Thresor de la langue françoise/Intro
|
Thresor de la langue françoise, Douceur, 1606 Introduction, pages i à iv
|
► | A
|
SONT LES MOTS PROPRES DE MARINE, VENERIE,
& Faulconnerie, cy-deuant ramassez par Aimar de Ranconnet,
viuant Conseiller & President des Enquestes en Parlement.
REVEV ET AVGMENTE’ EN CETTE DERNIERE
Impression de plus de la moitié ; Par Iean Nicot,viuant
Conseiller du Roy , & Maistre des Requestes
extraordinaire de son Hostel.
AVEC VNE GRAMMAIRE FRANCOISE ET LATINE,
& le Recueil des vieux Prouerbes de la France, Ensemble le Nomenclator de
Junius,mis par ordre Alphabetic, & creu d’vne Table particuliere de toutes les dictions.
DEDIE’ A MONSIEUR LE PRESIDENT BOCHART,
Sievr de Champigny, &c.
A PARIS,
Chez David Dovcevr , Libraire Iuré, Ruë S. Iacques,
à l’Enseigne du Mercvre arresté.
M. D C. VI.
Auec Priuilege du Roy ,& de l’Empereur.
o n s i e v r,
Ie serois indigne de l’obligation qu’en faueur & consideration du public ay receu de vous , si ie taisois & ne publiois par tout, comme sur ce qu’estois tous les iours recherché par ceux de nostre France, & toutes sortes d’estrangers, du Dictionaire reueu par Mr. Nicot, m’estant adressé à vous, sans neantmoins y auoir autre cognoissance que celle que tout le monde a de vos merites, m’auez humainement receu, & franchement mits és mains ce, qu’apres le decez dudit Sr. Nicot s’estoit venu rendre chez vous, comme en lieu de seureté, contre la barbarie & l’ignorance. AINSI c’est à vous seul, à qui ceux qui sçauent asseZ l’vtilité de ce liure, en doiuent la recognoissance:& duquel partant auez comme taisiblement accepté la protection , contre ceux qui le penseroient inutile,ou peu necessaire. A quoy sans doubte,outre l’inclination qu’auez au bien,& à ce qui est de la vertu,deux choses sembloyent vous obliger: La premiere est le ressouuenir de la generosité de vos ancestres;l’vn desquels estant remarqué auoir long temps,& courageusement insisté à ce qu’il ne feust rien innoué de nos anciennes maximes , & façons de viure , la correspondance d’ailleursestantgrande entre le langaige & les meurs d’vn pays,semblés estre engaigé de moyenner, en tant qu’en vous sera , que par le restablissement de nostre parler ancien (plus ferme, plus court,& plus significatif,que celuy qui a depuis esté receu)l’on reprenne le chemin de pouuoir reuenir à la generosité, constãce,& magnanimité de nos peres:Dont mesmes les actes& proüesses depuis trois,quatre,& cinq cents ans(faulte d’estre entenduës)ne peuuent estre ni goustées assez par les nostres, ni admirées par les estrangers,sans l’entiere & pleine cougnoissance de la langue, telle qu’elle estoit lors,que leurs histoires ont esté escrites:Laquelle cougnoissance neantmoins,ne se peut acquerir aisément d’ailleurs,que par celiure,Lequel defunct Mr. Nicot, peu au parauant son decez, estant enquis du bien que pouuoit moyenner ce sien trauail, dit : Deuoir estre reputé le bausme de la langue Françoise, l’autre & derniere raison, est la consideration de vostre qualité, car oultre ce, que vous ayant icelle fait assez recougnoistre pour protecteur exact du bien & de l’honneur d’vn chascun, vous ne pouuez desnier à la France la mesme volonté & affection ; Il y a vne autre rencontre en ce subiect particulier, Qui est, que ce fut defunct Monsieur Ranconnet (recougnu pour l’vn des plus doctes de son temps) qui premier s’aduisa, est\at en pareille dignité que le vostre, de donner au public ce present Dictionaire, Mais ni ayant mis la derniere main, & pour cela ne desirant y estre nommé, Monsieur Nicot l’ayant reueu & infiniment augmenté ne luy pouuoit de verité souhaiter plus seure retraicte que chez vous : Auquel (pour ce que ledit Sr Nicot l’auoit ainsi voulu) ay donné le tiltre de Thresor de la l\ague Françoise : y ayant oultre adiousté le Nomenclator de Mr du Ion, auec vne Grammaire, & vn recueil des Prouerbes de nos anciens François, poussé d’vne extreme affection qu’ay de ne manquer à rien de ce que i’estimeray estre du bien du public : non plus qu’à ce que ie recougnoistray me pouuoir acquerir & conseruer la qualité de
vdolphvs secvndvs diuina fauente clementia electus Romanorum Imperator, semper Augustus, ac Germaniae, Hungariae, Bohemiae, Dalmatiae, Croatiae, Sclauoniae, &c. Rex, Archidux Austriae, Dux Burgundiae, Stiriae, Carinthiae, Carniolae, & Wirtembergae, Comes Tirolis, &c. Notum facimus tenore praesentium uniuersis. Quòd cum nobis humillimè supplicârit fidelis sincerè nobis dilectus David Dovcevr. Ciuis & iuratus Typographus Parisiensis, se in communem studiosorum gratiam, librum quendam vtilem, qui inscribitur : Commentaire ou Thresor de la langue Françoise dressé & augmenté de la moitié par feu Mr. Iean Nicot, Conseiller du Roy & Maistre des Requestes, &c. Typis suis in lucem edere decreuisse, perdemisse petendo, vt se aduersum aemulatores, qui saepè ex alienis laboribus lucrum sibi vendicare assolent, priuilegio nostro, in talibus consueto, praemunire dignaremur. Nósque etiam petitioni huic benignas aures praebuerimus. Iccircò authoritate potestatéque Caesarea, tenore praesentium. Mandamus atque praecipimus omnibus & singulis Typographis, Bibliopolis, ac alijs omnibus librariam negotiationem exercentibus, ne quis praeter iam nominatum Davidem Dovcevr, suprascriptum librum Gallicum per totum Romanum Imperium, Regna & Prouincias nostras, intra octo annorum spatium, ab eius libri prima editione incipiendum, imprimat, vel imprimi faciat, sub graui indignatione nostra & decem marcharum auri puri mulcta pro parte dimidia fisco nostro Caesareo pro reliqua ipsi Dovcevr irremissibiliter pendenda. Hac tamen lege adiecta : Quòd liber iste nihil omninò, siue in praefatione, siue in contextu suo contineat, quod vel Orthodoxae Religioni Romanae Catholicae, vel nostris sacrísque Romani Imperij constitutionibus aduersum sit. Atque praeterea vt praedictus Dovcevr terna ad minimum eius libri impressi exemplaria, ad Cancellariam nostram Imperialem Latinam Aulicam proprijs sumptibus perferri curet : nisi hoc ipse priuilegio nostro statim exutus esse velit. Haec nam est expressa ac seria mens & voluntas nostra. Quod praesentibus testamur manu nostra subscriptis, & sigilli nostri impressione munitis. Datum in Arce nostra Regia Pragae, die vltima mensis Decembris, Anno Domini Millesimo Sexcentesimo quarto. Regnorum nostrorum, Romani trigesimo, Hungarici trigesimo tertio, & Bohemici itidem trigesimo.
Ledit Priuilege a esté signifié à la foire de Pasques à Francfort 1605. à tous les marchans libraires & Imprimeurs, afin que
personne n’en pretende cause d’ignorance.
◄ | Introduction | A ► |