« Page:Tolstoï - Résurrection, trad. Wyzewa, 1900.djvu/62 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
YannBot (discussion | contributions)
m Yann : ocr
 
YannBot (discussion | contributions)
m Yann : ocr
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
W 'W
{{OCR en cours}}
58 nesunnecriox
à la jeune fille qui vivait auprès de lui, à demi pupille
de ses tantes, à demi femme de chambre, à cette souple,
légère, Katucl1a, avec ses yeux noirs. Eleve sous l’aile
de sa mère, il gardait encore, à dix-neuf ans, l’inn0cente
ingénuité d‘un enfant. Il ne rêvait des femmes qu’au
point de vue du mariage; et toutes celles qui, suivant
lui, ne pouvaient pas se marier avec lui, n’étaient pas
pour lui des femmes, mais simplement des « gens ».
Or, dans ce même été, la veille de l‘Ascension, une
dame du voisinagevint en visite chez les deux vieilles
demoiselles, accompagnée de ses enfants et d’un jeune
peintre de race paysanne, un ami de son fils. Après le
thé, les jeunes gens organiserent une partie de courses
sur un pré qui s’étendait devant la maison, et dont
l’horbe avait été récemment fauchée. Katucha fut invi-
tée à prendre part au jeu, et un moment arriva où
Nekhludov eut à courir avec elle. Elle était charmante,
et, comme tout le monde, il avait plaisir a la voir; mais
l’idée ne lui venait pas qu'entre elle et lui pût s’établir
aucune relation plus intime.
Ils devaient courir en se tenant par la main, suivant
la règle du jeu : et c`était le jeune peintre qui devait
essayer de les rattraper. « (Jh ! pensa celui·ci, j’aurai de
la peine à rejoindre ces deux-là! » ll courait cependant
fort bien, sur ses jambes de moujik, courtes et un peu
tordues, mais solidement musclées.
—— Une! Deux! Trois! — ll donna le signal en frappant
trois fois ses mains l'une contre l’autre. Katucha, sou-
riante, se rapprocha de Nekhludov, lui prit la main,
d`un robuste mouvement de sa petite main, et s’élança
légèrement sur la gauche; on entendait le froufrou de
s.>ujnpon empese.
Nckhludov, lui aussi, était bon coureur. Et comme il
tenait, lui aussi, a ne pas se laisser attraper par le
peintre, il ent vite fait de devancer Katucha et de se
trouver au bout du pré. Arrivé là, il se retourna et vit
que le peintre poursuivait Katucha; mais elle, jouant
des jambes, lui échappait et s'éloignait toujours davan- .
tage vers la gauche. Il y avait là un bouquet de sureau;

Version du 3 décembre 2008 à 00:15

Cette page n’a pas encore été corrigée

W 'W 58 nesunnecriox à la jeune fille qui vivait auprès de lui, à demi pupille de ses tantes, à demi femme de chambre, à cette souple, légère, Katucl1a, avec ses yeux noirs. Eleve sous l’aile de sa mère, il gardait encore, à dix-neuf ans, l’inn0cente ingénuité d‘un enfant. Il ne rêvait des femmes qu’au point de vue du mariage; et toutes celles qui, suivant lui, ne pouvaient pas se marier avec lui, n’étaient pas pour lui des femmes, mais simplement des « gens ». Or, dans ce même été, la veille de l‘Ascension, une dame du voisinagevint en visite chez les deux vieilles demoiselles, accompagnée de ses enfants et d’un jeune peintre de race paysanne, un ami de son fils. Après le thé, les jeunes gens organiserent une partie de courses sur un pré qui s’étendait devant la maison, et dont l’horbe avait été récemment fauchée. Katucha fut invi- tée à prendre part au jeu, et un moment arriva où Nekhludov eut à courir avec elle. Elle était charmante, et, comme tout le monde, il avait plaisir a la voir; mais l’idée ne lui venait pas qu'entre elle et lui pût s’établir aucune relation plus intime. Ils devaient courir en se tenant par la main, suivant la règle du jeu : et c`était le jeune peintre qui devait essayer de les rattraper. « (Jh ! pensa celui·ci, j’aurai de la peine à rejoindre ces deux-là! » ll courait cependant fort bien, sur ses jambes de moujik, courtes et un peu tordues, mais solidement musclées. —— Une! Deux! Trois! — ll donna le signal en frappant trois fois ses mains l'une contre l’autre. Katucha, sou- riante, se rapprocha de Nekhludov, lui prit la main, d`un robuste mouvement de sa petite main, et s’élança légèrement sur la gauche; on entendait le froufrou de s.>ujnpon empese. Nckhludov, lui aussi, était bon coureur. Et comme il tenait, lui aussi, a ne pas se laisser attraper par le peintre, il ent vite fait de devancer Katucha et de se trouver au bout du pré. Arrivé là, il se retourna et vit que le peintre poursuivait Katucha; mais elle, jouant des jambes, lui échappait et s'éloignait toujours davan- . tage vers la gauche. Il y avait là un bouquet de sureau;