Système national d’économie politique/Livre 3/04

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CHAPITRE IV.

le système de la valeur échangeable, appelé à tort système industriel.[1]


La doctrine d’Adam Smith en matière de commerce international n’est qu’une continuation de celle des physiocrates. Comme celle-ci, elle ignore la nationalité, elle exclut presque

absolument la politique et le gouvernement, elle suppose l’existence de la paix perpétuelle et de l’association universelle, elle méconnaît les avantages d’une industrie manufacturière nationale, ainsi que les moyens de l’acquérir, elle réclame la liberté absolue du commerce.

Adam Smith, marchant dans la voie où les physiocrates l’avaient devancé, a commis la faute capitale de considérer la liberté absolue du commerce comme une exigence de la raison, et de ne pas étudier à fond le développement historique de cette idée.

Le biographe intelligent d’Adam Smith, Dugald-Stewart, nous apprend que vingt-un ans avant la publication de son livre, c’est-à-dire en 1755, Smith avait, dans une Société littéraire, prononcé les paroles suivantes qui lui attribueraient la priorité de l’idée de la liberté du commerce[2] : « L’homme est ordinairement considéré par les hommes d’Etat et par les faiseurs de projets comme la matière d’une sorte d’industrie politique. Ces faiseurs de projets troublent les opérations de la nature dans les affaires humaines, tandis qu’il faudrait l’abandonner à elle-même et la laisser agir librement afin qu’elle atteignit son but. Pour élever un État du dernier degré de barbarie au plus haut degré d’opulence, il ne faut que trois choses : la paix, des taxes modérées, et une administration tolérable de la justice ; tout le reste est amené par le cours naturel des choses. Tout gouvernement qui s’oppose à ce cours naturel, qui veut donner aux capitaux une autre direction ou arrêter la société dans ses progrès, se révolte contre la nature et devient, pour se maintenir, oppresseur et tyrannique. »

Cette pensée fondamentale servit de point de départ à Adam Smith, et ses travaux ultérieurs n’eurent d’autre but que de l’établir et de la mettre en lumière. Il y fut confirmé plus tard par Quesnay, Turgot et les autres coryphées de l’école physiocratique, dont il fit la connaissance en 1765 dans un voyage en France.

Évidemment Adam Smith voyait dans l’idée de la liberté du commerce la base sur laquelle il devait fonder sa réputation littéraire. Il est donc naturel que, dans son ouvrage, il se soit attaché à écarter et à combattre tout ce qui faisait obstacle à cette idée, qu’il se soit considéré comme le champion de la liberté commerciale absolue, qu’il ait pensé et écrit sous cette préoccupation.

Comment, avec cette idée préconçue, eût-il pu apprécier les choses et les hommes, l’histoire et la statistique, les mesures de gouvernement et leurs auteurs, d’un autre point de vue que celui de leur conformité ou de leur discordance avec son principe ?

Le passage de Dugald-Stewart qui vient d’être cité contient en germe tout le système d’Adam Smith. Le gouvernement ne peut et ne doit avoir d’autre tâche que de faire rendre une exacte justice et de lever le moins d’impôts possible. Les hommes d’État qui essaient de faire naître les manufactures, de développer la navigation, d’encourager le commerce extérieur, de le protéger à l’aide de forces navales, de fonder ou d’acquérir des colonies, sont à ses yeux des faiseurs de projets qui arrêtent les progrès de la société. Il n’existe point pour lui de nation ; il ne voit qu’une société, c’est-à-dire des individus réunis. Les individus savent parfaitement l’industrie qui leur est le plus avantageuse, et sont parfaitement en état de choisir les moyens qui les conduiront au bien-être.

Cette annihilation complète de la nationalité et du gouvernement, cette exaltation de la personnalité devenue l’origine de toute force productive, ne pouvaient paraître plausibles qu’autant qu’on prenait pour objet principal de ses études, non pas la force productive, mais le produit, c’est-à-dire la richesse matérielle, ou plutôt uniquement la valeur échangeable du produit. Il fallait que le matérialisme servît d’escorte à l’individualisme, pour cacher les quantités immenses de forces que l’individu puise dans la nationalité, dans l’unité nationale et dans l’association nationale des forces productives. Il fallait réduire l’économie politique à une théorie pure et simple des valeurs, puisque ce sont les individus seuls qui produisent des valeurs, et que l’État, incapable d’en créer, doit borner toute son activité à éveiller, à protéger et à encourager les forces productives des individus. De ce point de vue, l’économie politique peut se résumer de la manière suivante : la richesse consiste dans la possession de valeurs échangeables. Les valeurs échangeables se produisent par le travail individuel uni aux agents naturels et aux capitaux. Les capitaux se forment par l’épargne ou par l’excédant de la production sur la consommation. Plus la masse des capitaux est considérable, plus grande aussi est la division du travail, et, par suite, la puissance productive. L’intérêt privé est le meilleur stimulant au travail et à l’épargne. Le comble de la sagesse, dans le gouvernement, consiste, par conséquent, à ne soumettre l’activité nationale à aucune entrave et à ne pourvoir qu’à la sécurité. Il est insensé de contraindre les particuliers par des règlements à produire eux-mêmes ce qu’ils pourraient faire venir à plus bas prix de l’étranger.

Ce système si conséquent, qui analyse les éléments de la richesse, qui retrace avec une clarté lumineuse l’œuvre de la production, qui paraît réfuter si péremptoirement les erreurs des précédentes écoles, dut nécessairement être accepté faute d’un autre. Mais, au fond, ce système n’était autre chose que l’économie privée de tous les individus d’un pays ou du genre humain tout entier, telle qu’elle se constituerait s’il n’y avait point de nations ni d’intérêts nationaux, point de guerres ni de passions nationales ; ce n’était qu’une théorie des valeurs, une théorie de comptoir, et non la doctrine qui enseigne comment les forces productives de toute une nation sont éveillées, accrues, entretenues et conservées dans l’intérêt de sa civilisation, de sa prospérité, de sa puissance, de sa durée et de son indépendance.

Ce système envisage tout du point de vue du marchand. La valeur des choses est la richesse ; il ne s’agit que d’acquérir des valeurs. Le développement des forces productives, il l’abandonne au hasard, à la nature ou au bon Dieu, comme on voudra ; il n’y a que le gouvernement qui n’ait rien à y voir, il n’y a que la politique qui ne doive point se mêler de l’accumulation des valeurs. Il veut acheter toujours au meilleur marché ; que les importations ruinent les fabriques du pays, peu importe. Les nations étrangères allouent des primes d’exportation sur leurs produits fabriqués ; tant mieux, il n’en achète qu’à plus bas prix. Ceux-là seuls qui produisent des valeurs échangeables sont des producteurs à ses yeux. Il reconnaît bien dans le détail les avantages de la division du travail ; mais, les effets de cette même division du travail appliquée à la nation, il ne les découvre pas. Ce n’est que par les épargnes individuelles qu’il augmente les capitaux, et c’est seulement dans la mesure de l’accroissement de ses capitaux qu’il peut étendre ses affaires ; quant au développement de la force productive, déterminé par l’établissement de fabriques dans le pays, par le commerce extérieur et par la puissance nationale qui en résultent, il n’y attache aucun prix. L’avenir de la nation lui est indifférent, pourvu que les particuliers acquièrent des valeurs échangeables. Il ne connaît que la rente de la terre, et point la valeur des fonds de terre ; il ne voit pas que la plus grande partie de la richesse d’un pays consiste dans la valeur de ses fonds de terre et de ses immeubles. L’influence du commerce extérieur sur le prix des terres, les fluctuations et les calamités qu’il entraîne, ne le préoccupent nullement. En un mot, c’est le système mercantile[3] le plus absolu, le plus conséquent, et il est incroyable qu’on ait pu qualifier de ce nom le système de Colbert, tout industriel par ses tendances, puisque, sans tenir compte d’un gain ou d’une perte temporaire en valeurs échangeables, il n’a en vue que la création d’une industrie nationale, d’un commerce national.

Nous ne voulons point, toutefois, mettre en question les titres éminents d’Adam Smith. Le premier il a appliqué avec succès la méthode de l’analyse à l’économie politique. À l’aide de cette méthode et d’une pénétration extraordinaire, il a porté la lumière dans les branches les plus importantes de la science, restées jusque-là enveloppées de ténèbres. Avant Adam Smith, il n’y avait qu’une pratique ; ses travaux ont rendu possible la constitution d’une science de l’économie politique, et il a fourni à cet effet plus de matériaux que ses devanciers et que ses successeurs.

Mais les mêmes propriétés de son esprit auxquelles nous devons ses remarquables analyses économiques, expliquent aussi comment il n’a pas embrassé l’ensemble de la société, comment il n’a pu réunir les détails dans un tout harmonieux, comment il a négligé la nation pour les individus, comment, préoccupé de la libre activité des producteurs, il a perdu de vue le but national. Lui, qui comprend si bien les avantages de la division du travail dans une manufacture, ne voit pas que le même principe s’applique avec la même énergie à des provinces et à des nations entières.

Notre jugement est pleinement d’accord avec ce que Dugald-Stewart dit d’Adam Smith. Smith savait apprécier quelques traits d’un caractère avec la sagacité la plus rare ; mais s’il portait un jugement sur l’ensemble d’un caractère ou sur l’ensemble d’un livre, on était tout étonné du peu d’étendue et de justesse de ses aperçus. Il ne savait pas même juger sûrement ceux avec lesquels il avait vécu durant plusieurs années dans l’amitié la plus intime. « Le portrait, dit le biographe, était toujours vivant et expressif, il avait une grande ressemblance avec l’original considéré sous un certain point de vue, mais il n’en reproduisait pas une exacte et complète image dans tous les sens et sous tous les rapports.[4] »

  1. Ce n’est que par opposition au système agricole absolu des physiocrates qu’on a pu donner à l’ensemble des doctrines d’Adam Smith le nom de système industriel. Ce nom ne lui est nullement applicable, si on le prend dans le sens de manufacturier ; car, tout en restituant aux manufactures la faculté productive, Adam Smith ne cache pas ses préférences pour l’agriculture et pour les agriculteurs. En tous cas, il me paraît peu convenable de qualifier de système ce qui est déjà la science. Quant à la dénomination que List emploie, elle ne s’entend et ne peut s’entendre que de la théorie de la liberté du commerce telle qu’elle est formulée dans la Richesse des nations. (H. R.)
  2. D’après Mac Culloch, Smith avait eu en Angleterre même plus d’un devancier dans cette voie de la liberté du commerce, par exemple Dudley North, Matthieu Decker, Josiah Tucker. (Note de la première édition.)
          — M. Roselier a publié en 1851 un écrit sur l’histoire de l’économie politique chez les Anglais. Après y avoir analysé les ouvrages des prédécesseurs de l’auteur de la Richesse des nations jusqu’à la fin du dix-septième siècle, il conclut dans les termes suivants :
          « Adam Smith n’a nullement découvert, comme on le croit communément, les vérités qu’il a exposées. Nous sommes loin de lui attribuer l’intention de rabaisser ses prédécesseurs ; mais il est certain qu’il a contribué en fait par son rare talent de forme et de systématisation à les mettre dans l’ombre, malgré leur mérite. Les principaux éléments de son système sont nationaux en ce sens que les germes s’en retrouvent chez les plus distingués de ses devanciers. Dans le détail même, beaucoup de résultats importants de l’âge d’or de l’économie politique anglaise avaient eu, depuis un demi-siècle et même plus tôt, leurs précurseurs. Par cette observation on ne diminue pas la gloire d’Adam Smith, pas plus qu’on ne le ferait en signalant les perfectionnements apportés à sa doctrine par ses successeurs. C’est, au contraire, faire d’un grand esprit le plus bel éloge que de le placer, pour ainsi dire, au centre de l’histoire, de telle sorte que tout ce qui le précède est comme sa préparation, et tout ce qui vient après lui comme son développement. » (H. R.)
  3. Ce n’est pas là proprement un système mercantile, par la raison qu’un marchand éclairé comprend parfaitement, dans l’occasion, la nécessité de certains sacrifices actuels en vue de bénéfices à venir ; c’est un système libéral exagéré. Adam Smith a été conduit à prononcer un arrêt si absolu contre les restrictions douanières, non par un engouement pour le commerce extérieur qu’il jugeait infiniment moins avantageux que le commerce intérieur, mais par un respect outré de la liberté et par une foi trop vive dans la puissance de l’individu abandonné à lui-même. Il n’a pas d’ailleurs été toujours conséquent avec lui-même ; et, cette intervention du gouvernement dans l’industrie, qu’il réprouve, souvent avec raison, il l’a quelquefois conseillée dans des cas où elle ne produirait que du mal. (H. R.)
  4. Plus tard, dans un écrit qu’une note précédente a mentionné, List a été plus juste envers Adam Smith, contre lequel son seul grief, en dernière analyse, était la doctrine de la liberté illimitée du commerce. J’avais dit dans l’Association douanière allemande, qu’Adam Smith, s’il reparaissait parmi nous, serait probablement moins absolu à cet égard ; en effet, s’il était d’un esprit généreux au siècle dernier de réagir passionnément contre une réglementation abusive, dans ce siècle-ci il est d’une intelligence éclairée de distinguer entre l’abus et l’usage : il s’est produit de plus, depuis quatre-vingts ans, des faits considérables auxquels la science ne peut fermer les yeux. C’est ce dernier point de vue que List a développé avec force dans le passage suivant, en montrant quels changements l’invention des machines a apportés dans l’industrie manufacturière et dans la situation respective des différentes nations :
      « Richelot a grande raison de dire que, si Adam Smith reparaissait parmi nous, il serait d’un tout autre avis sur la liberté du commerce. Lorsque Adam Smith a écrit son ouvrage, on ne pouvait pas prévoir à quel point la révolution de toutes les industries causée par l’essor des sciences modifierait l’économie des nations. Alors liberté du commerce était synonyme de division des principales branches de travail entre les peuples industriels. Aujourd’hui que nous connaissons l’action des machines et que nous pouvons en soupçonner les effets ultérieurs, la liberté commerciale serait la dissolution de toutes les nationalités restées en arrière, au profit des plus avancées…
      « À cette époque, l’Angleterre, la France et l’Allemagne étaient dans leurs productions industrielles, sinon tout à fait, du moins à peu près au même degré d’avancement. Chacune de ces contrées avait sa branche dans laquelle elle excellait : l’Angleterre la fabrication des draps, l’Allemagne celle des toiles, la France celle des soieries. C’étaient là dans la concurrence internationale les trois industries de beaucoup les plus importantes, car il était alors si peu question de celle du coton, que le mot d’industrie du coton ne se trouve même pas dans les écrits d’Adam Smith, et la fabrication du fer, dans laquelle l’Allemagne avait encore les devants sur les deux autres pays, ne présentait alors que peu d’importance sous ce rapport. Non-seulement l’Angleterre, la France et l’Italie, mais encore l’Espagne et le Portugal avec leurs colonies étaient approvisionnées de toiles en majeure partie par l’Allemagne. La France et la Hollande, l’Espagne et le Portugal ne prenaient pas à la production coloniale une part moindre que l’Angleterre, et l’Allemagne ne le cédait à aucune autre contrée pour le débouché dans les régions tropicales de ses articles fabriqués ; la consommation des denrées coloniales était d’ailleurs insignifiante comparativement à ce qu’elle est aujourd’hui. Partout, excepté dans les colonies, les classes moyennes et inférieures ne consommaient, en fait d’objets manufacturés, que ceux qui avaient été produits dans l’intérieur des familles, ou du moins, à une époque où chaque ville, chaque district, souvent même chaque village avait son costume particulier, sur les lieux mêmes ou dans le voisinage. Au lieu de s’étendre aux articles de grand débit, si l’on excepte les toiles dont la fabrication était aux mains des Allemands, la concurrence internationale se réduisait aux consommations relativement restreintes des hautes classes.
      « En supposant, dans un tel état de choses, une libre concurrence de ces trois nations industrielles, on pouvait difficilement s’empêcher de reconnaître qu’elle leur serait également profitable à toutes trois. Aucune d’elles n’avait sur les deux autres une trop grande avance dans le commerce avec les contrées tropicales, dans la possession des capitaux, dans l’outillage ou dans les frais de production. Chacune possédait des avantages particuliers à l’égard de quelques articles, sans être trop en arrière de ses rivales dans son éducation industrielle générale, dans ses relations commerciales et dans la fabrication des autres objets.   « Il était fort naturel dans de pareilles circonstances que la théorie du libre commerce fût accueillie, qu’on n’eût pas le moindre soupçon des dangers qu’elle portait dans son sein, et qu’Adam Smith représentât le système protecteur comme le produit de l’intérêt personnel et de l’esprit de routine des industriels.
      « Les progrès des sciences, les grandes inventions et, surtout, les machines, les changements politiques et commerciaux, ont, dans le cours des quatre-vingts dernières années, déterminé une révolution industrielle depuis laquelle ce qui précédemment avait passé pour sagesse est devenu folie, et ce qui avait paru éminemment avantageux se trouve plein de périls.
      « Pour nous faire une idée nette de la prépondérance que la puissance des capitaux et des machines a acquise sur le travail manuel, nous n’avons qu’à imaginer une lutte entre un bateau à vapeur et une barque. Quelques efforts que fassent les rameurs de la barque, fussent-ils au nombre de cent, fussent-ils doués d’une intelligence et d’une force de corps remarquables, ils seraient aisément distancés par deux hommes d’une capacité et d’une vigueur tout à fait ordinaires…
      « Précédemment un pays industriel ne pouvait produire pour les autres pays qu’une faible quantité d’objets manufacturés, parce que l’augmentation des salaires était un obstacle naturel à un développement extraordinaire de la production ; l’Angleterre, par conséquent, sous le régime de la liberté commerciale, n’aurait pu se présenter sur les marchés étrangers qu’avec le produit de centaines de mille d’ouvriers ; aujourd’hui, à l’aide de ses machines, elle offre sur ces mêmes marchés l’équivalent du produit de centaines de millions de bras, et il n’y a pas de raison pour que, sous la libre concurrence, elle ne centuple pas cette production.
      « Précédemment la concurrence internationale ne portait que sur les objets de luxe et que sur un petit nombre d’articles ; aujourd’hui les nations industrielles les plus avancées sont, par les prix minimes de leurs produits, en mesure de détruire toutes les manufactures des peuples moins avancés, et jusqu’à une grande partie de ces petites industries qu’on avait crues jusqu’à présent attachées aux localités.
      « Précédemment chaque industrie était quelque chose d’existant par soi-même, dont la prospérité et la conservation reposaient sur l’habileté des ouvriers et sur l’activité des entrepreneurs, dont l’existence n’était mise en péril que rarement et sous l’action persévérante de causes destructives, et dont la chute n’exerçait que peu d’influence sur l’ensemble du travail national ; aujourd’hui l’industrie manufacturière d’un grand pays forme un ensemble fondé sur la puissance des machines et sur la possession de capitaux considérables, qui permet aux nations les plus avancées, non-seulement d’exceller dans quelques branches, mais de primer dans toutes, non-seulement de supplanter pour un temps limité, dans quelques branches, les nations relativement en arrière, mais de les dépouiller de tout avenir industriel. » (H. R.)