Sur la Côte mourmane

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Sur la Côte mourmane
Revue des Deux Mondes6e période, tome 46 (p. 916-933).
SUR LA CÔTE MOURMANE

Que de choses nous apprend cette guerre ! « L’honnête homme » de chez nous, — j’entends des plus cultivés et sachant même la géographie, — savait-il qu’au-delà de ce cap Nord de Norvège, où l’on allait voir le soleil de minuit rouler le long de l’horizon, s’étendait une côte qui, en plein hiver de l’Arctique, restait ouverte à la navigation, grâce à quelques restes de la chaleur apportée des Antilles par le Gulf-Stream expirant ?

J’avoue, pour ma part, que je n’ai dû de connaître cette curieuse particularité du littoral lapon qu’à un événement de mer qui, il y a quelque vingt-six ans, par une nuit venteuse de notre automne, jeta le brick norvégien Selma sur les cailloux aigus de l’entrée de la Rance. Je commandais là une petite division de garde-pêches. Au jour et dès que je pus sortir du bassin de Saint-Malo, je me hâtai vers le bateau échoué que j’espérais tirer du plain en attelant sur son arrière mon aviso-torpilleur, la Sainte-Barbe.

Je n’y réussis pas complètement. La vaillante petite Sainte-Barbe avait plus de bonne volonté que de puissance… Nous avions cependant, en peinant beaucoup, « décollé » le brick, de sorte que, la nuit suivante et tandis que nous charbonnions, un changement de vent et une assez forte marée le renflouèrent. Mais, entre-temps, j’avais vu sur le tableau de poupe du Selma, à côté de ce nom, celui de son port d’attache, Vardö ou Vardoe[1].

Vardö ? Qu’était-ce que ce havre à peu près inconnu ? Renseignements pris dans les Instructions nautiques, il s’agissait d’une petite île qui, collée au flanc du Varyag Njarga (nom lapon de la grande presqu’île Varanger), forme un port, le Busse sund, où le mouillage est sûr.

Là, s’agissant en fait d’un détroit (sund), ouvert au Nord et au Sud, les glaces flottantes descendues du lointain archipel polaire de François-Joseph ne se soudent point et suivent, en fondant peu à peu, le fil de l’eau encore un peu tiède du grand courant de l’Atlantique Nord.

Mais à Vardö et bien plus loin au Sud, au-delà du Varyag Njarga, on est encore, — politiquement, — en Norvège. C’est un peu à l’Ouest du petit fjord de Petschen[2], dont il est question depuis quelque temps, que commence ce qui fut autrefois une province de la Russie, ce qui est toujours le « Lappland » ou terre lapone et ce qui est revendiqué par le nouvel État finlandais. Mais on n’est pas encore, cependant, à la côte mourmane.

Pour y arriver, il faut, aussitôt après avoir dépassé le fjord de Petschen, doubler une nouvelle presqu’île, moins développée que le Varyag Njarga, mais qui ressemble à celle-ci comme une petite sœur à sa grande. C’est ce qu’en dialecte finnois on appelle le Rybatschii, sorte de bourgeon charnu qu’un pédoncule étroit greffe sur le Lappland ; et c’est au Sud de la baie de Motowsk, celle qui, du côté de l’Est, resserre ce pédoncule, que l’on se trouve sur la côte mourmane.

Arrivés là et passant sur quelques échancrures peu profondes, telles que le port Wladimir, nous voyons s’ouvrir devant nous le grand fjord d’Alexandrowsk-Kola, estuaire de 75 kilomètres de longueur du Tulom-jok (jok, fleuve, en finnois) ou Tuloma. À l’origine de cet estuaire et sur sa rive droite, au point même où s’y déverse la rivière de Kola, issue de l’un des innombrables lacs du Lappland, s’élève le gros bourg de Kola, voisin de Mourmansk, véritable terminus de la nouvelle voie ferrée Pétrograd-Kem-Kandalaksha.

Nous allons revenir sur ce point important. Finissons-en avec l’examen de la côte mourmane, en disant que l’influence du Gulf-Stream s’y fait encore sentir à plus de 200 kilomètres de là, jusque vers Warssinsk[3]. Aussi, bien que le caractère de ce littoral, — une haute falaise presque rectiligne, — diffère tout à fait de celui que nous venons d’étudier et qu’on n’y remarque plus de ces longues et profondes cassures perpendiculaires à la côte, que l’on désigne en Scandinavie sous le nom de fjords, le navigateur y utilise-t-il quelques abris, quelques baies trop ouvertes mais où la tenue est bonne, tels le Kildinsund, le havre du petit fleuve Teriberka, celui du Woronja, le mouillage des Sept Ilots (les « Sem Ostrowow »), les deux baies que forme l’île de Nokujew et enfin, — à la limite extrême de l’empire des glaces compactes, — le petit golfe Swjatonosk ou de Jokansk, que défend de la poussée des banquises la longue pointe de Swjatoï Noss, le cap sacré.


Il ne faut d’ailleurs pas se représenter les bourgades, les hameaux de pêcheurs, pour mieux dire, que j’ai eu l’occasion de citer comme ressemblant à ceux de nos côtes. Ces huttes disséminées au fond d’une baie silencieuse sont souvent désertes. En été les hommes vont assez volontiers à Arkhangelsk pour s’employer sur le port et y gagner quelque argent. Peu à peu, disent nos Instructions, avec une naïveté un peu malicieuse, peut-être, les femmes vont les retrouver ; sans doute quand elles ont réussi à vendre a quelques rares navigateurs de passage leur poisson séché, leurs huiles et fanons de baleines.

Quant aux « villes » du fjord de Kola, Kola même, Mourmansk et Alexandrowsk, devenue récemment la capitale officielle de la Laponie russe[4], elles se composent en général d’une longue rue de maisons basses, d’une église assez soignée, de quelques établissements publics, — un hôpital, entre autres, — et tout cela contient de 1 800 à 3 000 habitants, Lapons-Norvégiens, Russes, Finnois ou Finlandais, Caréliens de type ethnique fort indécis, avec, en plus, quelques Anglais et quelques Allemands.

De ressources utilisables pour les bâtiments, pour les vapeurs, surtout, fort peu, du moins jusqu’à ces dernières années.
LA CÔTE MOURMANE
Il est possible qu’à Kola et Mourmansk, la création de la voie ferrée ait provoqué celle de quelques ateliers et de quelques magasins, avec un certain outillage industriel. Il est probable même que les gares de ces deux bourgades seraient en état d’aider les petits bâtiments pour leurs réparations. C’est un grand point que d’avoir, à terre, une forge relativement puissante, un tour de dimensions sérieuses, une petite fonderie de bronze.

Du moins peut-on trouver dans le fjord de Kola, — comme à Vardö, du reste, et à Vadso[5], — du charbon, sûrement, des huiles minérales et des essences, le plus souvent. Ajoutez-y de l’eau fort pure, des conserves, du poisson, un peu de bétail, quelquefois, — des rennes même, — certains légumes, certaines salades fraîches (encore un grand point sous ces latitudes ! ), des baies de diverses espèces, sinon des fruits, enfin la vue reposante de bouquets de buissons verts et de bois de bouleaux, de sapins, d’érables, sans parler des mousses qui tapissent de vert les montagnes aux sommets neigeux et les roches sombres de gneiss, de granit, de schiste noir et rouge.

Ce n’est pas tout dire, cependant, sur les mérites et les ressources du Lappland norvégien ou russe. Depuis quelques années, l’attention se porte sur ces contrées qui paraissaient jusqu’ici bien déshéritées, parce qu’on y découvre de véritables richesses minérales[6]. On savait déjà qu’il y existait du fer, comme dans toute la presqu’île Scandinave, ou au moins dans les régions montagneuses de cette presqu’île. On le savait, mais, outre que l’exploitation du minerai n’en était pas facile, ni, encore moins, l’exportation, on se suffisait, en Europe, avec les mines de la Suède, de la Norvège moyenne, des bassins westphalien, lorrain, espagnol, etc.

La guerre formidable est venue qui a, en peu de temps, fait sentir l’insuffisance de ces ressources ou qui en a privé, dans une certaine mesure, l’un des belligérants, l’Allemagne. Celle-ci ne peut plus compter sur les minerais espagnols ; les minerais et les précieuses fontes de Suède lui furent contestés, il y a deux ans, par l’activité des sous-marins anglais et le sont, aujourd’hui, par une convention anglo-suédoise au sujet de laquelle la Wilhelmstrasse vient de faire d’assez brutales menaces au cabinet de Stockholm. On ne s’étonnera donc pas que nos ennemis aient jeté des yeux de convoitise sur les riches gisements du Finmark[7], qui sont tout, voisins de la frontière de Finlande, l’ancienne frontière russe, si capricieusement découpée.

À la date du 8 juillet dernier, un de mes correspondants norvégiens m’écrivait : « La presse alliée s’occupe aujourd’hui de la nécessité d’intervenir sur la côte Nord de la Russie (ou de la Finlande ? ) ; mais, autant que je puis le savoir, aucun journal n’a fait mention du fait que les plus importantes mines de fer de la Norvège, celles du Syd-Varanger[8], vers Kirkenœs, ne sont qu’à une cinquantaine de kilomètres au Nord-Ouest de Petschenga. Or, la production westphalienne pouvant être prochainement très menacée par l’aviation alliée[9], n’est-il pas à craindre que les Allemands veuillent, un jour ou l’autre, substituer le Syd-Varanger à la Westphalie ? L’Allemagne n’a pas encore protesté contre la diminution des exportations des minerais norvégiens en Allemagne imposée par le traité conclu dernièrement entre la Norvège et les Alliés. Mais ne se réserve-t-elle pas d’utiliser cette circonstance pour justifier ultérieurement sa mainmise sur le Syd-Varanger, quand elle sera, sous le couvert de la Finlande, bien établie à Petschenga et dans les régions limitrophes ? — B. G… »

Rien de plus judicieux et de plus clairvoyant que ces réflexions. Je viens de dire que l’Allemagne s’était élevée, vers le 22 juillet, contre la diminution des exportations de minerais de fer suédois qui lui sont réservées. Assurément, si elle n’en use pas de même à Christiania qu’à Stockholm, c’est qu’elle pense bien « punir » la Norvège, — on sait qu’elle prétend « punir » qui s’oppose à ses desseins, même en usant d’un droit absolu, le droit qu’on a d’être le maître chez soi, — de la bonne volonté qu’elle montre aux Alliés dans cette affaire. Et quelle meilleure, quelle plus profitable occasion de « punir » la Norvège que de se saisir justement de ces mines dont les produits ne sont plus réservés désormais en totalité aux hauts fourneaux du royaume des Krupp ?

Or, quelques jours après avoir reçu la lettre de M. B. G… je lisais, dans les journaux les mieux renseignés sur les affaires des neutres du Nord, que la Finlande, arguant d’affinités ethniques avec les indigènes du Lappland tout entier, donc, du Fin mark norvégien, — se proposait de revendiquer toute la région du Cap Nord, sauf peut-être à offrir en compensation, à la Norvège, le Maan Selka, cette avancée singulière de son territoire vers Tromsô, la langue de terre qui s’étend sur la rive gauche de la Kangâma, affluent de la Tornéa et frontière suédoise.

Mais ce n’est pas seulement la Norvège qui se sent menacée par l’extension inattendue que les Germano-Finlandais donnent aux prétendues réclamations de la nation finno-lapone, — laquelle ne réclame rien, en réalité, et, modeste autant que simple, s’effarouche du bruit que l’on fait autour d’elle : « Du moment que la Finlande, disait ces jours-ci le Stockholm’s Dagblad, médite l’annexion de territoires situés à l’Est et au Nord-Est des frontières de l’ancien duché, sous prétexte que ces régions sont habitées par des Finnois, ne nourrit-elle pas la même ambition du côté de l’Ouest, régions peuplées aussi de Finnois et qui ont toujours fait partie de la Suède ? »

Assurément la Finlande germanisée, qui n’est sans doute pas toute la Finlande, qui est du moins celle qui parle, qui écrit, qui agit surtout, cette Finlande, dis-je, nourrit de telles ambitions. Et peut-être, au fond, devons-nous en être satisfaits. Ne faut-il pas que les Suédois voient bien où les a conduits leur confiance dans l’amitié allemande ?


Que l’on ait tout de suite pensé, — dès 1914, en fait, — à utiliser la précieuse propriété de la côte mourmane de rester toujours libre de glaces soudées, pour créer, par le Nord de la Russie, l’Arctique et l’Atlantique, la ligne de communications permanente avec les Alliés d’Occident que ne procurait pas la mer Blanche et son Arkhangelsk, c’est ce qui ne saurait surprendre ; et d’autant moins que les plans de la voie ferrée Kola-Petrograd étaient établis déjà quelques années avant cette guerre. Seulement, outre que l’on s’était un peu arrêté devant les difficultés de l’entreprise, plusieurs solutions du problème étaient en présence, puisque aussi bien il paraissait logique d’utiliser, pour atteindre la capitale de l’Empire, une des trois lignes que le réseau ferré de la Finlande poussait vers le Nord. Du moins, sans aller jusqu’à envisager le tracé Kola Uléaborg, pouvait-on s’attacher à réaliser le tracé aboutissant à Kajana et, mieux encore, celui qui, arrivé à Nurmès, serait allé directement de ce terminus à Viborg, puis à Petrograd.

Fort heureusement, d’autres idées prévalurent, à quoi l’on voit bien que l’attitude prise, depuis, par la Finlande, n’était pas absolument inattendue. On se décida pour le quatrième tracé dit « de l’Est du Ladoga, » qui faisait passer, en effet, la voie ferrée en projet entre ce grand lac et l’autre mer intérieure, l’Onega, en traversant le chef-lieu, Petrogavodsk, du gouvernement d’Olonetz. De Petrogavodsk on s’élevait, à peu près en ligne droite, au Nord, et on atteignait la côte Ouest de la mer Blanche aux environs du petit port de Soroka, d’où plus tard on se réservait de faire partir un long embranchement qui rejoindrait la Dwina et, par Kotlas, se souderait à Viatka au Transsibérien[10].

De Soroka on passait à Kem, autre port relativement important de la mer Blanche ; puis à Kandalakcha, bourgade de pêche des Lapons-Caréliens, au fond du golfe Nord-Ouest qui porte le même nom, et enfin on arrivait à Ko4a-Mourmansk en suivant une ligne d’eau lacustre et fluviale très, favorable.

Le trajet total dépassait 1 500 kilomètres, soit deux fois environ la distance de Paris à Avignon. On en eût économisé 700, à peu près, en raccordant la voie au réseau finlandais, mais aujourd’hui nous ne pourrions plus atteindre la Russie que par Arkhangelsk, c’est-à-dire quatre ou cinq mois seulement sur douze. D’ailleurs, dès 1917, le chemin de fer carélien était suffisamment terminé et rendrait les plus grands services. Il en eût rendu plus encore et nous eût probablement épargné le désastre russe si les Alliés avaient voulu, avaient osé s’en servir pour venir au secours du gouvernement provisoire ou si seulement, — et c’est l’opinion qu’émettait, il y a quelques mois, un attaché militaire russe auprès d’une des puissances de l’Ouest, — ils avaient envoyé par-là à Petrograd des denrées alimentaires au lieu d’un inutile matériel de guerre qui encombre encore aujourd’hui les principales stations, aussi bien, du reste, que les quais d’Arkhangelsk et que la voie Arkhangelsk-Vologda : « La révolution maximaliste, me disait cet officier supérieur, n’a peut-être tenu qu’à quelques boites de conserve et quelques sacs de farine. » C’est assez l’habitude des grandes révolutions, en effet : elles ont toujours et partout leur journée du 5 octobre.


Quelle était exactement la situation au double point de vue politique et militaire dans la région qui nous occupe, lorsque a commencé l’entreprise germano finlandaise sur la côte mourmane, la course à la mer libre ? Comment l’état-major allemand entendait il procéder pour cette mainmise et dans quelle mesure pouvait-il compter sur le gouvernement bolchevik de Moscou pour l’aider dans l’exécution de ses desseins ? Enfin, quels étaient les objectifs exclusivement militaires et d’une portée immédiate que visaient de ce côté nos ennemis ?

A la première de ces questions il est sans doute malaisé de répondre et il semble bien que dans l’état d’anarchie complète qui régnait depuis le début de novembre 1917 en Russie, un bien petit nombre de personnes étaient en état d’évaluer les forces armées existant soit à Arkhangelsk, soit à Alexandrowsk, soit sur la voie ferrée Kola-Petrograd, au moins jusqu’à la station de Pelrogavodsk.

Nous savons seulement et un peu confusément qu’en ce qui touche les Alliés d’Occident, Français et Anglais, il y avait sur ces divers points des détachements fort hétérogènes, troupes techniques, éléments organisés, soit de la guerre, soit de la marine, pour la garde de magasins, entrepôts, ateliers, etc. avec des états-majors variés, plus tard des missions militaires qui, peu à peu, refluaient vers le Nord[11]. Chose singulière et assez significative pour qui était convaincu a priori de la complicité du haut personnel bolchevik avec l’Allemagne, ces très faibles effectifs, disséminés sur des aires considérables et hors d’état de communiquer entre eux, furent, dès l’automne de 1917, l’objet des préoccupations hostiles des maximalistes et cela au moment même où, l’armistice conclu, on autorisait une mission allemande à se rendre à Arkhangelsk sous le prétexte d’y étudier les moyens de faire refleurir le plus tôt possible le commerce maritime avec les empires centraux, aussitôt faite la paix définitive.

Quant aux troupes russes, aux anciennes garnisons, il est certain qu’elles n’avaient pas, de ce côté-là plus qu’ailleurs, résisté aux procédés de dissolution rapide de la force armée nationale instaurés par le nouveau gouvernement. En tout cas, résolus en apparence à défendre le Nord extrême de la Russie contre les entreprises des « impérialismes anglais et français, » les commissaires du peuple font appel aujourd’hui à d’illusoires soviets d’Arkhangelsk et de la côte mourmane pour courir sus aux envahisseurs, après avoir mobilisé cinq classes d’ouvriers et de paysans.

Ce ne sont là que des mots. L’expédition qui commence n’aura probablement à compter qu’avec les Germano-Finlandais, — du moins tant qu’elle ne se rapprochera pas trop de la grande voie ferrée transversale Petrograd-Vologda-Viatka-Perm. Et les plus grands obstacles lui viendront sans nul doute de la nature des choses, comme nous le verrons tout à l’heure. La seconde question que je posais plus haut peut être résolue avec un peu plus de précision que la première, toutes réserves faites, c’est entendu, sur l’authenticité des renseignements qui nous parviennent de Suède, sur les mouvements de l’armée des « gardes blancs » de Finlande et du corps débarqué à Hangö par les Allemands, après l’occupation des îles Aland.

Dès la fin du printemps de cette année, un double mouvement se dessinait vers le Nord : un détachement de quelque 600 hommes mi-partie finlandais, mi-partie allemands, pompeusement qualifié d’avant-garde, — au fond, un groupe d’enfants perdus, — pointait droit sur la Rybatschii Njarga, peut-être par la piste Hütte-Songelsk, peut-être par la haute vallée du Kensi-yok finlandais, sans que l’on put affirmer immédiatement s’il visait le fjord de Kola ou celui de Petschen, qui encadrent la presqu’île. On a su, depuis, que cette faible troupe se dirigeait sur Petschenga, probablement parce que ce petit port n’était pas occupé par les Alliés, ni, sans doute, le fjord de Petschen fréquenté par leurs bâtiments de guerre, tandis qu’à Kola, on était assuré de se heurter à une résistance sérieuse.

D’ailleurs, il semble que ce que l’on voulait tout d’abord, c’était tendre la main aux sous-marins allemands qui opéraient dans l’Arctique et sur toute la côte qui va du fjord de Petschen au petit golfe de Swjalonosk, interceptant notre route de navigation et molestant les pêcheurs mourmans pour les bien persuader d’avance de la puissance du Deutschtum.

On ne sait au juste, au moment où j’écris, ce qu’il est advenu de cette expédition aventureuse et qui empruntait la région la plus difficile, la plus désolée du Lappland russe. Il ne parait pas que les Germano-Finlandais aient atteint leur but en occupant Petschenga[12].

En tout cas il est de moins en moins probable qu’ils réussissent à occuper Kem, qui était leur second objectif. La distance à franchir est cependant bien moindre et les difficultés matérielles, — toujours considérables dans un tel pays, — ni plus, ni moins fortes que dans le cas de l’expédition sur Petschenga. Mais déjà les Alliés sont en force sur le Tuloma et ils ne tarderont pas trop, sans doute, à descendre vers le Sud en suivant le chemin de fer. Ils seront à Kandalakcha avant que les Germano-Finlandais aient pu organiser la base Pulisjarvi (à 6 kilomètres au Sud-Est de Nurmès) qui leur permettait d’utiliser la remarquable voie d’eau continue lac de Pulis-la Penga et ses lacs-la Tchirska Kem ou Kcei jök, aboutissant à Kem même après un parcours de 290 kilomètres à vol d’oiseau, mais de 400 ou 450 environ si l’on tient compte des détours.

Aux facilités que leur donnerait ce chemin naturel, ce « chemin qui marche », lentement à la vérité, en raison de la faiblesse de la pente, nos adversaires ajouteront-ils celles qu’ils trouveraient dans la création rapide d’une voie ferrée « de fortune » poussant ses rails à peu près aussi vite que marcheraient leurs colonnes sur un sol mouvant et gorgé d’eau ? On l’a dit, mais l’entreprise apparaît quelque peu chimérique.

Si donc nous ne sommes pas arrêtés nous-mêmes par le mauvais état de la voie ferrée Kola Kandalakcha Kem[13], ou, — ce qui est possible, — par la destruction systématique de ce chemin de fer par des agents bolcheviks, nous arriverons les premiers à Kem et ce sera un grand point. J’observe, de plus, que pendant les mois de juillet et d’août, probablement aussi dans la première quinzaine de septembre, les communications par mer entre Kandalakcha et Kem sont faciles. On en a déjà usé, si je ne me trompe, en 1916 ou 1917, pour aller de Kola a Petrograd avant que la section Kandalakcha Kem fût achevée.

Plus près du terminus méridional de la voie qui nous occupe et tout proches de Petrograd dont ils bloquent les abords du côté de l’Est, se tiennent, parait-il, aujourd’hui des sous-marins allemands, transportés tout entiers de Viborg à Sordavala, du golfe de Finlande dans le lac Ladoga, par cette même voie ferrée dont le point extrême, au Nord, est Nurmès, dont nous parlions tout à l’heure.

Des sous-marins allemands dans le lac Ladoga ! Il faut avouer que nos adversaires font souvent preuve de l’esprit d’entreprise que n’effraie aucune difficulté, et plutôt encore que de l’ingéniosité qui tourne les obstacles, de la ténacité qui, à la longue, les surmonte. Ils y ajoutent toujours l’absolu défaut de scrupules et le mépris du droit d’autrui, ce qui à la longue se retourne contre eux et leur coûtera cher, mais qui, à la guerre, assure souvent de premiers avantages. Il est vrai que, dans le cas dont il s’agit, ils sont bien assurés que messieurs Lénine, Trotski et Tchitcherine ne protesteront pas si les sous-marins, partant des eaux septentrionales du grand lac, qui sont finlandaises, s’avancent jusque dans les eaux méridionales, qui sont russes, jusqu’à la bouche de la Neva, jusqu’à cette côte de Schlusselbourg à Saguwje dont le long canal de Petrograd à la Dwina épouse les contours.

Quant au fait même du transport d’un sous-marin, — de faibles dimensions, sans doute, — d’un point à un autre au moyen d’un chemin de fer, ce n’est pas tout à fait une nouveauté. Peu de temps après l’occupation d’Anvers et de Zeebrugge, les Allemands amenaient de cette manière dans leur nouvelle base d’opérations navale de la côte de Flandre des sous-marins entiers qu’ils installaient sur des trucs à boggies d’une construction spéciale. Ils ne séparaient par tranches que les unités de plongée destinées à passer d’Allemagne en Autriche, de Kiel à Pola, parce que les rampes et les lacets dans les Alpes ne permettaient pas de telles licences.

Il n’y aurait pas eu de courbes intransigeantes dans le tracé de la voie que je proposais ici même, en mai 1915, d’établir dans l’isthme de Gallipoli pour faire passer les sous-marins et navires légers de surface du golfe de Saros dans la mer de Marmara. Cette solution d’un problème que de trop rares sous-marins réussirent à résoudre en passant sous les filets de Tchanak-Nagara, aurait peut-être changé bien des choses, d’autant mieux que l’occupation de l’isthme eût donné à l’armée expéditionnaire de grandes chances de succès. Mais nous avons trop souvent dans cette longue guerre hésité a adopter en temps utile des idées neuves et hardies.

Quoi qu’il en soit, convenons qu’en laissant les Allemands s’installer ainsi sur le Ladoga et y dominer la jonction du chemin de fer de Kola avec la grande voie Viatka-Vologda-Petrograd, le gouvernement maximaliste donne à nos adversaires une aide positive, autant qu’en essayant de former une armée plus solide que celle des « gardes rouges » dont Trotsky se plaint amèrement, affirme le Lokal Anzeiger, et qu’il prétend remplacer au pied levé par des troupes instruites par des sous-officiers allemands, — ce qui est, remarquons-le, l’amorce du renforcement des armées des empires centraux par le « matériel humain » fourni par la Russie.


Dernière question : quels étaient, quels sont encore les buts militaires immédiats visés par nos ennemis dans leur tentative d’occupation des fjords de la côte mourmane ?

J’en vois au moins trois.

Le premier, le plus immédiat, est de tourner par l’Arctique le grand barrage de mines que l’amirauté anglaise a fait disposer, ce printemps, au Nord de la mer du Nord.

Il est vrai que si ce barrage a paru, en mai et juin, retenir un assez grand nombre d’unités de plongée, le succès n’en est pas le même au moment où j’écris, — commencement d’août, — et où les torpillages paraissent reprendre, les destructions affectant surtout les plus grands paquebots des Alliés, Cincinnati, Carpathia, Justicia.

Mais l’état-major naval de Berlin a pensé sans doute que deux précautions valaient mieux qu’une et que de s’ingénier à franchir ce redoutable barrage, cela n’empêchait pas d’essayer de le rendre inutile en créant dans l’Arctique libre un nouveau débouché pour ses sous-marins transportés par voie ferrée. Et j’entends bien que ce nouveau débouché n’eût pas été prêt de sitôt ; mais on n’en est pas, à la Potsdamer platz, à croire que la guerre sera finie dans trois mois. D’ailleurs, comme je l’ai dit plus haut, il y avait intérêt, dès maintenant, à créer cette base de réparations et de ravitaillement en faveur des submersibles qui opèrent déjà sur la côte mourmane, après avoir eu la chance de franchir le barrage.

Le second objectif était certainement de couper toute communication entre les Alliés et une Russie, réduite sans doute à ce qu’était au XVIIe siècle la Moscovie, mais qui, moyennant quelque secours d’Occident, en attendant l’aide qui lui viendrait, un jour ou l’autre, des empires des Jaunes, pouvait se redresser à la fois contre ses envahisseurs et contre leurs complices, ses maîtres d’un jour.

Le troisième objectif concernait les neutres du Nord ou du moins ceux de la grande péninsule Scandinave que l’on ne sentait plus « en main » depuis quelque temps. Dès l’automne de 1917, un de mes correspondants norvégiens prévoyait un gros effort de l’Allemagne pour s’établir dans la région des fjords du Cap Nord, que le décret royal du 13 octobre 1916 interdisait à ses sous-marins et dont la convention de janvier 1917 ne lui rendait pas un plein usage : « Ils gagneront ainsi progressivement du Nord au Sud, par la voie de terre, me disait ce neutre clairvoyant et attristé, pendant qu’ils nous menacent toujours dans le Sud par la voie de la mer… » Cette double manœuvre est bien, dans l’esprit de la brutale diplomatie allemande, de nature à retenir dans une docile et tremblante neutralité cette Norvège que l’on sentait exaspérée par la destruction systématique de sa flotte de commerce.

Menace encore, et très claire cette fois, à l’adresse de la Suède, que cette revendication du « Lappland intégral » par l’ingrate Finlande germanophile. Qu’arriverait-il si cette revendication prenait une forme officielle, soutenue qu’elle serait, nécessairement, par l’Allemagne ? La Suède ne serait-elle pas, alors, obligée de faire front vers le Nord, en même temps qu’à l’Est, — et tout près de Slockholm ! — à cause des iles Aland, en même temps qu’au Sud, parce que sa riche Gothie n’est qu’à 100 milles de la côte allemande ? Et ne vient-on pas d’apprendre, justement, que l’Etat-major de Berlin renforce son escadre et ses flottilles de la Baltique ?


Les desseins de nos ennemis étaient sans doute connus depuis longtemps des gouvernements de l’Entente. Un « leader article » du Temps, du mois de juillet, nous apprend que M. l’ambassadeur Noulens avertissait le nôtre, à la date du 14 avril dernier, des visées allemandes sur le Nord de la Russie et de l’intérêt pressant qu’il y avait à se jeter à la traverse[14].

Il faut reconnaître que l’on a tenu compte des avis ainsi donnés ; avec quelque retard, toutefois. Nous sommes au mois d’août et s’il est vrai que, justement en raison des propriétés signalées plus haut du littoral mourman, l’obstacle des glaces ne doive pas entrer en ligne de compte, s’il l’est même qu’à certains égards la marche d’une troupe armée dans les difficiles fondrières du Lappland et de la Carélie soit plus sûre en hiver qu’en été, il n’en existe pas moins de sérieuses raisons, — la brièveté très grande des jours et la rigueur extrême du froid, dès que l’on s’éloigne de la côte, par exemple, — de souhaiter que les Alliés arrivent à un résultat avant le fort de la saison hivernale.


Mais, en fait, quel résultat les Alliés veulent-ils atteindre ? Quel est leur objectif précis ? Quelle est, dans l’esprit des dirigeants de l’Entente, la portée de l’expédition qui commence et quelles sont les limites que cette expédition ne doit pas dépasser ?

On pense bien que je n’ai pas les moyens de répondre à de telles questions. Si j’avais cet avantage, j’aurais en même temps le regret de ne le pouvoir partager avec les lecteurs de cette Revue : je ne puis donc que hasarder quelques conjectures, risquer quelques recommandations.

Faut-il, au nombre des conjectures plausibles, ranger celle de la reconnaissance officielle de ce que j’ai appelé depuis bien longtemps le front Nord ? Je ne me borne plus à le souhaiter : je l’espère. C’était d’ailleurs inévitable, d’une manière ou d’une autre, — il y en a une autre, en effet, dont je ne dirai rien ici pour le moment. C’était inévitable, dis-je, et c’est arrivé.

A la vérité, il est bien particulier, le front Nord actuel, bien lointain, fort incommode, avec cela ; enfin ce n’est, après tout, qu’une partie, qu’un secteur du vrai front Nord et le secteur où les opérations, quels qu’en soient l’étendue et le caractère, seront le moins immédiatement décisives. Ne nous plaignons pas, cependant. Il y a commencement à tout.

Jo viens d’écrire : l’étendue et le caractère. Gros problèmes que ceux-là. J’ignore avec quelles forces, — on parle dans les journaux de plusieurs divisions, mais ces mois sont assez élastiques, — débute la nouvelle entreprise des Alliés. En somme, s’il ne s’agissait que d’interdire aux Gerrnano-Finlandais l’accès des débouchés qui pourraient être vraiment utiles aux submersibles allemands, il ne faudrait que des effectifs assez restreints, appuyés sur une force navale qui a été renforcée sensiblement depuis quelques semaines et dont la base de Mourmansk semble bien pourvue.

Ce serait tout autre chose si l’expédition avait, comme celle qui se prépare, assure-t-on, pour la reconstitution d’un front oriental, « un caractère politique autant que militaire. » Mais encore un coup, il serait prématuré de traiter cette question, épineuse à tant de titres. Laissons-la donc…

Ce que l’on peut dire, je crois, en se plaçant de préférence au point de vue militaire, c’est qu’il ne convient pas que « la force » employée, quelle qu’elle soit, se disperse et affaiblisse son action en l’étendant outre mesure.

Un premier écueil serait de comprendre une trop grande étendue de côte et une aire trop vaste sous le vocable adopté de côte mourmane. Beaucoup de personnes paraissent croire qu’Arkhangelsk y est compris. C’est inexact au point de vue purement géographique et ce serait fâcheux au point de vue stratégique. Le grand port de la Dwina est tout à fait excentrique par rapport à l’axe du nouveau théâtre, à la ligne d’opérations essentielle qui est le chemin de fer de Kola. Qu’on ne l’abandonne pas avant l’hiver venu avec son blocus naturel de glaces soudées, cela peut se défendre, ne fût-ce que pour avoir le temps d’évacuer les munitions, armes, engins, matériel de guerre et matières de toute sorte qui y furent accumulées jusqu’au dernier moment, peut-être jusqu’à la dernière révolution maximaliste. Mais il ne saurait être question, semble-t-il, de s’y établir à demeure, au risque de scinder en deux l’expédition.

Si l’on opposait à ceci l’intérêt d’empêcher les Allemands, — d’accord avec le gouvernement bolchevik, — d’y organiser précisément, pour l’été de 1919, la base de sous-marins qu’ils recherchent, je répondrais qu’Arkhangelsk serait, à cet égard, bien mal choisi, étant très facile à bloquer avec une force navale légère quand il n’est plus fermé par la banquise, et que les fonds du delta de la Dwina se prêtent complaisamment à l’organisation des barrages de toute espèce, obstructions, pannes flottantes, filets métalliques et mines automatiques.

Dans le cas, par conséquent, — cas peu probable, en raison de la tournure des événements, — où l’état-major allemand s’aventurerait à faire occuper Arkhangelsk, position encore plus excentrique pour son propre dispositif stratégique qu’elle ne le serait pour nous, placés sur la côte mourmane, il nous serait aisé de « masquer » cette place maritime d’importance transitoire et d’y boucher aux sous-marins toutes les portes de la haute mer.

Serait-ce un deuxième écueil que de s’écarter un peu sur la droite, — r face au Sud, — de la ligne d’opérations tracée par la voie ferrée Kola-Kem-Petrograd et de tenir ce que l’on appelait autrefois « un corps d’observation, » ce que j’appellerai dans ce cas « un corps de liaison éventuelle, » sur un point bien choisi du Lappland, à la fois couvrant les districts miniers de la Norvège et contenant les éléments Finno-Lapons voisins de la Tornéa qui seraient tentés de provoquer de l’agitation chez leurs congénères d’au-delà de la frontière suédoise, faisant ainsi le jeu de l’Allemagne ?

Évidemment non. Et si, acceptant cette idée, on se demandait quel serait le meilleur point à choisir, il semble bien que le port même de Tornéa (sur le golfe de Bothnie) devrait rallier tous les suffrages, Il est d’ailleurs bien entendu que cette occupation ne pourrait se produire que si la Finlande, jusqu’ici état neutre, officiellement du moins, entrait dans le conflit. C’est là une hypothèse qu’on a, dans l’état présent des choses, le droit d’envisager…

Peu importe, d’ailleurs. Le point essentiel, dans cette affaire, c’est qu’il y aurait l’intérêt politico-militaire le plus marqué à ce que l’armée alliée se tint, par son aile droite, le plus près possible de la Norvège et de la Suède. Je ne veux pas insister indiscrètement sur ce côté de la question ; il me suffira, pour me faire entendre et aussi pour conclure, de rappeler l’habile conduite que tinrent, au printemps et dans l’été de 1813, les coalisés russo-prussiens. Convaincus moralement que l’Autriche, alliée pourtant de Napoléon, sympathisait profondément avec eux, ils résolurent, quoi qu’il pût arriver, de rester toujours en contact avec son territoire. L’Empereur français eut beau les battre à Lützen et à Bautzen, il eut beau les pousser jusqu’au-delà de la Kalzbach et menacer ainsi leur ligne de retraite naturelle sur Posen, ils restèrent cramponnés par leur aile gauche au Riesen Gebirge et aux débouchés de la Bohème. L’armistice les y trouva, l’armistice qui nous fut si fatal et qui jeta l’Autriche dans les bras de ses anciens amis. Deux mois après, le 16 octobre 1813, les trois armées se trouvaient réunies contre nous dans les plaines de Leipzig.


Amiral DEGOUY.

  1. Vardö ou Vardoe se prononce Vardau ; oe ou ö signifie île en norvégien.
  2. Ou fjord de Pefschenga. Ce dernier nom est celui du petit fleuve dont le fjord est l’embouchure et aussi celui d’un bourg de pêcheurs lapons.
  3. Havre de pêche du fond de la baie de l’île Nokujew (voir la carte ci-jointe ; détail de la côte mourmane).
  4. Alexandrowsk est quelquefois désigné (par exemple dans la remarquable étude de M. Ed. Blanc, parue le 15 janvier 1916 dans les « Annales de la société de géographie ») sous le nom de Ekaterininskoïe gavan, le port de Catherine. Mourmansk semble être une création toute nouvelle répondant à des convenances particulières des marines alliées. Cette base d’opérations maritime est à quelques kilomètres au Nord de Kola.
  5. Port du Lappland norvégien, sur le revers sud du Varyag Njarga et dans le Varanger fjord. Vadsô est le chef-lieu de la province.
  6. Je ne puis insister sur ce sujet dans une si courte étude. Notons seulement qu’il existe en Laponie du cuivre, du nickel et même des métaux rares, le tout ayant certainement une grande valeur. L’attention des Allemands est, en ce moment, très attirée par les mines de cuivre du Syd Varanger,
  7. Nom officiel — « marche, frontière des Finnois, » — de la province du Lappland norvégien.
  8. Le nom de Syd-Varanger, — pays au sud du Varanger fjord, — s’applique à la fois à la contrée et au petit port qui est au fond du Bök fjord, embouchure du Paats Jok ou Fl. Paatsvick, lequel, sortant du lac Enare. sert de frontière sur la presque totalité de son cours entre la Norvège et la Finlande.
  9. Quelles clartés ceci jette sur « la guerre du fer » que, depuis longtemps, nous eussions pu faire à l’Allemagne !
  10. Le gouvernement russe se proposait, très judicieusement, de faire de la ligne Perm-Viatka-Kotlas-Soroka-Kola, la grande voie d’exportation des produits sibériens.
  11. Je note ici, sous quelque réserve, qu’il y aurait sur la côte mourmane un petit corps de 4 000 à 5 000 Yougo-Slaves, anciens prisonniers autrichiens qui se seraient délivrés et armés, réussissant ensuite à se faire jour vers le Nord.
  12. Un grand journal de Christinnia annonce, à la date du 26 juillet, que 500 Allemands seraient à Kyrö, au Sud du lac Enare et qu’ils auraient détaché un avant-poste sur la rive orientale du Paatswick, à 70 ou 80 kilomètres de Petschenga.
  13. Vers le 25 juillet, les journaux norvégiens ont affirmé qu’un détachement britannique renforcé de « gardes rouges » passés du côté de l’Entente, moyennant sans doute, quelque argent et quelque nourriture, avait occupé Kem. En tout cas, les Alliés auraient atteint Kandalakcha.
  14. Je prends la liberté de signaler que j’avais traité sommairement la question qui nous occupe, dans la presse quotidienne, dès la fin de novembre 1917 et, plus complètement, dès le 11 janvier 1918, dans la France de Bordeaux et du Sud-Ouest.