Toute croyance habite au fond de notre amour

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Mercure de France (p. 89-90).

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Toute croyance habite au fond de notre amour.
On lie une pensée ardente aux moindres choses :
À l’éveil d’un bourgeon, au déclin d’une rose,
Au vol d’un frêle et bel oiseau qui, tour à tour,
Arrive ou disparaît, dans l’ombre ou la lumière.
Un nid, qui se disjoint au bord moussu d’un toit
Et que le vent saccage, emplit l’esprit d’effroi.
Un insecte qui mord le cœur des fleurs trémières
Épouvante tout est crainte, tout est espoir.

Que la raison, avec sa neige âpre et calmante,
Refroidisse soudain ces angoisses charmantes,
Qu’importe, acceptons-les sans trop savoir

Le faux, le vrai, le mal, le bien qu’elles présagent ;
Soyons heureux de nous sentir, enfants,
Pour croire à leur pouvoir fatal ou triomphant ;
Et gardons nous, volets fermés, des gens trop sages.