Sud-Ouest africain allemand — La Campagne contre les Herreros

La bibliothèque libre.
Société antiesclavagiste de France
Bulletin de la Société antiesclavagiste de France, année 13 à 19, numéros 39 à 60 (p. 247-248).

Sud-Ouest africain allemandLa campagne contre les Herreros. — Un grave dissentiment a éclaté, dit le Berliner Tageblatt, entre le général de Trotha et le chancelier de Bülow.

Voici les faits : Le général de Trotha adressa, le 2 octobre 1904, une proclamation aux Herreros, où il annonçait que « tout Herrero armé ou non, que toute femme et tout enfant herrero, qui s’aventureraient dans les territoires qu’ils occupaient avant la guerre, seraient fusillés ». Le général de Trotha avertissait en même temps, par une seconde proclamation, les troupes qu’elles n’eussent à faire aucun quartier aux prisonniers, qui devaient tous être massacrés ; quant aux femmes et aux enfants, les troupes devaient se contenter de les effrayer en tirant en l’air.

Malgré la cruauté inhérente aux guerres coloniales, les journaux allemands ont été unanimes à trouver que le général de Trotha dépassait les bornes. Tel fut aussi l’avis du chancelier de Bülow, qui se hâta de câbler au général d’épargner les prisonniers et les prisonnières sans armes. Trois mois après, dans une lettre adressée au Windhoeck Nachrichten, le général de Trotha attribua à l’édit de grâce du chancelier la responsabilité des nouveaux pillages.

Le Berliner Tageblatt conclut que le général de Trotha a compromis le bon renom de l’Allemagne et celui du gouvernement, et qu’il est nécessaire qu’il soit relevé immédiatement de son poste.