Tombeau (Prudhomme)

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Œuvres de Sully Prudhomme, Poésies 1866-1872Alphonse LemerrePoésies 1866-1872 (p. 36).
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TOMBEAU


 
L’homme qu’on a cru mort, de son sommeil profond
S’éveille. Un frisson court dans sa chair engourdie ;
Il appelle. Personne ! Et sa plainte assourdie
Lui semble retomber d’un étrange plafond.

Seul dans le vide épais que les ténèbres font,
Il écoute, et, roulant pleine de léthargie
Sa prunelle par l’ombre et la peur élargie,
Il sonde éperdument l’obscurité sans fond.

Personne ! À se dresser faible et lent il s’apprête,
Et voilà que des pieds, des reins et de la tête,
Horreur ! il a heurté six planches à la fois.

Dors, ne te dresse plus vers le haut empyrée,
O mon âme, retiens ton essor et ta voix
Pour ne pas te sentir toute vive enterrée.