Toutes les mères,
Toujours sévères,
A leurs fillettes défendent d’aimer.
Vaine défense,
Quand dès l’enfance,
D’un feu naissant.
On se sent enflammer ;
On sent déjà,
Malgré son innocence,
On sent déjà
Qu’on est faite pour ça.
Lorsqu’on arrange
Une fontange,
Prend-on pour soi toutes ces peines-là ?
Quand on nous admire,
On nous fait sourire.
Qui cherche à plaire, bientôt aimera.
On sent déjà
Que le coeur nous inspire,
On sent déjà
Qu’on est faite pour ça.
On casse un lacet
Pour joindre un corset,
Est-ce sans dessein
Que l’on pare son sein ?
Quel secret pouvoir,
Le fait donc mouvoir ?
Pour le laisser voir
On tortille un mouchoir
A tout moment on soupire
On désire,
Et l’on sent là
Qu’on est faite pour ça.
On voit un amant
Et timidement,
On cache ses yeux,
Pour le regarder mieux.
D’où nait ce plaisir !
D’où vient qu’un soupir
Presse l’estomac,
Que le cœur fait tic-tac ?
On devient tendre,
Peut-on s’en défendre ?
On sent par là
Qu’on est faite pour ça.
Lorsqu’il peint la flâme
Dont brûle son âme,
On tremble, on rougit,
On a l’air interdit ;
Jusqu’à la pudeur,
Tout trahit notre cœur.
Rougit-on, hélas !
De ce qu’on n’entend pas ?
L’Amant nous presse
Sa peine intéresse
On sent par là
Qu’on est faite pour ça.
La bonne amie,
Est moins chérie,
Que le jeune amant
Qu’on n’a vu qu’un moment ;
Dès qu’il croit nous plaire,
Il est téméraire,
Et puis on excuse l’audace qu’il a,
Et puis, et puis notre trouble
Redouble,
Et puis on aime et tout finit par là.
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