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KIMTKK DÉDICATOIRE. 2< »7

peuples in^riiiciix ne s’en avisrrciit jamais. On doit iiilV-ror de là

que les Chinois, les (irecs et les Homaiiis, sont les seuls peuples

anciens qui aient connu le véritable esprit de la société. Hien, eu

effet, ne rend les hommes plus sociables, n’adoucit i)his leurs

mœurs, Tie perfectionne plus leur raison, que de les rassend)ler

pour leur faire goûter ensemble les plaisirs purs de l’esprit : aussi

nous voyons qu’à peine Pierre le Grand eut policé la Russie et

bâti Pétersbourg, que les théâtres s’y sont établis. PlusrAlleniagiie. •.

s’est perfectionnée, et plus nous l’avons vue adopter nos spec- | ^^, u^jl^

tacles : le peu de pays où ils n’étaient pas reçus dans le siècle | uf^f^

passe n’étaient pas mis au rang des pays civilisés.

L’Orphelin de Tchao est un monument précieux qui sert plus à faire connaître l’esprit de la Chine que toutes les relations qu’on a faites et qu’on fera jamais de ce vaste empire. Il est vrai que cette pièce est toute barbare en comparaison des bons ouvrages de nos jours ; mais aussi c’est un chef-d’œuvre, si on le compare à nos pièces du xive siècle. Certainement nos troubadours, notre basoche, la société des enfants sans souci, et de la mère-sotte, n’approchaient pas de l’auteur chinois. Il faut encore remarquer ([ue cette pièce est écrite dans la langue des mandarins, qui n’a point changé, et qu’à peine entendons-nous la langue qu’on parlait du temps de Louis XII et de Charles VIII.

On ne peut comparer rOrphelln de Tehan qu’aux tragédies anglaises et espagnoles du \\\f siècle, qui ne laissent pas encore de plaire au delà des Pyrénées et de la mer. L’action de la pièce chinoise dure vingt-cinq ans, comme dans les farces monstrueuses de Shakespeare et de Lope de Vega, qu’on a nommées tragédies ; c’est un entassement d’événements incroyables. L’ennemi de la maison de Tchao veut d’abord en faire périr le chef en lâchant sur lui un gros dogue, qu’il fait croire être doué de l’instinct de découvrir les criminels, connue Jarepies Aymar, parmi nous, devinait les voleurs par sa baguette. Ensuite il suppose un ordre de l’empereur, et envoie à son ennemi Tchao une corde, du |)oison, et un poignard ; Tchao chante selon l’usage, et se coupe la gorge, en vertu de l’obéissance que tout homme sur la terre doit de droit divin à un empereur de la Chine. Le persécuteur lail mourir trois cents personnes de la nuiison de Tchao. La princesse, veuve, accouche de l’orphcliti. On (h’i’obe cet entant à la fureur de celui (|ui a exterminé toute la maison, et (jui veut encore l’aire périr au berceau le seul (|ui reste. Cet exterminateur ordonne (ju’on égorge dans les villages d’alentour tous les enfants, afin ([ue l’orphelin soit enveloppé dans la destruction générale.