre du Soleil, avec la grandeur exactement conforme
centre du Soleil, avec la grandeur exactement conforme
au chiffre prévu, ne peut d'ailleurs pas s'expliquer par
au chiffre prévu, ne peut d’ailleurs pas s’expliquer par
l'hypothèse d'une réfraction due à l'existence d'une
l’hypothèse d’une réfraction due à l’existence d’une
atmosphère ou de matière cosmique autour du Soleil,
atmosphère ou de matière cosmique autour du Soleil,
et s'étendant jusqu'aux distances pour lesquelles les
et s’étendant jusqu’aux distances pour lesquelles les
mesures ont été faites.
mesures ont été faites.
Il est facile, en effet, de chercher quelle densité
Il est facile, en effet, de chercher quelle densité
devrait avoir une telle atmosphère pour produire
devrait avoir une telle atmosphère pour produire
l'effet observé en la supposant constituée par les gaz
l’effet observé en la supposant constituée par les gaz
dont nous connaissons l'existence à la surface du
dont nous connaissons l’existence à la surface du
Soleil. On trouve ainsi que la densité, à une distance
Soleil. On trouve ainsi que la densité, à une distance
du bord du Soleil égale à son rayon, devrait être égale
du bord du Soleil égale à son rayon, devrait être égale
environ au centième de la densité de notre atmosphère
environ au centième de la densité de notre atmosphère
terrestre au voisinage du sol. L'énormité des distances
terrestre au voisinage du sol. L’énormité des distances
traversées à travers un tel milieu par la lumière venant
traversées à travers un tel milieu par la lumière venant
des étoiles vues au voisinage du Soleil est telle que.
des étoiles vues au voisinage du Soleil est telle que.
par diffusion analogue à celle qui donne le bleu du
par diffusion analogue à celle qui donne le bleu du
ciel, cette lumière serait considérablement affaiblie
ciel, cette lumière serait considérablement affaiblie
dans sa direction primitive. Au contraire, l'expérience
dans sa direction primitive. Au contraire, l’expérience
montre que l'éclat des étoiles n'est pas modifié de
montre que l’éclat des étoiles n’est pas modifié de
manière appréciable par la proximité du Soleil.
manière appréciable par la proximité du Soleil.
D'autre part, des comètes ont été suivies dans ces
D’autre part, des comètes ont été suivies dans ces
régions et n'ont manifesté aucun ralentissement sensible
régions et n’ont manifesté aucun ralentissement sensible
alors que la matière si ténue qui les compose
alors que la matière si ténue qui les compose
éprouverait une résistance énorme au passage de la
éprouverait une résistance énorme au passage de la
part d'une atmosphère de cette densité.
part d’une atmosphère de cette densité.
Voici donc une série de faits expérimentaux qui
Voici donc une série de faits expérimentaux qui
imposent à l'attention de tous la théorie de relativité.
imposent à l’attention de tous la théorie de relativité.
Sa pleine intelligence demande un grand effort : il
Sa pleine intelligence demande un grand effort:il
faut se dégager d'habitudes ancestrales dont notre
faut se dégager d’habitudes ancestrales dont notre
langage est tout imprégné ; il faut remanier ces catégories
langage est tout imprégné; il faut remanier ces catégories
du temps et de l'espace que nous considérions
du temps et de l’espace que nous considérions
comme des formes nécessaires de notre pensée. Nous
comme des formes nécessaires de notre pensée. Nous
ne devons pas être surpris de constater que des moyens
ne devons pas être surpris de constater que des moyens
d'investigation expérimentale plus précis nous conduisent
d’investigation expérimentale plus précis nous conduisent
à cette nécessité : nos idées sont formées par
à cette nécessité : nos idées sont formées par
l'expérience du passé, personnelle ou héréditaire, et
l’expérience du passé, personnelle ou héréditaire, et
leur adaptation progressive aux faits, douloureuse parfois
leur adaptation progressive aux faits, douloureuse parfois
mais toujours saine et fortifiante, ne saurait être
mais toujours saine et fortifiante, ne saurait être
Ligne 1 973 : Ligne 1 973 :
La Relativité restreinte.
La Relativité restreinte.


1. La relativité en mécanique
1. La relativité en mécanique
2. L'Univers cinématique
2. L’Univers cinématique
3. La mécanique rationnelle
3. La mécanique rationnelle
4. La relativité en physique
4. La relativité en physique
5. L'expérience de Michelson et la contraction de Lorentz
5. L’expérience de Michelson et la contraction de Lorentz
6. La cinématique nouvelle et le groupe de Lorentz
6. La cinématique nouvelle et le groupe de Lorentz
7. Actions à distance et actions de contact
7. Actions à distance et actions de contact
8. La composition des vitesses
8. La composition des vitesses
9. Les rayons beta du radium
9. Les rayons beta du radium
10. L'entraînement des ondes
10. L’entraînement des ondes
11. Le temps et l'espace relatifs
11. Le temps et l’espace relatifs
12. La possibilité d'influence ou d'action
12. La possibilité d’influence ou d’action
13. La loi d'inertie ou d'action stationnaire
13. La loi d’inertie ou d’action stationnaire
14. Le temps propre
14. Le temps propre
15. La dynamique de la relativité
15. La dynamique de la relativité
16. Variation de la masse avec la vitesse
16. Variation de la masse avec la vitesse
17. Vérifications expérimentales
17. Vérifications expérimentales
18. La structure des raies de l'hydrogène
18. La structure des raies de l’hydrogène
19. Les petits écarts de la loi de Prout
19. Les petits écarts de la loi de Prout


II
II
Ligne 1 997 : Ligne 1 997 :
La Relativité généralisée.
La Relativité généralisée.


20. La pesanteur de l'énergie
20. La pesanteur de l’énergie
21. Le boulet de Jules Verne
21. Le boulet de Jules Verne
22. La loi de gravitation
22. La loi de gravitation
23. Le champ de gravitation d'un centre
23. Le champ de gravitation d’un centre
24. Le mouvement des planètes
24. Le mouvement des planètes
25. Le mouvement de Mercure
25. Le mouvement de Mercure
26. La déviation de la lumière
26. La déviation de la lumière
</div>
</div>



Version du 16 février 2016 à 19:33


Le Principe de Relativité
1922

Éditions Étienne Chiron

LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ

PAUL LANGEVIN

Conférence faite à la Société Française des Électriciens

Le 9 novembre 1919, la Société royale et la Société astronomique de Londres se réunissaient en séance solennelle, sous la présidence de Sir Joseph Thomson, pour recevoir communication des résultats obtenus par les deux expéditions chargées d’observer l’éclipse totale de Soleil du 29 mai 1919. Le but essentiel de ces expéditions était de vérifier les prévisions théoriques de M. Einstein sur la déviation de la lumière par le champ de gravitation du Soleil : une étoile vue dans une direction voisine du bord de l’astre devait paraître écartée de sa position normale d’un angle égal à 174 vers l’extérieur du Soleil. La vérification complète, qualitative et quantitative de cette prévision, venant après d’autres confirmations expérimentales non moins frappantes dont j’ai l’intention de vous entretenir ici, appelle vivement l’attention, même du grand public, si l’on en juge par les nombreux articles que lui a consacrés la presse, sur la théorie de la relativité grâce à laquelle ces résultats ont été obtenus. La puissance d’explication et de prévision de cette théorie, imposée par les faits et confirmée par eux, est aussi grande que sa structure logique est rigoureuse et belle. Son développement a été poursuivi, principalement par M. Einstein, avec une admirable continuité de pensée, en deux étapes principales : celle de la relativité restreinte de 1905 à 1912 et depuis 1912 celle de la relativité généralisée. La nouveauté et quelquefois l’étrangeté des conceptions auxquelles elle conduit rend particulièrement difficile sa pleine intelligence, mais son importance justifie.largement l’effort qu’elle peut demander. Son étude est d’autant plus nécessaire qu’elle représente l’aboutissement actuel du travail progressif d’adaptation de la pensée aux faits et d’élimination des absolus arbitraires introduits dans les constructions provisoires par lesquelles la Science a tenté, avec un succès croissant, de représenter les lois de l’Univers.

I.

La relativité restreinte.

1. La relativité en Mécanique. — L’expérience montre que les phénomènes mécaniques se passent de la même manière lorsqu’ils sont observés à partir de systèmes matériels en mouvement de translation uniforme les uns par rapport aux autres, qu’ils suivent les mêmes lois pour des observateurs liés à la Terre et pour d’autres opérant à l’intérieur d’un véhicule lancé à toute vitesse d’un mouvement uniforme. On peut encore dire qu’il n’y a pas de translation absolue, l’expérience ne peut mettre en évidence que le mouvement de translation relatif de deux portions de matière. La translation relative la plus rapide que nous ayons à notre disposition pour vérifier cette loi nous est fournie par le mouvement annuel de la Terre : à six mois d’intervalle, celle-ci se trouve dans deux positions diamétralement opposées sur l’orbite et des systèmes d’axes qui lui sont liés aux deux instants possèdent l’un par rapport à l’autre une vitesse relative de 60 km par seconde. S’il était possible, par d’autres expériences que celles de Mécanique, de définir des axes absolus et par rapport à eux le repos absolu, comme on a espéré pouvoir le faire en Optique et en Electricité au moyen de l’éther, milieu hypothétique à travers lequel se propagent les ondes lumineuses et se transmettent les actions électromagnétiques, la vitesse de translation de la Terre par rapport à ces axes changerait constamment au cours de l’année, et, quel que soit le mouvement du Soleil par rapport à eux, prendrait au moins un moment une valeur égale ou supérieure à 30 km par seconde, vitesse de la Terre par rapport au Soleil.

Le fait que les lois de la Mécanique, au degré de précision des mesures, sont exactement les mêmes en janvier et en juillet met bien en évidence le caractère relatif de la translation. S’il n’y a pas, au moins en Mécanique, de translation absolue, il y a au contraire rotation absolue comme en témoignent les effets de force centrifuge en statique et de force centrifuge composée en dynamique. Des expériences faites à l’intérieur d’un système matériel permettent de mettre en évidence un mouvement de rotation d’ensemble. Il est nécessaire de voir comment la Mécanique rationnelle traduit dans ses formules cette relativité de la translation. Je définirai à ce propos quelques expressions qui nous seront utiles par la suite.

2. L’Univers cinématique. — La présence d’une portion de matière, d’un mobile par exemple, en un certain lieu à un certain instant est un événement. En général nous appellerons événement le fait qu’une chose matérielle ou non, portion de matière ou onde électromagnétique par exemple, se trouve ou passe en un lieu donné à un instant donné. Nous appellerons Univers l’ensemble des événements. Pour repérer ceux-ci, nous pouvons faire choix de divers systèmes de référence par exemple d’axes rectangulaires liés à un groupe donné d’observateurs. Pour ceux-ci, la situation de chaque événement sera caractérisée par quatre coordonnées, x, y, z, t, dont trois d’espace et une de temps. L’ensemble de toutes les situations possibles d’événements constitue l’Univers cinématique défini comme étant une multiplicité à quatre dimensions. Les coordonnées d’un même événement changent avec le système de référence, soit parce qu’on modifie l’orientation des axes, soit parce que cet événement est observé par différents groupes d’expérimentateurs, est rapporté à divers systèmes de référence en mouvement les uns par rapport aux autres. Nous supposerons toujours, au moins en relativité restreinte, que tous les observateurs emploient les mêmes unités, se servent, en particulier pour les mesures d’espace et de temps, de règles et d’horloges définies de la même manière. Le cas le plus simple, le seul que nous considérerons ici, est celui où les deux systèmes d’axes ont même orientation et une vitesse de translation relative uniforme v dans la direction commune des x. Les origines O et O’des coordonnées d’espace sont supposées coïncider à l’origine du temps. Dans ces conditions, la cinématique ordinaire fournit les relations suivantes entre les coordonnées d’espace et de temps d’un même événement x, y, z, t, pour l’un des systèmes et x’, y’, z’, t’, pour l’autre :

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle x = x’+ vt’, y = y’, z = z’, t = t’}
(1)

Ces formules caractérisent une transformation faisant partie de ce que nous appellerons le groupe de Galilée. On entend par là que deux transformations successives de cette nature, correspondant à des vitesses v et v’équivalent à une transformation unique de même forme avec une valeur de la vitesse égale à

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle v'' = v + v’}
(2)

c’est, pour le cas simple actuel, la loi bien connue de composition des vitesses. Elle signifie encore qu’un mobile ayant dans la direction des x la vitesse v’par rapport au système O’a, par rapport au système O, dans la même direction une vitesse v" définie par la formule (2).

Ce groupe de Galilée possède les propriétés suivantes, fondamentales en cinématique ordinaire. L’intervalle de temps entre deux événements a la même valeur dans tous les systèmes de référence (temps absolu). En particulier, la simultanéité a un sens absolu, deux événements simultanés pour un groupe d’observateurs sont simultanés pour tous autres quel que soit leur mouvement par rapport aux premiers. Le temps est un invariant du groupe de Galilée. La distance dans l’espace de deux événements simultanés est la même pour tous les observateurs. La forme d’un corps, définie pour des observateurs par rapport aux quels il est en mouvement comme étant le lieu des positions simultanées des différents points de la surface du corps, est la même dans tous les systèmes de référence. L’espace, comme le temps, est le même pour tous. Au contraire, deux événements successifs, séparés par un intervalle de temps t, ont une distance dans l’espace variable avec le système de référence. Cela résulte immédiatement des formules (1) et peut s’illustrer par un exemple concret simple:un wagon se mouvant par rapport au sol avec la vitesse v porte une ouverture par laquelle les observateurs liés au wagon laissent tomber successivement deux objets à intervalle de temps t. Les deux événements que constituent les passages des objets par l’ouverture se passent au même point, ont une distance nulle dans l’espace pour les gens du wagon; ils sont au contraire distants de vt dans l’espace pour des observateurs liés au sol. Le groupe de Galilée, qui caractérise la cinématique ordinaire, introduit ainsi entre la distance dans l’espace et l’intervalle dans le temps de deux événements quelconques une dissymétrie qui disparaît dans la cinématique nouvelle. Nous verrons que, pour celle-ci, l’intervalle dans le temps varie aussi bien que la distance dans l’espace avec le mouvement du système de référence. C’est seulement dans le cas où il y aurait coïncidence des événements dans l’espace et dans le temps, coïncidence absolue comme nous dirons, que la distance dans l’espace et l’intervalle dans le temps doivent s’annuler à la fois pour tous les groupes d’observateurs. Et il en sera nécessairement ainsi même en relativité généralisée puisque cette coïncidence complète des événements a un sens absolu, étant donné qu’un effet, un phénomène, en peut résulter sur l’existence duquel tous les observateurs seront nécessairement d’accord : par exemple les objets peuvent se briser par choc mutuel en passant en même temps par la même ouverture. Il est important de remarquer dès maintenant que toute notre expérience, toutes les sensations par lesquelles nous percevons l’Univers, sont déterminées par de telles coïncidences absolues, contact de notre corps avec les objets ou coïncidence absolue d’un signal lumineux avec notre rétine. Les liaisons causales que la mémoire et l’habitude nous permettent d’établir entre des séries de semblables coïncidences doivent avoir le même caractère absolu, et, comme toute notre science est fondée sur de telles constatations, les lois qui régissent l’Univers de notre expérience, le seul qui soit objet de science, doivent avoir {ou pouvoir être mises sous) une forme complètement indépendante du système de référence. On voit apparaître ici l’idée profonde qui semble avoir guidé M. Einstein à travers toutes les difficultés de la seconde étape du développement de la relativité et lui a donné, avant le succès complet atteint seulement à la fin de 1915, la conviction profonde qu’il était possible et même, nécessaire de donner aux lois de la physique une forme complètement invariante pour toutes les transformations qui permettent de passer d’un système de référence à un autre en mouvement quelconque par rapport au premier, et non plus seulement dans le cas du mouvement de translation uniforme auquel se limitait le principe de relativité restreinte.

3. La Mécanique rationnelle, — A la cinématique, définie par le groupe de Galilée, la Mécanique rationnelle associe tout d’abord les notions de masse et de force. La première y est considérée comme un invariant : la masse ou coefficient d’inertie d’une portion de matière est admise a priori comme constante, indépendante de l’état de repos ou de mouvement ou des changements d’état physique ou chimique que cette portion de matière peut subir. Le mouvement d’un point matériel est régi par, et la mécanique rationnelle est construite sur les équations fondamentales de la forme

(3)

F étant la composante dans la direction des x de la force qui agit sur le point matériel. Si nous associons aux relations (1) la condition d’invariance de la masse

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle m = m’}
(4)

et la condition qui traduit dans notre cas particulier le caractère vectoriel de la force

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle F=F’}
(5)

nous obtenons, comme conséquence de (1), (3), (4) et (5),

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle m’\frac{d^2 x’}{dt’^2} = F’}
(6)

c’est-à-dire que les équations de la Mécanique conservent leur forme quand on passe d’un système de référence à un autre en mouvement de translation uniforme par rapport au premier. Ce fait traduit analytiquement le caractère relatif du mouvement de translation uniforme en Mécanique. Cette invariance des lois de la Mécanique se traduit d’ailleurs par la possibilité d’en donner des énoncés intrinsèques grâce à l’introduction d’éléments vectoriels (vitesse, accélération, force, axes de couples, quantités de mouvement, moments de quantités de mouvement), tensoriels (moments d’inertie, déformations élastiques, tensions élastiques, etc.), ou scalaires (masse, énergie, etc.), sans qu’interviennent les coordonnées particulières dans un système de référence, de même que les invariants de la Géométrie pure (distances, angles, surfaces, volumes, etc.) permettent d’énoncer les lois de cette science sous une forme indépendante de tout système de coordonnées (relativité de l’espace).

4. La relativité en Physique. — On peut se demander si l’indifférence à une translation uniforme s’étend à l’ensemble des phénomènes physiques : il en doit être ainsi au point de vue mécaniste, si tout peut s’expliquer par espace et mouvement comme le pensait Descartes. Et en effet les expériences les plus délicates et les plus précises d’optique et d’électricité, reproduites à diverses époques de l’année pour toutes les orientations possibles des appareils, n’ont jamais décelé la moindre influence d’un changement de vitesse de translation d’ensemble ou, pour employer une expression courante, d’un changement de vitesse par rapport à l’éther. En présence du résultat négatif de toutes les tentatives faites dans ce but, il a paru naturel de généraliser et d’énoncer un principe de relativité restreinte sous la forme :

" Il est impossible, par des expériences de physique intérieures à un système matériel, de mettre en évidence un mouvement de translation d’ensemble du système ",

ou encore de manière plus symétrique :

" Les lois de la Physique sont les mêmes pour tous les systèmes de référence en translation uniforme les uns par rapport aux autres. Tout se passe pour chaque système de référence comme s’il était immobile par rapport à l’éther. "

La théorie des ondulations en optique, sous la forme que lui a donnée Fresnel, est d’accord avec ce résultat pour ce qui concerne les expériences dites du premier ordre, c’est-à-dire celles dont la précision est comprise entre 1/10000 (nombre égal au rapport à la vitesse de la lumière des 30 km par seconde que doit atteindre au moins un moment au cours de l’année, la vitesse de la Terre par rapport au milieu), et le carré de ce rapport, soit 1/100 000 000 ou 10^(-8).

5. L’expérience de Michelson et la contraction de Lorentz. — L’accord entre les faits et la théorie des ondulations de Fresnel, fondée sur la cinématique ordinaire, cesse lorsqu’on arrive aux expériences du second ordre. En particulier, la théorie prévoit que, pour des observateurs en mouvement par rapport à l’éther, la vitesse apparente de la lumière, mesurée par l’intermédiaire du temps d’aller et retour entre deux stations qui leur sont liées, doit varier avec la direction d’une quantité du second ordre : la variation relative, quand on passe d’une direction parallèle an mouvement dans l’éther à une direction perpendiculaire doit être égale à

ou

en posant

où v représente la vitesse du mouvement d’ensemble par rapport à l’éther de l’observateur avec ses appareils, et V la vitesse de la lumière par rapport au milieu. La célèbre expérience de Michelson consiste précisément dans la comparaison par les méthodes interférentielles des temps d’aller et retour de la lumière dans deux directions perpendiculaires. Si cette égalité a été réalisée pour une orientation déterminée des appareils, la théorie prévoit qu’elle doit être modifiée au second ordre d’une quantité pouvant aller jusqu’à beta^2 quand on change cette orientation. Et comme nous avons vu qu’en raison du mouvement annuel de la Terre la vitesse de celle-ci par rapport au milieu doit, au moins une fois dans l’année, atteindre ou dépasser la valeur de 30 km par seconde, on doit, au moins une fois dans l’année, prévoir, par changement d’orientation des appareils, un déplacement des franges d’interférence égal au cent-millionième (10^(-8)) du nombre de longueurs d’onde contenu dans chacun des deux trajets d’aller et retour. Ce dernier nombre étant de 40.000.000 pour 22 m de trajet aller et retour, on aurait dû observer un déplacement d’au moins une demi-frange, alors que l’expérience a donné un résultat constamment négatif à la précision du centième de frange.

Il y a là une contradiction formelle que Fitzgerald et Lorentz ont cherché à lever, tout en conservant la cinématique ordinaire, en admettant que la forme d’un corps en mouvement par rapport à l’éther change avec son orientation par rapport à la direction du mouvement : une dimension quelconque d’un corps quelconque doit se contracter dans le rapport sqrt(1-beta^2) quand elle passe d’une direction perpendiculaire à la direction même du mouvement. Le souci de conserver la cinématique usuelle, ainsi que la notion du temps absolu dont elle dérive, oblige ainsi à introduire dans la géométrie et par suite dans toute la physique la complication suivante : des observateurs terrestres doivent se considérer comme contractés, ainsi que tous les objets qui leur sont liés, d’une quantité variable avec la saison, et d’ailleurs inconnue, dans une direction inconnue puisque nos mesures terrestres sont faites avec des règles dont nous devons supposer que leur longueur change aussi avec l’orientation de manière à. masquer complètement pour nous l’effet de la contraction. Nous verrons également que la conservation du temps absolu et de la contraction de Lorentz au sens précédent donne aux équations de la physique, et en particulier à celles qui traduisent les lois de l’électromagnétisme, une forme compliquée et variable avec le mouvement supposé du système de référence par rapport à l’éther, alors que l’expérience nous montre au contraire que ce mouvement d’ensemble est inaccessible et que les phénomènes se passent exactement de la même manière pour tous les systèmes quels que soient leurs mouvements de translation uniforme les uns par rapport aux autres. Pour éviter ces complications arbitraires et ne rien introduire dans nos conceptions fondamentales qui ne soit l’expression aussi simple et immédiate que possible des faits, il a semblé beaucoup plus naturel de traduire le résultat de l’expérience de Michelson sous la forme suivante : Pour tous les systèmes de référence en translation uniforme les uns par rapport aux autres, tels que ceux liés à la Terre aux différents instants de son mouvement annuel, la vitesse de la lumière est la même dans toutes les directions. Cette loi particulière, conforme au principe de relativité restreinte énoncé plus haut, doit nous sembler d’autant plus nécessaire qu’elle se déduit immédiatement des lois générales de l’électromagnétisme telles que les ont établies Maxwell, Hertz et Lorentz. Ces lois sont vérifiées par tout l’ensemble des faits de l’électromagnétisme avec une précision qui, pour certains d’entre eux, atteint le second ordre, à quelque moment de l’année que les expériences soient faites et par conséquent quel que soit le mouvement d’ensemble du système de référence auquel les observateurs sont liés. Nous sommes aujourd’hui certains que l’optique est un chapitre de l’électromagnétisme depuis les confirmations décisives et nombreuses de la théorie électromagnétique de la lumière. Or les équations de Maxwell impliquent, comme conséquence immédiate, que toutes les perturbations électromagnétiques se propagent dans le vide avec une même vitesse précisément égale pour toutes les directions à la vitesse de la lumière, et mesurée par le même nombre quel que soit le mouvement des observateurs pourvu que ceux-ci emploient toujours les mêmes unités de longueur et de temps.

6. La cinématique nouvelle et le groupe de Lorentz. — Il est facile de voir que le point de vue nouveau est incompatible avec la cinématique ordinaire : imaginons par exemple une onde lumineuse ou électromagnétique et deux groupes d’observateurs se mouvant l’un par rapport à l’autre avec une vitesse v dans la direction normale au plan de Tonde : nous venons d’être conduits à affirmer que pour les uns comme pour les autres celle-ci se propage avec une même vitesse V, alors qu’au point de vue ancien, la propagation se fait pour les uns avec la vitesse V elle doit se faire pour les autres avec la vitesse V—v ou V+v suivant le sens du mouvement relatif. La traduction immédiate des faits qui nous a donné les énoncés nouveaux exige que nous abandonnions la notion du temps absolu sur laquelle repose la cinématique ordinaire pour n’introduire plus qu’un temps relatif, l’intervalle de temps entre deux événements étant, comme leur distance dans l’espace, mesuré de manières différentes par des observateurs en mouvement relatif. Il est facile de voir que, dans le cas simple où deux groupes d’observateurs choisissent un même événement origine et des directions d’axes parallèles avec celle des X dans la direction de leur mouvement relatif, les coordonnées d’espace et de temps d’un même événement noté x, y, z, t, par les uns (observateurs O) et x’, y’, z’, t’, par les autres (observateurs O’) doivent avoir entre elles les relations suivantes pour satisfaire à la condition de propagation isotrope de la lumière avec la vitesse V à la fois pour O et O’ainsi qu’au principe de relativité restreinte

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle x = \frac{1}{\sqrt{(1-beta^2)}}.(x’+vt’)}
Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle y = y’}
Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle z = z’}
Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle t = \frac{1}{\sqrt{(1-beta^2)}}.(t’+ \frac{v*x’}{V^2})} ,

(3)

en posant toujours

Ces transformations forment encore un groupe puisque deux transformations successives de vitesses v et v’équivalent à une transformation unique de même forme et de vitesse v donnée, comme un calcul facile permet de s’en assurer, par la relation

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle v'' = \frac{v+v’}{1 + \frac{v*v’}{V^2}}}

ou

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle \frac{beta+beta’}{1+beta*beta’}}
(4)

On donne à ce groupe le nom de groupe de Lorentz pour la raison suivante : M. Lorentz a montré le premier que les équations de l’électromagnétisme conservent leur forme quand on y effectue pour les coordonnées d’espace et de temps la substitution (2) en même temps que des substitutions analogues pour les autres grandeurs (champ électrique et champ magnétique) qui y figurent. Cette propriété remarquable n’est autre chose que l’expression mathématique du fait que les lois de l’électromagnétisme et de l’optique sont les mêmes pour les observateurs O et O’, que les équations qui traduisent ces lois doivent se présenter sous la même forme pour les uns comme pour les autres à condition que chacun utilise les mesures que l’expérience lui permet de faire. Cette concordance ne peut nous surprendre puisque nous avons vu comment les équations de l’électromagnétisme impliquent l’uniformité de propagation de la lumière dans toutes les directions et que nous avons obtenu la transformation (3) à partir de cette conséquence considérée directement comme un fait expérimental. Il est facile de voir également que, si on veut conserver la notion du temps absolu et le groupe de Galilée (1) qui en dérive, les équations de l’électromagnétisme prennent au contraire des formes différentes pour les observateurs O et O’: ces équations ne conservent pas leur forme pour les substitutions du groupe de Galilée. Le cinématique ordinaire ne peut interpréter le caractère relatif des lois de l’électromagnétisme et de l’optique. Elle oblige les observateurs terrestres, s’ils veulent tenir compte du changement continuel de leur vitesse relative, à modifier constamment et à prendre sous une forme compliquée les lois de l’électromagnétisme, et ceci en opposition avec les faits que traduisent exactement ces équations sous leur forme simple habituelle grâce à l’introduction du temps relatif. Ceci revient encore à dire que le temps, introduit de manière inconsciente par les fondateurs de l’électromagnétisme et avec eux par tous les électriciens lorsqu’ils utilisent à tout moment les lois fondamentales de Maxwell-Hertz sous leur forme ordinaire, n’est autre que le temps relatif dont la mesure varie suivant les observateurs conformément aux relations (3). La cinématique conforme à ces relations est la cinématique des électriciens, comme celle définie par (1) est celle des mécaniciens ; la différence résulte du fait que les équations de l’électromagnétisme conservent leur forme pour les transformations du groupe de Lorentz, tandis que celles de la mécanique conservent la leur pour les transformations du groupe de Galilée. Là se trouve la raison profonde de l’impossibilité dans laquelle se sont trouvés les physiciens, malgré les efforts puissants et prolongés des plus illustres d’entre eux » de donner une interprétation mécanique des phénomènes électriques et optiques. D’équations qui se conservent pour le groupe de Galilée, comme celles de la mécanique, il est impossible, par voie de combinaison analytique, de déduire des lois qui, comme celles de l’électromagnétisme, se conservent pour les transformations du groupe de Lorentz. L’origine de cette opposition va nous apparaître plus clairement encore dans un instant. Remarquons d’abord que les deux transformations (1) et (3) diffèrent très peu l’une de l’autre pour les valeurs ordinaires de v qui sont très petites par rapport à la vitesse de la lumière. La transformation de Galilée (1) n’est autre chose que la forme limite de la transformation de Lorentz (3) quand on suppose dans cette dernière que la vitesse V devient infinie, ce qui revient à donner dans (3) la valeur zéro à beta. On retombe ainsi sur les relations (1). A cette remarque correspond le fait que la vitesse de la lumière dans le vide V joue pour la cinématique nouvelle le rôle que joue la vitesse infinie pour la cinématique ordinaire. Un peu d’attention montre que cette différence a son origine dans la définition même de la notion de temps et de la simultanéité d’événements distants dans l’espace. La notion du temps absolu et d’une simultanéité indépendante du système de référence n’aurait de sens expérimental que si nous disposions d’un moyen de signaler instantanément à distance, sous forme d’ondes se propageant avec une vitesse infinie, de mobiles se mouvant avec une vitesse infinie, ou par l’intermédiaire du fil inextensible ou du solide invariable qui peuvent être mis en mouvement simultanément en tous leurs points, c’est-à-dire dans lesquels les déformations se propagent avec une vitesse infinie. Ces diverses notions, temps et simultanéité absolus, propagation instantanée à distance, solide invariable, sont ainsi connexes et caractérisent la Mécanique rationnelle au point de vue cinématique. Au contraire, admettre que la lumière se propage avec la même vitesse dans toutes les directions pour tous les systèmes de référence revient à dire que dans chacun de ces systèmes la correspondance des temps en des points différents, la synchronisation des horloges, est réalisée au moyen de signaux lumineux ou électromagnétiques (ondes de télégraphie sans fil) qui se propagent avec une vitesse finie, celle de la lumière. Le temps utilisé par chacun des groupes d’observateurs est ainsi le temps optique ou électromagnétique, et la vitesse de la lumière, qui intervient dans la définition même du temps, joue par là même un rôle particulier qui explique son introduction dans les formules des transformations (3) permettant de passer d’un système de référence à un autre. L’affirmation que la vitesse de la lumière est la même pour tous les systèmes de référence revient donc à celle-ci : la seule mesure du temps qui soit accessible à l’expérience, le seul moyen que nous ayons de synchroniser des horloges à distance, nous est fourni par l’intermédiaire des signaux lumineux ou électromagnétiques. Nous posons en principe qu’aucun autre procédé expérimental ne pourra nous fournir une mesure différente par des observations intérieures au système matériel auquel nous sommes liés. Le caractère arbitraire de la cinématique habituelle tient à ce qu’elle repose sur la possibilité d’une signalisation instantanée à distance, sans que l’expérience vienne autoriser une telle hypothèse. Par opposition, la cinématique nouvelle prend directement appui sur les faits et ne fait intervenir dans la définition du temps lui-même que des possibilités expérimentales immédiates, telles que la synchronisation à distance par l’intermédiaire de signaux réels.

7. Actions à distance et actions de contact. — Nous nous trouvons ainsi conduits à remarquer que ces modifications profondes, introduites dans nos conceptions les plus fondamentales par la théorie de la relativité, représentent une phase décisive du conflit séculaire entre les idées d’action à distance et d’action au contact. La Mécanique céleste s’est développée depuis Newton grâce, à la loi d’actions en raison inverse du carré de la distance. Cette loi est adéquate à la Mécanique rationnelle puisqu’elle admet la possibilité d’une action à distance déterminée par la position actuelle du corps attirant, c’est-à-dire d’une action instantanée à distance. Le succès remarquable de cette conception en Astronomie a eu pour conséquence qu’au XVIIIème et dans la première partie du XIXème siècle la Physique presque entière s’est développée dans cette direction, sur le modèle pourrait-on dire de la Mécanique céleste. Les lois de Coulomb en électricité et en magnétisme sont la transposition immédiate de la loi de Newton, la loi de Laplace en électromagnétisme est aussi une loi d’action instantanée ainsi que les lois électrodynamiques d’Ampère. Le point de vue opposé est celui de l’action de proche en proche : introduit tout d’abord par Huygens en optique sous la forme de la théorie des ondulations, il fut développé par Fresnel avec une puissance d’intuition extraordinaire, qui permit à ce grand physicien de tourner des difficultés aujourd’hui encore insurmontables quand on n’adopte pas franchement le point de vue de la théorie électromagnétique de la lumière. La raison profonde de ces difficultés, dont un exemple nous a été fourni par l’interprétation du résultat négatif de l’expérience de Michelson, est que la théorie de Fresnel est en réalité une théorie hybride. Elle admet un milieu dans lequel les actions optiques se transmettent de proche en proche et s’efforce en même temps de traduire les propriétés de ce milieu dans le langage de la Mécanique rationnelle, langage fondé sur la conception d’action instantanée à distance. L’hybride fut fécond, mais le déséquilibre profond dû à son origine vient se manifester pleinement aujourd’hui grâce à la précision accrue de nos méthodes expérimentales. Au contraire, la notion d’action de proche en proche s’est développée pleinement sous une forme pure dans le domaine électromagnétique depuis Faraday, et a trouvé son expression mathématique dans un système d’équations complété par Maxwell grâce à l’introduction du courant de déplacement. La facilité extraordinaire avec laquelle la théorie électromagnétique supprime toutes les difficultés inhérentes à la théorie de Fresnel et avec laquelle nous la voyons traduire le fait expérimental de la relativité nous apporte simplement, dans un sens favorable aux actions de contact, la réponse à cette question posée depuis Newton : les actions entre particules matérielles se transmettent elles instantanément à distance ou seulement de proche en proche avec une vitesse finie caractéristique de l’espace vide interposé. Notre affirmation que la seule cinématique ayant un sens expérimental, et aussi grâce à laquelle les lois de la Physique prennent une forme simple indépendante du système de référence, est la cinématique du groupe de Lorentz, prend ainsi une signification plus nette et plus profonde et vient s’appuyer largement sur toute l’histoire de la Physique.

8. La composition des vitesses. — Mettons tout d’à bord en évidence le rôle particulier que joue la vitesse de la lumière dans la cinématique de la relativité. On voit immédiatement que les relations (3) n’ont de sens que si beta < 1, c’est-à-dire si les deux systèmes de référence ont une vitesse relative v inférieure à la vitesse de la lumière, ce qui revient à dire que deux portions de matière ne peuvent se mouvoir l’une par rapport à l’autre avec une vitesse égale ou supérieure à celle de la lumière. Ceci résulte en effet de la loi de composition des vitesses que donne la formule (4) et qui se réduit à la loi ordinaire (2) quand on y suppose V infini. Cette formule (4), caractéristique du groupe de Lorentz, peut encore s’obtenir en considérant un mobile dont la vitesse par rapport aux observateurs O* a pour composante dans la direction des x

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle v’= \frac{dx’}{dt’}}

et dont la vitesse par rapport aux observateurs O a pour composante dans cette même direction

Il suffit de différencier la première et la dernière des relations (3) et de diviser membre à membre pour retrouver, avec la signification un peu différente qui vient d’être indiquée, la loi nouvelle de composition de vitesses

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle v'' = \frac{v+v’}{1 + \frac{v*v’}{V^2}}}

Il est facile de vérifier sur cette formule que la composition d’un nombre quelconque de vitesses inférieures à V donne toujours une vitesse inférieure à V et par conséquent qu’un mobile, par accroissements successifs à partir du mouvement antérieurement acquis, ne pourra jamais atteindre la vitesse de la lumière.

9. Les rayons beta du radium. — Une première vérification expérimentale de ce résultat va nous être apportée par l’observation des mouvements les plus rapides que nous connaissions : les rayons beta du radium sont constitués par des particules cathodiques chargées négativement et dont la vitesse peut être mesurée, ainsi que le quotient de leur charge par leur masse en utilisant la déviation de ces rayons par des champs électrique et magnétique connus.— Les résultats obtenus, par Danysz en particulier, montrent que ces particules beta présentent toute une série de vitesses et que celles-ci convergent vers la vitesse de la lumière, s’accumulant au-dessous de celle-ci puisqu’on a pu observer jusqu’à 297.000 km par seconde, mais sans l’atteindre et encore moins la dépasser.

10. L’entraînement des ondes. — Une confirmation non moins remarquable, et qui attira vivement l’attention des physiciens lorsqu’elle fut signalée par M. Einstein dès 1906, résulte de la simplicité extraordinaire avec laquelle la nouvelle loi de composition rend compte de la loi d’entraînement des ondes lumineuses par les milieux réfringents en mouvement sous la forme prévue par Fresnel et vérifiée expérimentalement par Fizeau. Si n est l’indice de réfraction du milieu matériel transparent pour les ondes considérées, la vitesse U’ de ces ondes par rapport au milieu est donnée par

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle U’= \frac{V}{n}}

conformément au résultat des mesures directes de Foucault sur la vitesse de la lumière. Si le milieu est en mouvement avec la vitesse v par rapport à des observateurs, l’expérience de Fizeau montre que la vitesse des ondes par rapport à ceux-ci est

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle U'' = U’+ v*.(1 — \frac{1}{n^2})}

Au point de vue de la cinématique ancienne, il faut, pour avoir U composer avec U’une fraction seulement 1-1/n^2 de la vitesse d’entraînement v. C’est la loi d’entraînement partiel des ondes, plus singulière encore quand on l’énonce comme faisait Fresnel en disant que le milieu réfringent entraîne partiellement l’éther qu’il renferme, cet entraînement partiel variant avec la fréquence des ondes propagées puisque l’indice n dépend de cette fréquence. Appliquons, au contraire la nouvelle loi (4) de composition en faisant v’égal à U’, c’est-à-dire en composant la vitesse relative U’des ondes avec la vitesse d’entraînement v ; il vient

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle U'' = \frac{U’+v}{1 + \frac{U’*v}{V^2}} = U’+v[1 — \frac{U’^2}{V^2}] = U’+v(1 — \frac{1}{n^2})}

en limitant le développement aux termes du premier ordre. La loi d’entraînement n’a qu’une signification purement cinématique, immédiate et simple au possible.

11. Le temps et l’espace relatifs. — Dégageons quelques aspects particulièrement remarquables de la cinématique nouvelle. La relation

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle t = \frac{1}{ \sqrt{(1-beta^2)}}.(t’+ \frac{v*x’}{V^2})}

montre que, contrairement à ce qui se passe en cinématique ordinaire, l’intervalle de temps entre deux événements (par exemple entre l’événement origine et l’événement noté x, y, z, t) n’est pas mesuré de la même manière par les observateurs O et O’, puisque t est différent de t’(sauf, comme il est facile de s’en assurer, lorsque x’et t’sont simultanément nuls, c’est-à-dire lorsqu’il y a coïncidence absolue des deux événements au sens que j’ai indiqué plus haut). Si, pour les observateurs O’, les deux événements coïncident dans le temps, c’est-à-dire sont simultanés (t=0), sans coïncider dans l’espace (x’différent de zéro), t est différent de zéro, c’est-à-dire que les événements ne sont pas simultanés pour les observateurs O. De même la formule

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle x = \frac{1}{\sqrt{(1-beta^2)}}.(x’+vt’)}

montre que pour t’=0 on a

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle x = \frac{x’}{\sqrt{(1-beta^2)}}}

c’est-à-dire que deux événements simultanés pour les observateurs O’ont pour ceux-ci une distance dans l’espace (x’) plus petite dans le rapport sqrt(1-beta^2) que pour d’autres observateurs O en mouvement de translation par rapport à eux avec la vitesse v = beta*V. En particulier, supposons les observateurs O liés à une règle parallèle à la direction du mouvement relatif et qui pour eux a la longueur x. Pour les observateurs O’, cette règle est mobile par rapport à eux et sa longueur est définie comme la distance x’dans l’espace entre les événements que sont les présences simultanées (pour eux) des deux extrémités de la règle. En vertu de la relation précédente, on aura

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle x’= x* \sqrt{(1-beta^2)}}

Cette relation est d’ailleurs réciproque : si la règle était liée aux observateurs O’, sa longueur pour les observateurs O par rapport auxquels elle est mobile serait la distance dans l’espace des deux événements simultanés pour eux (t=0) et l’on aurait

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle x = x’* \sqrt{(1-beta^2)}}

Ceci est la forme sous laquelle la contraction de Lorentz intervient dans la cinématique nouvelle : elle est réciproque puisqu’il résulte de ce qui précède que si deux règles égales glissent l’une contre l’autre avec la vitesse v, des observateurs liés à l’une quelconque des règles voient l’autre plus courte que la leur. On voit que cette contraction n’a plus le caractère absolu que lui donnait la cinématique ordinaire : elle résulte simplement de la manière différente dont les deux groupes d’observateurs définissent la simultanéité et du fait, sur lequel j’insiste, que la forme d’un corps en mouvement ne peut être définie que comme le lieu des positions simultanées des différents points de ce corps. Si des observateurs en mouvement relatif ne définissent pas de la même manière la simultanéité, il n’est pas surprenant qu’ils ne voient pas la même forme au même corps. Deux événements simultanés pour les observateurs O’(t’=0) et distants pour eux de x’dans l’espace ont ainsi pour les observateurs O un intervalle dans le temps et une distance dans l’espace donnés par

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle t = \frac{1}{ \sqrt{(1-beta^2)}}. \frac{v*x’}{V^2}, x = \frac{x’}{ \sqrt{(1-beta^2)}}}

d’où

Il résulte de cette inégalité que le caractère relatif de la simultanéité n’est pas en contradiction avec le principe de causalité si nous admettons, ce qui est conforme à notre hypothèse fondamentale sur la mesure du temps, qu’aucun signal ne peut se propager avec une vitesse supérieure à celle de la lumière. Pas plus pour les observateurs O’, pour lesquels les deux événements sont simultanés, que pour les observateurs O, pour lesquels leur distance x dans l’espace est supérieure au chemin parcouru par la lumière pendant leur intervalle dans le temps t, un lien de cause à effet ne pourra être établi entre eux. Il n’y a donc aucune difficulté logique à ce que leur ordre de succession puisse être modifié par un changement du système de référence. Si, au contraire, les deux événements sont tels que pour un système de référence quelconque on ait x < V*t, c’est-à-dire tels qu’un signal lumineux permette au premier d’influer sur le second, il est facile de voir, d’après les équations (3), que cette inégalité subsiste pour un système quelconque en mouvement par rapport au premier : l’ordre de succession des deux événements a un sens absolu dès qu’un lien causal peut être établi entre eux par l’intermédiaire d’un signal lumineux ou de tout autre procédé moins rapide que la lumière.Les mêmes conséquences peuvent s’obtenir peut-être plus simplement en remarquant que la transformation (3) laisse invariante l’expression

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle s^2 = (V^2)*(t^2) — (x^2) — (y^2) — (z^2)}

(5)

ou, s’il s’agit d’événements infiniment voisins, l’expression

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle ds^2 = (V^2)*(dt^2) — (dx^2) — (dy^2) — (dz^2)}

(6)

c’est-à-dire qu’on a identiquement

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle ds^2 = (V^2)*(dt^2) — (dx^2) — (dy^2) — (dz^2) = (V^2)*(dt’^2) — (dx’^2) — (dy’^2) — (dz’^2)}

Cet invariant joue, dans la théorie de la relativité, un rôle analogue à celui de la distance de deux points en géométrie. Il est caractéristique du groupe de Lorentz, et celui-ci peut s’obtenir, sous sa forme la plus générale, par la condition de conserver leur forme aux expressions (5) ou (6). De même, en géométrie analytique, les formules qui permettent de passer d’un système de coordonnées rectangulaires à un autre peuvent s’obtenir sous leur forme la plus générale par la condition de laisser invariante l’expression de la distance entre deux points en fonction de leurs coordonnées.

" De même encore que la géométrie affirme l’existence d’un espace indépendant des systèmes particuliers de coordonnées qui servent à en repérer les points, et permet d’en énoncer les lois sous une forme intrinsèque grâce à l’introduction d’éléments invariants (distances, angles, surfaces, volumes, etc.), la physique, par l’intermédiaire du principe de relativité affirme l’existence d’un Univers indépendant du système de référence qui sert à repérer les événements ".

Le principe de relativité, sous la forme restreinte comme sous la forme plus générale que nous examinerons tout à l’heure, n’est donc, au fond, que l’affirmation de l’existence d’une réalité indépendante des systèmes de référence en mouvement les uns par rapport aux autres à partir desquels nous en observons des perspectives changeantes. Cet univers a des lois auxquelles l’emploi des coordonnées permet de donner une forme analytique indépendante du système de référence bien que les coordonnées individuelles de chaque événement en dépendent, mais qu’il est possible d’exprimer sous forme intrinsèque, comme la géométrie le fait pour l’espace, grâce à l’introduction d’éléments invariants et à la constitution d’un langage approprié. C’est la tâche qui s’impose actuellement aux physiciens:constituer une physique qui soit, à l’expression analytique actuelle des lois de l’Univers conforme au principe de relativité, ce que la géométrie pure est à la géométrie analytique. L’invariant que nous venons de rencontrer sous les formes (5) ou (6) est le plus fondamental et correspond à la distance en géométrie.

12. La possibilité d’influence ou d’action. —Il importe, à titre d’exemple, d’insister sur la signification physique de ce premier invariant. Si deux événements sont tels que leur distance dans l’espace (dont les composantes sont x, y, z) est inférieure au chemin V*t parcouru par la lumière pendant leur intervalle dans le temps, s^2 est positif et il en résulte, à cause de l’invariance de s^2, que la relation qui vient d’être énoncée entre les deux événements a un sens absolu, qu’elle est satisfaite dans tous les systèmes de référence d’où l’on peut observer les deux événements considérés. Quand cette condition est remplie, c’est-à-dire quand s est réel, un signal ou un messager se déplaçant moins vite que la lumière permet à l’un des événements d’intervenir comme cause dans les conditions qui déterminent le second. Il est facile de voir d’après les formules du groupe de Lorentz que dans ce cas, conformément au principe de causalité, Tordre de succession des deux événements a un sens absolu, aucun changement du système de référence ne permet d’inverser cet ordre ni de voir les deux événements simultanés. Au contraire, quand s^2 est négatif ou s imaginaire, la distance dans l’espace des deux événements est plus grande que le chemin V*t parcouru par la lumière pendant leur intervalle dans le temps (cette relation a un sens absolu) et aucun lien causal ne peut exister entre les deux événements dont l’ordre de succession peut, sans contradiction avec le principe de causalité, être renversé par un changement convenable du système de référence et n’a pas de sens absolu. La quantité s est donc réelle ou imaginaire suivant que l’un des événements peut ou non influer sur l’autre ; elle est nulle quand un signal lumineux dont l’émission coïncide dans l’espace et dans le temps avec l’un des événements peut juste coïncider au passage avec l’autre. On peut donc dire que cette quantité mesure la possibilité d’influence ou d’action (au sens cinématique) des deux événements l’un sur l’autre.

13. La loi d’inertie ou d’action stationnaire. — Comme exemple de la possibilité indiquée plus haut d’atteindre, grâce à l’introduction de semblables invariants, des énoncés intrinsèques et simples pour les lois de la physique ou de la mécanique, voyons comment l’invariant fondamental s ou ds permet d’exprimer la loi d’inertie. Considérons deux événements A et B dont la possibilité d’influence S soit réelle; puis que leur distance dans l’espace est inférieure au chemin par couru par la lumière pendant leur intervalle dans le temps, il existe une infinité de mouvements possibles pour un mobile qui, partant du premier A (il y en a un qui est le premier dans le temps au sens absolu puisque l’ordre de succession est invariable quand s est réel) passe par le second B. En appelant ligne d’Univers l’ensemble des événements que représentent les diverses positions successives d’un mobile, nous pouvons encore énoncer ceci en disant : lorsque deux événements ont une possibilité d’influence réelle, il y a une infinité de lignes d’univers réelles passant par ces deux événements, exactement comme dans l’espace une infinité de lignes réelles passent par deux points dont la distance est réelle. La quantité qui correspondra ici à la longueur d’une de ces lignes, et qui sera la possibilité d’action le long d’une ligne d’univers passant par les deux événements, aura pour expression

(7)

l’intégrale étant étendue à tous les couples d’événements infiniment voisins qui se succèdent le long de cette ligne. En géométrie, il y a une ligne qui se distingue de toutes les autres passant par les deux mêmes points : c’est la droite, qui jouit de la propriété de longueur minimum, ce minimum étant précisément égal à la distance des deux points. Un calcul très simple, qui utilise la définition (6) de ds, montre que l’intégrale I est stationnaire et passe par un maximum égal à s pour la ligne d’univers qui correspond à un mouvement rectiligne et uniforme, c’est-à-dire à un mobile se mouvant entre les deux événements conformément à la loi d’inertie.

Cette loi a donc, pour énoncé intrinsèque et simple,

(8)

On remarquera que cet énoncé d’action stationnaire a précisément la forme hamiltonienne et fait jouer, dans l’Univers de la relativité, au mouvement rectiligne et uniforme le rôle que joue la droite en géométrie euclidienne. On peut encore dire, sous une forme plus générale, que le mouvement d’un point matériel libre, que la ligne d’univers de ce point est une géodésique tracée dans la multiplicité à quatre dimensions qu’est l’ensemble des événements ou Univers. On voit déjà que, loin de compliquer les choses, notre principe de relativité, par la symétrie qu’il introduit entre les coordonnées d’espace et de temps contrairement à ce qui se passe en cinématique ordinaire, permet d’obtenir des énoncés remarquablement simples quand on a réussi à dégager les invariants nécessaires. Nous verrons d’autres exemples de cette puissance de simplification.

14. Le temps propre. — Nous pouvons encore donner de l’invariant fondamental une autre interprétation dans le cas où il est réel. Imaginons pour cela que des observateurs soient liés au mobile dont la ligne d’univers passe par les deux événements considérés : pour eux les deux événements se passent au même point puisque tous deux coïncident avec leur présence, de sorte que si d tau est la mesure faite par eux de l’intervalle de temps entre les deux événements supposés par exemple infiniment voisins, on a, comme conséquence de la formule (6), en tenant compte du fait que pour les observateurs considérés la distance dans l’espace est nulle.

ou

(9)

Nous donnerons à d tau le nom, qui s’impose d’après ce qui précède, de temps propre du mobile entre les deux événements qui se succèdent au même point par rapport à lui. La possibilité d’influence entre deux événements, lorsqu’elle est réelle, est donc proportionnelle, avec le coefficient V, à l’intervalle de temps mesuré entre ces événements par des observateurs en mouvement rectiligne et uniforme tel que les deux événements se passent pour eux au même point. Si leur ligne d’univers n’est pas celle d’un mouvement libre, on a, le long de cette ligne,

(10)

C’est donc le mouvement rectiligne et uniforme qui donne, d’après la propriété reconnue plus haut, le maximum de temps propre entre deux quelconques des événements par lesquels il passe. On peut encore s’en rendre compte de la manière suivante. Considérons d’autres observateurs O que ceux liés au mobile. Pour eux, celui-ci a une certaine vitesse v à l’instant t, et l’on a, d’après la définition de ds^2,

Échec de l’analyse (SVG (MathML peut être activé via une extension du navigateur) : réponse non valide(« Math extension cannot connect to Restbase. ») du serveur « http://localhost:6011/fr.wikisource.org/v1/ » :): {\displaystyle \scriptstyle ds^2 = (V^2)*(dt^2) — (v^2)*(dt^2) = (V^2)*(1 — beta^2)*(dt^2)}

d’où

(11)

et

où t1 et t2 sont les instants auxquels se passent les événements extrêmes A et B pour les observateurs O. La présence du facteur sqrt(1-beta^2) montre que plus le mouvement entre A et B différera d’un mouvement rectiligne et uniforme, plus par conséquent les vitesses seront grandes puisque la durée totale t2-t1 fixe, et plus l’intégrale entre ces limites fixes sera petite. La loi d’inertie peut encore s’exprimer comme loi du temps propre maximum, et elle nous apparaît comme liée de façon nécessaire aux conclusions suivantes, dont l’aspect semble plus paradoxal encore que celles relatives à la simultanéité et à la contraction apparente réciproque des corps en mouvement. Imaginons deux portions de matière dont les lignes d’univers se croisent en deux événements A et B, c’est-à-dire qui se séparent en A pour se retrouver en B, mais dont l’une se meut entre A et B d’un mouvement rectiligne et uniforme, tandis que l’autre a un mouvement varié, subit des accélérations. Il résulte de ce qui précède que l’intervalle de temps, la durée de la séparation, mesuré par la seconde est moindre que pour la première. Et si nous admettons, conformément au principe de relativité, qu’aucune autre mesure du temps n’est possible, il en résulte que la seconde a, dans l’intervalle, moins vieilli que la première. On peut déduire de là des conséquences amusantes qui ne sont en opposition avec aucun fait expérimental. Un peu d’attention montre d’ailleurs que la mise en œuvre de cette possibilité de ralentir le cours du temps grâce à une agitation suffisante obligerait à réaliser des vitesses du même ordre que celle de la lumière ; elle ne présente par conséquent aucun intérêt pratique.

15. La dynamique de la relativité. — Revenons à des conséquences plus facilement vérifiables par l’expérience. A la nouvelle cinématique correspond une dynamique nouvelle, entièrement compatible avec les lois de l’électromagnétisme puisque ses équations conserveront leur forme pour les mêmes transformations de coordonnées, celles du groupe de Lorentz. Étant donné, comme nous allons le voir, que les faits imposent cette nouvelle dynamique, il serait important d’orienter l’enseignement de la mécanique ordinaire dans un sens ménageant la possibilité de passer à la mécanique nouvelle avec le minimum de changements. Or, il est facile de montrer que le principe de relativité, joint au principe de conservation de l’énergie, fournissent, quand on admet la cinématique de Galilée, toutes les fois fondamentales de la mécanique rationnelle, en particulier la conservation de la masse, introduite d’ordinaire comme un postulat indépendant, et celle de la conservation de la quantité de mouvement. Il suffit de remplacer la cinématique de Galilée par celle du groupe de Lorentz, —c’est-à-dire d’introduire la mesure optique du temps, pour obtenir une nouvelle dynamique qui, chose tout à fait remarquable, est plus simple que celle de la mécanique rationnelle. En effet, elle réunit en un seul l’ensemble des principes de conservation de la masse, de la quantité de mouvement et de l’énergie. Elle affirme pour un système matériel isolé la constance d’un vecteur d’Univers à quatre composantes, dont les trois composantes d’espace sont les quantités de mouvement et dont la composante de temps est l’énergie. De plus, et ceci est l’aspect peut-être le plus remarquable, la notion de masse se confond avec celle d’énergie : la masse d’un système matériel n’est plus qu’une quantité proportionnelle à son énergie interne avec un coefficient de proportionnalité égal au carré de la vitesse de la lumière. Entre la masse m d’une portion de matière définie comme coefficient de proportionnalité de la quantité de mouvement à la vitesse et son énergie totale E, on a la relation

(12)

de sorte que la masse varie avec l’énergie et ne reste constante pour un système fermé que grâce à l’absence d’échange avec l’extérieur, par voie de rayonnement par exemple.

16. Variation de la masse avec la vitesse. — L’énergie totale d’un corps augmente avec sa vitesse d’une quantité égale à l’énergie cinétique. Si E0 est l’énergie interne du corps (mesurée par des observateurs qui lui sont liés) et par conséquent

sa masse au repos, ce que nous appellerons sa masse initiale, la théorie montre que son énergie mesurée par des observateurs qui le voient en mouvement avec une vitesse v = beta*V pour valeur

(13)

L’énergie cinétique prend la valeur

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle E — E_{0} = E_{0}. \frac{1}{ \sqrt{(1-beta^2)}-1}}

qui, pour les petites valeurs de beta, se confond, comme on le voit immédiatement en développant l’expression précédente suivant les puissances de beta, avec l’énergie cinétique ordinaire

A la valeur (13) de l’énergie correspond, en vertu de la relation (12), une valeur de la masse m :

(14)

L’accroissement de masse avec la vitesse ainsi prévu par la théorie de la relativité est lié au fait que l’énergie cinétique existe, que l’énergie totale d’un corps en mouvement est plus grande que celle du même corps au repos et n’est qu’un aspect particulier de la loi fondamentale d’inertie de l’énergie exprimée par la formule (12).

17. Vérifications expérimentales. — La variation de masse ainsi prévue ne devient sensible que pour des vitesses du même ordre que celle de la lumière et donne une masse infinie quand v tend vers V. C’est là l’aspect dynamique du résultat cinématique limitant à V la vitesse relative que peuvent prendre deux portions de matière : il faudrait une énergie infinie pour atteindre cette limite. Pour obtenir une vérification expérimentale, il est nécessaire de s’adresser aux projectiles les plus rapides que nous connaissions, aux rayons cathodiques et aux rayons beta des corps radioactifs. En observant la déviation par un champ magnétique connu de rayons cathodiques produits sous une différence de potentiel connue entre la cathode et le lieu d’observation, on peut obtenir deux relations entre la vitesse des particules cathodiques et le quotient de leur charge par leur masse initiale m0. Comme il est nécessaire d’ailleurs pour conserver leur forme aux équations de l’électromagnétisme, d’admettre que la charge électrique reste invariante quand on passe d’un système de référence à un autre en mouvement par rapport à lui, ces deux relations s’écrivent, dans la dynamique de la relativité,

et

(15)

La première équation exprime que l’accroissement d’énergie cinétique de la particule est égal au travail effectué par le champ électrique sur sa charge, U représentant la différence de potentiel dont on se sert pour produire les rayons cathodiques, et la seconde relie le champ magnétique H supposé perpendiculaire à la direction de la vitesse au rayon de courbure R de la trajectoire. L’élimination de beta entre ces deux relations montre suivant quelle loi doivent varier simultanément la différence de potentiel et le champ magnétique (ou l’intensité du courant qui produit ce dernier) pour que la déviation reste constante. Des expériences très soignées faites récemment sous cette forme par MM. Ch.-Eug. Guye et Lavanchy ont exactement vérifié la loi prévue pour des vitesses de rayons cathodiques allant jusqu’à 150.000 km par seconde, moitié de la vitesse de la lumière. Les rayons beta des corps radioactifs permettent, comme nous l’avons vu, d’opérer avec des vitesses beaucoup plus grandes, mais la précision est moindre parce que la première des relations (15) doit être remplacée par une autre déduite de la déviation des rayons sous l’action d’un champ électrique perpendiculaire à leur direction. Cette dernière mesure est moins facile que celle d’une différence de potentiel. Néanmoins, au degré de précision des mesures, les formules de la nouvelle dynamique représentent encore exactement les faits et correspondent, pour les rayons les plus rapides étudiés, à une valeur de la masse m décuple de la masse initiale.

18. La structure des raies de l’hydrogène. — Une confirmation au moins aussi remarquable et tout à fait imprévue a été apportée en 1916 par M. Sommerfeld. On sait que, grâce à l’application de l-a théorie des quanta aux mouvements des électrons intérieurs aux atomes, des progrès considérables ont pu être faits dans l’interprétation et dans la prévision des séries de raies dans le spectre d’émission des éléments. En particulier, le modèle proposé par M. Bohr pour l’atome d’hydrogène (un seul électron négatif tournant autour d’un noyau central positif) donne exactement la série de Balmer. Lorsque, au lieu de supposer, comme l’avait fait M. Bohr, que l’électron décrit des orbites circulaires, on admet avec M. Sommerfeld la possibilité d’orbites elliptiques et qu’on leur applique les procédés récents qui ont permis d’étendre la théorie des quanta à de semblables problèmes, on retrouve toujours cette même série de Balmer avec une fréquence bien définie pour chaque raie. Or, l’expérience montre que les raies de la série de Balmer ont une structure, très fine à la vérité. Chaque raie possède un certain nombre de composantes très rapprochées dont deux particulièrement intenses et leur intervalle a pu être mesuré par les méthodes basées sur la variation de visibilité des franges d’interférence avec la différence de marche. Les mesures de MM. Buisson et Fabry ont donné pour la raie rouge (alpha) de l’hydrogène un écartement voisin de trois centièmes d’unité Angström. Comme les vitesses que prévoit la théorie pour les diverses orbites possibles de l’électron dans l’atome d’hydrogène représentent déjà une fraction sensible de la vitesse de la lumière, M. Sommerfeld s’est demandé si la substitution de la mécanique de la relativité à la mécanique ordinaire employée jusque-là dans les problèmes de ce genre ne permettrait pas de résoudre la difficulté. Le succès de cette idée a été remarquable. La nouvelle dynamique donne exactement la structure observée pour les raies de la série de Balmer. De plus, elle prévoit que les rayons de Röntgen caractéristiques émis par les atomes des divers éléments doivent présenter dans leur spectre des structures analogues avec un écart de fréquence entre les composantes d’autant plus considérable que le rang de l’atome est plus élevé dans la série des éléments. Appliquée aux rayons de Rôntgen caractéristiques les plus pénétrants, à ceux qui constituent le groupe des raies K, la théorie de M. Sommerfeld présente un accord remarquable avec l’expérience, bien que l’écart en question varie dans un rapport voisin de loo.ooo.ooo quand on passe de la raie alpha de l’hydrogène aux raies K de l’uranium qui en sont l’équivalent déplacé vers les grandes fréquences. II est donc établi que les problèmes relatifs aux mouvements intra-atomiques exigent l’emploi de la nouvelle dynamique pour donner des solutions en accord avec les faits.

19. Les petits écarts à la loi de Prout. — La relation (12) d’inertie de l’énergie comporte d’autres conséquences remarquables. On sait que l’hypothèse de l’unité de la matière, d’après laquelle les atomes seraient construits à partir d’un élément fondamental, probablement l’hydrogène, comporterait, au point de vue de la mécanique rationnelle, la conséquence connue sous le nom de loi de Prout, d’après laquelle les masses atomiques de tous les éléments devraient être des multiples entiers de celle de l’hydrogène. L’unité de la matière semble d’ailleurs de plus en plus vraisemblable : les transformations radioactives nous montrent que des atomes lourds peuvent émettre successivement plusieurs atomes d’hélium en se simplifiant d’autre part. Sir Ernest Rutherford vient de montrer que le choc d’une particule alpha (atome d’hélium lancé pendant la transmutation spontanée d’atomes radioactifs) contre le noyau d’un atome d’azote en peut détacher un atome d’hydrogène. Enfin les cas comme celui du chlore (masse atomique 35, 5) où un écart important existe avec un multiple entier de l’hydrogène semblent devoir s’expliquer par l’existence d’un mélange d’éléments isotopes doués des mêmes propriétés chimiques mais de masses atomiques différentes. La méthode des rayons positifs imaginée par Sir Joseph Thomson vient en effet de permettre le dédoublement du chlore en deux éléments isotopes de masses atomiques très voisines de 35 à 37, ainsi que celle du néon en deux éléments de masses 19 et 21. Mais les travaux de Stas ont montré que de petites différences subsistent, que les masses atomiques des éléments les plus simples sont très voisins de multiples entiers de celle de l’hydrogène. Or il suffit d’admettre que la formation d’atomes complexes à partir de l’élément simple s’accompagne de variations d’énergie interne par rayonnement du même ordre que celles auxquelles nous assistons au cours des transformations radioactives, pour rendre compte quantitativement de ces écarts par application de la formule (12), d’après laquelle la variation de masse s’obtient en divisant par le carré de la vitesse de la lumière la variation d’énergie interne par rayonnement.

II.

La Relativité Généralisée.

20. La pesanteur de l’énergie. — Si l’on réfléchit d’ailleurs que cette inertie de l’énergie donne l’interprétation la plus simple de la pression de rayonnement puisque l’énergie, si elle est inerte, doit quand elle se propage sous forme de rayonnement transporter de la quantité de mouvement, et par conséquent pousser les obstacles qu’elle rencontre et donner lieu au recul d’une source qui rayonne de manière non symétrique, on voit quelle puissance de simplification et d’explication possède la nouvelle dynamique, la seule qui soit compatible avec les équations de l’électromagnétisme. Une remarque très simple va nous servir de transition entre la relativité restreinte, grâce à laquelle les résultats précédents ont été obtenus, et le développement tout à fait général que M. Einstein vient de donner aux conséquences du principe de relativité. Nous venons de voir vérifiée par les faits la loi d’inertie de l’énergie, la variation de masse d’un corps avec son énergie totale. Mais, d’autre part, les expériences les plus précises, celles d’Eotvös en particulier qui ont atteint le vingt-millionième, montrent que le poids d’un corps est exactement proportionnel à sa masse, que l’accélération de la pesanteur est la même pour tous les corps. Si donc la masse (inertie) change avec l’énergie interne, le poids doit changer aussi exactement dans le même rapport : si l’énergie est inerte, elle doit être en même temps pesante. Nous pouvons remarquer en particulier que les petits écarts sur les masses atomiques, résultant des variations d’énergie interne pendant la formation des atomes, se constatent en réalité au moyen de mesures de poids. Il est donc vraisemblable que l’énergie rayonnante, la lumière en particulier, qui se comporte comme inerte, doit se comporter comme pesante, d’où l’idée qu’un rayon lumineux doit s’incurver dans un champ de gravitation. La première forme sous laquelle cette idée a été développée par M. Einstein se présentait de manière naturelle, au moins en apparence. On pouvait supposer que la lumière serait déviée comme un mobile se mouvant avec la vitesse V. L’énormité de cette vitesse fait que la courbure dans le champ de pesanteur terrestre serait absolument insensible. Le Soleil, au contraire, possède une masse suffisante pour dévier appréciablement un rayon lumineux passant à proximité suffisante. Un calcul très simple, la recherche de l’angle des asymptotes de la trajectoire hyperbolique suivie par un mobile dont la vitesse à grande distance du Soleil serait V, montre que la déviation produite a pour valeur

(16)

où G est la constante de la gravitation, M la masse du Soleil, R la distance minimum de la trajectoire au centre du Soleil. Pour un rayon passant exactement au bord du Soleil, l’emploi des valeurs connues pour les quantités figurant dans la formule (16) donne pour a la valeur

Une étoile voisine du bord du Soleil devrait donc en paraître plus éloignée qu’elle n’est en réalité, d’une quantité un peu inférieure à une seconde d’arc, c’est-à- dire accessible à l’expérience pendant une éclipse totale qui permet seule de photographier les étoiles voisines du bord du Soleil. Des expéditions, empêchées par la guerre, avaient été prévues pour vérifier ce fait sur l’éclipse totale du 19 août 1914. Depuis cette époque, M. Einstein a réussi de manière complète à développer les conséquences du principe de relativité sous sa forme la plus générale et s’est trouvé conduit, à la fin de 1915, en suivant la voie que je vais essayer d’indiquer brièvement à prévoir une déviation exactement double de celle qu’il avait obtenue par ce raisonnement provisoire, soit 1"74 pour une étoile vue tout près du bord du Soleil. On peut tout d’abord remarquer que ce raisonnement simpliste présente ce même caractère hybride que nous avons reconnu à la théorie optique de Fresnel : il associe le point de vue de la propagation des ondes lumineuses, exactement régi par les lois de l’électromagnétisme qui se conservent pour les transformations du groupe de Lorentz et sont l’expression pure de la notion des actions de proche en proche à travers l’espace, avec celui de la mécanique rationnelle, celui des actions instantanées à distance, en appliquant la loi de gravitation de Newton. Ici encore la vérité se trouve dans le développement logique des idées fondamentales.

21. Le boulet de Jules Verne. — La gravitation se trouvant ainsi, pour la première fois, amenée en contact ou en liaison avec les phénomènes électromagnétiques ou optiques par l’idée que la lumière ou l’énergie rayonnante doit se comporter comme pesante, M. Einstein en déduit naturellement que, pour des observateurs liés à la Terre, l’expression immédiate des faits qui se passent à leur voisinage doit être que la lumière ne se propage pas en ligne droite, pas plus qu’un mobile lancé et abandonné à lui-même ne se meut d’un mouvement rectiligne et uniforme, ne satisfait à la loi d’inertie, puisqu’il est dévié par la pesanteur. Le champ de pesanteur nous apparaît comme la cause commune de ces écarts à partir des lois simples prévues par la théorie de la relativité restreinte pour un Univers régi par les lois de l’électromagnétisme sous leur forme habituelle et que nous appellerons un Univers euclidien à cause de l’analogie signalée plus haut avec la géométrie euclidienne. Un Univers euclidien est caractérisé par le fait qu’il existe une infinité de systèmes de référence, en mouvement de translation uniforme les uns par rapport aux autres, pour lesquels nos postulats fondamentaux sur la propagation isotrope de la lumière, sur la possibilité d’une mesure optique du temps et sur l’exactitude des lois de l’électromagnétisme sont vérifiés. Dans un tel Univers et pour les systèmes de référence appropriés, la lumière se propage en ligne droite et un mobile libre se meut d’un mouvement rectiligne et uniforme. L’Univers réel ne remplit pas ces conditions, au moins pour un système de référence lié à la Terre. Il pourrait cependant les remplir par rapport à d’autres systèmes en mouvement convenable (autre qu’une translation uniforme) par rapport à la Terre, et être par suite euclidien. On peut en effet trouver, au moins localement, c’est-à-dire pour une région de l’Univers suffisamment limitée dans l’espace et dans le temps, une solution à cette question par l’intermédiaire du boulet de Jules Verne. A l’intérieur d’un projectile lancé sans rotation et par conséquent se mouvant en chute libre, la pesanteur n’existe pas et l’Univers est euclidien. En effet, tous les objets qu’il peut renfermer étant soumis, en vertu de la loi de constance de g rappelée plus haut, à une même accélération d’ensemble, tombant tous de la même manière et indépendamment les uns des autres, il n’y a ni haut ni bas pour des observateurs intérieurs au projectile et aucun effort n’est nécessaire pour maintenir un corps libre immobile par rapport aux parois. Pour un système de référence lié à ces parois, la pesanteur a disparu, un mobile libre se meut d’un mouvement rectiligne et uniforme, et il est naturel d’admettre que la lumière à l’intérieur se propage en ligne droite, que l’Univers est euclidien. L’emploi d’un système de référence en mouvement uniformément varié par rapport à la Terre permet donc de supprimer le champ de gravitation, mais il est visible que ce résultat n’est obtenu que localement puisque le champ de gravitation terrestre n’est pas uniforme. Pour un boulet de Jules Verne voisin d’un point de la Terre, le champ de pesanteur n’existe pas à son intérieur ni à son voisinage immédiat, mais il existe à distance là où g commence à varier appréciablement en grandeur ou en direction. Nous exprimerons ce fait en disant qu’il y a un Univers euclidien tangent en tout point et en tout lieu à l’Univers réel : c’est dans une petite étendue autour d’eux celui d’observateurs en chute libre et sans rotation rapportant les événements à des axes qui leur sont liés. Cette notion est, comme nous allons le voir, tout à fait voisine de celle que Gauss a mise à la base de sa théorie des surfaces en admettant l’existence en tout point d’une surface d’un plan tangent confondu avec la surface dans une étendue infiniment petite pour laquelle la géométrie est la géométrie plane conforme en particulier au postulatum d’Euclide, alors que, pour une étendue finie considérée sur la surface, les lignes qu’on y peut tracer n’obéissent pas aux lois de la géométrie euclidienne : les géodésiques ou lignes de plus courte distance n’y sont pas des droites et leurs propriétés correspondent, comme on voit, à une géométrie qui n’est pas euclidienne à moins que la surface ne soit développable, applicable sur un plan. Le fait essentiel qui résulte de la remarque précédente est que, étant donnés deux événements infiniment voisins, il existe des systèmes de référence, ceux d’observateurs en chute libre au voisinage immédiat de ces événements, par rapport auxquels peut se mesurer, au sens de la relativité restreinte, l’élément invariant d^ que nous avons rappelé la possibilité d’action de ces deux événements. De la même manière l’hypothèse de Gauss sur l’existence du plan tangent en tout point d’une surface comme celle de la Terre permet d’appliquer aux mesures faites dans une étendue limitée la géométrie euclidienne du plan et, en particulier, d’exprimer la longueur ds d’un arc de courbe infiniment petit tracé sur la surface en l’assimilant à un élément de droite situé dans le plan tangent. Mais inversement, si l’emploi d’un système de référence approprié permet de faire disparaître le champ de gravitation dans une région limitée de l’Univers, l’emploi d’un système de référence en mouvement quelconque est exactement équivalent à l’introduction d’un champ de gravitation approprié, toujours comme conséquence de la proportionnalité du poids des corps à leur inertie, de la masse de gravitation à la masse mécanique. Reprenons en effet l’exemple du boulet de Jules Verne et supposons qu’au lieu de le laisser en chute libre, nous lui communiquions, par l’intermédiaire d’une corde par exemple, une accélération d’ensemble par rapport à la chute libre. Les objets intérieurs ne pourront suivre ce mouvement qu’à condition d’être soumis de la part de la paroi à une force convenable ; ils devront être poussés par cette paroi et viendront presser contre elle du côté opposé à celui où est attachée la corde. Il y aura de nouveau un haut et un bas et les observateurs intérieurs au boulet pourront croire qu’ils sont au repos dans un champ de gravitation proportionnel à l’accélération communiquée à la paroi par la corde. Si même ils regardent au dehors et voient la corde tendue, ils pourront se croire suspendus par cette corde et immobiles dans ce même champ de gravitation. Il y a ainsi équivalence, comme dit M. Einstein, entre un champ de gravitation uniforme et une accélération d’ensemble du système de référence. On peut aller plus loin et supposer le système de référence en mouvement quelconque à condition d’introduire un champ de gravitation non uniforme et convenablement distribué : il suffit en chaque point d’admettre un champ de gravitation d’intensité égale à l’accélération en ce point du système de référence par rapport à des axes en chute libre et sans rotation. Un point matériel libre, qui se meut en ligne droite par rapport à ces derniers, se mouvra par rapport au système de référence exactement comme il le ferait s’il était soumis à l’action du champ de gravitation indiqué, et nous admettrons qu’il en sera de même pour un rayon lumineux. Champ de gravitation et mouvement quelconque du système de référence sont donc indiscernables au point de vue physique. L’emploi d’un système de référence en rotation par rapport à des axes de Galilée, comme par exemple l’emploi d’axes liés à la Terre, est équivalent à l’introduction d’un champ de gravitation distribué exactement comme l’accélération centrifuge, comme le champ de force centrifuge. Et nous savons que sur la Terre par exemple la mesure de g faite par un procédé quelconque, dynamique ou statique, pendule ou peson, nous fournit toujours un même résultat que seules des considérations théoriques nous conduisent à décomposer en un champ de force centrifuge et un champ newtonien. Rien ne différencie l’un de l’autre au point de vue de leur influence sur les phénomènes sensibles à leur action, mouvement d’un point matériel, propagation de la lumière, etc. Nous voici donc conduits à l’énoncé suivant d’un principe de relativité généralisé :

" A condition d’introduire un champ de gravitation convenablement distribué, il est possible d’énoncer les lois de la Physique sous une forme complètement indépendante du système de référence ".

Tout se passe pour un système de référence en rotation comme s’il était en translation et comportait un champ de gravitation distribué comme le champ de force centrifuge. La remarquable puissance du principe ainsi énoncé tient à la possibilité de le traduire analytiquement de la manière suivante, qui exprime le même fait sous une forme plus précise :

" Les équations qui régissent les lois des phénomènes physiques en présence d’un champ de gravitation quelconque doivent conserver leur forme quand on change d’une manière quelconque le système de référence employé ".

Cette condition d’invariance généralisée limite extraordinairement les formes possibles pour les lois de l’Univers. Grâce à l’introduction du calcul différentiel absolu créé antérieurement par MM. Ricci et Levi-Civita, et qui permet de former les combinaisons jouissant de la propriété requise, M. Einstein a pu déterminer la forme générale des équations de la mécanique et de l’électromagnétisme en présence d’un champ de gravitation quelconque et pour un système de référence quelconque à partir de la forme particulière connue pour l’univers euclidien, c’est-à-dire en l’absence de tout champ de gravitation. Ceci est la traduction mathématique du fait signalé plus haut que les mesures faites à partir d’un système de référence quelconque et dans un champ de gravitation quelconque peuvent se déduire dans chaque région infiniment petite des mesures faites dans un univers euclidien, celui d’observateurs en chute libre dans la région considérée.

22. La loi de gravitation. — Il restait une dernière étape à franchir. Si l’énergie est sensible au champ de gravitation, comme la masse dans la théorie newtonienne, elle doit aussi contribuer à le produire ou à le modifier. La distribution du champ de gravitation doit être déterminée par celle de l’énergie présente exactement comme Newton prévoit suivant quelle loi le champ de gravitation est déterminé par la distribution des masses attirantes. Il s’agit de trouver la relation qui doit remplacer la loi du carré de la distance traduite analytiquement par l’équation de Poisson

(17)

où phi est le potentiel de gravitation, G la constante de la gravitation et rho la densité en volume des masses attirantes. La loi cherchée doit satisfaire, comme toutes celles de la Physique, à la condition de conserver sa forme pour un changement quelconque du système de référence. En y joignant la condition de comporter la loi de Newton comme première approximation, au même titre que la mécanique de la relativité comporte la mécanique rationnelle comme forme limite pour V infini, M. Einstein a pu déterminer exactement l’expression analytique de cette loi. En vertu de cette loi, l’énergie présente dans l’Univers, sous forme de matière ou de rayonnement, détermine en tout point la distribution du champ de gravitation et par suite la façon dont s’y propage la lumière. Toutes les possibilités de mesure, y compris celles de l’espace et du temps se trouvant liées à la manière dont se fait cette propagation, on voit que les propriétés même de l’espace au point de vue géométrique ou cinématique sont influencées par l’énergie présente et l’Univers réel n’est pas euclidien dans son ensemble, si l’on peut le considérer comme tel dans chaque région infiniment petite. Le mouvement d’un point matériel libre dans cet Univers et la trajectoire d’un rayon lumineux sont déterminés d’autre part, dès que l’on connaît la distribution du champ de gravitation, par les lois générales de la mécanique et de l’optique conformes au principe de relativité généralisé. En particulier, le mouvement d’un point libre y est encore régi par la condition d’action stationnaire donnée par la formule (8), où l’élément d^ d’une ligne d’univers est défini en chaque point par des observateurs en chute libre, c’est-à-dire dans l’univers euclidien tangent à ce point à l’Univers réel, comme l’arc élémentaire d’une courbe tracée sur une surface est défini par des mesures euclidiennes faites. dans le plan tangent. Cette condition (8) a par conséquent le caractère d’invariance requis par le principe de relativité généralisé et l’on peut l’exprimer en disant que la ligne d’univers d’un point matériel libre est une géodésique de l’Univers réel. Le trajet d’un rayon lumineux s’obtient de manière analogue puisque la lumière doit se propager en ligne droite avec la vitesse V pour les observateurs en chute libre voisins d’un point donné quelconque du rayon. Connaissant en chaque point le champ de gravitation, on peut déterminer la courbe cherchée par cette condition qui, comme la précédente, possède évidemment un caractère d’invariance, son énoncé étant indépendant de tout système particulier de référence. Le passage d’un système quelconque à un autre aurait seulement pour effet de changer la distribution du champ de gravitation à admettre et par conséquent la forme des trajectoires ou des rayons qui en résultent, de la manière exigée par l’emploi d’axes en mouvement quelconque par rapport aux premiers. Les résultats obtenus par M. Einstein sont d’ailleurs plus généraux encore que je ne l’indique ici, où je m’efforce surtout d’insister sur l’aspect physique des idées. Les lois obtenues restent exactes même lorsqu’on emploie pour repérer chaque événement quatre coordonnées quelconques ne correspondant plus à la décomposition de l’univers cinématique en espace et temps, exactement comme on peut employer pour repérer les points d’une surface ou d’un espace à trois dimensions un système quelconque de coordonnées curvilignes non orthogonales. Il n’est pas nécessaire de s’élever à ce degré d’abstraction pour comprendre ce qui suit.

23. Le champ de gravitation d’un centre. — L’application la plus immédiate de la loi, conforme au principe de relativité généralisé, suivant laquelle le champ de gravitation est déterminé, est relative au cas d’une seule masse attirante centrale comme le Soleil et au mouvement possible d’un point matériel ou au trajet d’un rayon lumineux dans le champ ainsi défini. Il suffit pour cela de prendre les équations qui expriment la loi de distribution dans le vide et de chercher si elles admettent une solution analogue à la solution G*m/r pour le potentiel de gravitation autour d’une masse centrale m, M. Einstein a pu les intégrer par approximations successives, et M. Schwarzschild en a donné la solution rigoureuse. Cette solution s’exprime de la manière suivante : si Ton utilise un système de référence lié au centre attirant avec un système de coordonnées sphériques r, theta, phi pour l’espace et une mesure optique t du temps, si les coordonnées de deux événements infiniment voisins diffèrent de dr, d theta, d phi, dt pour ce système de référence, le champ de gravitation est tel que l’élément de temps propre d tau ou le ds/V pour des observateurs en chute libre dans leur univers euclidien au voisinage immédiat de ces événements est donné par

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle ds^2 = V^2*d tau^2 = (V^2 — 2*G* \frac{M}{r}*dt^2 — [1— \frac{2*G*M}{V^2*r}]^(-1) * dr^2 — r^2*sin^2(theta)*d phi^2}
(18)

où M représente la masse du corps attirant, du Soleil par exemple.

24. Le mouvement des planètes. — Partant de là, on peut facilement trouver par la condition (8) le mouvement d’un point libre lancé dans ce champ de gravitation. Il suffît de chercher les géodésiques d’une multiplicité à quatre dimensions ayant l’élément d’arc donné en fonction des coordonnées par la formule (8). Le calcul est très simple et donne pour résultat un mouvement analogue à celui fourni par la loi de Newton mais un peu plus complexe. Au lieu d’une ellipse fixe (dans le cas où la trajectoire reste à distance finie), on trouve une ellipse qui tourne dans son plan autour du centre d’attraction avec une vitesse angulaire (mouvement du périhélie) donnée en fraction de tour par période par la formule

(19)

où a est le demi-grand axe de l’ellipse, e son excentricité. En donnant aux constantes les valeurs suivantes, qui correspondent au Soleil comme centre d’attraction et aux éléments a et e de la planète Mercure :

et en prenant 88 jours pour la durée de révolution, on trouve au moyen de la formule (19) une rotation du périhélie de 429 par siècle,

25. Le mouvement de Mercure. — Or la planète Mercure, depuis bientôt un siècle que Le Verrier en a établi la théorie, fait le désespoir des astronomes par suite d’un désaccord entre le mouvement observé de son périhélie et les prévisions de la mécanique céleste de Newton en tenant compte des perturbations dues aux autres planètes, Vénus en particulier. Ce désaccord est exactement de 43 secondes d’arc par siècle, et l’on a vainement tenté de l’expliquer par l’hypothèse de planètes intramercurielles que les astronomes ont cherché à voir passer sur le disque du Soleil. Il est tout à fait remarquable que, sans introduction d’aucune hypothèse ou constante arbitraire, par le développement nécessaire de l’idée fondamentale, la théorie de relativité généralisée apporte la solution si longtemps cherchée. La nouvelle mécanique céleste fondée sur la loi de gravitation représentée par l’ensemble des formules (8) et (18) se développe en ce moment de divers côtés. Elle n’introduit aucune difficulté en ce qui concerne les planètes autres que Mercure et semble devoir également combler les lacunes qui subsistaient dans la théorie de la Lune conforme à l’ancienne mécanique céleste.

26. La déviation de la lumière. — La formule (18) permet, comme je l’ai indiqué, de trouver le trajet d’un rayon lumineux qui reste déterminé par la condition de Fermât ou de temps minimum. On n’obtient pas une ligne droite, mais une trajectoire incurvée vers le centre d’attraction, avec une déviation totale donnée par l’expression

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \scriptstyle alpha’= \frac{4*G*M}{R*V^2}}
(20)

double exactement, comme je l’ai déjà dit, de la valeur donnée par la formule (16). On prévoit ainsi pour une étoile vue près du bord du Soleil une déviation vers l’extérieur égale à 174 et variant en raison inverse de la distance au centre du Soleil pour les étoiles plus éloignées. Les astronomes anglais de Greenwich et d’Oxford ont organisé de manière remarquable deux expéditions destinées à vérifier l’exactitude de ce résultat en profitant de l’éclipsé totale qui devait avoir lieu le 29 mai 1919. La zone de totalité traversait l’Atlantique au voisinage de l’Equateur, Commençant dans l’Amérique du Sud, pour finir en Afrique. Les conditions étaient particulièrement favorables, plusieurs étoiles brillantes devant être voisines du Soleil pendant l’éclipsé. Une première expédition se rendit à Sobral, au Brésil et réussit à prendre une dizaine de photographies pendant les 5 ou 6 minutes que dura la totalité. L’éclipsé ayant eu lieu le matin, le mouvement rétrograde du Soleil par rapport aux étoiles fit en sorte qu’au bout de deux mois environ la même région du ciel fut visible de nuit et put être de nouveau photographiée avec les mêmes appareils pour permettre la comparaison. Le déplacement moyen ramené au bord du Soleil fut trouvé égal à l98. L’autre expédition s’installa dans la petite île portugaise de Principe, sur la côte ouest d’Afrique et rencontre des conditions moins favorables, le ciel ne s’étant découvert qu’aux derniers instants de l’éclipsé. Néanmoins les clichés obtenus ont donné pour la déviation ramenée au bord en tenant compte de la relation (20) la valeur 1 « 6o±o » 3. Il est remarquable que la moyenne entre les résultats des deux expéditions, 1"79, coïncide exactement avec la valeur prévue. L’accord existe non seulement en moyenne, mais aussi dans les déplacements individuels observés sur les diverses étoiles et qui varient suivant la loi prévue avec leur distance au centre du Soleil. La déviation en raison inverse de la distance au centre du Soleil, avec la grandeur exactement conforme au chiffre prévu, ne peut d’ailleurs pas s’expliquer par l’hypothèse d’une réfraction due à l’existence d’une atmosphère ou de matière cosmique autour du Soleil, et s’étendant jusqu’aux distances pour lesquelles les mesures ont été faites. Il est facile, en effet, de chercher quelle densité devrait avoir une telle atmosphère pour produire l’effet observé en la supposant constituée par les gaz dont nous connaissons l’existence à la surface du Soleil. On trouve ainsi que la densité, à une distance du bord du Soleil égale à son rayon, devrait être égale environ au centième de la densité de notre atmosphère terrestre au voisinage du sol. L’énormité des distances traversées à travers un tel milieu par la lumière venant des étoiles vues au voisinage du Soleil est telle que. par diffusion analogue à celle qui donne le bleu du ciel, cette lumière serait considérablement affaiblie dans sa direction primitive. Au contraire, l’expérience montre que l’éclat des étoiles n’est pas modifié de manière appréciable par la proximité du Soleil. D’autre part, des comètes ont été suivies dans ces régions et n’ont manifesté aucun ralentissement sensible alors que la matière si ténue qui les compose éprouverait une résistance énorme au passage de la part d’une atmosphère de cette densité. Voici donc une série de faits expérimentaux qui imposent à l’attention de tous la théorie de relativité. Sa pleine intelligence demande un grand effort:il faut se dégager d’habitudes ancestrales dont notre langage est tout imprégné; il faut remanier ces catégories du temps et de l’espace que nous considérions comme des formes nécessaires de notre pensée. Nous ne devons pas être surpris de constater que des moyens d’investigation expérimentale plus précis nous conduisent à cette nécessité : nos idées sont formées par l’expérience du passé, personnelle ou héréditaire, et leur adaptation progressive aux faits, douloureuse parfois mais toujours saine et fortifiante, ne saurait être éludée.

TABLE DES MATIERES

I

La Relativité restreinte.

1. La relativité en mécanique 2. L’Univers cinématique 3. La mécanique rationnelle 4. La relativité en physique 5. L’expérience de Michelson et la contraction de Lorentz 6. La cinématique nouvelle et le groupe de Lorentz 7. Actions à distance et actions de contact 8. La composition des vitesses 9. Les rayons beta du radium 10. L’entraînement des ondes 11. Le temps et l’espace relatifs 12. La possibilité d’influence ou d’action 13. La loi d’inertie ou d’action stationnaire 14. Le temps propre 15. La dynamique de la relativité 16. Variation de la masse avec la vitesse 17. Vérifications expérimentales 18. La structure des raies de l’hydrogène 19. Les petits écarts de la loi de Prout

II

La Relativité généralisée.

20. La pesanteur de l’énergie 21. Le boulet de Jules Verne 22. La loi de gravitation 23. Le champ de gravitation d’un centre 24. Le mouvement des planètes 25. Le mouvement de Mercure 26. La déviation de la lumière