Accepte cette fleur, pour toi je l’ai cueillie ;
Jetée en ce désert par quelque vent fatal,
Au sommet blanc d’un pic, sur un roc en saillie,
Elle ouvrait son calice humide et virginal.
Seule au bord des glaciers, par le chagrin vieillie,
Elle semblait pleurer le doux vallon natal
Et penchait tristement sa tige recueillie :
En l’arrachant au mont, j’ai terminé son mal.
De même, tout en pleurs, du haut des solitudes,
Jeté sur un brisant par les tempêtes rudes,
Loin de toi, pauvre fleur, j’incline un front pâli ;
Moins heureux cependant sur l’effroyable cime
Je n’ai pas rencontré d’âme assez magnanime
Pour me prendre la vie et me donner l’oubli !
Lacs-Robert (Isère.)
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