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Traduction de la Septante et du Nouveau Testament/Ecclésiaste

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Traduction de la Septante et du Nouveau Testament
La Sainte Bible de l'Ancien Testament d’après les Septante et du Nouveau Testament d’après le texte grec par P. GIGUET - tomes 1 à 4, 1872.djvuPoussielgue (p. 384-408).

L’ECCLÉSIASTE

CHAPITRE I

1. Paroles de l’Ecclésiaste[1], fils de David, roi d’Israël en Jérusalem.

2. Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité[2].

3. Que reste-t-il à l’homme de tout le labeur dont il se consume sous le soleil ?

4. Une génération passe, et une génération vient, et la terre demeure toujours immobile.

5. Et le soleil se lève, et le soleil se couche ; il se retire en son lieu, et là, se levant,

6. Il chemine vers le midi, puis il tourne au nord ; le souffle du vent va tournant, tournant sans cesse, et toujours il recommence ses circuits.

7. Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n’en est pas remplie ; du lieu où coulent les fleuves, ils reviennent pour couler encore[3].

8. Toutes choses sont laborieuses, nul homme ne pourra les expliquer ; et l’œil ne se lassera pas de voir, et l’oreille ne se rassasiera pas d’entendre.

9. Qu’est-ce que le passé ? La même chose que l’avenir ; et qu’a-t-on fait ? ce que l’on fera toujours.

10. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil ; qui pourra dire : Voyez, ceci est nouveau ? Mais cette chose a déjà été dans les siècles qui ont passé[4] avant nous.

11. Mais on a perdu la mémoire des premiers, et ceux de la fin n’auront point mémoire de ceux qui naîtront d’ici à la fin.

12. Moi, l’Ecclésiaste, j’ai régné sur Israël en Jérusalem.

13. Et j’ai appliqué mon cœur à chercher et à observer avec sagesse tout ce qui existe sous le ciel ; car Dieu a donné aux fils des hommes cette mauvaise inquiétude, pour qu’ils s’inquiètent en elle[5].

14. J’ai vu toutes les œuvres qui ont été faites sous le soleil, et voilà que toutes étaient vanité et présomption d’esprit.

15. On ne peut embellir les pervers ; leurs abaissements sont innombrables.

16. Pour moi, j’ai dit en mon cœur : Voilà que je suis devenu grand, et que j’ai acquis plus de sagesse qu’aucun de ceux qui, avant moi, ont été en Jérusalem ; j’ai appliqué mon cœur à connaître la sagesse et la science.

17. Et mon cœur a beaucoup vu : sagesse, science, paraboles, interprétation ; et j’ai connu que cela même était présomption d’esprit.

18. Car dans une grande sagesse est une grande science ; et qui accroît sa science, accroît son affliction[6].

CHAPITRE II

1. J’ai dit en mon cœur : Viens, et je te tenterai par la joie ; vois, c’est ici le bonheur, et voilà que cela aussi est vanité.

2. J’ai dit au rire : Tu es un égarement ; et à la joie : Que fais-tu[7] ?

3. Et j’ai examiné si mon cœur enivrerait ma chair comme du vin[8] ; et mon cœur m’a conduit à la sagesse et au désir de posséder le bonheur, jusqu’à ce que j’aie découvert ce qu’il est bon que fassent les hommes, sous le soleil, durant les jours de leur vie.

4. J’ai grandi mon œuvre ; je me suis bâti des palais ; j’ai planté des vignes.

5. Je me suis fait des vergers et des jardins, et j’y ai planté toute une forêt d’arbres fruitiers.

6. J’ai creusé des réservoirs d’eau, pour arroser les jeunes plants de ma forêt.

7. J’ai acheté des esclaves et des servantes, et il m’en est né dans mes demeures ; et j’ai eu en outre plus de bœufs et de menus troupeaux qu’aucun de ceux qui, avant moi, ont été en Jérusalem.

8. J’ai amassé aussi de l’argent et de l’or, et les trésors des rois et des empires. J’ai eu des chanteurs et des chanteuses ; j’ai eu toutes les délices des fils des hommes ; j’ai eu des échansons et des femmes pour remplir ma coupe.

9. Et je suis devenu grand, et j’ai possédé plus qu’aucun de ceux qui, avant moi, ont été en Jérusalem, et ma sagesse est demeurée avec moi[9].

10. Et je n’ai refusé à mes yeux rien de ce qu’ils ont demandé ; je n’ai point empêché mon cœur de prendre part à tous mes plaisirs ; car[10] mon cœur s’est réjoui en tous mes travaux, et cela même a été le fruit[11] de tous mes labeurs.

11. Et j’ai considéré toutes mes œuvres, tout ce qu’avaient fait mes mains, et la fatigue que j’avais éprouvée en mes travaux ; et voilà que tout cela est vanité et présomption d’esprit : ainsi il n’est rien d’excellent sous le soleil.

12. Et j’ai tourné mes regards vers la sagesse, et l’égarement, et la folie ; car quel est l’homme qui suivra le bon chemin, même après s’être consulté ?

13. Et j’ai vu que la sagesse l’emporte sur la folie autant que la lumière sur les ténèbres[12].

14. Les yeux du sage sont à sa tête[13] ; l’insensé marche dans les ténèbres ; et j’ai connu qu’une même fin adviendra à tous.

15. Et j’ai dit en mon cœur : La même fin adviendra à l’insensé et à moi-même ; pourquoi donc ai-je acquis la sagesse ? J’ai donc, en outre, dit en mon cœur : Cela aussi est vanité, puisque l’insensé parle aussi d’abondance[14].

16. Car dans les siècles on oubliera le sage, puisque les jours se succèdent, emportant le souvenir de toutes choses. Et pourquoi le sage meurt-il comme l’insensé ?

17. Alors j’ai pris en haine la vie, parce que, me suis-je dit le travail que j’ai fait sous le soleil est mauvais, et que tout est vanité[15] et présomption d’esprit.

18. Et j’ai pris en haine toute la peine que je m’étais donnée, sous le soleil, parce que j’en laisserai le fruit à un homme qui viendra après moi.

19. Et qui sait s’il sera insensé ou sage, et s’il aura pouvoir sur les travaux où j’ai eu fatigue et sagesse sous le soleil ? Et cela encore est vanité.

20. Et j’ai fait un retour sur moi-même, pour considérer en mon cœur toute la peine des travaux que j’ai faits sous le soleil.

21. Car il est un homme, et à ses labeurs il a mis toute sa sagesse, sa science et son courage ; et cet homme en laissera le fruit à qui n’en a pas eu la fatigue ; et cela encore est vanité et grande affliction.

22. Car c’est là ce qui arrive à l’homme en tous ses travaux et en tous les choix de son cœur, pour lesquels il s’est fatigué sous le soleil[16].

23. Tous ses jours sont des jours de douleurs et d’angoisses de l’âme, et, même pendant la nuit, son cœur ne repose pas ; et cela encore est vanité.

24. L’homme n’a rien de bon que le manger et le boire, et tout ce qui est le fruit de son labeur[17] ; mais j’ai vu, moi, que cela vient de la main de Dieu[18].

25. Car qui mange et qui boit sans qu’il l’ait permis ?

26. Il a donné à l’homme bon à ses yeux[19] la sagesse, la science et la joie, et il a donné au pécheur l’embarras d’amasser, d’accumuler, pour laisser à celui qui est bon devant Dieu. Et cela est aussi vanité et présomption d’esprit.

CHAPITRE III

1. Il y a temps pour tout, et toute chose sous le ciel a son moment.

2. Il y a temps pour naître et pour mourir ; temps pour planter et pour arracher ce qui a été planté ;

3. Temps pour tuer[20] et pour guérir ; temps pour abattre et pour édifier ;

4. Temps pour pleurer et pour rire ; temps pour gémir et pour danser ;

5. Temps pour rejeter les pierres et pour les amasser ; temps pour embrasser et pour s’éloigner des embrassements ;

6. Temps pour acquérir et pour perdre ; temps pour conserver et pour rejeter ;

7. Temps pour déchirer[21] et pour recoudre ; temps pour se taire et pour parler ;

8. Temps pour aimer et pour haïr[22] ; temps pour combattre et pour faire la paix.

9. Quel avantage a celui qui se fatigue aux choses qu’il fait ?

10. J’ai vu d’un seul coup d’œil toute l’inquiétude que Dieu a donnée aux fils des hommes, pour qu’ils s’inquiètent en elle.

11. Toutes les choses qu’il a faites sont bonnes en leur temps, et il a mis le monde entier dans le cœur des hommes, en sorte que du commencement à la fin ils ne puissent s’expliquer l’œuvre que Dieu a créée[23].

12. J’ai connu qu’il n’est rien de bon en eux-mêmes[24], si ce n’est de se réjouir et de faire le bien pendant leur vie.

13. Et si un homme mange, boit, et voit le bien dans son labeur, c’est là un don de Dieu.

14. J’ai connu que tout ce qu’a fait Dieu subsistera durant tous les siècles ; nous ne pouvons y rien ajouter, en rien ôter. Et Dieu a fait cela pour que les hommes craignissent son visage.

15. Ce qui a été est encore ; et tout ce qui doit être a été, et Dieu cherchera le persécuté.

16. Et j’ai vu encore, sous le soleil, le lieu du jugement, où est l’impie, et le lieu de l’équité, où est l’homme pieux.

17. Et j’ai dit en mon cœur : Dieu jugera ensemble le juste et l’impie ; car il y a temps pour toute chose et pour toute œuvre.

18. J’ai dit en mon cœur, touchant les discours des hommes : Dieu les discernera, et il leur montrera qu’ils sont un bétail à ses yeux.

19. Car le fils des hommes et la bête sont sujets aux mêmes accidents ; la mort de celui-ci est la mort de celuilà, et le même souffle les anime tous : et qu’a l’homme de plus que la bête ? rien ; car tout est vanité[25].

20. Toutes choses vont au même lieu ; tout est sorti de la poussière, et tout retournera en poussière.

21. Et qui a vu si le souffle des fils des hommes remonte en haut, ou si le souffle des bêtes descend en bas dans la terre[26] ?

22. Et j’ai vu qu’il n’est rien de bon pour l’homme, sinon de se complaire en ses œuvres ; car tel est son partage. Car qui le conduira à connaître quelque chose de ce qui sera après lui ?

CHAPITRE IV

1. Et je me suis retourné d’un autre côté, et j’ai vu toutes les oppressions qui se font sous le soleil. Et voilà les larmes de ceux qu’on a opprimés, et nul ne les console ; et voilà la force des mains de ceux qui oppriment, et nul ne les console[27].

2. Et j’ai félicité tous les morts, tous les trépassés plus que les vivants, quels que soient ceux qui maintenant existent.

3. Plus heureux que les vivants et les morts, celui qui n’a jamais été[28] ; il n’a pas vu toute l’œuvre mauvaise qui se fait sous le soleil.

4. Et j’ai vu tout labeur et toute industrie à l’œuvre ; et j’ai vu que cette ardeur provient de l’envie que l’homme porte à son semblable. Et cela encore est vanité et présomption d’esprit.

5. L’insensé se croise les bras, et mange sa propre chair.

6. Mieux vaut une main pleine avec le repos, que les deux mains pleines avec labeur et peine d’esprit.

7. Et je me suis retourné, et j’ai vu une autre vanité sous le soleil.

8. C’est un homme seul, et qui n’en a pas un second avec lui ; et quoiqu’il n’ait ni fils ni frère, son travail est sans fin, et son œil n’est pas rassasié de richesse`: et[29] pour qui mon labeur, et pour qui privé-je mon âme de tout bien ? Or cela encore est vanité et mauvaise inquiétude.

9. Deux valent mieux qu’un[30], et ils reçoivent de leur commun labeur un salaire abondant ;

10. Car, s’ils tombent, l’un relève son compagnon ; malheur à l’homme seul, s’il tombe, il n’a personne pour le relever !

11. Et si deux dorment ensemble, la chaleur est avec eux ; et comment un seul se réchauffera-t-il ?

12. Et si un seul prévaut, les deux lui résisteront ; et une triple corde ne sera pas promptement brisée.

13. Mieux vaut un enfant pauvre et sage, qu’un roi vieux et insensé qui ne sait rien prévoir[31].

14. Car tel sortira de la prison pour régner, et tel autre qui était roi est devenu indigent.

15. J’ai vu tous les vivants, qui cheminent sur la terre, se mettre à la suite du jeune prince qui doit remplacer ce roi.

16. Le nombre est infini de tout le peuple, de tous ceux qui ont été avant eux[32]. Et les derniers venus ne se réjouiront pas en ce jeune homme ; car cela est encore vanité et affliction d’esprit.

17. Prends garde où tu mets le pied dans le temple du Seigneur, et approche pour écouter ; ton offrande sera plus agréable que les dons des insensés, car ils ignoreront qu’ils font le mal.

CHAPITRE V

1. Ne te hâte point d’ouvrir la bouche ; que ton cœur ne soit pas pressé de proférer des paroles en présence de Dieu. Car Dieu est au plus haut du ciel, et toi tu es sur la terre ; c’est pourquoi parle sobrement.

2. Car le songe naît d’un excès d’inquiétude, et la voix de l’insensé naît de l’intempérance de sa langue.

3. Lorsque tu auras fait un vœu au Seigneur, ne tarde pas à t’en acquitter ; car le bon vouloir n’est pas dans les insensés. Rends donc à Dieu tout ce que tu lui auras voué.

4. Mieux vaut n’avoir point fait de vœu, que d’en faire et ne point l’accomplir.

5. Ne permets pas à ta bouche de faire pécher ta chair ; ne dis pas devant Dieu que tu ne savais pas[33], de peur que Dieu ne s’irrite de tes paroles, et qu’il ne détruise les œuvres de tes mains.

6. Tout cela encore est abondance de songes, de vanités et de paroles ; pour toi, crains Dieu.

7. Si tu vois en une contrée le pauvre trompé, le jugement et la justice rendus par violence, n’en sois point surpris ; car c’est un grand qui surveille un grand, et il y a plus grands encore au-dessus d’eux[34].

8. L’abondance de la terre est pour tous, quand, sous un roi les champs sont cultivés.

9. Celui qui aime l’argent ne sera pas rassasié par l’argent ; et celui qui aime le profit, le sera-t-il dans l’abondance ?

10. Quand s’accroît la richesse, il y a plus de gens

pour la manger ; et quel profit[35] acquiert celui qui la possède ? Seulement il a le pouvoir de le voir le premier de ses yeux[36].

11. Le dormir est doux au serviteur, qu’il ait mangé peu ou beaucoup ; quant à celui qui regorge de richesses, rien ne le laisse sommeiller.

12. Il est une maladie que j’ai vue sous le soleil : c’est la richesse gardée par celui qui la garde à son détriment.

13. Ses richesses périront au milieu de cruelles inquiétudes ; il a un fils, et il ne lui laissera rien dans la main.

14. Nu il est sorti du sein de sa mère ; comme il est venu il s’en ira, sans rien recueillir de son labeur, pour l’emporter dans sa main.

15. Et cela encore est une maladie mauvaise ; car comme il est venu il s’en ira de même ; et quel est donc ce profit pour lequel il a travaillé en l’air ?

16. Et ainsi il a passé tous ses jours dans les ténèbres, dans la tristesse, dans la colère, dans la maladie et dans la haine.

17. Voilà ce que j’ai vu de bien : c’est que l’homme mange et boive, et qu’il voie prospérer tout son labeur pour lequel il aura travaillé sous le soleil, tous les jours de sa vie que Dieu lui a donnés ; car tel est son partage.

18. Or tout homme à qui Dieu a donné richesse, possession, pouvoir de manger ses biens, de jouir de sa part, de se complaire en son labeur, a reçu un don de Dieu[37].

19. Car celui-là ne se souviendra guère de la succession des jours de sa vie ; Dieu l’en a distrait par la joie de son cœur.

CHAPITRE VI

1. Il est un autre mal que j’ai vu sous le soleil, et il est fréquent dans l’homme :

2. C’est un homme à qui Dieu aura donné richesses, possessions, honneurs, dont l’âme n’aura jamais eu un désir qui n’ait été satisfait ; mais à qui Dieu n’aura pas donné le pouvoir de manger de ses biens[38] ; car un étranger le dévorera. C’est là une vanité et une malheureuse affliction.

3. Et si un homme a eu cent enfants, s’il a vécu beaucoup d’années ; quelle qu’ait été la multitude de ses jours, si son âme n’a pas été remplie de ses biens, s’il n’a point de sépulcre[39], je dis : Un fœtus avorté vaut mieux que lui ;

4. Car c’est en vain qu’un fœtus est venu au monde ; il s’en va dans l’obscurité, et son nom sera caché dans les ténèbres.

5. Il n’a pas même vu le soleil ni connu le repos, non plus que l’autre.

6. Et eût-il vécu mille ans, qu’il n’aurait pas vu la prospérité[40] ; toutes choses ne vont-elles pas au même lieu ?

7. Tout le labeur de l’homme est pour sa bouche, et encore son âme n’en sera pas rassasiée.

8. Le sage l’emporte sur l’insensé, parce que le pauvre sait marcher en face de la vie.

9. La vision des yeux est bonne ; mais cela aussi est vanité et présomption d’esprit[41].

10. Si quelque chose a été, aussitôt un nom lui a été donné ; on sait ce qu’est un homme, et qu’il ne pourra entrer en jugement avec un plus puissant que lui.

11. Car il est maintes choses qui multiplient la vanité.

CHAPITRE VII

1. Quel avantage a l’homme ? Qui sait ce qui est bon à l’homme en sa vie, durant le nombre des jours de sa vanité, qu’il a passés dans l’ombre ? Qui fera connaître à l’homme ce qui sera après lui sous le soleil[42] ?

2. Bon renom vaut mieux que bon parfum ; le jour de la mort vaut mieux que le jour de la naissance[43].

3. Il vaut mieux aller à la maison du deuil qu’à la maison du festin, puisque le deuil est la fin de tout homme, et que le vivant donnera ainsi de bons avertissements à son cœur.

4. La tristesse vaut mieux que le rire[44] ; parce que, par la tristesse du visage, le cœur deviendra bon.

5. Le cœur des sages est à la maison des pleurs ; le cœur des insensés est à la maison d’allégresse.

6. Mieux vaut écouter la réprimande d’un sage, que d’entendre le chant des insensés.

7. Le rire des insensés est comme le petillement des épines sous une chaudière ; et cela encore est vanité[45].

8. La calomnie trouble le sage, et lui fait perdre sa force d’âme.

9. La fin du discours vaut mieux que le commencement[46] ; un homme patient vaut mieux qu’un esprit présomptueux.

10. Ne t’abandonne pas trop vite au souffle de la colère ; car la colère réside dans le sein des insensés.

11. Garde-toi de dire : Comment se fait-il que les jours d’autrefois ont été meilleurs que ceux d’à présent ? Car il n’est point sage de s’enquérir de ces choses.

12. La sagesse est bonne, unie aux richesses ; elle est alors profitable à ceux qui vivent sous le soleil.

13. Car on s’abrite à l’ombre de la sagesse[47], comme à l’ombre de l’argent ; mais l’avantage de la science et de la sagesse, c’est qu’elles font vivre celui qui les possède[48].

14. Considère les œuvres de Dieu ; car qui pourrait redresser celui que Dieu a courbé ?

15. Au jour de la prospérité vis dans le bien-être, et prévois le jour du malheur ; prévois - le : car Dieu a fait telle chose concordant avec telle autre, à cause des propos des hommes, afin qu’ils ne trouvent rien à blâmer en lui.

16. J’ai vu toutes choses au jour de ma vanité. Le juste meurt avec sa justice ; l’impie subsiste avec sa perversité[49].

17. Ne sois pas[50] juste à l’excès ; ne sois point sage plus qu’il ne faut, de peur que tu ne sois confondu.

18. Mais ne sois pas non plus impie ni obstiné à l’excès, de peur que tu ne périsses avant le temps[51].

19. Il est bon que tu t’attaches à telle chose, et que tu t’éloignes de telle autre, pour ne point souiller tes mains ; car tout vient à ceux qui craignent Dieu.

20. La sagesse sera utile au sage plus que dix des plus puissants de la cité.

21. Car il n’est point sur la terre de juste qui fasse le bien, et ne pèche.

22. Mais ne dépose pas en ton cœur toutes les paroles que diront les impies, de peur que tu n’entendes ton serviteur te maudire[52].

23. Car maintes fois il t’irritera, et il t’affligera de bien des manières ; car toi-même aussi tu as maudit les autres.

24. J’ai éprouvé toutes choses en ma sagesse, et j’ai dit : Je serai sage ; et la sagesse s’est éloignée de moi.

25. Elle était plus loin encore qu’auparavant ; l’abîme entre nous était profond : qui le sondera[53] ?

26. Pour moi, j’ai tourné autour de toutes choses, et j’ai appliqué mon esprit à les apprendre, à les examiner avec soin, à chercher la sagesse et la raison des choses, à connaître la démence de l’impie, et ses agitations et son inquiétude.

27. Et j’ai trouvé cette démence, et je la dis plus amère que la mort[54] ; de même est la femme que le veneur poursuit comme une proie, tandis que son cœur est un filet, et qu’elle tient des chaînes en sa main. L’homme bon en face du Seigneur fuira loin d’elle, et le pécheur y sera pris.

28. Voilà ce que j’ai trouvé, dit l’Ecclésiaste, en prenant les choses une à une, pour en découvrir la raison.

29. Mon âme l’a cherchée cette raison, et je ne l’ai point trouvée, et j’ai trouvé un homme sur mille ; mais parmi toutes les femmes, je n’en ai pas trouvé une seule[55].

30. Seulement voici ce que j’ai trouvé : Dieu a créé l’homme droit, et les hommes ont cherché une multitude de raisons ; mais qui connaît les raisons véritables ? Qui sait la solution des choses ?

CHAPITRE VIII

1. La sagesse de l’homme se reflète sur son visage ; le front de l’impudent inspire la haine.

2. Observe le commandement du roi[56], et cela, à cause de la parole que Dieu a jurée.

3. Ne te hâte pas de t’éloigner de sa face[57] ; ne tiens pas à la parole si elle est coupable : car il fera tout ce qu’il voudra ;

4. Comme fait un roi puissant ; et qui pourra lui dire : Qu’as-tu fait ?

5. Celui qui observe les commandements ne connaîtra pas le mal, et le cœur du sage sait le temps du jugement de Dieu.

6. Car pour toutes choses il y a temps et jugement, et l’homme en sait beaucoup sur lui-même[58].

7. Mais nul ne sait ce qui doit arriver que sera-ce ? qui le lui fera connaître ?

8. Il n’est point d’homme qui ait pouvoir sur la vie, qui puisse la retenir ; il n’a pas plus de pouvoir sur le jour de la mort ; et il n’est point pour lui de trêve au jour de la bataille[59], et l’impiété ne sauvera pas ceux qui l’aiment.

9. Et j’ai vu toutes ces choses, et j’ai appliqué mon cœur à toute œuvre qui se fait sous le soleil ; et j’ai vu les choses où l’homme a pris pouvoir sur l’homme, pour l’affliger.

10. Et j’ai vu des impies conduits à la sépulture, au sortir du lieu saint, et ils étaient allés dans leur voie, et ils avaient été loués dans la ville, parce qu’ils avaient ainsi fait[60] ; et cela encore est vanité.

11. Car, parce que ceux qui font mal ne sont point repris incontinent, le cœur des fils des hommes s’enhardit par leur exemple à mal faire.

12. Celui qui une fois a péché, a fait le mal depuis lors, et longtemps. Et moi je sais que Dieu est bon pour ceux qui craignent en sa présence.

13. Mais le bonheur ne sera pas pour l’impie, et il n’aura pas de longs jours ; ils passeront comme l’ombre, parce qu’il ne craint pas la face de Dieu.

14. Voici encore une vanité qui existe sur la terre : il est des justes à qui il arrive comme à l’œuvre des impies ; il est des impies à qui il arrive comme à l’œuvre des justes[61]. Et cela, ai-je dit, est encore vanité.

15. Et c’est pourquoi (dit l’impie) j’ai loué toutes les joies ; car il n’est rien de meilleur pour l’homme sous le soleil, sinon de manger, de boire et de se réjouir. Et cela seul lui restera de tout le labeur qu’il fait durant les jours de la vie que Dieu lui a donnée sous le soleil[62].

16. Dans ces pensées, j’ai appliqué mon cœur à connaître la sagesse, et à voir l’inquiétude qui naît sur la terre ; car la nuit comme le jour, il n’est personne qui de ses yeux voie le sommeil[63].

17. Et j’ai vu toutes les œuvres de Dieu, et j’ai vu que l’homme ne pourra jamais s’expliquer[64] l’œuvre qui se fait sous le soleil. Quelque fatigue qu’il se donne pour chercher, il ne la trouvera pas, et, quelque science même que le sage croie avoir, il ne pourra la trouver.

CHAPITRE IX

1. C’est pourquoi j’ai déposé toutes ces choses en mon cœur, et mon cœur a vu toutes ces choses ; il a vu que les justes et les sages et leurs œuvres sont dans la main de Dieu, et l’homme ne sait s’il est digne d’amour ou de haine[65] ; tout ce qu’ils ont devant eux

2. Est vanité en tous ; mêmes choses adviennent au juste et à l’impie, au bon et au méchant, au pur et à l’impur, à celui qui sacrifie et à celui qui ne sacrifie pas[66]. Il en est du bon comme du pécheur, du parjure comme de l’homme qui respecte son serment.

3. Et c’est le pire de tout ce qui a été créé sous le soleil, que les mêmes choses adviennent à tous ; aussi le cœur des fils des hommes est-il plein de malice, et la mobilité de leur âme dure toute leur vie ; et après cela ils s’en vont chez les morts.

4. Car quel homme peut vivre avec tous les vivants ?

Peut-on même l’espérer[67] ? Un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort.

5. Les vivants savent qu’ils mourront, les morts[68] ne savent rien ; et il n’est plus pour eux de récompense, et leur mémoire est en oubli.

6. Et leur amour, et leur haine, et leur jalousie ont péri ; et, durant les siècles des siècles, ils n’auront plus rien en partage de ce qui a été créé sous le soleil[69].

7. Courage donc ; mange avec joie ton pain, bois de bon cœur ton vin, car tes œuvres sont agréables à Dieu.

8. En tout temps porte des vêtements blancs, et ne manque pas de te parfumer la tête.

9. Et passe ta vie avec la femme que tu as aimée tous les jours de ta vie passagère, qui t’ont été donnés sous le soleil ; car c’est là ton partage en ta vie, et le prix du labeur que tu as gagné sous le soleil[70].

10. Tout ce que ta main aura trouvé à faire, fais - le selon tes forces ; car il n’y a ni œuvres, ni raison, ni savoir, ni sagesse dans le tombeau où tu cours.

11. Et je me suis tourné d’un autre côté, et j’ai vu sous le soleil que la course n’est pas pour les agiles, ni la guerre pour les braves[71], ni la paix pour le sage, ni la richesse pour l’intelligent, ni la faveur pour le savant ; car l’occasion et la chance est pour tous.

12. L’homme ne connaît pas plus sa fin que le poisson retenu dans le filet perfide ou l’oiseau pris au piége ; comme eux, les enfants des hommes sont surpris par l’adversité, lorsque soudain elle tombe sur eux.

13. J’ai vu encore ceci : j’ai vu la sagesse sous le soleil, et grande elle est à mes yeux.

14. Il était une ville petite, et dans ses murs il y avait peu d’hommes ; et un grand roi marcha contre elle, et il l’investit, et il éleva tout alentour de hautes palissades.

15. Et il se trouva, en cette ville, un homme pauvre et sage, et il la sauva par sa sagesse, et nul ne se souvint de cet homme pauvre et sage[72].

16. Et je me suis dit : La sagesse prévaut sur la force, et la sagesse du pauvre est méprisée ; ses discours ne sont point écoutés.

17. Mieux est écoutée la parole du sage, dans le calme, que la clameur des princes dans leur folie.

18. Mieux vaut la sagesse que des armes de guerre ; une seule faute peut ruiner une grande prospérité.

CHAPITRE X

1. Des mouches mortes gâtent une fiole d’huile parfumée ; mieux vaut un peu de sagesse qu’une grande gloire avec de la folie.

2. Le cœur du sage est dans sa main droite ; le cœur de l’impie est dans sa main gauche[73].

3. Même quand l’insensé chemine dans sa voie, le cœur lui manque, et tout ce qu’il pense n’est que folie.

4. Si le courroux de celui qui a le pouvoir s’élève contre toi, ne quitte point ta demeure ; car le silence sera le meilleur remède à tes offenses[74].

5. Il est encore un mal que j’ai vu sous le soleil, sortant comme involontairement de la face de celui qui a le pouvoir.

6. L’insensé a été promu aux grandeurs, et les riches seront assis au dernier rang.

7. J’ai vu des serviteurs à cheval, et des princes marcher à pied comme des esclaves.

8. Celui qui creuse une fosse y tombera, et celui qui détruit une haie, un serpent le mordra.

9. Celui qui ramasse des pierres s’y blessera lui-même, et celui qui fend du bois se met en péril.

10. Si son fer lui échappe, il en a le visage troublé ; cependant il rassemble ses forces, mais alors sa sagesse ne profite pas à cet homme[75].

11. Un charmeur ne tire pas grand profit de son art, si un serpent le mord sans siffler[76].

12. La grâce découle de la bouche du sage, et les lèvres de l’insensé le font trébucher.

13. Il commence par les folies de sa langue ; il finit par les méchancetés de ses lèvres.

14. Car l’insensé multiplie les paroles. L’homme ne sait ni le passé ni l’avenir ; et ce qui viendra après lui, qui le lui prédira ?

15. Le travail des insensés leur sera funeste, comme celui de l’homme qui ne sait pas[77] le chemin pour aller à la ville.

16. Malheur à toi, ville dont le roi est jeune, et où les princes sont à table dès le matin !

17. Heureuse es-tu, terre dont le roi sera fils d’hommes généreux, et où les princes mangeront au temps opportun, pour soutenir leurs forces, et n’auront pas à rougir de leurs excès.

18. Le plancher du paresseux s’affaissera, et, à cause de l’inertie de ses mains, dans sa maison tombera la pluie goutte à goutte.

19. On leur prépare du pain pour les réjouir, du vin et de l’huile pour égayer leur vie ; et ainsi tout obéit à leur argent, mais pour leur honte.

20. Toutefois, même dans le secret de la conscience, ne maudis point le roi ; dans ta chambre à coucher, ne maudis point le riche, car quelque oiseau du ciel rapporterait tes paroles, quelque insecte ailé publierait tes discours[78].

CHAPITRE XI

1. Laisse aller ton pain au cours de l’eau[79] ; car après bien des jours tu le retrouveras.

2. Distribues-en à sept, même à huit personnes[80] ; car tu ignores ce qu’il doit y avoir de maux sur la terre.

3. Lorsque les nuées sont pleines, elles fondent en pluie sur la terre ; et si un arbre tombe au midi ou au nord, il restera là où il sera tombé[81].

4. Celui qui observe le vent ne sèmera pas ; et celui qui regarde aux nuages ne moissonnera pas[82].

5. Car nul ne sait quelle est la voie du vent ; comme les os cachés dans les entrailles de la femme grosse, de même te sont cachées les œuvres que Dieu a faites et toutes celles qu’il fera encore.

6. Sème ton grain dès l’aurore, et que ta main ne s’arrête pas le soir ; car tu ignores de celui-ci ou de celuilà lequel doit lever ; s’ils lèvent tous deux à la fois, c’est bien.

7. La lumière est douce, et il est bon aux yeux de voir le soleil[83].

8. L’homme qui doit vivre beaucoup d’années trouvera en toutes de la joie, et il se souviendra des jours de ténèbres, car ils seront nombreux : tout ce qui est passé est vanité.

9. Jeune homme, réjouis-toi en ta jeunesse[84] ; que, durant les jours de ta jeunesse, ton cœur te réjouisse ; marche avec innocence dans les voies de ton cœur, et non selon ce que tes yeux auront vu. Mais sache pardessus tout que le Seigneur t’appellera devant sa justice[85].

10. Éloigne de ton cœur la colère, et bannis de ta chair la méchanceté ; car la jeunesse et la folie sont vanité.

CHAPITRE XII

1. Et, durant les jours de ta jeunesse, souviens-toi de Celui qui t’a créé ; avant que les jours de l’adversité soient venus, avant que tu sois surpris par les années, où tu diras Je n’ai point en elles de plaisir ;

2. Avant que le soleil et la lumière s’obscurcissent, et la terre et les étoiles ; avant que les nuées succèdent à la pluie (4) ;

3. Comme il arrivera le jour où les gardiens de la maison trembleront ; où les hommes les plus forts plieront le dos ; où les esclaves attachés à la meule s’arrête

ront faute de force ; où celles qui regarderont par la fenêtre ne verront que ténèbres[86] ;

4. Quand les portes de la bouche se fermeront, parce que la voix de celle qui avait accoutumé de moudre sera affaiblie ; qu’on se lèvera au chant du passereau, et que les filles de l’harmonie ne pourront l’entendre ;

5. Où on lèvera les yeux, et où on aura des terreurs dans le chemin ; où l’amandier sera en fleur ; où les sauterelles se multiplieront ; où le câprier tombera en poussière, parce que l’homme sera en marche pour sa demeure éternelle, et que sur la place publique iront çà et là des gens en pleurs ;

6. Avant que la chaîne d’argent soit brisée, que la bandelette d’or soit rompue, que l’urne se brise à la fontaine, et que la roue de la citerne se déroule ;

7. Avant que la poussière revienne sur la terre, comme elle était, et que l’esprit retourne à Dieu, qui l’a donné[87].

8. Vanité des vanités, a dit l’Ecclésiaste, tout est vanité.

9. Et de plus, comme l’Ecclésiaste était très-sage, il enseigna la science à l’homme ; et l’oreille découvrira le sens voilé des paraboles.

10. L’Ecclésiaste a cherché avec soin pour trouver des paroles de bonne volonté, des écrits de justice, des paroles de vérité.

11. Les paroles du sage sont comme des aiguillons, comme des clous qu’on a solidement fixés[88] ; elles ont

20. Toutes ces formes énigmatiques se rapportent au jour du jugement, à ses signes précurseurs, à la vieillesse et à la mort. été données dans les conseils des sages par l’unique pasteur.

12. Et il est profitable, ô mon fils, de les garder ; à faire beaucoup de livres, il n’y a point de fin ; et trop d’étude est fatigue de la chair.

13. Écoute la conclusion, le résumé de ce discours ; crains Dieu, et garde ses commandements, car c’est là tout l’homme[89].

14. En effet, Dieu appellera en jugement chaque œuvre, chaque chose qui aura été négligée, bonne ou mauvaise.

  1. Ecclésiaste, prêcheur.
  2. Vanité des choses humaines.
  3. Les choses se succèdent invariablement sur une scène immuable.
  4. Sans que les siècles y apportent la moindre amélioration.
  5. La science fait la joie et le tourment de l’homme.
  6. L’étude de la sagesse adoucit-elle cette condition ? Non, si on l’unit à trop de science ; car la science afflige.
  7. Faut-il se rejeter sur la joie et les jouissances ? Non, elles ne sont que vanité le rire est insensé ; la joie est impuissante.
  8. La Vulgate porte : J’ai résolu en mon cœur de refuser à ma chair l’usage du vin, c’est-à-dire de tous les plaisirs sensuels.
  9. Elle m’a dirigé dans toutes mes entreprises.
  10. Grec ὅτι, pour ὅτι ἀλλἀ.
  11. Littéralement : ma portion en mes travaux ; ainsi le cœur trouve de la joie dans les travaux, et c’est la part que l’on en recueille ; le travail est la seule récompense des travaux humains ; car en eux-mêmes ils ne sont que vanité ; ils n’ont de valeur que si on les rapporte à Dieu.
  12. Il faut en revenir à la sagesse.
  13. Il voit clair ; il règle ses démarches.
  14. Aussi bien que le sage.
  15. La vie est donc détestable ; le travail en lui-même est mauvais, et tout est vanité. (Voy. Rom., VII, 24.)
  16. Tel est le fruit de la sagesse de la chair.
  17. Ainsi parle la secte d’Épicure, et une telle doctrine est encore vanité.
  18. L’homme finalement ne possède rien de bon pour lui-même ; s’il trouve quelque joie dans la satisfaction de ses premiers besoins, s’il entrevoit le bien dans son labeur, cela vient de Dieu.
  19. Mais qui sent le bien-être ? À qui Dieu donne-t-il la sagesse, la doctrine et la joie ? À l’homme bon à ses yeux ; les autres hommes n’ont en partage que les soucis, les embarras de la vie, les vanités.
  20. Comme à la guerre.
  21. Comme dans les jours de deuil, où les Hébreux déchiraient leurs vêtements.
  22. Comme David, quand il dit : J’ai haï les impies ; j’ai eu pour eux une haine profonde.
  23. Le monde n’est-il pas un perpétuel sujet d’étude ? L’homme peut-il s’expliquer le but de la création ?
  24. Rien n’est bon en l’homme lui-même, et s’il trouve de la joie dans la satisfaction de ses besoins, s’il voit le bien dans son labeur, c’est qu’il a reçu un don de Dieu. Au moral, c’est que la grâce de Dieu lui a fait découvrir le néant de ces joies et la nécessité des bonnes œuvres.
  25. Qu’est-ce qui distingue l’homme de la bête ? En quoi lui est-il supérieur ? En rien ; puisque tout est vanité en la vie de la chair.
  26. Ce n’est point la sagesse de la chair qui peut résoudre cette question.
  27. Tristesse de la vie ; oppresseurs et opprimés, tout est malheureux.
  28. Parce qu’il n’a vu ni éprouvé tant de misères.
  29. Il n’a pas la sagesse de se dire : Pour qui mon labeur ?…
  30. Il vaut mieux être deux à vivre et à souffrir ensemble.
  31. Qui ne voit rien et ne sait rien prévoir pour l’avenir.
  32. Il y a eu avant ce roi et ceux qui le suivent une infinité d’hommes qui ne l’ont pas connu, et la postérité la plus reculée ne le connaîtra pas davantage ; les honneurs qu’on lui rend sont donc vanité.
  33. Que sa providence existe.
  34. Le pauvre n’est point parmi les surveillants ; mais Dieu surveille tous les grands de la terre.
  35. Littéralement quelle force.
  36. Et cette vue irrite encore ses désirs et ses inquiétudes.
  37. S’il se complaît en son travail et en la jouissance de ses biens, c’est qu’il a mérité et reçu la grâce de Dieu, sans laquelle il vit comme il est dit verset 16.
  38. Il a des biens en abondance, et ne sait pas en jouir avec une pieuse libéralité.
  39. Remplir son âme de ses biens, c’est les répandre en bienfaits ; l’avare est maudit en sa mémoire, et nul n’assiste à ses funérailles.
  40. Car la vraie prospérité est de faire un saint usage de ses richesses.
  41. Il est bon de voir au delà de la vie pour se corriger et s’améliorer, autrement c’est vanité.
  42. Le meilleur est de ne pas chercher à pénétrer l’avenir, mais de travailler à son bonheur par la vertu.
  43. La naissance nous assujettit au démon ; la mort nous en affranchit.
  44. La tristesse du sage vaut mieux que le rire de l’insensé ; car cette tristesse est un blâme salutaire pour le pécheur.
  45. C’est un bruit futile et passager.
  46. Autre vanité que de bien commencer et de mal finir.
  47. La sagesse protège comme l’argent'; mais de plus la sagesse donne la vie. (Prov., IV, 10.)
  48. La sagesse et la science assurent la vie éternelle.
  49. Dieu le permet ainsi, et c’est ce qui faisait dire à David : Mes pieds ont été ébranlés…, en voyant la paix des pécheurs. (Ps. LXXII.)
  50. Ne t’en fais pas trop accroire, pour ta justice et ta sagesse ; et n’accuse pas Dieu de trop de bonté à l’égard du pécheur.
  51. Avant d’avoir fait pénitence.
  52. Ne prête pas l’oreille aux propos que tiennent sur toi les gens de ta maison, de peur d’en éprouver une vaine irritation.
  53. Plus j’ai cru m’approcher de la sagesse, plus elle m’a paru élevée et inaccessible.
  54. Parce qu’elle a été cause de la perte du genre humain.
  55. Qui n’ait été une occasion de chute.
  56. Ce roi suprême, c’est Dieu.
  57. Si le commandement est mauvais.
  58. La connaissance de lui-même suffit à l’homme ; la connaissance de l’avenir appartient à Dieu.
  59. Cette bataille, c’est la vie où tout homme est en lutte avec les autres et avec lui-même.
  60. Il s’agit des impies honorés par les flatteurs pendant leur vie et jusqu’à leur mort.
  61. Il ne faut pas chercher à pénétrer les desseins de Dieu dans cette contradiction apparente.
  62. Voyez la note v, 18. C’est le raisonnement du voluptueux.
  63. Il n’est de repos pour personne sur la terre.
  64. Trouver : découvrir, s’expliquer.
  65. Quel homme peut répondre de son salut éternel ?
  66. Voilà ce qui arrive ici-bas ; mais tout sera remis à sa place dans l’autre vie.
  67. Personne ne peut vivre toujours ; et à quoi bon ?
  68. Tout ceci a rapport au corps.
  69. Les hommes t’oublieront ; mais courage, Dieu garde le souvenir de tes œuvres.
  70. L’homme droit considère la vie, sa femme, ses biens, son bienêtre ; car il y trouvera satisfaction du cœur, si ses œuvres sont agréables à Dieu.
  71. La récompense n’est pas toujours accordée au mérite.
  72. Il faut se dévouer à faire le bien, sans compter sur la reconnaissance des hommes.
  73. Le sage agit toujours avec circonspection ; le fou, avec maladresse.
  74. Ta soumission, ton humilité, effaceront tes offenses et sa colère.
  75. Quoiqu’il se remette de son trouble, sa sagesse, c’est-à-dire son adresse, ne lui profite pas, puisqu’il n’a plus de fer.
  76. Quand la sagesse n’arrête pas la langue médisante, il y a détriment pour la sagesse.
  77. Comme celui du paresseux. (Voy. Prov., XXII, 12 ; xxvi, 13.)
  78. La plus légère indiscrétion peut nous perdre.
  79. Répands tes aumônes avec abondance et rapidité, sans calculer où elles vont.
  80. À un nombre indéfini d’indigents.
  81. Tes aumônes seront comme la pluie à la terre ; elles demeureront où elles seront tombées.
  82. Si l’on prévoit les malheurs de trop loin, on ne fera jamais d’aumônes.
  83. Mais une douceur encore plus grande, c’est de faire l’aumône.
  84. L’homme dans ses joies doit toujours avoir en vue l’innocence de cœur et la justice de Dieu.
  85. Souviens-toi que Dieu te demandera compte de ta conduite. (4) Qu’il n’y ait pas de ciel serein.
  86. Voy. S. Matth., XXIV,
  87. L’amandier, ce sont les cheveux blancs ; les sauterelles, les jambes du vieillard ; les filles de l’harmonie, les oreilles ; la chaîne d’argent et les bandelettes d’or, la merveilleuse structure du corps ; l’urne et la roue de la citerne, les conduits du sang et des humeurs.
  88. Des aiguillons, qui nous excitent à l’observation de la loi ; des clous, qui la fixent en nous.
  89. Tout le reste, plaisirs, travaux, grandeurs, n’est que vanité.