Traces de buddhisme en Norvége/Avant-propos

La bibliothèque libre.
C. A. Holmboe
Simon Raçon et Co. (p. 1-2).
AVANT-PROPOS

Il y a longtemps qu’en lisant divers ouvrages sur l’Inde et les pays voisins je trouvai sur les coutumes et les cérérmonies religieuses des buddhistes des renseignements[1] qui me frappaient par leur ressemblance avec celles des habitants païens de la Norvége. Je me mis done à rassembler des notes pour m’assurer si I’odinisme ou la doctrine d’Odin et des Ases était, en effet, issue du buddhisme ou non ; et plus je rassemblais de notes, plus ma conviction se fortifiait que du moins une partie des doctrines d’Odin est sortie du sein du buddhisme; ce que j’ai tâché de prouver dans le mémoire que je présente ici au lecteur.

Je regrette que le temps ne m’ait pas permis d’étendre mes recherches plus loin; car je suis convaincu que les archéologues qui les poursuivront trouveront beaucoup de renseignements ultérieurs dans des ouvrages que je n’ai pu qu’effleurer, comme, par exemple, dans l’Introduction au buddhisme et le Lotus de la banne loi, dont j’ai seulement tiré un petit nombre d’informations, et dans d’autres écrits que je n’ai pu même consulter. Celui qui voudrait rechercher l’origine de la mythologie scandinave pourrait faire une riche moisson dans les Puranas, où l’on trouve des légendes frappantes par leur ressemblance avec celles de la Scandinavie. J’en citerai quelques exemples tirés du Vichnu Purana, pour attirer l’attention des archéologues sur cette mine à exploiter. On lit, à la page 425 de la traduction de M.Wilson, une légende d’un anneau nommé Syamantaka, qui chaque jour produisait huit charges d’or. On y reconnaitra facilement le pendant du Draupner, l’anneau d’Odin, que lui forgèrent les Dvergs (génies demeurant dans la terre et sous les grosses pierres), et qui produisait toutes les neuf nuits huit anneaux pareils[2]. Le Çarabha des Indiens, animal à huit pieds qui habite sur les montagnes neigeuses, est évidemment identique avec Sleipner, le cheval à huit pieds d’Odin. D’après le Vichnu Purana, p. 632, l’univers sera une fois détruit par un feu qui, sortant de la bouche du serpent Sécha dans l’enfer, consumera les enfers, la terre, et enfin l’atmosphère, la région des dieux; mais ensuite (ibid., p. 27-52) une nouvelle terre s’élèvera sur la surface de l’Océan et y nagera comme un navire. Nous rencontrons une doctrine semblable parmi les anciens Norvégiens, d’après laquelle un feu, accompagnant le génie Surt, consumera la terre, l’univers et tous les dieux et les hommes ; mais ensuite une nouvelle terre s’élèvera du fond de l’Océan. Je pourrais multiplier ces exemples, mais je dois passer à l’objet principal de cc mémoire.


  1. Dans l’orthographie des noms étrangers, je suis la méthode de M. Burnouf d’exprimer l’ou français et l’oo anglais par u.
  2. Skalda 121 ; Munch, Nordmændenes Gudelære i Hedenold (la Théologie des Norvégiens au temps du paganisme), p. 65, note.