Théorie de la grande guerre/Livre VII/Chapitre 12

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Traduction par Marc-Joseph-Edgar Bourdon de Vatry.
Librairie militaire de L. Baudoin et Cie (Tome troisièmep. 53-54).

CHAPITRE XII.

attaque des lignes en cordon.


En raison de la longueur excessive de leur développement les lignes en cordon se prêtent encore moins que les cours d’eau et les montagnes à l’action de la défense dans une bataille générale. Ce procédé défensif tourne donc à l’avantage de l’attaque quand celle-ci vise un grand résultat. Citons, comme exemple à ce propos, les lignes de Denain dont en 1712 la perte entraîna pour le prince Eugène des conséquences absolument identiques à celles d’une défaite dans une grande bataille, tandis que le maréchal de Villars n’eût que très difficilement obtenu un pareil succès s’il eût attaqué son adversaire sur une position concentrée. Lorsque, par contre, l’envahisseur n’est pas en situation de rechercher un résultat décisif, il doit respecter des lignes en cordon occupées par le gros de la défense, ainsi que fit en 1703 le même maréchal de Villars pour les lignes de Stollhofen défendues par le prince Louis de Bade. Mais, lorsque le défenseur n’y place qu’une partie subordonnée de ses forces, il ne s’agit plus pour l’attaque que de déterminer la quantité de troupes par lesquelles elle les fera enlever. La plupart du temps elle ne rencontre alors que peu de résistance et doit se contenter d’un résultat modeste.

Les lignes de circonvallation, dans la guerre de siège, ont un caractère qui leur est propre et que nous étudierons dans le chapitre de l’attaque d’un théâtre de guerre.

Les chaînes renforcées d’avant-postes et les autres dispositions en forme de cordon ont toutes la particularité d’être faciles à enlever, mais, à moins qu’on ne les force pour pénétrer plus avant et arriver ainsi à une solution, l’opération ne produit pas grand résultat et ne vaut pas la peine qu’elle coûte.