Traité élémentaire de chimie/Partie 2/Tableau 21

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Tableau des combinaisons du radical boracique oxygéné


Tableau des combinaisons du radical boracique oxygéné, avec les différentes bases salifiables auxquelles il est susceptible de s’unir dans l’ordre de leur affinité avec cet acide.



[TABLEAU]



OBSERVATIONS


Sur l’acide boracique, & sur le Tableau de ses combinaisons.


On donne le nom de boracique à un acide concret qu’on retire du borax, sel qui nous vient de l’Inde par le commerce. Quoique le borax ait été employé très-anciennement dans les arts, on n’a que des notions très-incertaines sur son origine, sur la manière de l’extraire & de le purifier. On a lieu de soupçonner que c’est un sel natif, qui se trouve naturellement dans les terres de quelques contrées de l’Inde & dans l’eau des lacs : tout le commerce de ce sel se fait par les Hollandois ; ils ont été long-temps seuls en possession de le purifier ; mais MM. l’Éguilier, dans une fabrique qu’ils ont élevée à Paris, sont parvenus à rivaliser avec eux : le procédé de cette purification, au surplus, est encore un mystère. L’analyse chimique nous a appris que le borax étoit un sel neutre avec excès de base ; que cette base étoit la soude, & qu’elle étoit en partie neutralisée par un acide particulier, qui a été long-temps été appelé sel sédatif de Homberg, & que nous avons désigné sous le nom d’acide boracique. On le rencontre quelquefois libre dans l’eau des lacs ; celle du lac Cherchiaio en Italie en contient 94 grains & demi par pinte.

Pour séparer l’acide boracique & l’obtenir libre, on commence par dissoudre le borax dans l’eau bouillante ; on filtre la liqueur très-chaude & on y verse de l’acide sulfurique, ou un autre acide quelconque qui ait plus d’affinité avec la soude que n’en a l’acide boracique. Ce dernier se sépare aussitôt, & on l’obtient sous forme cristalline par refroidissement.

On a cru long-temps que l’acide boracique étoit un produit de l’opération par laquelle on l’obtenoit : on se persuadoit, en conséquence qu’il étoit différent, suivant l’acide qu’on avoit employé pour le séparer d’avec la soude. Aujourd’hui il est bien reconnu que l’acide boracique est toujours identiquement le même, de quelque manière qu’il ait été dégagé, pourvu toutefois qu’il ait été bien dépouillé de tout acide étranger par le lavage, & qu’on l’ait purifié par une ou deux cristallisations successives.

L’acide boracique est soluble dans l’eau & dans l’alkool. Il a la propriété de communiquer à la flamme de ce dernier dans lequel on l’a dissous, une couleur verte, & cette circonstance avoit fait croire qu’il contenoit du cuivre ; mais aucune expérience décisive n’a confirmé ce résultat. Il y a apparence que si le borax contient quelquefois du cuivre, il lui est accidentel.

Cet acide se combine avec les substances salifiables, par la voie humide & par la voie sèche. Il ne dissout pas directement les métaux par la voie humide, mais on peut parvenir à opérer la combinaison par double affinité.

Le Tableau ci-dessus présente les différentes substances avec lesquelles l’acide boracique peut s’unir dans l’ordre des affinités qui s’observent par la voie humide ; il exige un changement notable, lorsqu’on opère par la voie sèche : alors l’alumine qui est placée la dernière doit être placée immédiatement après la soude.

Le radical boracique est entièrement inconnu ; l’oxygène y tient tellement, qu’il n’a pas encore été possible de l’en séparer par aucun moyen. Ce n’est même que par analogie qu’on peut conclure que l’oxygène fait partie de sa combinaison, comme de celle de tous les acides.