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LE MANOIR

CHAPITRE IV

LES DEUX FIANCÉS


Le coude appuyé sur le bord de la table près de laquelle il était assis, et le front dans la main, DuPlessis paraissait absorbé depuis une dizaine de minutes dans des pensées mélancoliques, lorsqu’une porte opposée à celle par où étaient sortis Cambrai et Lavergne, s’ouvrit tout à coup et le tira de sa rêverie. La dame qu’il avait entrevue la veille dans une fenêtre, probablement sans en être aperçu lui-même, était là debout, immobile, les traits bouleversés par la surprise, et le regard inquiet fixé sur lui. Non moins affecté lui-même, il resta muet et comme paralysé sur sa chaise. Après un moment de silence aussi pénible pour l’un que pour l’autre, la dame dit avec un sentiment visible de malaise qu’il eût été difficile d’attribuer à l’émotion ou à la crainte et qui participait peut-être des deux :

— Vous ici ! Léon.

Ces paroles, prononcées par une voix qu’il avait bien connue, rappela DuPlessis à ses sens et il se leva vivement.

— Oui, moi ici, répondit-il presque en tremblant ; mais rassurez-vous, madame, je ne viens pas vous parler de moi ni de notre passé.

— Jusque-là, vous êtes bien aimable, monsieur DuPlessis, et je dois comprendre alors que ce n’est pas à moi que vous aviez à parler en venant ici ?

— Je suis bien peiné de vous contrarier, madame, mais, au contraire, ce n’est que pour vous parler, à vous-même, à vous seule, que je me suis rendu ici.