« L’Éducation des adolescents au XXe siècle/Volume I/APPENDICE » : différence entre les versions

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Version du 20 novembre 2016 à 21:03

Félix Alcan (Volume ip. 149-156).

de l’une ne saurait suppléer aux défaillances de l’autre. Cette vigilance d’ailleurs, comment s’exercerait-elle d’une manière continue ? Peut-on ausculter et palper les jeunes gens avant et après chaque séance ? Et, l’apprentissage terminé, imagine-t-on que l’homme, soucieux de son entretien, va courir chez le médecin, si même celui-ci se trouve à portée, pour se faire permettre et doser l’exercice auquel il désire se livrer ?

À un autre point de vue, on doit reconnaître que le recours trop fréquent à la science et à l’autorité médicales, parfois pernicieux pour les malades eux-mêmes, constitue pour les bien-portants un véritable germe de déchéance et ouvre la porte à la pire des inerties, à l’égoïsme, à la poltronnerie.

L’hygiène, telle que nous la concevons, est l’art pour chacun d’entretenir son propre auto, d’en tirer le meilleur rendement possible en puissance et en durée, et de remédier sur place et sans délai aux pannes légères qui surviennent à l’improviste.

Les lavages, les repas et le sommeil sont, hygiéniquement parlant, les actes fondamentaux de notre existence quotidienne. Pourquoi se laver, de quoi se nourrir, comment dormir, voilà des questions dont la solution est à la portée de tout le monde.

La connaissance des doubles fonctions de la peau — respiratoire et éliminatoire, — ainsi que des effets variés produits par l’application de l’eau, selon la température et l’état dans lequel se trouve le corps, permettra à chacun de saisir et d’apprécier la valeur du bain, du tub, de la douche en jet, de la douche en pluie — froids, chauds ou tièdes.

De même l’étude des phénomènes digestifs et nutritifs impliquera la compréhension de ce que doit être une alimentation normale et saine.

De même enfin, quiconque se rendra compte du mécanisme de la décomposition de l’air et de l’émission de produits toxiques par l’être vivant admettra la nécessité d’organiser l’aérage de la chambre où il dort.

Tel est, pour en revenir à notre comparaison automobiliste, le principe de la triple surveillance à exercer par le mécanicien sur sa machine. Quant aux pannes auxquelles ce dernier devra savoir remédier, ce sont : les refroidissements bénins, rhumes de cerveau persistants, rhumes de poitrine et maux de gorge, les courbatures simples, les douleurs névralgiques accidentelles, les migraines, les embarras gastriques, les écorchures, les clous ou furoncles, etc..… Entre recourir au médecin pour de tels bobos ou les traiter par le mépris, il y a un juste milieu.

L’opportunité d’une inhalation au menthol ou d’un gargarisme au borate de soude, la confection d’un cataplasme à la moutarde, l’application d’un rigolo, l’emploi de frictions à l’alcool, tout cela relève de l’initiative individuelle et ne sort pas du domaine qu’elle doit logiquement et raisonnablement se réserver.

Les éléments d’observation courante qui se trouvent à la disposition de chacun sont : la température, le pouls, l’examen des selles et de l’urine. En ce qui concerne notamment l’exploit sportif, l’urine émise dans les vingt heures qui suivent la cessation de l’exercice[1] indique, selon qu’elle demeure limpide ou se trouble et que s’y décèle la présence de dépôts briquetés ou blanchâtres, si la dose d’exercice est restée en proportion avec l’état d’entraînement du sujet.

Il y a encore les procédés anthropométriques. Mais ceux dont on peut faire usage soi-même se restreignent aux mensurations externes et ne présentent par là même qu’un intérêt limité et occasionnel.

Quand et comment trouvera-t-on possible d’organiser sur ces bases un enseignement hygiénique d’un caractère pratique ? Ce n’est pas à nous de le dire. Il pourra être annexé ou non à l’enseignement de la gymnastique utilitaire. Les circonstances décideront. Mais l’important c’est qu’on le crée parce que de l’observation intelligente des lois de l’hygiène dépend, pour une large part, le bienfait des méthodes dont ce manuel contient l’exposé.

APPENDICE


Nous avons réuni ici quelques notes susceptibles d’être utilisées pour la pratique de la gymnastique utilitaire et qui pourtant ne paraissaient pas à leur place dans le manuel lui-même.

L’escrime à cheval

On désigne à tort sous ce nom la rencontre dans une piste circulaire de deux cavaliers munis de sabres et galopant parfois en poursuite mais le plus souvent en sens inverse ; le maniement du cheval tient dans cet exercice un rôle prépondérant. Ce serait plutôt de « l’équitation armée ». Dans ce que nous appelons l’escrime à cheval au contraire, les cavaliers se placent côte à côte, cherchant des « phrases » tout comme dans l’escrime à pied. Ils débutent de pied ferme, puis s’exercent au pas, au petit trot, au trot allongé ; la difficulté, très minime au début, va de la sorte toujours en croissant.

Trois formes d’escrimes sont utilisables à cheval avec profit et sans inconvénient : le sabre, la canne et la boxe. Avec profit car il en résulte une amélioration immédiate de l’assiette, l’acquisition d’une salutaire confiance et la disparition des raideurs locales ; sans inconvénients car ni la révolte du cheval n’est à craindre ni le contact de l’arme. Le cheval moyen s’accoutume avec une étonnante rapidité au cliquetis du fer et même aux très légers horions qu’il reçoit çà et là. Inquiet au premier moment, il ne tarde pas à comprendre que « ce qui se passe là haut » n’est pas son affaire et que ce n’est pas à lui qu’on en a. Dès ce moment l’homme peut donner aux mouvements de l’adversaire les deux tiers de son attention et se contenter de consacrer le reste à sa monture (excellente condition pour progresser dans un sport — l’équitation — où, comme nous l’avons déjà dit, l’attention concentrée engendre presque infailliblement la maladresse nerveuse). Quant aux coups reçus, ils ne dépassent pas la dose de rudesse qui convient dans un sport viril ; la boxe anglaise et le foot-ball sont, en tous cas, beaucoup plus durs[2].

L’escrimeur à cheval doit s’exercer à passer rapidement son sabre d’une main dans l’autre ; mais comme la tenue des rênes complique singulièrement le mouvement et l’empêchera parfois de s’accomplir avec une prestesse suffisante, il doit aussi pratiquer les parades croisées. C’est là une des principales originalités de l’escrime à cheval. Si votre adversaire a réussi par exemple à prendre votre gauche tandis que vous avez le sabre dans la main droite et qu’un peu en recul de vous, il vous serve une attaque de dos, force vous sera de lui opposer une prime croisée. Que, s’avançant alors, il vous attaque à la cuisse après une feinte de figure, vous parerez au moyen d’une sixte basse, la main presque au niveau du genou de façon à protéger non seulement votre cuisse mais aussi l’encolure de votre cheval, à moins que, les chevaux ne « collant », vous n’en profitiez pour un corps à corps qui, en bien des cas, constituera la meilleure des parades. Les ressources de l’escrime à cheval sont infinies parce que les mouvements dirigés aussi bien que les mouvements spontanés des animaux modifient à tout instant la position des adversaires l’un vis-à-vis de l’autre et qu’en même temps la marche couplée les empêche de perdre contact. Ainsi la « phrase » peut se dérouler avec continuité et imprévu tout à la fois.

La canne permet à peu de choses près les mêmes exercices que le sabre. Il ne faut pas employer une canne dure et lourde de même qu’un sabre léger ne convient pas. On doit toujours se garder de l’artificiel et viser à se rapprocher des conditions utilitaires de la vie quotidienne. Un sabre de combat est une arme d’un certain poids : par contre le cavalier civil a en mains un stick cinglant et léger : c’est celui-là qu’il doit s’exercer à manier d’une façon effective. À remarquer que la parade doit être exécutée avec d’autant plus de force ; ce sera une contre-attaque plutôt qu’une parade.

Quant à la boxe, si elle ne comporte pas d’attaques ni de parades croisées (les premières n’atteindraient pas l’adversaire et les secondes seraient, dans la majorité des cas, inefficaces) elle permet de magnifiques esquives qui constituent une excellente gymnastique équestre. Esquivez une attaque à la tête en vous penchant sur l’encolure du côté de l’adversaire et ripostez de tout votre poids au flanc… voilà un coup d’un emploi aussi fréquent qu’avantageux. Les gants de boxe à cheval doivent être à doigts séparés ; il faut

  1. Voir le Manuel d’hygiène athlétique de l’Union des Sports athlétiques. (Alcan, éditeur).
  2. On doit s’abstenir des coups de pointe et porter des masques spéciaux couvrant bien la tête et aussi la nuque. Une chemise de flanelle, une veste d’escrime tout entière en forte toile, une culotte résistante et des gants de fleuret avec l’intérieur en peau tannée complètent l’équipement désirable.