Tintin-Lutin/Les Petits Ballons Rouges
« Qui veut des beaux ballons, v’là le marchand !
Demandez-en, c’est trois sous qu’on les vend ! »
Mais il avait beau crier son refrain,
Le passant passait et n’achetait rien.
« Les affaires vont bien mal », se dit l’homme,
Et s’étend sous un arbre pour un somme.
Mais par hasard Tintin est survenu,
S’est approché du bonhomme étendu
Et délibérément s’est emparé
Des ballons, non sans lui avoir jeté
Une pièce d’argent dans sa casquette,
Car Tintin-Lutin n’est pas malhonnête.
L’air radieux, d’un pas rapide et ferme
Martin Simon a regagné la ferme,
Mais au lieu de rentrer dans l’habitation,
Il s’est dirigé sans hésitation
Vers une niche, vide en ce moment.
Détachant d’un rapide mouvement
Ses ballons, il les a tous introduits
Dans l’intérieur de ce petit réduit,
Ne laissant dépasser que les ficelles.
À tous les bouts il a mis des parcelles
De pain trempé. Ceci fait prestement
Et dans l’attente des événements,
Il s’est placé derrière un marronnier,
Où, hors de vue, il pourra tout épier.
Le résultat ne se fit point attendre,
Les animaux sont friands de pain tendre.
Aussi, vit-il accourir de partout :
Poules, coqs, canards et même un toutou ;
Ce petit monde, sans perdre un instant,
Se précipita sur le bon nanan
Préparé par le perfide Tintin.
.........................
Mais quand chacun eut avalé son pain,
Il se trouva qu’il avait englouti
Le pain, c’est vrai, mais la ficelle aussi.
De sorte que l’on put voir, chose folle,
Chaque animal, en guise d’auréole,
Couronné d’un ballon et parcourant
Avec ce rouge et léger ornement
À grandes enjambées, la basse-cour,
Sous les yeux effarés des Kilabour.
Pour compléter la scène, un sort malin
Ayant voulu qu’à un petit poussin
Un gros ballon fut échu en partage,
L’on vit au-dessus du deuxième étage,
Aérostat d’une espèce inconnue,
Le jeune poulet monter dans la nue.
