Insurgeons-nous, femmes de France,
Contre les mœurs de nos époux.
Contre leur sage indifférence
Qui fait que l’on doute de nous.
Au lieu de plaider en divorce,
Il faut poser d’autres jalons
Et prendre nos hommes de force…
Repeuplons ! Repeuplons !
Repeuplons ! Repeuplons !
Et, sans savoir où nous allons,
Bravons l’usage, la consigne,
Prenons l’esprit… prenons les sens.
Forçons la bête qui rechigne,
Électrisons les impuissants.
Ou faisons comme les cavales :
Courons à d’autres étalons,
Loin des alcôves conjugales…
Repeuplons ! Repeuplons !
Repeuplons ! Repeuplons !
À nous les bruns… à nous les blonds.
Soyons volages, adultères ;
Mais, dans nos ventres triomphants.
Soyons fécondes, soyons mères !
Oui, faisons toutes des enfants.
Malgré les avis salutaires
Et déclarons que nous voulons,
Toutes, conserver nos ovaires…
Repeuplons ! Repeuplons !
Décembre, 1896.