Théatre lyonnais de Guignol/Le Testament

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N. Scheuring (tome 2p. -41).
Le testament

LE TESTAMENT

PIÈCE EN UN ACTE
PERSONNAGES

MAD. BOBINARD, veuve.

GUIGNOL, son domestique.

M. RAYMOND, rentier.

UN NOTAIRE.


Un salon.


Scène I

Mme BOBINARD, seule.


C’EST vraiment avoir du malheur ! Je viens de chez le notaire… mon mari ne m’a absolument rien laissé. C’est une ingratitude sans pareille !… Après avoir passé ma jeunesse à le servir !… après lui avoir donné tous les soins qu’exigeait sa longue maladie !… Il me faut cependant en prendre mon parti… il faut quitter cette maison, presque ce luxe auquel je m’étais si facilement habituée… Ce n’est pas, en vérité, pour moi que je me plains, car je n’ai jamais eu grand goût à tout cela & j’ai de quoi vivre… Mais ma nièce, cette pauvre petite Caroline… j’espérais la doter & la marier avec le fils de ce Raymond, cet avare, notre voisin… Ce serait un charmant mariage pour elle, & je suis sûre que les jeunes gens se plaisent… Mais Raymond n’y consentira jamais si Caroline n’a rien… Ah ! je suis désolée !…


Scène II.

Mme BOBINARD, GUIGNOL.
GUIGNOL.

N, i, ni, c’est fini… Faut donc partir ? Madame, je viens vous faire mes adieux.

Mme BOBINARD.

Tu pars déjà, mon pauvre Guignol.

GUIGNOL.

Faut ben que je parte puisque vous voulez plus me garder. Je vas faire ma malle… Dites-moi, Madame, où est mon linge qui a été à la dernière lissive ?

Mme BOBINARD, à part.

Quelle ingratitude ! J’ai le cœur déchiré.

GUIGNOL.

Qu’avez-vous donc, Madame ? Vous me paraissez joliment triste !

Mme BOBINARD.

Ce que j’ai, c’est que, malgré mon dévouement, mon mari ne m’a absolument rien laissé… Si j’avais été riche, je t’aurais bien gardé… J’ai regret de renvoyer un serviteur tel que toi.

GUIGNOL.

Oh ! oui, c’est un ingrat, votre mari… Vous qui avez eu si soin de lui !… Tout le monde, dans le quartier, croit qu’il vous a laissé son bien… Quel homme pénible !… M’en a-t-il fait endurer, dans le temps, quand y fallait l’accompagner le long des Étroits & lui prendre des iragnes[1] pour chiper des goujons… moi qui les crains comme la peste !… Et, depuis qu’il était malade, il était toujours à me dire : Guignol, goûte-moi donc ce bullion ;… Guignol, goûte-moi donc cette tisane ;… Guignol, goûte-moi donc ces pilules… Une fois il m’en a fait prendre une qui m’a fait courir pendant quinze jours… Et puis, la nuit, il avait toujours peur que je m’endorme… Il avait mis une épingle au bout de sa canne, le vieux gredin !… & si je fermais l’œil, crac, il me lardait… L’autre nuit, il m’a réveillé en cerceau : j’ai sauté à bas de mon lit, le pot de machin n’était pas à sa place, & j’ai pris un bain de pieds… salé. Ça n’était pas cannant.

Mme BOBINARD.

Mais quel est le motif qui a pu lui faire oublier tous les soins que je lui ai prodigués ?

GUIGNOL.

Je le sais bien un petit peu.

Mme BOBINARD.

Comment ? tu le sais ! Dis-le-moi vite.

GUIGNOL.

Oui, quand il avait sa fièvre tigrinaque… vous savez bien, quand il battait la générale… il disait… il disait que sa femme ne l’aimait pas… qu’elle l’avait épousé comme un en cas…

Mme BOBINARD.

Il disait cela !… On m’avait calomniée auprès de lui… Il voulait sans doute faire allusion à M. Raymond. C’est une histoire qu’il faut que tu saches : — Toute jeune, je fus demandée en mariage par M. Raymond, notre voisin… J’avais peu de fortune, mais je devais hériter d’un de mes oncles qui m’avait élevée. Ma main avait été accordée à Raymond, lorsque mon oncle mourut subitement, & un testament déjà ancien désignait pour héritier l’un de ses neveux. J’étais déshéritée… comme aujourd’hui. M. Raymond, qui n’en voulait qu’à ma fortune, refusa alors de m’épouser, en prétextant la volonté de sa famille. Quelque temps après, M. Bobinard me vit ; je lui plus & il m’épousa. Tu sais le reste. Il ne m’a pas mieux traitée que mon oncle, & cependant il m’avait toujours promis de ne pas m’oublier.

GUIGNOL.

Les promesses, ça coûte rien… Me parlez pas des héritages. C’est comme ma tante… ma tante Dodon… Vous l’avez ben connue ?

Mme BOBINARD.

Moi ? pas du tout.

GUIGNOL.

Vous avez pas connu ma tante ?… Elle demeurait à la Grand’Côte, à côté de Bibatte… Vous avez ben connu Bibatte ?

Mme BOBINARD.

Bibatte ! Je ne me souviens pas.

GUIGNOL.

Bibatte qui faisait tous les déménagements de la Grand’Côte… Il demeurait vers la Cour du soleil, mais il faisait aussi les déménagements à la lune… Il avait trois ânes qui valaient douze francs à eux trois… Il leur donnait pas grand’chose à manger, mais il les entreposait dans la Cour du soleil & ils buvaient à discrétion… à la pompe.

Mme BOBINARD.

Qu’est-ce que tu me racontes là ?

GUIGNOL

C’est pour en revenir à ma tante… Elle m’avait promis aussi son héritage. Elle me disait toujours : Mon petit Guignol, tout ce que j’ai c’est pour toi… Un beau jour je reçois une lettre d’elle, qu’elle était morte à la Grive, près de Bourgoin, où elle demeurait. Vous connaissez ben la Grive ?… Je prends la carriole pour y aller… Dans ce temps-là y avait pas de chemin de fer pour Bourgoin… On couchait en route… on couchait à la Verpillière… même qui m’est arrivé là des aventures bien drôles… Le conducteur disait toujours : Allons, messieurs, en voiture, la carriole va partir[2]… Puis elle partait jamais, sa carriole… Je vous raconterai ça une autre fois… J’arrive donc à la Grive. Toutes les voisines de ma tante étaient autour de moi. Une me dit : Cette brave madame Dodon, elle m’avait promis son garde-robe pour l’avoir veillée pendant qu’elle était malade. Je lâche le garde-robe. Une autre dit : Elle m’avait promis sa pétrière pour lui avoir blanchi son linge. Je lâche la pétrière… Enfin y avait six sous d’argent. Quand on a eu payé la mainmorte[3], le boulanger & le reste, y m’a resté 4 bouteilles de vin que ça faisait faire la grimace de le boire, 3 paires de bas qui me montent jusques par-dessus le genou, & 6 chemises qui ont des petites manches comme ça (il en montre la longueur) & qui me vont pas du tout… V’là ce que c’est que les héritages.

Mme BOBINARD.

Babillard !

GUIGNOL.

Vous avez ben raison, Madame, mais c’est pour vous désennuyer… J’étais venu vous demander où est mon linge de la dernière lissive ; vous me l’avez pas dit.

Mme BOBINARD.

Tu le trouveras à la salle à manger. Allons, puisque tu pars, voilà 20 fr. d’étrennes en récompense de tes bons services.

GUIGNOL.

Merci bien, Madame. Allez, ça me fâche bien de vous quitter… Si vous vouliez me garder rien que pour ma nourriture, je resterais… Je mange pas beaucoup.

Mme BOBINARD.

Tu ne manges pas beaucoup, mais tu bois bien. Non, cela m’est tout à fait impossible.

GUIGNOL.

Eh ben, Madame, venez, je vous prie, voir ma malle.

Mme BOBINARD.

À quoi bon ? Tu ne veux rien emporter.

GUIGNOL.

Ah ! vous savez, quand on part on a tant à faire !… la malle est quéquefois trop grande… y a des distractions si naturelles…

Mme BOBINARD.

Ce serait bien étonnant.

GUIGNOL.

Pas tant que vous croyez. On a les yeux à gauche, n’est-ce pas, & la main à droite. La gauche voit pas ce que la droite fait.

Mme BOBINARD.

Quand on est honnête, ces choses-là n’arrivent guère.

GUIGNOL.

Oh que si ! Quand j’étais tout petit gone, j’allais au prunier de ma tante, & pendant que je me tenais à l’arbre de la main droite, j’avalais les prunes de la gauche.

Mme BOBINARD.

Cela ne m’empêche pas d’avoir confiance en toi. Tu peux emporter ta malle sans que je la voie.

GUIGNOL.

Allons, je reviendrai tout de même vous faire mes adieux. (Il s’éloigne & revient pour dire : ) Mais, Madame, c’est pas possible que vous ayez pas connu ma tante ?

Mme BOBINARD.

Non, je ne l’ai pas connue… Babillard, laisse-moi donc.

GUIGNOL, en s’en allant.

Ça m’étonne bien, ma tante Dodon…



Scène III.

Mme BOBINARD, seule.

Pauvre garçon ! il m’était fidèle & dévoué. (On sonne.) Qui est-ce qui sonne ? Qui donc peut encore songer à moi dans mon délaissement ?



Scène IV.

Mme BOBINARD, M. RAYMOND.
RAYMOND.

Bonjour, charmante voisine ! Comment allez-vous ?

Mme BOBINARD.

Vous ici, M. Raymond ? Qu’est-ce qui peut me valoir votre visite ?

RAYMOND.

J’ai appris la mort de votre mari en revenant de la campagne, & je venais partager vos soucis.

Mme BOBINARD.

Oui, Monsieur, je l’ai perdu… C’est une bien grande douleur pour moi.

RAYMOND.

Oh ! il était vieux, cacochyme… d’un caractère insupportable… Vous deviez vous attendre à le perdre d’un instant à l’autre.

Mme BOBINARD.

Monsieur, vous ne m’avez pas encore expliqué votre présence ici. Vous n’y veniez pas du vivant de mon mari.

RAYMOND.

Pour dissiper vos chagrins, je venais m’entretenir avec vous d’anciens souvenirs. Vous n’avez pas oublié sans doute que vous avez été autrefois ma fiancée.

Mme BOBINARD.

(À part.) Le perfide ! il a encore l’audace de me le rappeler ! (Haut.) Vous avez bonne mémoire, Monsieur ; moi, j’ai cherché à oublier comment vous m’avez délaissée après les promesses que vous aviez faites.

RAYMOND.

Ne m’acculez pas… C’est ma bonne tante qui a contraint ma volonté ; elle exigeait que l’épouse de mon choix eût une fortune équivalente à la mienne ; elle m’aurait déshérité si je vous avais épousée… Mais je puis tout réparer… Je suis veuf maintenant, je suis libre… Dans dix mois vous le serez aussi… accordez-moi votre main.

Mme BOBINARD.

Vous devriez, Monsieur, sentir l’inconvenance de votre conduite… Tant que vous m’avez cru héritière de mon oncle, vous avez promis de m’épouser ; mais lorsque vous avez su que mon oncle m’avait oubliée dans son testament, vous m’avez délaissée, Vos parents n’y étaient pour rien… & ce n’est qu’après votre trahison que j’ai épousé M. Bobinard… Aujourd’hui je suis riche à mon tour ; j’hérite de toute la fortune de mon mari… (Mouvement de Raymond) & je puis me passer de la vôtre.

RAYMOND.

Oh ! j’en suis convaincu… Avec tous les mérites que vous possédez, vous ne manquerez pas de prétendants… Mais, moi, j’ai des droits anciens ; accordez-moi votre main, je vous en supplie.

Mme BOBINARD.

Vous êtes bien pressant… Je suis veuve depuis si peu de temps, & je suis fort embarrassée d’affaires de toute espèce… J’ai besoin d’y réfléchir… Et si vous changiez encore d’avis !…

RAYMOND.

(À part.) Tâchons de la lier par un coup de maître. (Haut.) Je veux vous montrer toute ma franchise & mon empressement. Je vais promettre par écrit de vous épouser ; nous signerons tous deux un acte suivant lequel celui qui se dédira dans dix mois paiera cinquante mille francs à l’autre. D’ici à cette époque vous aurez tout le temps de réfléchir.

Mme BOBINARD.

(À part.) Le fourbe !… mais il sera pris lui-même dans ses piéges. (Haut.) J’accepte, à condition que vous me garderez le secret jusqu’à ce moment.

RAYMOND.

Merci, ma belle… Je ferai tout ce que vous voudrez. Je ne connaissais pas le testament de votre mari ; ce que vous venez de m’apprendre me comble de joie. Vous méritiez bien cette libéralité… Moi aussi j’ai une belle fortune… Mais je désirerais cependant lire ce testament.

Mme BOBINARD.

Doutez-vous de ma parole ? & serait-ce là le motif qui vous a fait demander ma main ?

RAYMOND.

Oh ! fi donc ! vous n’auriez pas un denier que je mettrais avec bonheur mon cœur & ma fortune à vos pieds. Néanmoins je désirerais le lire… Il peut y avoir certaines clauses… Les collatéraux sont si avides !… C’est dans votre intérêt que je m’en préoccupe. Les femmes ne connaissent pas bien les affaires.

Mme BOBINARD.

Je vous le montrerais volontiers ; mais je ne l’ai pas là. Je puis seulement l’envoyer chercher chez le notaire… Si vous reveniez…

RAYMOND.

Certainement je reviendrai… Oh ! je ne suis pas pressé ; je le lirai un autre jour… Voulez-vous que je revienne dans une heure & demie, dans une heure ?

Mme BOBINARD.

Il faudra bien deux heures… le notaire pourrait être absent. Au revoir, Moniteur Raymond !

RAYMOND.

Bien, bien !… À bientôt, mon beau dahlia ! à bientôt, ma belle rose mousseuse ! à bientôt, tout ce que j’aime ! (Il sort.)


Scène V.

Mme BOBINARD, seule.

Je m’explique sa visite… Il a pensé, comme tout le monde, que je devais être héritière de mon mari, & il est venu s’en assurer… Il veut m’engager de façon à ce que je ne lui échappe pas… Mais je ne serai pas sa femme… & il faudra bien qu’il marie son fils avec ma chère Caroline… J’aurai du plaisir à duper cet avare.


Scène VI

MmeBOBINARD, GUIGNOL.
GUIGNOL, apportant un havre-sac.

Madame, v’là ma malle faite. Voulez-vous venir voir dedans ?

MmeBOBINARD.

Je t’ai déjà dit que cela était inutile.

GUIGNOL.

Voyons, Madame, y a donc pas moyen de me garder rien que pour ma nourriture ?

MmeBOBINARD.

Je te répète que cela m’est impossible… Mais veux-tu gagner cent francs ?

GUIGNOL.

Je pense bien ; est-ce que ça se demande ? Qu’est-ce qu’il peut faire pour ça ?

MmeBOBINARD.

Il faut prendre la place de mon mari.

GUIGNOL.

Vous épouser ?… Mais je demande rien pour ça ; je suis tout prêt.

Mme BOBINARD.

Il ne s’agit pas de m’épouser.

GUIGNOL.

Oh ! Madame ! si on a vu des rois épouser des bergères…

Mme BOBINARD.

Encore une fois, il ne s’agit pas de cela.

GUIGNOL.
.

Mais de quoi donc ? Est-ce que vous voulez que j’aille remplacer votre mari dans le royaume des taupes ? Escusez ! Je vois ben comment j’irais, mais je vois pas comment votre mari en reviendrait.

Mme BOBINARD.

Tais-toi donc, bavard ; tu ne me laisses pas parler… Il s’agit de tromper M. Raymond, notre voisin.

GUIGNOL.

Ce grippe-sou ! Tant que vous voudrez. Je lui en veux depuis qu’un jour il m’a offert une pièce de deux sous pour avoir porté sa malle… deux sous !… Ah ! il est bien connu dans tout le quartier pour son avarice… c’est à qui racontera des histoires sur son compte[4].

Mme BOBINARD.

Voici l’affaire… Tout à l’heure il est venu ici. Il me croit héritière de mon mari, & dans cette croyance il m’a demandé ma main… Comme il faut attendre dix mois encore, de peur de manquer un aussi beau parti, il veut que nous signions un acte suivant lequel celui qui se dédira de ce projet de mariage paiera cinquante mille francs à l’autre… Je voudrais bien lui faire payer ce dédit… mais voilà le difficile !… Il croit que par un testament mon mari m’a fait son héritière, & il n’y a point de testament… Il faut que nous lui en montrions un… Tu vas te mettre au lit ; j’irai chercher des témoins & un notaire… Justement celui qui est là dans cette rue est arrivé depuis peu de jours & ne nous connaît pas… Quant aux témoins, nous avons des voisins qui détestent Raymond & qui seront ravis de m’aider à le duper… Tu feras ton testament comme si tu étais mon mari, & nous brûlerons cet acte, quand nous aurons accompli notre dessein.

GUIGNOL.

Oh ! s’il ne faut que ça, ce n’est pas ben difficile… Je suis fort pour faire le malade… Quand j’étais petit, j’étais toujours malade à l’heure d’aller à l’école, & puis le soir j’étais guéri.

Mme BOBINARD.

C’est entendu : tâche de te tirer de ton rôle avec aplomb.

GUIGNOL.

Soyez tranquille, Madame.

Mme BOBINARD.

Il faut tout préparer pour recevoir le notaire ici… Tu vas y faire ton lit… Je t’expliquerai ensuite ce que tu devras lui dire.


Scène VII.

GUIGNOL, seul.

(Il emporte sa malle en disant : ) Viens, toi qui as fait la campagne de Margnoles.

Puis il sort & rentre à plusieurs reprises, apportant ce qui lui est nécessaire pour bâtir un lit qu’il établit sur le bord du théâtre : matelas, traversin, drap, couverture. En faisant le lit, il fredonne quelque refrain.

Nom d’un rat ! j’espère que j’aurai là un lit bien mollet… Ah ! n’oublions pas l’essentiel… Quand on est malade… (Il apporte le pot de chambre.) Allons, c’est complet !


Scène VIII.

GUIGNOL, Mme BOBINARD.
Mme BOBINARD.

Très bien, Guignol ; te voilà parfaitement installé… Tout va le mieux du monde… J’ai prévenu le notaire & les témoins… Ils vont être ici à l’instant… Dépêche-toi de prendre la position d’un malade, & gémis convenablement.

GUIGNOL.

Tout de suite. Mais je suis bien mal comme ça… Je vais me déshabiller… Madame, voudrez-vous me tirer mes bottes ?

Mme BOBINARD.

Ah ! par exemple !… Mais cela n’est pas nécessaire. Il faut te coucher tout habillé.

GUIGNOL.

Allons, je m’y mets avec armes & bagages… Mais y me faut ben un bonnet de coton pour ressembler à un malade ?

Mme BOBINARD.

Je vais te donner celui de mon mari.

GUIGNOL.

Si ça me donnait sa fièvre tigrinaque !… (Il sort & revient coiffé du bonnet de coton.) Nom d’un rat ! je vais ressembler à un mitron avec ça ! (Il se couche.) Bon ! v’là une puce qui entre dans mon mollet… Elle a pris ma jambe pour l’omnibus de Sainte-Foy : aïe ! aïe !

Mme BOBINARD.

Qu’as-tu donc ? Un peu de patience. Tu n’es pas bien mal dans ce lit.

GUIGNOL.

C’est une coquine de puce qui me laboure le mollet… Ah ! plaisante pas ; si tu mords encore, je m’escanne… Mais, Madame, est-ce que vous allez rien me donner à boire ?

Mme BOBINARD.

Non, tu es malade.

GUIGNOL.

Pas pour boire… Je demande pas de mangement, rien que de buvaison. Donnez-moi une bouteille, je la mettrai sous ma couverte.

Mme BOBINARD, lui donnant une bouteille.

Tiens donc ; il faut faire comme tu veux.

GUIGNOL, buvant.

C’est du bon ! ça me soutiendra dans mes souffrances… Ah ! nom d’un rat ! v’là la puce que repique. (On sonne.)

Mme BOBINARD.

Laisse-la faire & tiens-toi. On vient… gémis.

Guignol gémit comme un malade.

Scène IX.

LES MÊMES, LE NOTAIRE.
LE NOTAIRE.

Madame, vous m’avez mandé pour un acte de mon ministère ; je me rends à vos ordres.

Mme BOBINARD.

Mon mari désire faire son testament.

LE NOTAIRE.

Fort bien, Madame… Voici sans doute M. Bobinard ; il paraît bien malade.

GUIGNOL.

Aïe, aïe ! oh, là, là !

LE NOTAIRE.

Vous souffrez beaucoup, Monsieur ?

GUIGNOL.

Je pense bien… je voudrais vous y voir à ma place. (À part.) C’est ma puce.

LE NOTAIRE.

Un peu de patience… Il faut oublier vos douleurs un instant pour songer à vos dernières volontés.

GUIGNOL.

Ah ! vous venez pour mon testament ?… Mais, pauvre vieux, je suis pas encore prêt à tourner l’œil.

LE NOTAIRE.

C’est bien aussi mon avis ; mais cela ne fait pas mourir de régler ses affaires ; au contraire…

GUIGNOL.

Ah ! la coquine ! elle monte te long de mes guiboles… Veux-tu finir ? si tu continues, je prends la poudre d’escampette.

LE NOTAIRE.

Mme Bobinard.) Le délire va le prendre ; hâtons-nous. (À Guignol.) Soyez calme ; je n’en ai que pour quelques minutes. Si vous voulez me dicter, je suis prêt.

GUIGNOL.

Diqueter !.. Comment donc qu’il faut faire pour diqueter ?

LE NOTAIRE.

Cela consiste à déclarer à haute voix quelles sont vos intentions… Mme Bobinard.) Où puis-je me mettre pour écrire, Madame ?

Mme Bobinard, indiquant une des coulisses.

Ici, dans ce cabinet, vous trouverez ce qu’il vous faut… Les témoins y sont déjà… Vous verrez & vous entendrez le malade.

LE NOTAIRE.

Fort bien, Madame. (À Guignol.) Allons, Monsieur, parlez haut ; je vous entends.

GUIGNOL.

Oh ! s’il ne s’agit que de ça, c’est pas difficile, j’ai un bon coffre.

Le notaire entre dans le cabinet. Mme Bobinard se place près du lit.

Mme BOBINARD, bas à Guignol.

Répète mot à mot ce que je vais te dire.

GUIGNOL, de même.

Oui, Madame… Gredine de puce ; elle me mange en détail.

Mme BOBINARD, bas à Guignol qui répète à haute voix chaque mot[5].

Moi… Jean-Matthieu-Fortuné-Félix Bobinard… je donne & lègue… à Jeanne-Julie Birotteau, ma femme, mes deux maisons de la rue Ferrachat… ma ferme de Vénissieux.

GUIGNOL, continuant seul.

À côté du beau lac… avec ses fiacres[6].

LE NOTAIRE, revenant.

Que dites-vous ? des fiacres ?

GUIGNOL

Oui, les fiacres de ma ferme de Vénissieux… C’est des fiacres à bondon.

LE NOTAIRE, retournant dans le cabinet.

Des fiacres à bondon ! Allons, écrivons : Avec ses fiacres à bondon.

Mme BOBINARD, bas.

Plus, 80,000 francs.

GUIGNOL, haut.

Plus, 60,000 francs.

Mme BOBINARD.

80,000 francs !

GUIGNOL.

Je sais ce que je dis : 60,000 francs.

Mme BOBINARD, au notaire.

Monsieur, c’est 80,000 francs.

LE NOTAIRE, revenant.

Ah ! Madame, je dois suivre la volonté du testateur. (À Guignol.) Voyons, est-ce 80 ou 60,000 francs ?

GUIGNOL.

60,000 francs.

LE NOTAIRE.

Vous entendez, Madame… J’écris, 60,000 francs.

GUIGNOL.

Ah ! je suis mordu, je suis mordu. La puce monte toujours.

LE NOTAIRE.

Est-ce tout ?

GUIGNOL.

Non, non. — Plus, je donnera mon bon… à mon brave… à mon gentil domestique Guignol, pour les soins qu’il a t-ayu de moi… la somme de 20,000 francs[7].

LE NOTAIRE.

Ah ! voilà les 20,000 francs de différence !

Mme BOBINARD, bas.

Y penses-tu ?

GUIGNOL, de même.

Tiens ! puisque c’est moi que meurs, & encore pour vous être agriable, je peux ben me laisser quéque chose pour vivre… (Au notaire.) Vous avez écrit, M. le notaire ? Je donne à mon domestique Guignol 20,000 francs.

LE NOTAIRE.

Oui, oui.

GUIGNOL.

Ah ! la puce, la puce !… M. le notaire, je voudrais vous dire un mot en particulier.

LE NOTAIRE.

Que me veut-il ? (Il s’approche & se penche vers lui).

GUIGNOL.

Je voudrais vous faire prendre quéque chose.

LE NOTAIRE.

Je vous remercie, je ne veux rien prendre.

GUIGNOL.

Si… si… si c’était un effet de votre part de me prendre une puce qui me larde depuis une demi-heure ; elle voyage à présent entre le 45e & le 46e degré de latitude sud.

LE NOTAIRE.

Le délire le reprend ; il est bien malade ;

GUIGNOL.

Plus, je donne au notaire mon grand pot de machin pour s’en faire une tabatière… Plus, je lui donne mon bonnet de coton pour se faire des caneçons de laine… Plus, je lui donne mes bottes pour se faire des tuyaux de poële…

LE NOTAIRE.

Décidément il est bien malade.

Mme BOBINARD, bas.

Mais, Guignol, que tu es bête !

GUIGNOL, de même.

On est ben bête quand on est malade.

LE NOTAIRE, apportant un parchemin.

Il faut signer à présent.

Mme BOBINARD.

Je vais le faire signer… Éloignez-vous un instant… Il est fort agité… Je crains que votre présence le trouble.

LE NOTAIRE.

Je vais auprès des témoins… Je leur ferai signer l’acte, quand il l’aura été par le testateur. (Il s’éloigne).

Mme BOBINARD, à Guignol.

Viens vite signer là à côté… je te tiendrai la main.

GUIGNOL.

Finissons vite, finissons vite ! la puce m’a à moitié mangé. (Il se lève & on l’entend dire dans la pièce voisine) : Il faut écrire mon nom… Matthieu Bobinard… Ça m’a toujours ennuyé d’écrire mon nom… j’ai pourtant été à l’école… mais y a si longtemps !… Voyons voir comme ça s’écrit. — c… h… a… ma… p… y… u… thieu… Matthieu… Voilà toujours Matthieu.— b… o… l… t… bo… b… i… s… bi… bobi… n… e… r… s… t… h… nard… Bobinard.

Il vient se recoucher et Madame Bobinard porte le testament au notaire.
GUIGNOL.

Allons, bon, la v’là qui me saute dans l’oreille.

LE NOTAIRE, revenant.

C’est bien votre signature ?

GUIGNOL.

(Bas.) Comment le v’là encore ! atatends ! je vais te faire sauver… (Haut.) Oui, oui, c’est mon pataraphe…

Il pousse des cris et prononce des mots sans suite.
LE NOTAIRE, effrayé.

Ah ! mon Dieu ! il devient furieux. Madame, je vais faire signer les témoins.

Mme BOBINARD.

Dans quelques jours, je ferai passer chez vous pour vos honoraires.

LE NOTAIRE.

Fort bien, Madame ; ne vous dérangez pas pour cette bagatelle. (Il sort.)


Scène X.

Mme BOBINARD, GUIGNOL.
Guignol défait le lit.
Mme BOBINARD.

Tu perds la tête, Guignol ! Dire au notaire toutes les bêtises que tu as débitées, & te donner 20,000 francs encore !

GUIGNOL.

Tiens, vous n’êtes pas contente ! Je vous donne les maisons, la campagne, les fiacres, 60,000 francs & je n’en garde que vingt. Ça n’est pas trop cher.

Mme BOBINARD.

Je t’avais promis une récompense ; tu n’auras rien.

GUIGNOL.

Hein ! dis donc ! t’es bien rageuse !

Mme BOBINARD.

Comment ! tu te permets de me tutoyer à présent !

GUIGNOL.

Pisque je suis votre mari.

Mme BOBINARD.

Allons, c’est vrai, j’ai tort de t’en vouloir ! Qu’importe ce que tu t’es donné, puisque ce testament n’a rien de sérieux… Avec ton aide j’aurai gagné la partie, & ce vilain Raymond sera joué… Mais que fais-tu donc là ?

GUIGNOL, qui a défait le lit & étalé son drap sur le devant du théâtre.

Hé ! pardine, je cherche ma puce.

Mme BOBINARD.

Tu la trouveras bien, ta puce, en faisant comme tu fais !

GUIGNOL.

Ayez pas peur ! Je la reconnaîtrais entre mille. J’ai son signalement…

En se penchant pour chercher sa puce, il met le feu à son bonnet.
Mme BOBINARD, rêvant.

Oui, quand il aura signé le dédit, il faudra bien qu’il marie son fils avec ma nièce. (Elle voit le feu au bonnet de Guignol.) Mais prends donc garde, Guignol, tu es en feu.

GUIGNOL.

Le feu ? Dans quel arrondissement ?

Mme BOBINARD.

À ton bonnet, malheureux !

GUIGNOL.

Ma foi, tant pis ; il est pas à moi ; les affaires des autres me regardent pas… Ah ! sapristi, ça commence à me chauffer la tête.

Il plonge le bonnet dans le pot de chambre & sort.


Mme BOBINARD, seule.

Je l’attends ; il verra le testament &…

GUIGNOL, revenant.

Maintenant, Madame, que c’est fini, faut-y partir ?

Mme BOBINARD.

Tiens, voilà les 100 francs que je t’ai promis ; je te remercie… Mais, je t’en prie, reste jusqu’à ce soir. (Coup de sonnette.) On sonne. Va ouvrir.



Scène XI.

Mme BOBINARD, RAYMOND.

Guignol paraît dans cette scène pour écouter, tout en feignant d’épousseter les meubles.

RAYMOND.

Bonjour, charmante voisine !… Je reviens, suivant ma promesse… J’ai vu tout à l’heure sortir de chez vous un monsieur que je ne connais pas du tout.

Mme BOBINARD.

C’est le notaire qui a fait le testament de mon mari & qui est venu m’apporter l’acte.

RAYMOND.

Bien, bien ; je venais précisément pour en prendre connaissance.

Mme BOBINARD.

À votre gré, M. Raymond ; je vais le chercher.

RAYMOND.

Fort bien ! nous allons l’examiner. Ce n’est pas que je me défie… bien au contraire. Mais dans les affaires sérieuses il faut de la prudence ; je ne m’en rapporte qu’à moi-même.

Mme BOBINARD.

Tenez, voici l’acte… Lisez.

RAYMOND, lisant.

C’est bien cela ; voici la clause qui vous nomme héritière universelle… Je donne & lègue à Jeanne Julie Birotteau ma femme mes deux maisons… ma ferme de Vénissieux avec les fiacres. Ah ! il y a des fiacres ! Avec les fiacres à bondon. Quelle singulière idée de spécifier de tels objets ! Enfin, c’est fort joli d’être ainsi légataire universelle. Mais que vois-je ? Je donne à mon domestique Guignol, pour ses bons soins, 20,000 francs. Comment ! vous ne vous êtes pas opposée à ce legs ? C’est une folie.

Mme BOBINARD.

Mais pourquoi donc ? Guignol est un vieux serviteur, & il est bien juste de reconnaître ses services.

RAYMOND.

Ta, ta, ta ; les domestiques nous servent, nous les payons pour cela… Un vieux domestique, on lui donne 3 francs & non pas 20,000. C’est insensé. Laissez-moi faire ; je vous éviterai la peine de payer ce legs… Donnez-moi plein pouvoir, appelez Guignol, & je me charge d’arranger cette affaire.

Mme BOBINARD.

Volontiers. Guignol !


Scène XII.

LES MÊMES, GUIGNOL.
GUIGNOL.

Présent !… Mossieu Raymond, bien le bonjour !…

RAYMOND.

Guignol, je viens de lire le testament de ton maître ; tu as une belle récompense, mais malheureusement tu ne peux pas toucher ce legs.

GUIGNOL.

Et pourquoi donc ?

RAYMOND.

C’est que Mme Bobinard s’y oppose… Tu auras un procès… C’est un legs trop fort pour un domestique… Il y a captation… Il peut même y avoir plainte au lieutenant criminel.

GUIGNOL.

Alors que faut-y donc deviendre ?

RAYMOND.

Je te conseille de t’arranger… Tiens, si tu veux renoncer à ton legs moyennant 2,000 francs, je te les donne.

GUIGNOL.

Oh ! 2,000 francs, c’est pas assez.

RAYMOND.

Allons, 3,000 francs… & je paie comptant.

GUIGNOL.

Faites voir l’argent… J’accepte, si vous aboulez tout de suite.

RAYMOND.

Je vais te les chercher. Mme Bobinard. ) Vous voyez, Madame ; ce n’est pas plus difficile que ça !… (À Guignol.) Je reviens, & tu me signeras une renonciation… Allons aussi de ce pas, ma toute belle, signer notre promesse de mariage.

Raymond & Mme Bobinard sortent.

Scène XIII.

GUIGNOL, seul.

Hé ben, en vlà un qu’est galvanisé !… Vieux cocombre, va !… Il croit nous attraper tous, & il s’arrache une dent que va joliment le faire crier… Moi aussi je vais avoir une dot… Qué que je vais en faire ?… Je vas monter un service de bateaux à vapeur pour Saint-Just.


Scène XIV.

RAYMOND, GUIGNOL.
RAYMOND.

Allons, tiens, voilà tes 3,000 francs ; signe-moi ta renonciation… Voilà toutes mes affaires réglées… Ma belle veuve est à moi ; notre dédit est signé… Si elle ne tient pas sa parole, elle me paie 50,000 francs. Quelle brillante affaire !

GUIGNOL.

Ah ! vous épousez donc Mme Bobinard ; je vous fais mon compliment… Mais, dites donc, comment faut-y que je signe sur cette renonciation ? Faut-y mettre Matthieu Bobinard ?

RAYMOND.

Comment ! Bobinard ?

GUIGNOL.

Je voulais savoir s’il fallait mettre comme j’ai mis sur le testament.

RAYMOND.

Que dis-tu là, malheureux ? Ce testament que j’ai vu…

GUIGNOL.

C’est moi qui l’ai fait… c’est une frime… La bourgeoise n’a pas le sou de l’héritage de son mari… Vous avez bu un bullion, pauvre vieux.

RAYMOND.

Ah ! scélérat, tu as commis un faux semblable ! Je te ferai pendre.

GUIGNOL, le cognant avec la tête.

Tiens, pends ça, vieux !


Scène XV.

LES MÊMES, Mme BOBINARD.
Mme BOBINARD.

Qu’y a-t-il donc ? On se bat chez moi !

RAYMOND.

Madame, avez-vous signé la promesse ?

Mme BOBINARD.

Certainement, & j’entends bien m’y tenir.

RAYMOND.

Moi, j’entends l’annuler & vous faire poursuivre criminellement… Vous avez fait un faux testament.

Mme BOBINARD.

Ce testament n’existe plus, je l’ai brûlé… Il est vrai que je n’ai pas l’héritage de mon mari ; mais j’ai votre promesse.

RAYMOND.

Je plaiderai.

Mme BOBINARD.

Voyons, M. Raymond, il y a moyen de tout arranger… Vous ne tenez pas à ce mariage, ni moi non plus… Mais il en est un autre que nous pouvons faire… Votre fils aime ma nièce Caroline… marions-les… Vous donnerez à votre fils les 50,000 francs du dédit que j’abandonnerai pour lui, & j’assure à ma nièce toute ma petite fortune.

RAYMOND.

Non, non, je veux plaider.

Mme BOBINARD.

Plaidez, Monsieur, contre votre signature… si vous pouvez… Cela fera un bien joli procès… pour les avocats.

GUIGNOL.

On fera votre potrait à l’audience… Y aura fête dans le quartier ce jour-là… On racontera des bien chenuses histoires.

RAYMOND.

Vous dites… votre nièce… Mlle Caroline… Au fait, elle paraît bonne femme de ménage.

Mme BOBINARD.

Faites le bonheur de ces enfans, M. Raymond.

RAYMOND.

Allons, faisons le bonheur de ces enfants… (À part.) puisque je ne peux pas faire autrement… (À Guignol.) Et toi, scélérat, tu vas me rendre mes 3,000 francs.

GUIGNOL.

Ça sera mon cadeau de noces. — Madame, je pars, voulez-vous visiter ma malle ?

Mme BOBINARD.

Non, tu resteras au service des nouveaux époux.

GUIGNOL.

Mossieu Raymond, quand vous voudrez faire votre testament, je m’en charge ; je va-t-en ville.

au public.

Air : Restez, restez, troupe jolie.


J’ai montré ce soir, je l’espère,
Pour tester un bien beau talent.
Aussi ! Messieurs, je voudrais faire
Que’que jour votre testament ;
Faites-moi fair’ votre testament.
N’ayez peur que dans le partage
Je m’adjuge vos pécuniaux.
Guignol, de tout votre héritage.
Ne veut garder que vos bravos !


Ensemble.

Messieurs, de tout votre héritage,
Nous ne voulons que vos bravos.

FIN DU TESTAMENT.


  1. Iragne, araignée.
  2. Il y a ici une allusion à l’histoire comique d’un voyage de Lyon à Bourgoin au temps jadis, histoire fort connue dans les ateliers des peintres lyonnais, sous ce titre : La carriole va partir. Le premier auteur de ce récit, souvent revu & augmenté, est un musicien nommé Verdelet, qui vivait, comme Mourguet, dans les premières années de ce siècle, & auquel ses narrations en langage canut, plus encore que son habileté à faire danser la jeunesse lyonnaise, avaient valu une véritable célébrité.
  3. Le droit de mutation.
  4. Guignol raconte ici ad libitum quelque trait comique d’avarice.
  5. En répétant ce que lui dicte Mme Bobinard, Guignol estropie les mots & y ajoute, a gusto, des réflexions de son cru.
  6. Voir, pour le lac de Vénissieux & les fiacres à bondon, la note p. 215, partie I. Un dentiste.
  7. Souvenir du légataire de Regnard, acte IV, scène 6 : Item, je laisse & lègue à Crispin…