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Et le petit Élias, riant, sémillant, embrasa |
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sur les deux joues, nasillait : |
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< Hé ! hé ! hé ! je savais bien …Je savais |
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bien que ces dames me recevraient … Chers |
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petits anges ! … hé ! hé ! hé ! … • |
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Au même instant, Gretchen entra, portant |
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sur un plateau de longs verres à pied, brillants |
sur un plateau de longs verres à pied, brillants |
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Le cou des deux bouteilles sauta ; Fragonard |
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tenait Tune, Horace l’autre ; toutes les |
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petites mains blanches s’étendirent vers eux |
petites mains blanches s’étendirent vers eux … |
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la mousse frémissante pétilla sur les lèvres |
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Vous peindre alors l’attendrissement des |
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petites dames … je ne le puis ; — la surprise |
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d’Horace, de Cyprien> de Fragonard … c’est |
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Horace, après avoir vidé son verre, se leva |
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rancunier. |
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« Ah ! monsieur l’ingénieur, s’écria-t-il |
« Ah ! monsieur l’ingénieur, s’écria-t-il |
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d’un accent pathétique, jamais ! … je suis trop |
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heureux d’être agréable à ces dames |
heureux d’être agréable à ces dames … J’ai |
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fait ce que j’ai pu, c’est vrai, mais ce n’était |
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que mon devoir … Vous êtes les bienfaiteurs |
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du pays … vous allez apporter chez nous le |
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commerce … Moi … j’aime le commerce ! … En |
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passant dans ces montagnes, ça me saignait |
passant dans ces montagnes, ça me saignait |
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le cœur depuis cinquante ans, de voir qu’une |
le cœur depuis cinquante ans, de voir qu’une |
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poule ne valait que douze sous au lieu de |
poule ne valait que douze sous au lieu de |
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quarante |
quarante … une planche dix sous au lieu de |
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l’abattre et d’en faire des bûches |
l’abattre et d’en faire des bûches … Je me disais : |
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Que d’argent perdu |
Que d’argent perdu … que d’argent perdu |
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pour ces pauvres gens ! … Ah ! s’il y avait des |
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chemins ! … ah ! si ces beaux chênes étaient |
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à Paris … ah ! si ces bœufs, ces vaches, ces |
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moutons arrivaient au marché de Poissy |
moutons arrivaient au marché de Poissy … |
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ah ! quelle fortune |
ah ! quelle fortune … quelle fortune ! … N’y |
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aura-t-il donc jamais moyen de transporter |
aura-t-il donc jamais moyen de transporter |
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ces choses ? |
ces choses ? … — Vous arrivez, monsieur l’ingénieur, |
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pour faire ce que le pauvre Élias désire |
pour faire ce que le pauvre Élias désire |
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depuis cinquante ans |
depuis cinquante ans … Ces chères petites |
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dames viennent vous tenir compagnie |
dames viennent vous tenir compagnie … ça |
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m’attendrit ! … Est-ce qu’il ne faudrait pas |
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avoir le cœur bien dur, pour ne pas accourir |
avoir le cœur bien dur, pour ne pas accourir |
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leur souhaiter la bienvenue ? » |
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trouve aussi des gens intelligents et dévoués |
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au progrès … Asseyez-vous donc près de M. le |
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maire, et videz un verre de votre vin de Champagne. |
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nous est nécessaire : revenez demain |
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causerons ! » |
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Élias, l’homme du progrès, et Zacharias s’en |
Élias, l’homme du progrès, et Zacharias s’en |
Version du 13 juin 2019 à 19:48
MAITRE DANIEL ROCK. 14 Et le petit Élias, riant, sémillant, embrasa sur les deux joues, nasillait : < Hé ! hé ! hé ! je savais bien …Je savais bien que ces dames me recevraient … Chers petits anges ! … hé ! hé ! hé ! … • Au même instant, Gretchen entra, portant sur un plateau de longs verres à pied, brillants comme le cristal. Élias n’avait rien oublié ! Le cou des deux bouteilles sauta ; Fragonard tenait Tune, Horace l’autre ; toutes les petites mains blanches s’étendirent vers eux … la mousse frémissante pétilla sur les lèvres roses. « Excellent ! dit Malvina. Oh ! c’est ça I Mais où est-il donc, le petit vieux ? » Élias était sorti ; il reparut avec quatre autres bouteilles, deux sous les bras, deux dans les mains. Vous peindre alors l’attendrissement des petites dames … je ne le puis ; — la surprise d’Horace, de Cyprien> de Fragonard … c’est impossible. Horace, après avoir vidé son verre, se leva de table et voulut faire asseoir Élias ; mais le vieux renard était trop fin pour y consentir. Il savait que l’ivresse est tolérante et le réveil rancunier. « Ah ! monsieur l’ingénieur, s’écria-t-il d’un accent pathétique, jamais ! … je suis trop heureux d’être agréable à ces dames … J’ai fait ce que j’ai pu, c’est vrai, mais ce n’était que mon devoir … Vous êtes les bienfaiteurs du pays … vous allez apporter chez nous le commerce … Moi … j’aime le commerce ! … En passant dans ces montagnes, ça me saignait le cœur depuis cinquante ans, de voir qu’une poule ne valait que douze sous au lieu de quarante … une planche dix sous au lieu de vingt … un arbre sur pied, que la peine de l’abattre et d’en faire des bûches … Je me disais : Que d’argent perdu … que d’argent perdu pour ces pauvres gens ! … Ah ! s’il y avait des chemins ! … ah ! si ces beaux chênes étaient à Paris … ah ! si ces bœufs, ces vaches, ces moutons arrivaient au marché de Poissy … ah ! quelle fortune … quelle fortune ! … N’y aura-t-il donc jamais moyen de transporter ces choses ? … — Vous arrivez, monsieur l’ingénieur, pour faire ce que le pauvre Élias désire depuis cinquante ans … Ces chères petites dames viennent vous tenir compagnie … ça m’attendrit ! … Est-ce qu’il ne faudrait pas avoir le cœur bien dur, pour ne pas accourir leur souhaiter la bienvenue ? » Ainsi parla le vieux juif, avec une bonhomie charmante, et tous les convives étaient émerveillés du dévouement d’un si brave homme ; M. Anatole se leva même pour lui serrer la main. « Ah ! monsieur, dit-il, si i’on trouve des sots et des brutes dans tous les pays, on y trouve aussi des gens intelligents et dévoués au progrès … Asseyez-vous donc près de M. le maire, et videz un verre de votre vin de Champagne. » Élias ne put refuser.’ La soirée se prolongea bien tard. On chanta, on rit, on célébra le chemin de fer. Ce n’est que vers minuit que M. Fragonard, prenant la lampe à sept becs, reconduisit en grande cérémonie M. Zacharias Piper et maître Élias Bloum : Au moment de se quitter, Horace avait dit au vieux juif : « Nous manquons des choses les plus indispensables, dans cette auberge … il nous faut un homme intelligent et connaissant bien le pays, pour nous approvisionner de tout ce qui nous est nécessaire : revenez demain … nous causerons ! » Élias, l’homme du progrès, et Zacharias s’en retournèrent, bercés des plus riantes espérances. ■ Le village dormait. — Toutes les lumières de l’auberge du Cygnt s’éteignirent bientôt. XI Or, le bruit des événements qui avaient signalé l’arrivée des ingénieurs se répandit dans la montagne comme un éclair. Les marchands de légumes, de volaille et de bestiaux, les facteurs de la poste, les contrebandiers, tous ces gens qui vont de la Houpe à Saverne, du Hârberg à Phalsbourg, semant sur leur passage les nouveUes de la plaine, les ’ grossissant et les embellissant à leur manière, —tous ces gens racontaient gravement qu’une société d’hommes et de femmes, abondant en richesses de toute sorte : en chevaux, en habits, en argent, étaient venus s’établir chez maître Baumgarten, à Felsenbourg ; — qu’ils vivaient là dans la joie et les festins, ne se refusant rien de ce qui peut flatter le goût el l’odorat, considérant cette vallée de misère comme un lieu de délices, n’allant pas écoutei les instructions du père Nicklausse, et n’ayani d’autre religion que de bien boire, bien man ger, bien dormir, enfin de se livrer aux jouis sances de la chair que les hommes de cett • société, coiffés de petites casquettes brodées d’argent, allaient chaque maliu par les bois.