Traité de documentation/Le Livre et le Document/Organismes de la Documentation, ensembles constitués. Collections et travaux

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26 ORGANISMES DE LA DOCUMENTATION. ENSEMBLES CONSTITUÉS. COLLECTIONS ET TRAVAUX.

a) Dans l’exposé antérieur, on s’est attaché à analyser le livre et les documents en leurs constituants, leurs parties, leurs espèces, leurs fonctions ou opérations.

L’œuvre particulière y est l’unité.

Ici, l’unité est le point de départ et la partie composante d’un ensemble plus étendu formé d’une collection d’unités semblables considérées comme les parties ou sous-multiples d’une unité supérieure ou multiple.

b) Une collection est la réunion d’un grand nombre de choses ou objets du même genre, assemblées pour l’instruction, le plaisir, l’utilité. Ex. : collection de livres, de tableaux, de médailles, de coquilles, de minéraux.

E puribus Unum. — « Un seul fait de plusieurs », cette devise est essentiellement celle des collections.

c) Au début les documents ont fait l’objet de collections pour les amateurs. Leur goût, qu’ils poussaient souvent jusqu’à la manie, s’est épuré en se généralisant, puis il est devenu l’auxiliaire des études sérieuses et des patientes recherches. Finalement les collections s’affirment à la base même de la science.

d) Les objets des collections présentent des conditions particulières d’après leur nature : dimensions, état solide ou liquide, objet in natura ou à l’état d’échantillon, à l’échelle réelle, en réduction ou en agrandissement, rare ou à profusion, ayant en conséquence, valeur et caractères précieux, etc., ou dépouillé de valeur commerciale.

e) Les ensembles ou collections formés comme bases sur le trinaire fondamental des facultés humaines — connaissances, actions et sentiments — donnent lieu à trois grands groupes : 1° Ceux qui se rapportent aux connaissances et à l’étude. Ils ont en général un caractère impersonnel, leur aménagement est de caractère principalement statique. 2° Ceux qui se rapportent aux activités pratiques. Ils ont en général un caractère personnel ou limité à une sphère déterminée d’intéressés ; leur aménagement est de caractère principalement dynamique comme l’impose l’utilisation des pièces pour suivre le mouvement des opérations. 3° Ceux qui se rapportent au sentiment et à l’imagination, les documents de littérature et d’art. Ils sont dans la réalité concrets et rattachés au premier groupe (sciences).

f) Il y a autant d’espèces d’ensembles, de collections, autant d’espèces d’organismes chargés de prendre à leur formation qu’il y a d’espèces de documents. Dans la réalité tantôt plusieurs collections de documents sont confiées à un même organisme, tantôt elles sont réparties entre plusieurs organismes. On retrouve ici ce qui existe dans toutes les activités et organisations humaines, notamment dans l’industrie et dans l’administration publique, dans les institutions scientifiques en général.

La Bibliographie a donné lieu à certains offices autonomes qui se sont développés en offices de documentation. Il y a tendance à les associer aux bibliothèques ou mieux à développer les bibliothèques jusqu’à y comprendre les offices de documentation. D’autre part on a aussi résolu la question des complexes Bibliothèques-Archives-Musées-Office de documentation. Des noms spéciaux ont été donnés à ces organismes qui s’appellent de l’un ou de l’autre des organismes composants. (Ex. Le British Museum est à la fois Musée et Bibliothèque).

Il y a aussi des organismes pour les films (Cinéma), pour la T S. F. (Station de Radio), pour les représentations théâtrales (Théâtre). Il en a été traité avec les matières respectives.

Il doit être traité de cinq grands organismes : les Offices de Bibliographie et de Documentation (n° 261), les Bibliothèques (n° 262), les Archives anciennes (n° 263), les Bureaux, Offices, Secrétariats (archives courantes, documentation, administration) (n° 264) et les Musées (collections de spécimens, objets, modèles) (n° 265).

Le même nom s’applique ordinairement aux organismes, aux collections et aux édifices dans lesquels elles sont placées, ces organismes étant chargés à la fois de la formation des collections et de leur conservation, de leur utilisation.

Ces organismes présentent ces trois caractéristiques :

1° En eux se relient l’ensemble des conditions relatives au but assigné : les objets, les opérations, les fonctions, le matériel, les locaux, les personnes.

2° Leurs dénominations indiquent ce qu’ils ont de principal, mais les fonctions dévolues à chacun des organismes se retrouvent fréquemment au titre accessoire chez les autres. Ainsi, une bibliothèque a un musée et des archives et réciproquement. En certains pays la même institution les comprend tous au même titre.

3° On retrouve en toutes ces institutions une similarité d’opérations auxquelles convient en grande partie une unité de méthodes. Toutes ont en commun de s’occuper du document. Toutes, pour les utilisateurs, le public lecteur, visiteur, client, sont des distributeurs d’informations

261 Les Offices et Services de Bibliographie et de Documentation.

261.1 Généralités.

a) L’importance qu’a pris la Bibliographie (catalographie) a conduit à la création soit de services distincts qui ont cet objet au sein des grandes institutions, principalement les bibliothèques, soit d’institutions autonomes : les Offices de Bibliographie.

b) Les Offices sont nés de deux nécessités : 1° Celle de donner plus d’ampleur au travail bibliographique en le confiant à un personnel spécialisé qui puisse lui assurer la rapidité, la régularité et la continuité qui font défaut aux travaux entrepris par des auteurs individuels et volontaires. L’organisation la plus efficiente de la bibliographie est en effet devenue une fonction du monde scientifique, eu égard à la continuité et à l’efficience de la recherche scientifique elle-même.

2° La nécessité de rendre ces travaux indépendants de l’impression trop onéreuse par leur extension même. Les Offices ont pu poursuivre leurs travaux à l’état de manuscrit permanent.

c) Les travaux des offices sont donc tantôt à l’état de prototype, originaux et non publiés, tantôt à l’état d’impression. Ils sont ou non accessibles au public, gratuitement ou moyennant rémunération : on peut les consulter sur place où seules des copies sont délivrées après demande par correspondance.

d) L’Office International de Bibliographie, qui a été créé en 1893, est le premier office en ordre de date et il a pris immédiatement la forme coopérative et internationale. Depuis les offices se sont multiplié, soit généraux pour un pays, soit spéciaux pour une branche de science ou d’activité. Les bibliothèques qui avaient réalisé d’admirables catalogues de leurs livres, les éditeurs de bibliographies de livres qui avaient créé des organisations pour leurs publications, se sont trouvés débordés quand à la fin du siècle dernier, les périodiques scientifiques ont été produits de toutes parts et ont eu bientôt concentré le plus récent et le plus important de la production en sciences. Il était impossible à chaque bibliothèque de répertorier le contenu des périodiques qu’elle recevait. La fonction nouvelle créa l’organe nouveau.

c) Mais de nos jours un mouvement nouveau se dessine. Les grandes bibliothèques ont à ce point développé leurs séries et collections qu’elles sont devenues de véritables centres de documentation intégrale.[1] À côté d’elles, surtout dans les pays anglo-saxons, se sont multipliées les Bibliothèques spéciales (Special Libraries), qui sont devenues de véritables offices de documentation (Information Bureau).

261.2 Opérations d’un Office.

Les opérations d’un Office de Documentation peuvent être réalisées à quatre degrés.

I. La Bibliographie proprement dite organisée en répertoires de la manière dite au n° 255 et dont l’ensemble soit aussi un duplicata fragmentaire du Répertoire Bibliographique Universel.

II. Répertoires autres que le Répertoire Bibliographique. 1° Répertoires biographiques : renseignements sur les auteurs (à combiner avec le répertoire bibliographique par auteurs). 2° Répertoires des pseudonymes (idem). 3° Répertoire des Éditeurs (à combiner avec le répertoire général des personnes, collectivités et matières). 4° Répertoire des termes bibliographiques, en annexe. 5° Répertoire des abréviations (à combiner les unes avec les termes bibliographiques, les autres avec le Répertoire Bibliographique des auteurs, périodiques). 6° Répertoire des mots-matières (à combiner avec l’Index alphabétique des Tables de la classification décimale).

Ces divers répertoires existent en germe et ont fait l’objet de discussions ou de simples études. L’Office International de Documentation s’est attaché à les concevoir comme des parties d’un Répertoire Universel et s’appuyant les uns sur les autres.

III. La Bibliographie est une partie de la Catalographie Générale des Documents. Celle-ci s’est étendue aussi aux estampes et gravures, aux photographies, aux cartes et plans, à la musique, à l’épigraphie, aux monuments et médailles, aux disques phonographiques, aux films cinématographiques, les pièces des musées et les objets présentés pour des buts de documentation. Au delà les données de la nature, de la technique, de l’archéologie. D’où cette conséquence : nécessité de concevoir un catalogue général embrassant toutes les espèces et toutes les formes de documents, élargissant les cadres du Répertoire Bibliographique Universel qui n’en est donc qu’une partie, et traitant des autres parties selon une méthode analogue (notice, description, fiche ou élément pour les établir, classification, coopération).

IV. À un degré ultérieur la catalographie peut s’étendre indistinctement à tout ce qui peut aider le travail scientifique ou la vie pratique et donner lieu ainsi à nombre de Répertoires utiles.

261.3 La recherche bibliographique.

La recherche bibliographique donne lieu aux observations suivantes :

a) La recherche peut porter sur un ouvrage, un auteur, une question, une matière ou sur une science toute entière.

b) Elle peut porter sur n’importe quelle caractéristique des ouvrages dont on connaît seulement l’un ou quelques caractères individuels, l’un des caractères (par ex. l’auteur, le titre, l’éditeur ou le lieu de publication, etc.) ou seulement la classe (par ex. le sujet, le lieu ou le temps traités).

c) La recherche peut s’opérer suivant deux modes : 1° Avec des répertoires bien établis et relativement complets, la bibliographie s’en constitue par voie descendante en partant des premiers travaux et en suivant l’histoire du développement. 2° Dans le cas contraire, par voie ascendante, en partant des dates les plus récentes pour remonter progressivement dans le passé. On bénéficie ainsi immédiatement des recherches bibliographiques faites par les auteurs les plus récents. C’est autant de travail économisé.

d) Pour la recherche sur un sujet déterminé : 1° Voir un Manuel des Bibliographies qui renseigne les Bibliographies spéciales existantes. 2° Consulter la dernière et la plus complète de ces bibliographies. 3° Les bio-bibliographies des savants qui se sont occupés de la matière. 4° Les diverses bibliographies nationales, spéciales et universelles, s’il n’y a pas de bibliographie propre à la matière ou si celle qui existe a besoin d’être contrôlée à raison des incertitudes dans les notices. 5° Mise à jour de ces données en consultant les bibliographies périodiques concernant la matière et les bibliographies périodiques générales qui embrassent toutes les matières.

e) Dans les Offices de documentation et dans les Bibliothèques savantes et spéciales, les recherches se font sous la direction d’un bibliothécaire ou « documentaliste » expérimenté. Les chercheurs ont donc à leur disposition les catalogues de l’institution, les index et collections bibliographiques, le bibliothécaire.

f) Ces recherches seront facilitées à mesure que sera réalisé, avec centre et station, le Réseau Universel de Documentation. Dès ce moment, chacun peut s’adresser à son centre, l’Office International de Bibliographie a Bruxelles, au Palais Mondial.

261.4 Comment se procurer les œuvres mentionnées dans les bibliographies.

Pour les livres modernes, l’indication du lieu d’édition seul suffit pour aboutir à l’éditeur, en recourant aux bibliographies nationales. Pour les périodiques, revues, annuaires, universellement connus, il suffit en général d’écrire à la maison d’édition pour se les procurer. Pour les ouvrages de mérite déjà anciens qui ne sont pas dans le commerce, leurs prix peuvent atteindre des taux élevés et le lecteur est désarmé. Il faut alors écrire et 7 fois sur 10 peut-être, on ne reçoit pas de réponse. Parfois, pour avoir un simple numéro de revue on exige un abonnement d’un an. (Allemagne, États-Unis, Angleterre). Dans ce cas on peut conseiller d’écrire à l’auteur aux bons soins de l’éditeur dont on connaît l’adresse.

Trois organisations auxiliaires seraient désirables :

1° Un vaste dépôt mondial de périodiques vendables au numéro (Librairie des Périodiques).

2° Un répertoire international des ouvrages d’occasion (offres et demandes).

3° Un bureau international d’adresses. L’Office International de Bibliographie a examiné les possibilités d’établir ces deux derniers répertoires en annexe à ses répertoires. Il a été amorcé dans une petite mesure.

Les auteurs devraient conserver quelques exemplaires de leurs écrits, surtout des tirés à part, pour pouvoir parer aux demandes éventuelles et sporadiques.

262 Les Bibliothèques. Collections de Livres.

Il y a lieu tout d’abord de se former une conception de ce qu’est une bibliothèque, de ce que sont les divers types de bibliothèques.

Puis, une fois arrêté le type de bibliothèque qu’on se propose de constituer, il s’agit de procéder à sa formation et de la faire fonctionner. La bibliothèque est un organisme, une entité qu’on appelle à l’existence et dont on règle la vie selon des principes techniques et des méthodes rigoureuses. Les opérations à cette fin concernent les installations matérielles, le choix et les moyens d’acquérir les livres, l’organisation des livres en collection, leur utilisation, leur entretien, leur conservation.

262.2 Conception de la Bibliothèque.
262.11 Notion, définition.

Par Bibliothèque on entend une collection d’ouvrages choisis selon certains principes directeurs, mis en ordre matériellement, catalogués selon un certain système, facilement accessibles aux travailleurs et assurés de conservation dans l’état que leur ont donné les auteurs et les éditeurs. La Bibliothèque réunit une partie des livres dont l’étude en soi a été faite précédemment. Elle a pour fonction d’organiser la lecture sous une forme collective.

Le mot Bibliothèque désigne donc un organisme dans un sens restreint, s’entend aussi des lieux aménagés spécialement pour rendre la lecture aisée et agréable. On applique encore le mot à la désignation du meuble où sont rangés des livres.

Les Bibliothèques publiques dignes de ce nom sont des collections d’ouvrages systématiquement choisis dans toutes les branches des connaissances ou dans la spécialité qui fait l’objet de l’institution, parfaitement catalogués et largement mis à la disposition des lecteurs qui peuvent y recourir comme à de vastes offices d’information et de documentation.

Les Bibliothèques comprennent en même temps tout le produit du travail intellectuel et les moyens d’accroître ces produits. Elles sont à la fois les magasins, les laboratoires et les instruments de la science. Au point de vue de l’enseignement et de la diffusion des connaissances, elles sont les alliées et les compléments de l’École et de l’Université, et doivent fonctionner comme éléments mêmes de l’organisation de l’éducation du Peuple.

La Bibliothèque publique est un organe collectif qui a pour but de socialiser la lecture et d’en faire un service public de l’ordre intellectuel et éducatif. Au lieu d’obliger chacun à se procurer individuellement des livres et à les lire chez lui, la bibliothèque réunit des collections mises à la disposition de tous et pouvant être consultées et lues dans des salles communes.

La Bibliothèque moderne s’est transformée. Elle était une force passive, une énergie latente, un simple potentiel d’énergie. Elle est devenue une force active pour la communauté, une énergie déclenchée. Elle est au premier chef, un organisme social.

La Bibliothèque publique est le véritable organisme social qui doit faire naître et développer l’intérêt du public pour les choses de l’esprit. Petites ou grandes, toutes les bibliothèques devraient aider à la diffusion de la pensée et du progrès intellectuel placé à la base de la vie, de l’industrie et de la collectivité.

L’expérience prouve que ce ne sont pas les lecteurs qui manquent mais les bibliothèques qui ne sont pas adaptées aux lecteurs.

La Bibliothèque est un « laboratoire », c’est le laboratoire ou atelier intellectuel outillé et agencé à cette fin. Carlyle a dit : « La véritable université, à notre époque, est une collection de livres. »

262.12 Histoire des Bibliothèques.

a) L’histoire des bibliothèques peut se diviser en quatre périodes : 1° dans les temps anciens (Égypte, Assyrie, Rome) ; 2° au moyen âge : l’œuvre des moines ; 3° au temps moderne ; 4° à l’époque actuelle (bibliothèques, en Amérique).[2]

Les plus anciennes bibliothèques en Égypte et en Mésopotamie ont été les archives des rois et celles des Temples. On n’y retrouve preuve de lecture publique. Même en Grèce où toutes les formes de littérature ont été développées au plus haut point, et où l’habileté à lire et à écrire a été presque générale, beaucoup plus de personnes écoutaient les discours, les pièces de théâtre et la poésie qu’il n’en était qui lisaient.

On pense que c’est Assurbanipal (568-628 av. J. C.), petit-fils de Sennacherib, qui, le premier, fit une collection d’œuvres littéraires et l’aménagea de manière à pouvoir s’en servir. Les débris de cette bibliothèque forment une masse assez considérable pour que leur contenu comprenne dans le format des livres modernes, plus de cinq cents volumes de cinq cents pages, in-4o.

Il y a eu des bibliothèques en Chaldée, en Perse, en Égypte (Osymandias) et leur origine remonte jusqu’au 3e millénaire. Les bibliothèques étaient alors logées dans les temples et avaient un caractère religieux, Athènes (Pisistrate), Bibliothèque d’Alexandrie (700,000 volumes) et de Pergame. Au IVe siècle, sous les empereurs, il y avait 29 bibliothèques à Rome. (Les immenses collections qui existaient à Rome dans le Temple de la Paix).

La chute de l’Empire romain amena la destruction des bibliothèques. Au moyen âge, les bibliothèques se reconstituent lentement dans les monastères et les écoles épiscopales. La fondation des Universités entraîna celle des Bibliothèques (la Sorbonne). À la Renaissance un grand développement se produisit grâce à la protection des rois et des princes amis des lettres. La révolution nationalisa les bibliothèques (Bibliothèque Nationale). Les temps modernes créèrent la Bibliothèque Publique, dont le type le plus accompli a été réalise dans les États-Unis et l’Angleterre.

Les bibliothèques chrétiennes du moyen âge étaient principalement consacrées à des livres religieux. Quand l’Église devint proéminente au point de vue temporel aussi bien que spirituel, les églises et les monastères devinrent des centres d’études laïques.

Dans les pays neufs comme les États-Unis, les bibliothèques ont été créées pour l’instruction et la documentation de chacun. Les bibliothèques les plus importantes se trouvent là où il y a le plus de population agglomérée. En France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Belgique, en Hollande, au contraire, les bibliothèques sont de dates anciennes, elles sont encore des salles de musées de livres précieux ou curieux, fréquentées moins par le grand public que par des érudits. L’idée de la bibliothèque pour tous y est récente et n’a pris pied que peu À peu. C’est beaucoup plus le hasard qu’une pensée réfléchie qui a présidé à son développement.

b) Des facteurs externes ont agi.

L’évolution de la Bibliothèque s’est faite parallèlement à celle du Livre, de l’Instruction et de la Culture intellectuelle. Mais son développement a influencé directement l’état général de la mentalité publique et de la recherche scientifique.

La constitution et la disposition intérieure des bibliothèques ont toutes une évolution influencée par le nombre croissant des Livres existants et des lecteurs, obligeant à des modes de plus en plus resserrés d’emmagasinement, tout en permettant l’accès facile des livres.

Les anciens papyrus étaient disposés dans des casiers ; les manuscrits du moyen âge dans des coffres. Plus tard on dispose les volumes (grands in-folio) sur des pupitres et on les y enchaîne. Puis les livres, rendus à la liberté, sont placés dans des armoires, le long des murs. Ensuite on a formé des alcôves et des étages. Les magasins ont été séparés de la salle de lecture dont les proportions deviennent toujours plus grandes. Plus récemment on a multiplié les salles de lecture que l’on spécialise et répartit à proximité des magasins spéciaux.

c) D’une manière générale, les bibliothèques ont passé par plusieurs stades, avant d’être telles que s’offrent à nous aujourd’hui les plus perfectionnées d’entr’elles.

1er stade : Les bibliothèques sont « épigraphiques » sur les murs des Temples et des Palais. — 2e stade : Les bibliothèques sont celles des souverains (La Librairie des Rois). — 3e stade : Les bibliothèques s’ouvrent au public, ayant encore peu de livres et peu de lecteurs ; ceux-ci étaient installés dans des salles au milieu des livres. — 4e stade : Les livres et les lecteurs augmentant, on crée une salle de lecture publique et un magasin de livres séparés. — 5e stade : Institution des Bibliothèques nationales. — 6e stade : La salle de lecture s’agrandit, mais on l’aménage en salle de travail en y laissant des livres de références qui dépensent de recourir sans cesse aux magasins (ex. : Bibliothèque Nationale, Bibliothèque du British Museum). — 7e stade : On ajoute à la salle de travail une salle pour les catalogues et les recueils bibliographiques. — 8e stade : On ajoute des salles de travail spéciales, à proximité des magasins. On y dépose des ouvrages de références et des duplicata de catalogues spéciaux (New York). — 9e stade : On pousse plus loin encore la spécialisation. On crée des cabinets de travail particuliers pour les travailleurs choisis et des « boxes » pour consultation au milieu même des magasins de livres (Harvard). — 10e stade : la bibliothèque s’adjoint musée, archives, service de documentation (dossiers) ou va elle-même s’organiser en service spécialisé auprès des institutions qui sont en ordre principal consacrées à l’un ou à l’autre de ces objets. La bibliothèque ainsi s’étend à tout le domaine de la documentation.

262.13 Développement actuel des Bibliothèques. Bibliothèques dans les divers pays.

Le mot bibliothèque est élastique, il s’applique à un meuble contenant quelques ouvrages ou à une collection de millions de volumes telle que celle du British Museum de Londres et de la Bibliothèque Nationale de Paris.

Les bibliothèques se sont, de nos jours, considérablement multipliées, elles ont ajouté à leurs services, leurs collections de livres se sont accrues, et le public s’adresse à elles en plus grand nombre. Exemples : bibliothèque possédant 4 millions de volumes (Paris, Nationale) ; desservant une moyenne de mille lecteurs par jour (Londres, British Museum) ; disposant d’un personnel de 400 personnes (Washington, Library of Congress) ; ayant des sections pour les imprimés, les revues, les journaux, les manuscrits, les estampes, les photographies, la musique, les impressions pour aveugles (Washington, idem).

Les magasins de livres (stocks) sont à peu près entièrement métalliques ; ils sont à étages très rapprochés (12 étages et plus) d’une capacité de plusieurs millions de volumes (Washington). À la nouvelle Bibliothèque de l’Université d’Harvard. 60 professeurs ont un cabinet personnel, au contact même de ce magasin, ils peuvent y recevoir leurs étudiants, ils ont la clé de la bibliothèque ce qui leur permet d’y venir travailler la nuit comme le jour ; d’autre part, 300 boxes munis de tables sont aménagés dans le magasin pour permettre le travail près des rayons à des étudiants gradués munis d’une autorisation spéciale. À l’étage supérieur, 34 salles de travail, avec bibliothèque spéciale de livres d’usage courant, sont aménagées pour le travail des étudiants dans chacune des sections ou départements (mathématiques, français, allemand, sanscrit). Le British Museum à Londres, la Public Library de New York, la Bibliothèque de Harvard, pour ne citer que celles-là, sont ouvertes de 9 heures du matin à 10 heures du soir. La Bibliothèque du Congrès a un personnel de plusieurs centaines d’employés, celle de Harvard en a plus de 100. On imprime les catalogues de bibliothèque sur fiches et de grandes salles de catalogues précèdent les salles de travail. L’on tend vers des collections complétées. Par ex. sur la question de l’« efficiency », la Bibliothèque de New York a publié une liste de 1,200 titres et elle possède tous ces ouvrages.

La Bibliothèque de Harvard a 1,200,000 volumes, celle de York 1,000,000, celle de Columbia 550,000. La Centrale des Bibliothèques de New York reçoit une moyenne journalière de 10,000 visiteurs. Il est remarquable de constater qu’on a pu rassembler, en un siècle, aux États-Unis presque toute la production intellectuelle que l’on avait mis des milliers d’années à créer en Europe.

La Bibliothèque de New York mouvemente annuellement 11 millions de volumes. L’ensemble des Bibliothèques Nationales de France ont à dépenser 3,500,000 francs. La Bibliothèque Nationale de Berlin seule a 16 millions de francs. Chaque bibliothèque d’université prussienne a eu un crédit moyen de 525,000 fr.

Les bibliothèques ont un système de succursales, branches, sous-branches, stations (par ex. dans les écoles, les hôpitaux, les prisons, etc.). Elles ont aussi commencé un système d’extension au dehors à la manière de l’extension universitaire (Library extension, service par correspondance et colis postal). On a créé des services régionaux de bibliothèques (County library) comportant une collection centrale de livres distribués dans toute la région par l’intermédiaire des bibliothèques locales, des stations du service postal et des wagons de livres itinérants (bookwagon).

a) Angleterre. — L’Angleterre possédait beaucoup de bibliothèques au moyen âge ; elles furent en partie perdues à la Réforme. Les bibliothèques d’Oxford et de Cambridge paraissent avoir précédé la fondation des bibliothèques universitaires ailleurs. Le British Museum est le plus grand centre d’activité scientifique anglais. Il date de 1753 et ses collections ne le cèdent qu’à celles de la Nationale et de la Bibliothèque Lénine. Il reçoit annuellement environ 60,000 volumes par le Copyright.

En Angleterre, il y a 500 systèmes de bibliothèques, installés dans un millier de bâtiments. Cent millions d’ouvrages par an circulent dans les mains des lecteurs. À Croydon par exemple, agglomération de 200,000 habitants, 700 lecteurs se présentent par jour aux bibliothèques,

L’Angleterre et le Pays de Galles travaillent à réaliser un système de bibliothèques embrassant l’ensemble du pays.[3] Il comprend : 1° un système de groupes locaux autour des centres ou foyers formés par des bibliothèques importantes. Les campagnes elles-mêmes sont desservies. 2° Un système de bibliothèques spéciales appelées à mettre leurs ressources en commun par l’Association of Special Library and Information Bureaux et l’Association of University Teachers. 3° Une bibliothèque centrale devant suppléer aux besoins de l’ensemble, (ancienne Central Library of Student, à transformer en une institution nationale). Le tout repose sut le principe de la coopération volontaire et le desiderata que chaque bibliothèque désormais se sente la partie d’un système général.

De 700 bibliothèques anglaises, la plus petite possède 5,000 volumes et toutes ont une salle de lecture avec journaux et revues et beaucoup une salle spéciale pour enfants.

b) États-Unis. Ils occupent le premier rang pour les bibliothèques : nombre de volumes, utilisation, perfection des méthodes. Son œuvre propre est la bibliothèque publique, pour la masse plutôt que pour les recherches scientifiques. Mais à côté, elle a créé aussi des bibliothèques savantes auprès de ses universités et de ses collèges, et des institutions scientifiques. La Library of Congress a 3,500,000 volumes. La New York Public Library en a 3,000,000 avec 46 branches et environ 400 autres organes de distribution. La Library of Congress comprenait en 1924 3 millions de livres et brochures, 900,000 cartes, 1 million environ de morceaux de musique, 500,000 gravures. Il a été dépensé 8 millions de dollars pour l’édifice, 3.5 millions pour l’achat des collections et l’ameublement, depuis 20 ans un million de dollars pour le service et les travaux.

Aux États-Unis il y avait, en 1915, 8,302 bibliothèques dont environ 3,000 possédaient au moins 5,000 volumes Les riches particuliers (Carnegie, notamment), ont fait des donations importantes, mais l’impôt spécial pour les bibliothèques y rapportent 35 millions de francs, Le corps de l’Association des bibliothécaires américains comprend 4,000 membres. Beaucoup de ces bibliothèques ont des succursales et rayonnent vers les campagnes par des bibliothèques circulantes.

c) Hollande. — Le petit pays de Hollande a donné un soin particulier à ses bibliothèques.

En Hollande on comptait, en 1919, 56 communes avec une ou plusieurs bibliothèques comprenant salle de lecture et avec une moyenne de 5,000 volumes.

« Leeszalen » de Hollande avaient (avec les succursales) en 1908 : 6 ; en 1933 : 110 salles de lecture (dans toutes les communes de plus de 20,000 habitants, il y a maintenant une salle de lecture, subventionnée par l’État). Nombre de livres en possession de l’ensemble des bibliothèques publiques : 1913 : 100,000 ; 1933 : 1,800,000. Fréquentation : 1908 : 300,000 ; 1931 : 2,100,000. Recettes : 1903 : Fr. 25,000 ; 1931 : Fr. 1,780,000. Subventions de l’État : Fr. 250,000. Les particuliers environ Fr. 500,000.

d) Belgique. Les grandes bibliothèques sont : la Bibliothèque Royale de Bruxelles, fondée en 1827, mais héritière des collections formées déjà par les ducs de Bourgogne, les Bibliothèques de Gand, de Louvain, maintenant celle de l’Université de Bruxelles, la Bibliothèque des Bollandistes, le Musée Plantin-Moretus, Après la guerre, pendant laquelle la lecture avait été intensifiée, un mouvement s’est dessiné en faveur de l’organisation de bibliothèques publiques. Une législation spéciale est intervenue.

En Belgique, en 1921, des 2,639 communes, il en est environ 1,500 qui ne possèdent aucune bibliothèque publique Parmi les 1,600 reconnues par le Ministère, petit est le nombre de celles qui sont convenablement outillées, installées et dirigées (Rapport parlementaire Heyman). De ces bibliothèques, si l’on excepte celles de l’agglomération bruxelloise et des chefs-lieux de province, 601 possédaient moins de 300 volumes et 46 plus de 3,000 volumes. Ces bibliothèques fonctionnent en général comme service de prêts et n’ont point de salle de lecture.

e) Tchécoslovaquie, La Tchécoslovaquie est (avec la Belgique) le premier pays qui ait rendu obligatoire l’établissement des bibliothèques publiques. Chaque agglomération doit avoir sa bibliothèque et les villes de 10,000 habitants doivent nommer un bibliothécaire. Dans les villes plus petites, une personne qui a suivi des cours de bibliothéconomie pendant un mois doit être nommée. Le Ministère de l’Éducation fournit un traité d’administration de bibliothéconomie à la communauté et inspecte la bibliothèque. La loi exige que le cinquième de tous les livres de chaque bibliothèque ait un contenu instructif (1928).

f) France. — Les anciens rois firent les premières tentatives pour former des bibliothèques. Effort non systématique, François Ier créa la Bibliothèque Royale de Fontainebleau qui fut transférée à Paris et devint la Bibliothèque Nationale. Elle grandit sous Louis XIV et Colbert. À la Révolution et sous Napoléon, on y déversa les collections venues des couvents ou formant butin de guerre. Elle a maintenant plus de 4 millions de volumes, 125,000 manuscrits et 300,000 gravures.

La Mazarine, l’Arsenal, la Bibliothèque Ste Geneviève, la Bibliothèque de la Sorbonne, sont toutes quatre de première importance. Une multitude de bibliothèques scientifique, artistique, historique, sociale dépendent des Universités, des administrations, des villes.

La bibliothèque publique en France est en retard.

La plupart des institutions qui portent le nom de bibliothèque, ne sont pas des bibliothèques publiques au point de vue moderne. Elle ne répondent que bien imparfaitement aux besoins de la communauté. Elles sont incomplètes ; ce sont, fréquemment, des salles petites, mal tenues, pauvrement éclairées, avec des rayons resserrés, montant jusqu’au plafond ; le public ne peut faire choix d’un livre qu’en consultant un mauvais catalogue déchiré, souvent périmé, qu’on doit feuilleter hâtivement sur un pupitre à l’entrée de la salle. Les bibliothécaires sont généralement des personnes qui n’ont reçu aucun enseignement professionnel et qui sont si surchargées de travail et si occupées par leur carrière véritable, qu’elles ne sauraient montrer envers la Bibliothèque que peu d’activité et peu d’intérêt (Jessie-Carson).

g) Allemagne. — Les grandes bibliothèques font celles de Berlin, Munich, Dresde, Göttingen. Heidelberg, Leipzig, Tubingen. Beaucoup de bibliothèques d’associations scientifiques. Un système excellent de prêts entre bibliothèques. Une grande expansion de bibliothèques populaires. Dans le domaine technique, un grand développement a été réalisé par la Bibliothèque des Ingénieurs allemands, celle du Patentamt, celle du « Deutschen Museum de Berlin », la Deutsche Bücherei à Leipzig.

h) Italie. — Elle a de magnifiques collections de livres. Elle eut des collectionneurs privés possesseurs de larges bibliothèques à l’époque de la Renaissance. La vieille Bibliothèque du Vatican, commencée au IVe siècle par le pape Damase, a été réorganisée selon les principes modernes par le pape actuel qui fut, lorsqu’il était cardinal Rati, bibliothécaire de l’Ambrosienne de Milan. La Laurentienne de Florence (Medicis-Laurenziana), la Biblioteca Nazionale de Florence, la Vittorio Emmanuele de Rome, les Bibliothèques de Naples, Palerme, Turin, Bologne, Padoue. En Italie fasciste, on continue d’agiter le problème de doter toute commune d’une bibliothèque populaire pourvue de bons livres, bien attrayante. On demande que s’en occupe l’« Opera Nazionale Dopolavoro ».

i) Russie. — Ce pays possède de très grandes bibliothèques. Celle de Leningrad (4,260,000 vol.) a été récemment doté d’un nouvel édifice. À Moscou, la Bibliothèque Lénine. Suivant le décret soviétique du 4 mai 1920, toutes les bibliothèques de la République forment dans leur ensemble le réseau unique des bibliothèques de l’État. La réforme intérieure est analogue à celle des musées et des archives. L’administration dépend d’organismes spéciaux du Commissariat de l’Instruction publique.

j) Vatican. — La Bibliothèque du Vatican est ancienne et riche Son origine remonte au début du XVe siècle, à Martin V. Elle fut victime d’une catastrophe foudroyante, une partie s’étant écroulée. En 1932, le Pape Pie XI a inauguré le nouvel édifice.

k) Société des Nations. — Dès sa fondation, la S. D. N. a établi sa bibliothèque. La donation Rockefeller de deux millions de dollars lui assure un édifice joint au nouveau Palais des Nations à Genève.[4] Le Bureau international du Travail possède une grande bibliothèque.

l) Organisations internationales. — Elles ont réalisé de grandes bibliothèques. Celles du Palais de la Paix (La Haye), de l’Institut International d’Agriculture (Rome), de l’Union Panaméricaine (Washington). L’Union des Associations a organisé en Bibliothèque Mondiale celle du Mundaneum (Palais Mondial à Bruxelles).

262.2 Les espèces de Bibliothèques.
262.21 Généralités.

Il existe un nombre considérable de bibliothèques. Elles sont différenciées par le public à qui elles s’adressent (bibliothèques savantes et non savantes) ; par la nature des collections (bibliothèques générales et spéciales) (livres nationaux ou étrangers) ; par la sphère d’action sur laquelle s’étend leur organisation (bibliothèques communales ou municipales, régionales ou provinciales, nationale, internationale).

On peut classer les bibliothèques de la manière suivante :

1° Les grandes bibliothèques nationales : elles ont pour but de conserver toute la production nationale et de former de grandes collections générales, en vue des études et des recherches de toute nature. 2° Les bibliothèques publiques, établies dans tous les centres de population et destinées à multiplier les facilités de lecture et d’étude pour le public en général. 3° Les bibliothèques des institutions scientifiques d’étude ou d’enseignement ; universités, instituts, observatoires, musées, jardins botaniques, etc. 4° Les bibliothèques des administrations publiques : ministères, parlements, municipalités, services publics de toute espèce. 5° Les bibliothèques des associations scientifiques, des corps savants et des sociétés qui poursuivent des buts d’intérêt général dans tous les domaines de l’activité. 6° Les bibliothèques des associations et des institutions internationales, dont l’objet est de réunir autant que possible les publications de tous les pays relatives à leur spécialité. Ces dernières catégories de bibliothèques sont particulièrement intéressantes à raison de leur spécialité. Elles sont avant tout destinées à leur personnel, s’il s’agit d’institutions, à leurs membres, s’il s’agit d’associations. Toutefois elles sont généralement accessibles aux travailleurs qui en sollicitent l’usage.

Les bibliothèques peuvent aussi être disposées spécialement pour diverses catégories de lecteurs. Les grandes catégories sociales s’affirment ici : les hommes et les femmes, les enfants, les vieillards ; les malades, aveugles, prisonniers, les travailleurs de l’agriculture, des industries, des mines, de la pêche, les employés, etc.

La bibliothèque du type universitaire se distingue de la bibliothèque publique en ce qu’elle n’est pas destinée aux personnes de tout âge, et de matière, d’intelligence et d’expérience, mais aux étudiants, aux professeurs, aux spécialistes, aux chercheurs. À ce type se rattachent les bibliothèques scientifiques dites de recherches, organisées au sein des instituts.[5]

Les cabinets de lecture sont des lieux publics où, moyennant une rétribution, on lit des livres et des journaux. De nouvelles formes de bibliothèques sont sans cesse produites. Bibliothèques dans les jardins (Madrid, Home), bibliothèque circulante organisée en voiture de tramway (Munich), en autobus (États-Unis). Bibliothèques dans les trains (Tchécoslovaquie). Projet de bibliothèque postale (Belgique). Bibliothèque en liaison avec les conférences par radio (League of Nations Union, Londres).

262.22 La Bibliothèque publique.

La Bibliothèque publique ne peut être tenue comme une œuvre de charité mais comme un véritable service public, comme une branche principale de l’enseignement post-scolaire. Elle doit, à ce titre, être au premier chef un facteur puissant du développement intellectuel et moral de la nation.

La Bibliothèque publique ou Bibliothèque municipale est entretenue au moyen de taxes ou de dons volontaires. Elle fonctionne dans le cadre de la loi. Elle n’est pas réservée à une classe spéciale comme les bibliothèques de sociétés savantes ou d’universités : elle est destinée à la communauté, à toute personne.

La bibliothèque municipale, dit M. Coyecque, dans ses publications récentes, est faite pour tout le monde. Elle s’adresse à tous, elle est collectivement la bibliothèque personnelle de chacun, les uns y trouvant le complément de celle qu’ils possèdent, les autres la compensation de celle qu’ils n’ont pas. Distraire, instruire, informer, voilà, dit-il, le programme intégral de la bibliothèque municipale.

Les bibliothèques municipales offrent ce trait commun : œuvre de vulgarisation scientifique et littéraire en même temps que centres d’information pratique, elles ne sont pas comme les savantes, des conservatoires dont les effectifs, gardés et perpétués, s’accroissent indéfiniment ; chez elles les livres passent et ne demeurent ; il s’agit ici moins de quantité que qualité ; la bibliothèque met à la disposition du public ce qu’il y a de meilleur et de plus récent, pour la forme, pour le fond, et pour l’un et l’autre, et en l’espèce, ces deux termes sont souvent connexes ; dans les domaines scientifiques, techniques, professionnels, sociologiques, l’ouvrage tenant compte des derniers progrès ou de la dernière législation ; en littérature, des représentants de tout le mouvement contemporain, des spécimens de tous les genres, des produits de toutes les écoles ; pour les classiques des éditions récentes, aussi attrayantes qu’étaient retardataires celles de la vieille pédagogie, dans les domaines de l’histoire, l’ouvrage qui utilise les prodigieuses ressources de la photographie et de ses dérivés industriels.

La Bibliothèque municipale est doublement encyclopédique ; elle embrasse à la fois l’ensemble des connaissances et l’ensemble de la population ; il n’y a pas une branche du savoir qui n’y trouve sa place ; il n’est personne dans la cité qui n’ait intérêt à s’en servir, ne fût-ce que pour apprendre ou connaître ceux qui la fréquentent régulièrement.

La Bibliothèque est un des organes de la vie collective, ni plus ni moins nécessaire ou superflu que les autres, le réservoir, le gazomètre, le marché ou l’école ; c’est le magasin d’approvisionnement intellectuel. C’est en dernière analyse, et par-dessus tout, l’atelier où doit se former l’esprit public, dans des conditions supérieures à celles que comportent les deux autres façonniers de l’opinion, la conférence et le journal.

Une bibliothèque n’est pas un « magasin de livres où l’on se borne à distribuer des numéros » : c’est une œuvre d’enseignement public dont peuvent et doivent dépendre dans une large mesure l’éducation de la nation et la formation de l’esprit public.

Les principes exposés dans ce traité ont pour but d’établir la bibliothèque suivant les données rationnelles. L’ensemble des livres que la bibliothèque contient forme un organisme dont toutes les parties sont solidaires. Embrassant l’intégralité des connaissances, elle est encyclopédique ; disposant les ouvrages suivant les cadres d’un ordre rigoureux, elle est conforme à la classification des connaissances. Semblable bibliothèque est l’image de la science elle-même ; ses livres, pourvu qu’ils soient choisis parmi les meilleurs, les plus clairs et les plus récents, sont l’expression écrite même des connaissances. Dépositaires du savoir, ces ouvrages sont des maîtres qui parlent quand on les interroge et à eux tous ils constituent une véritable université littéraire, où sont représentées toutes les branches de l’enseignement par la lecture.

262.23 Bibliothèques pour enfants.

1. En général, il existe des bibliothèques spéciales pour enfants (de 8 à 14 ans). Il existe aussi des sections enfantines dans les bibliothèques générales. — Le progrès de la lecture, dans la Nation, par l’initiation de la jeunesse. — Choix scrupuleux des meilleures livres et en quantité suffisante. — Intervention plus active du bibliothécaire auprès des petits lecteurs. L’heure du conte dans la bibliothèque et à l’école. — Résumé, par l’enfant, des livres lus. — En Angleterre, les bibliothèques pour enfants ont donné lieu à une circulation de 100,000 volumes par an.

Dans la bibliothèque publique de Washington, la section des enfants est particulièrement bien organisée pour renseigner le public sur la littérature destinée à la jeunesse. Un service de consultation pour adultes y a été créé ; l’une contient les livres qui peuvent être empruntés par les parents pour leurs enfants, l’autre environ 1,600 titres formant une exposition sous le nom de « Bibliothèque idéale pour enfants ».

2. Organisation. — Les bibliothèques pour enfants peuvent exister spécialement à cet effet ou comme département d’une autre bibliothèque, ou comme bibliothèque dans les écoles. Salles pour enfants : partie pour la lecture sur place, partie pour le prêt à domicile. Tables pour permettre aux enfants de faire leurs devoirs. Tables pour les revues d’enfants ; tables pour les ouvrages de références.

3. Livres pour enfants. — Quatre catégories : a) alphabets historiés pour enfants ne sachant pas lire ; b) ouvrages similaires avec une certaine quantité de textes simples, pour enfants en dessous de neuf ans ; c) livres pour enfants de neuf à douze ans ; d) livres pour enfants au-dessus de 12 ans.

4. Catalogue des bibliothèques pour enfants. — Se représenter que l’enfant doit pouvoir se servir de tels catalogues. Éviter que leur terminologie ne soit celle des adultes. Les rubriques du catalogue s’inspireront des titres des livres mêmes. On évitera les abréviations et signes bibliographiques. (Voir un exemple d’application de la Classification décimale à de tels catalogues dans Berwick Sayers. The Childrens library, p. 56.)

5. La Bibliothèque à l’École. — L’École doit aider la Bibliothèque à apprendre à lire systématiquement et avec fruit, apprendre à manier et respecter les livres. Petite bibliothèque à l’école même ; envoi des enfants à la bibliothèque publique pour compléter, par des lectures, les leçons données ou à préparer. Les livres classiques des écoliers constituent le noyau de la bibliothèque personnelle qui deviendra la bibliothèque de la famille ; complément désirable de ces livres par des introductions et des tables des matières les reliant les uns aux autres et en faisant de petites encyclopédies bien étudiées. Réciproquement la Bibliothèque doit aider l’École : utilisation des loisirs et des vacances des écoliers ; fourniture à l’école de livres de lecture.

Les conditions de la Bibliothèque de travail à l’école s’étudient, Elles prennent de l’importance à raison inverse de la lutte pour destituer de sa position privilégiée le Manuel scolaire (Ve Congrès de l’imprimerie à l’école, 2 août 1931 Rapport Freinet-Ruch.) Pour familiariser la jeunesse avec les Bibliothèques, les Américains possèdent un Manuel très pratique élaboré par MM. Hutchins, Johnson et Williams (Guide to the Use of the Library. A Manual for College and University Student, 1929).

262.24 La Bibliothèque du particulier.

1. Composition. — La bibliothèque du particulier doit être conçue d’après des principes rationnels en tenant compte des ressources dont on dispose pour les acquisitions, de l’espace pour les emmagasiner, du temps nécessaire pour la mise en ordre et des soins à donner aux ouvrages.

En principe, il n’est pas désirable pour la généralité des particuliers, d’avoir des quantités de livres, mais il lui faut en posséder de bons, de beaux et, pour les questions scientifiques, de modernes. La bibliothèque privée se composera de trois sortes de livres : 1° un fonds encyclopédique, choix d’ouvrages généraux ou livres de références sur toutes les matières, permettant, sinon d’étudier, du moins d’avoir immédiatement quelques notions sur n’importe quelles questions rencontrées au cours de la vie et des études ; 2° les ouvrages relatifs à la spécialité, à la profession, aux études et aux occupations courantes. Ces livres-là doivent être aussi complets et aussi nombreux que possible ; ils ne devront pas se borner strictement à la spécialité, mais comprendre aussi des ouvrages relatifs aux branches auxiliaires ; 3° les ouvrages relatifs aux questions qui intéressent occasionnellement.

La place des livres que l’on ne consulte plus ou que l’on consulte très peu est dans les bibliothèques publiques. Il y a même, pour un homme d’étude, un intérêt réel à éviter l’encombrement chez lui. Le mieux est de remettre en dépôt ou de faire don aux bibliothèques publiques et spécialement à celles des sociétés scientifiques dont il fait partie, les ouvrages inutilisés par lui, notamment les ouvrages surannés et ceux relatifs à des questions étudiées occasionnellement et dont il ne s’occupe plus. Il est certain ainsi de pouvoir retrouver ces livres le jour où il pourrait en avoir besoin, ceux-là et tous les autres sur la même question, que posséderait la bibliothèque.

2. Méthode. — Les méthodes pour l’organisation des bibliothèques en général sont applicables aux bibliothèques des particuliers, notamment en ce qui concerne le placement des ouvrages sur les rayons et le catalogue.

3. Organisation d’ensemble. — Le Docteur L. Berczeller (Vienne) a étudié la condition des bibliothèques privées et proposé une organisation très intéressante de ces bibliothèques basées sur les chiffres qu’il présente. Un travailleur intellectuel lit en moyenne journellement l’étendue d’un volume d’une valeur de 10 Mk., soit 3,000 Mk. par an, et comme sa durée moyenne de capacité et de travail est trente-cinq ans, cela fait, avec l’intérêt, 200,000 Mk. À la fin de sa vie, le travailleur serait donc théoriquement en possession d’une bibliothèque de plusieurs milliers d’ouvrages ayant coûté une somme élevée et nécessitant un espace étendu ; en se basant sur le lecteur type au volume par jour et à l’existence de 100,000 travailleurs travaillant dans les seules sciences naturelles, on arrive à un capital de 5 milliards de Mk, qui aurait à être investi dans ces bibliothèques privées, si elles étaient rationnellement constituées. Ces chiffres montrent la nécessité des bibliothèques publiques dont les fonds sont communs.

4. Bibliothèque familiale. — Il est tout un apostolat à organiser : répandre parmi les peuples et la petite bourgeoisie le goût de la bibliothèque familiale jointe à la table d’études des enfants.

5. Bibliothèque de Bibliophiles. — À côté des bibliothèques privées, il y a celles des bibliophiles. Ces dernières sont basées sur le choix de livres beaux et rares. Peu étendue en général, toutes les opérations du livre peuvent s’en ressentir. On les place dans des armoires fermées, on classe sommairement et d’après les caractères extrinsèques, on s’abstient de placer des marques apparentes au dos des livres, on catalogue en petit carnet à reliure mobile, on achète aux ventes publiques ou par commission donnée à des libraires spécialisés.[6]

262.3 Parties, collections, fonds, services et départements.

a) Les bibliothèques sont : 1° des ensembles composés de diverses parties ou collections ; 2° des organismes faisant fonctionner divers services ; 3° des centres opérant divers travaux. Par suite, la bibliothèque a une organisation centralisée unique où elle est divisée en départements distincts appelés de noms divers, mais placés sous une direction générale unique.

b) La bibliothèque contient les catégories d’œuvres, suivantes souvent constitués en divisions spéciales : 1° livres ; 2° brochures ; 3° ouvrages de référence ; 4° publications officielles ; 5° journaux officiels (contenant les lois, les traités et les actes législatifs les plus récents ; 6° documents officiels des gouvernements, des parlements et des grandes administrations (règlement, annuaires officiels, comptes rendus des débats parlementaires, texte de projets de lois et de budgets, rapports soumis aux corps législatifs des différents ministères, statistiques, etc) ; 7° manuscrits (cabinet des manuscrits, cabinet des cartes et plans) ; 8° cartes de géographie et atlas (plans de bâtiments, machines et appareils) ; 9° gravures (cabinet des estampes) ; 10° périodiques (périodicothèque) ; 11° journaux quotidiens (hémérothèque) ; 12° photographie (photothèque) ; 13° musique.

c) Des collections distinctes sont formées à raison du format (in-folio) ou du caractère spécial des livres (enfer, censure, immoraux).

d) Il y a éventuellement les collections de documents autres que les publications et qui se rapportent à la documentation générale, telle que la cinémathèque, la photothèque, les archives anciennes, les archives encyclopédiques documentaires (dossiers), les objets de musée.

e) La lecture et la consultation sont favorisées par la diversité des salles de lecture, l’accession aux rayons des bibliothèques dites de référence, des tables de travail au sein des collections, des salles de travail réservées aux travailleurs scientifiques faisant des travaux de longue haleine, des cellules de travail. À la Bibliothèque Universitaire Ann Arbor, les docteurs de l’hôpital peuvent demander qu’on leur lise, par téléphone, quelque article dont ils ont immédiatement besoin.

262.4 Technique et organisation des Bibliothèques
(Bibliotechnie, Bibliotéconomie)
.
262.41 Généralités.

a) La technique des bibliothèques a été fort développée. Elle entre dans des détails de plus en plus particuliers et précis. Renvoyant pour ceux-ci aux traités spéciaux sur la matière, dans le présent exposé il ne sera question que des données générales.[7]

b) Une bibliothèque n’existe pas par elle-même. Il faut la former, à la manière dont on construit un édifice ou une machine. Elle n’est pas un amas de livres. Il faut constituer une collection, c’est-à-dire créer un véritable organisme intellectuel, dont les parties soient en corrélation les unes avec les autres et réalisent le maximum de rendement avec le minimum d’effort et de travail.

c) Comme toute « construction », celle de la bibliothèque suppose des matériaux (les livres), un plan (la classification), des procédés (les méthodes), un outillage (le matériel), un personnel, des opérations et une organisation.

Ensuite quand la bibliothèque est formée, il s’agit de la maintenir à hauteur de sa tâche, de l’amortir, de faire fonctionner les services relatifs à son utilisation. Tout cela exige des opérations d’ordre administratif et d’ordre exécutif, les unes et les autres relevant d’une direction confiée à des personnes ou à des corps responsables. Le tout forme une unité : l’organisation.

d) Opérations. — La suite des opérations comprend l’acquisition des ouvrages, le traitement des livres à l’entrée, le catalogue, la classification. Une place à part doit être faite à la réorganisation des bibliothèques anciennes selon de nouveaux principes. La communication et le prêt des ouvrages, la coopération aux travaux et services organisés en commun avec les établissements similaires.

e) Grande ou petite, une bibliothèque doit avoir une administration, doit être dirigée avec ordre selon un statut ou règlement. Les conditions spéciales et locales déterminent en chaque cas ces principes.

262.42 Acquisition.

a) Il y a quatre modes d’acquisition : 1° par dépôt légal ; 2° achat ; 3° donation des auteurs ou éditeurs et des collectionneurs ; 4° échange.

b) Les achats constituent une fonction importante de la bibliothèque. Le choix des livres à acheter s’opère à l’aide des catalogues, bibliographies, circulaires, résumés, etc. Les desiderata sont exprimés par les lecteurs. Des directives doivent présider aux achats. La règle doit être l’impartialité. Pour faciliter les acquisitions, on a établi des listes choisies : on a déterminé des proportions entre les ouvrages des diverses branches.

c) Pour leurs achats, les bibliothèques s’adressent aux libraires, selon des modes les uns concentrés, les autres dispersés. Des firmes puissantes sont organisées pour alimenter régulièrement les bibliothèques des livres dont elles ont besoin.

d) Le livre rare a tendance à aller dans les bibliothèques publiques comme les tableaux rares dans les musées officiels. Le peuple et les donateurs pensent que c’est là qu’ils auront le maximum de chance de survivre et de pouvoir être communiqués à qui saura le mieux l’utiliser. C’est une sorte de communisme intellectuel.

e) « Il faut des bibliothèques complètes, dit M. Zanitzky, directeur du Palais Central russe du Livre. Seule la bibliographie est la mesure de l’intégralité d’une bibliothèque. Le lecteur doit avoir à sa disposition la littérature complète d’aujourd’hui, au moins par cette raison que les époques de valeur historique universelle ne sont pas très fréquentes. »

Impressionné par la production quantitative toujours croissante du livre, on a posé récemment le problème de l’élimination de certains livres de certaines bibliothèques et le problème de la redistribution des collections. La conservation des prototypes de toutes les publications est une chose, la présence de livres peu consultés dans certaines des bibliothèques sont choses différentes.

L’accroissement au centre des villes est en certain cas énorme : ainsi au British Museum, 1600 mètres de rayonnage sont ajoutés chaque année. En 1931, on ajouta à la collection 22,567 livres, soit une moyenne journalière de soixante livres nouveaux ou rééditions de livres anciens. La Bibliothèque Nationale de Paris est dans une situation analogue.

On est amené à envisager : 1° l’établissement de vastes magasins nationaux extra muros ; 2° la redistribution des collections. Le hasard a souvent fait les choses : la raison doit les rectifier. Concentration, fusion, transfert, échange. De toute manière systématisation, organisation de réseaux avec centrales, branches et succursales, principe affirmé que tout ce qui appartient à la communauté doit être aménagé au mieux de la communauté ; 3° agrégation des doubles à la Bibliothèque mondiale. Les périodiques étant l’aile marchante de la science, une bibliothèque scientifique vaut par l’existence de ces trois facteurs : 1. richesse en revue ; 2. leur accessibilité ou maximum (mise à disposition directe, arrivée ponctuelle et rapide des fascicules) ; 3. leur catalogue, alias leur bibliographie.

262.43 Opérations à l’entrée.

Les opérations suivantes sont à faire à l’entrée des volumes, dans l’ordre même indiqué ci-après :

Ouverture des paquets. — Si les arrivages sont accompagnés de factures ou bordereaux, leur contenu sera vérifié, le bordereau pointé et paraphé par le vérificateur, qui annotera soigneusement sur cette pièce les anomalies éventuelles.

Examen du livre. — Il y a lieu, dès l’entrée, de constater l’état matériel de chaque livre : a) Correspond-il à la commande, à la liste ou pièce qui accompagne l’envoi ; b) Est-il complet, pas d’omission de parties, d’omission ou déplacement de planches annoncées dans les tables ; c) Est-il en bon état : détériorations matérielles, taches, reliure ou brochage défaits ? d) Ne constitue-t-il pas un double ?

Ouverture de chaque volume. — Découpage des pages : emploi d’un bon coupe-papier (les lames de couteaux ou ciseaux ne conviennent pas) ; découper, en suivant, de gauche à droite. Pour obtenir que les pages demeurent droites, ouvrir les pages par petits paquets en appuyant légèrement le long de la marge intérieure. Éviter l’écrasement brusque du dos.

4o Détermination du classement de l’ouvrage. — On la fait à ce moment, car elle est nécessaire aux opérations ultérieures : l’enregistrement à l’inventaire, l’estampillage et le catalogue. L’indice classificateur peut être inscrit d’abord au crayon sur la couverture même du volume, en attendant tout enregistrement.

5o Inscription à l’inventaire. (Voir ci-après). — Les ouvrages en continuation et les périodiques sont inscrits sur leur fiche alphabétique déjà existante. On y trouvera leur numéro d’inventaire et leur indice de classement.

6o Marque de propriété. — Dès qu’un livre est porté à l’inventaire, il doit être considéré comme faisant partie de la collection et doit recevoir une marque de propriété. Tout lecteur étant susceptible d’emprunter à plusieurs bibliothèques, il faut empêcher des confusions lors de la restitution des ouvrages. En cas de décès ou de départ du détenteur, ses commettants doivent pouvoir se rendre compte de l’origine et de la propriété des ouvrages trouvés chez lui. La marque de propriété doit empêcher aussi le troc ou la circulation illégale des ouvrages appartenant à la bibliothèque. La marque peut prendre deux formes : le timbrage et l’ex-libris. a) Timbrage : Le timbrage des volumes convient bien pour les bibliothèques servant à des lecteurs nombreux. Il comporte le simple estampillage de la firme de la Bibliothèque, avec mention de la ville et éventuellement de l’adresse où elle a son siège. On peut faire usage de tampons humides ou de timbres secs (à relief). Ces derniers ont le désavantage de n’être pas assez apparents, mais ils ne font pas tache sur le livre. La place du timbre est en premier lieu sur la page titre du volume ou au verso de celle-ci, ensuite sur les éléments encartés, sur les fascicules d’un même ouvrage, et sur les cartes et gravures. Si on préfère respecter ces éléments quand ils présentent un caractère d’art qui aurait à en souffrir, on timbre au dos. Pour plus de précaution, on tamponne encore une page déterminée dans le corps du volume, par exemple, pages 5, 105, 205 et chaque 05 ; Le tampon doit être de petit format, et les caractères simples et nets. L’encre doit être visible, indélébile et rapidement sèche. L’encre rouge est visible et sèche vite. On y ajoute du siccatif. Éviter couleurs à l’aniline. — b) Ex-libris : Le système qui a été employé en premier lieu comme marque de propriété est celui de l’ex-libris. Celui-ci est gravé ou collé à l’extérieur ou à l’intérieur de la reliure (armes, dessin, figure allégorique ou légende, ou combinaison de ces éléments). Une place est réservée pour l’inscription de la cote de l’ouvrage. Ce système convient encore actuellement, notamment pour les bibliothèques personnelles. Il peut être cumulé avec le système du timbrage.[8]

7o Étiquetage des volumes. — Il a pour but l’indication de la cote de placement des volumes, qui doit être bien apparente. Il peut servir par surcroît de marque de propriété si l’étiquette porte imprimée la firme de la Bibliothèque. C’est la marque de propriété la plus visible et remplissant le plus pratiquement son office, mais elle n’exclut pas l’application du timbre et l’emploi de l’ex-libris car l’étiquette peut être décollée accidentellement ou volontairement. Elle comprend l’indice de la classification décimale et le numéro d’inventaire de l’ouvrage. On compte six espèces de symbole pour exprimer les divers éléments qui servent à classer les livres sur les rayons. 1o La classe (indice décimal ou indice d’une autre classification). 2o L’auteur (les Cutter numbers). 3o Le titre de l’ouvrage (les Cutter numbers) ; il est nécessaire de l’indiquer s’il est plusieurs livres d’un même auteur dans la même classe. 4o L’édition (s’il y a plusieurs éditions, indiquer par le nombre usuel de l’édition. 5o La date : table de Biscœ avec nombre arbitraire (date réelle de l’édition ou date abrégé). 6o Emplacement spécial qui correspond à diverses séries ou à des fonds. Par ex. : les lettres des formats (q) quarto et (f) folio. Et toutes désignation de fonds par des lettres A, B, C, etc.

L’étiquette a la forme rectangulaire, le format, 1/6 de fiche est recommandé. Elle se place au bas de la couverture ou de la reliure, dans l’angle inférieur gauche, toujours à la même place et à la même distance pour tous les volumes. Si le volume est assez épais, on peut placer sur le dos, tout en bas, une étiquette qui prend alors la forme ronde, ovale ou rectangulaire à coins coupés. En aucun cas elle ne peut couvrir des textes. On peut aussi remplacer l’étiquette par un timbre humide, de même grandeur, appliqué sur les couvertures des volumes brochés. Après l’étiquetage, les volumes sont rangés sur les rayons dans l’ordre des numéros d’inventaire, jusqu’à ce qu’on puisse les incorporer à leur place respective dans les collections.

262.22 Catalogue.

a) Le catalogue est un élément capital de la bibliothèque. Sans catalogue, elle est un corps sans tête.

b) On a traité avec la bibliographie sous le n° 261 tout ce qui concerne le catalogue.

c) L’inventaire se combine avec le catalogue, mais il est de première importance. L’inventaire peut être établi soit sur registre soit sur fiche. Les inscriptions y étant établies au jour le jour ou dans un ordre numérique suivi, les avantages des fiches quant à l’intercalation sont moindres ; ceux de la répartition du travail entre plusieurs n’existe que dans les grands établissements ou lorsqu’il s’agit d’arriéré. L’inventaire est comparable au Livre Journal dans la comptabilité. Il peut servir de base aux autres écritures des autres parties du catalogue qui, s’il est complet, peuvent en être extraites à la manière dont les écritures du Grand-Livre, qui classe les articles par comptes, sont extraites du Journal. L’inventaire en registre peut s’établir pour chaque ouvrage, soit en un texte continu, les déterminations suivant les diverses caractéristiques à décrire, soit en colonnes.

Les caractéristiques à mentionner sont les suivantes : 1° Date de l’entrée de l’ouvrage (mois, jour et année). 2° Numéro d’ordre de l’inventaire. 3° Indice de la classification. 4° Les indications d’ordre bibliographique : auteur, titre, etc. 5° Reliure, leur état. 6° Nombre d’exemplaires. 7° Mode d’acquisition, achat, prix. 8° Valeur actuelle. 9° Donation (nom du donateur). 10° Échange. 11° Observations diverses.

d) Les bibliothèques sont devenues des organismes de bibliographie et elles sont d’autre part des organismes de coopération à la bibliographie. Elles y sont amenées par leur propre catalogue, par le catalogue collectif national ou local, qu’entreprennent certaines d’entre elles — par les travaux bibliographiques qu’elles élaborent, qu’elles éditent ou que font les membres de leur personnel. (Ex. Library of Congress. Preussische Staatsbibliothek).

262.44 Placement sur les rayons.
262.441 NOTION ET BUT.

Les ouvrages ne sauraient être placés pêle-mêle sur les rayons. Il faut un ordre en relation avec le catalogue. Le but de tout classement est de faciliter la recherche. Du classement qu’on donnera aux livres sur les rayons dépendra le plus ou moins de facilité qu’on aura à les retrouver. La cote de placement est la marque ou étiquette apposée sur les ouvrages et qui porte les éléments destinés à déterminer la place à occuper sur le rayon par chaque ouvrage dans la série constituée par la collection bien ordonnée de tous les ouvrages. La cote de placement sert donc à retrouver les livres. Elle est le lien entre le catalogue, les ouvrages et les rayons sur lesquels ceux-ci sont déposés. Elle doit donc être portée sur les notices du catalogue, sur les ouvrages eux-mêmes, et en outre fournir des repères portés de distance en distance sur les rayons. La cote de placement est en corrélation directe avec le système adopté pour le placement. Sa forme et ses éléments diffèrent donc d’après lui.

262.442 SYSTÈME DE PLACEMENT DES LIVRES.

Trois systèmes fondamentaux de placement sur les rayons sont possibles. Ces systèmes s’excluent, il faut choisir l’un d’eux et s’y tenir rigoureusement.

Les formats, les fonds et la disposition matérielle des rayons viennent apporter quelque complication et devraient être combinés avec le système adopté.

A) Placement par numéro d’inventaire. — Le système de placement le plus simple est celui de l’ordre des numéros matricules attribués aux ouvrages dans l’inventaire. Les ouvrages s’ajoutent les uns à la suite des autres, à mesure de leur arrivée. La recherche s’opère d’après leur numéro. Les périodiques formant série à part, sont suivis chacun d’un espace libre correspondant à leur accroissement normal.

B) Placement dans l’ordre systématique décimal. — Ce placement est opéré par indice de la classification décimale subdivisé par numéro d’inventaire. On écrit la cote sous la forme

xxxxxxxxxx ou xxxxxxxxxx


Sur les rayons les ouvrages eux-mêmes sont placés dans l’ordre des divisions décimales. On obtient ainsi un parallélisme parfait entre le placement sur les rayons, le catalogue méthodique par matières et la classification décimale. L’ordre adopté peut être celui de la classification abrégée (division du 1er, 2e ou 3e degré) ou de la classification détaillée et complète. Les ouvrages traitant de plusieurs sujets sont placés sur les rayons à l’indice du sujet principal. On peut les rappeler sous les autres indices, au moyen de cartons ou de planchettes portant la notice abrégée de l’ouvrage et renvoyant à l’indice du sujet principal.

C) Placement par ordre alphabétique. — Les ouvrages dans ce système sont disposés sur les rayons dans l’ordre même du catalogue alphabétique. Si un auteur est représenté par plusieurs ouvrages, on sous-classe les titres de l’ouvrage, ordonnés eux-mêmes alphabétiquement. Pour faciliter ce classement, on établit des tables qui transforment les groupes de lettres des noms, en groupes de chiffres.[9]

262.443 CHOIX ENTRE CES MÉTHODES.

C’est la nature des collections, le caractère de la bibliothèque et des lecteurs auxquels elle est destinée, la place et le personnel dont on dispose qui doivent faire décider du choix d’une de ces méthodes. Ainsi le classement en trois formats (Octavo, Quarto, Folio) suivi du numéro de l’inventaire en trois séries est le plus simple pour la mise en place immédiate, le moins sujet à changement et le plus facile au moment du prêt et pour le recollement d’inventaire,[10] Mais le classement selon l’ordre systématique décimal détaillé offre de son côté divers avantages qui font défaut au classement par format et par numéro d’inventaire. Ce qui réduit le travail du bibliothécaire n’est pas toujours ce qu’il y a de mieux pour les lecteurs. Les bibliothèques en Amérique sont, pour la plupart, classées d’après le sujet des ouvrages, c’est-à-dire le numéro donné à ce sujet dans la classification décimale. C’est le système qui convient là où le lecteur est admis à choisir lui-même, dans les rayons, les ouvrages qu’il désire consulter ou emporter. Il trouve ainsi réunie toute la littérature d’un même sujet. Le classement par sujet exige des espaces de réserve à chaque division, dans une mesure correspondante aux accroissements probables. Cette mesure est difficile à évaluer et des remaniements s’imposent soit périodiquement (par exemple au recollement des inventaires), soit lorsqu’un développement imprévu oblige d’étendre l’espace réservé à une division. La détermination du sujet d’un ouvrage ne peut être faite que par un personnel instruit, apte à discerner à quelle classe appartient un ouvrage et à lui attribuer le numéro classificateur correspondant. Cette opération nécessite un examen de l’ouvrage et prend, naturellement, un certain temps. Le grand avantage de voir grouper ensemble tous les ouvrages et périodiques traitant d’un même sujet implique donc un sacrifice d’espace, de matériel et de travail qui fait qu’on y renonce là où les ressources et le personnel sont limités. Mais là où ces considérations n’entrent pas en ligne de compte, et notamment dans les « bibliothèques de travail » constituées surtout pour l’usage du personnel d’un établissement ou d’une administration, qui a intérêt à compulser à un moment donné l’ensemble de tous les ouvrages possédés sur un sujet donné, on envisagera comme idéal l’arrangement des livres sur les rayons dans l’ordre même des sujets dont ils traitent. Là, le but à atteindre, une consultation complète, facile et rapide est assez important pour considérer comme éléments accessoires les reclassements ou les réserves d’espaces.

262.45 Le prêt des livres.

a) Le prêt ou communication des ouvrages prend deux formes. 1° Prêter des livres en lecture dans la bibliothèque seulement, avec des conditions d’accession variant d’après les catégories d’ouvrages. 2° Prêt des livres au dehors, soit simultanément avec le prêt de l’intérieur, soit seulement le prêt au dehors, réduisant la bibliothèque à un magasin de livres sans salle de lecture, soit le prêt au dehors limité à des ouvrages en double ou facilement remplaçables.

b) Pour enregistrer les prêts, on a imaginé des dispositifs ingénieux permettant d’un seul coup d’œil de connaître ce qui est sorti, quand est sorti et qui a reçu. Ainsi est assuré le contrôle. Les lecteurs sont appelés à concourir à ces opérations en rédigeant eux-mêmes les bulletins de demande ou s’ils ont libre accès aux rayons. Les prêts peuvent être enregistrés soit sur fiches, soit en registres. Les mentions suivantes ont une utilité pour l’identification ou pour la statistique. 1° Bibliothécaire de service. 2° Numéro d’ordre des prêts. 3° Numéro d’inventaire de l’ouvrage. 4° Classification décimale du livre. 5° Auteur. 6° Titre. 7° Tome. 8° État du livre. 9° Date du prêt. 10° Nom et signature de l’emprunteur. 11° Age de l’emprunteur. 12° Sexe. 13° Nationalité. 14° Profession. 15° Date de la restitution. 16° Nom du bibliothécaire qui a reçu le livre. 17° Observation. Ces mentions sont très complètes ; elles peuvent être simplifiées au 2°, 3°, 9°, 10° et 15°.

c) Le prêt de livres à domicile a fait de remarquables progrès dans certaines bibliothèques. Les demandes faites par cartes postales sont desservies à domicile par la poste ou par service d’auto.

d) Le prêt entre bibliothèques se développe. En 1926-1927, la Bibliothèque de l’État de Prusse a envoyé 59,299 imprimés et en a reçu 2,866 ; celle de Bavière 24,354 et 1,848 ; celle de l’Université de Goettingen 15,115 et 3,447. Le règlement du prêt intérieur en Allemagne date du 25 février 1924 ; un règlement commun des 30 mars et 5 mai 1925 règle le prêt hors de l’Allemagne. Ce prêt est une importante conquête de l’organisation des bibliothèques. Il permet aux travailleurs intellectuels, quelle que soit sa résidence (pourvu qu’il existe dan» celle-ci une bibliothèque d’État, régionale, universitaire ou de haute école ou institut) de se procurer sans frais de port ou d’emballage, sans voyages coûteux, tous les livres nécessaires à son travail, détenus par les bibliothèques d’Allemagne.

262.46 Locaux, installations, mobilier, outillage.

a) Les bibliothèques sont disposées dans des édifices spécialement aménagées à cet effet et contenant des installations et du mobilier appropriés.

b) Un édifice de bibliothèque doit être une construction libre de toutes parts, ou constituant une aile de bâtiment en soi, afin de répondre aux desiderata du silence, de l’aération, de la lumière nécessaire. Il faut tendre à faire parcourir un chemin minimum au livre pour parvenir jusqu’au lecteur ; il faut aussi séparer distinctement les deux grands services d’une bibliothèque, celui relatif au travail intérieur de manipulation des livres et celui relatif à l’utilisation des livres par les lecteurs.[11]

Nous avons suggéré qu’à Paris un jour la Bibliothèque Nationale et le Louvre soient reliés par des passages souterrains et qu’à l’intermédiaire du Palais Royal, consacrés aux extensions et à la concentration des collections éparses, il soit formé un seul immense complexe consacré à la documentation dans tous ses aspects

c) L’architecte J. Witkiewicz Koszczyc a exprimé l’avis qu’il est impossible de faire un projet rationnel d’édifice de bibliothèque pouvant subir des agrandissements à l’infini. On peut construire l’édifice en plusieurs étages, mais le programme doit être défini et prévoir un tout complet et une possibilité d’agrandissement limité. L’examen des bibliothèques existantes démontre qu’elles nécessitent une reconstruction au bout de 50 à 60 ans. Le développement des possibilités techniques est en rapport avec le développement de la lecture des livres. Après 50 ans la génération nouvelle devra résoudre la question d’une façon différente en harmonie avec tous les progrès réalisés simultanément dans la technique, dans la société et dans la documentation.

d) Les installations techniques progressent sans cesse : éclairage, distribution mécanique des livres, circulation de l’air.


263 Les Archives (Archives anciennes).


1. — Notion.

a) Les archives sont les titres juridiques de l’État, des provinces, des communes, des établissements publics et privés et des particuliers. Les « archives historiques » sont celles qui sont antérieures à une date déterminée. Elles sont accessibles au public par opposition aux « archives administratives », qui servent exclusivement aux besoins de l’administration et qui ne peuvent jouir de la même publicité. Les documents anciens forment des masses considérables

b) La constitution des archives a pour objet notamment la conservation des titres juridiques, la documentation de l’histoire, les informations scientifiques de caractère social.

c) On distingue les archives quant à la propriété (archives officielles ou privées), quant à la publicité (archives publiques ou secrètes), quant à l’objet (archives administratives ou scientifiques).

2. — Historique.

En France, l’Assemblée Constituante, par voie de confiscation, a mis à la disposition de l’État, c’est-à dire de tout le monde, une foule d’archives privées et de collections particulières : archives, bibliothèques et musées de la Couronne, archives et bibliothèques de couvents et de corporations supprimées. On les a réparties entre quelques établissements nationaux. Le même fait s’est produit sur une moins grande échelle en Allemagne, en Espagne et en Italie.

Les Archives nationales de France renferment plusieurs millions de titres, répartis dans environ 300,000 cartons, liasses, registres et portefeuilles ; elles s’augmentent chaque jour de documents dont les administrations n’ont plus besoin pour les affaires courantes. En Angleterre, une Commission royale de 1914 s’est occupée de la question des archives. (Voir rapport Edwards, no 13.)[12] En Russie, le Gouvernement des Soviets a pris un ensemble de mesures nouvelles pour la centralisation et le classement des archives.

3. — Archivistique. Méthodes.

La science des archives, créée par Mabillon sous le nom de Diplomatique, n’a cessé de se développer. Des méthodes très précises ont été élaborées pour l’organisation des archives.[13] Il en a été discuté dans les Associations d’archivistes et les Congrès internationaux des bibliothécaires et des archivistes. La manière dont les archives sont traitées a des identités fondamentales avec le traitement des livres dans les bibliothèques : disposition en magasin, inventaire et catalogues, communication publique des pièces, etc. Mais il existe aussi des différences marquées.

4. — Inventaire et mode de conservation.

a) Partout où la chose est possible, il faut classer les archives comme elles le furent à l’époque où existèrent les corps et administrations dont elles proviennent et l’inventaire doit refléter ce classement. Le rétablissement de ce classement primitif est presque toujours possible. La durée éternelle, à laquelle on doit viser dans les travaux de l’espèce ne peut être obtenue que par les inventaires basés sur le classement rationnel ressortant des archives mêmes. Il faut donc respecter les fonds (principe de provenance) et donner dans l’inventaire une image exacte de l’organisme ou de l’institution dont on veut faire connaître les archives. (J. Cuvelier). « Un fonds d’archives bien ordonné doit offrir dans la distribution des documents l’image extérieure de la structure organique de l’État, comme le bon architecte laisse deviner dans la façade la destination et la structure interne de l’édifice » (Léopoldo Galcotti).

b) Un effort considérable a été fait dans la plupart des pays pour opérer le dépouillement systématique des archives : tableaux, index, répertoires, inventaires et catalogues d’actes. Les archives ainsi traitées analytiquement sont les matériaux classés de l’histoire. Les ouvrages synthétiques d’histoire peuvent vieillir, ne plus répondre à la conception de l’heure, tandis que les archives demeurent permanentes. « La tâche de l’archiviste doit consister exclusivement, dit J. Cuvelier, à faire des travaux d’analyse qu’il mettra à la disposition de l’historien. Sic vos non vobis. Pendant ses heures de bureau, l’archiviste sera l’encyclopédiste de l’histoire, fournissant tour à tour des renseignements sur les documents de toutes les parties de l’histoire. » — R. Galli a proposé de former à Rome une collection complète des inventaires imprimés de tous les dépôts d’archives du monde (Nuova Antologia, juillet 1895).

c) Les archives anciennes sont conservées sous trois formes : registres, dossiers, cartons. Les registres présentent la forme d’origine que l’on ne saurait modifier. Les cartonniers doivent être évités autant que possible, sauf pour les chartes et diplômes (parchemins et sceaux) qui doivent être placés sous enveloppes et rassemblés en cartons qui les protègent. Les dossiers constituent le mode le plus pratique. Ils sont extensibles à volonté, ils prennent donc le minimum de place et, disposés sur les rayons, on s’aperçoit facilement qu’ils ont été déplacés.

5. — Centralisation.

On a projeté en France de faire dépendre d’une seule administration les archives de tous les ministères. En Autriche, M. Redlich a demandé que les archives forment un organisme unique qui embrasserait toutes les archives de l’État, tant des administrations centrales que provinciales, et comprendrait un personnel commun avec une direction scientifique M Mayr y a proposé que toutes les archives soient réunies dans un même bâtiment. Napoléon 1er conçut la pensée de réunir à Paris les archives de l’Europe entière et il y envoya pour commencer celles du Vatican, du Saint-Empire, de la Couronne de Castille, etc., que l’on dût plus tard restituer.

6. — Rapport entre la documentation administrative et les archives.

On désigne sous le nom d’archives les dépôts de titres et de documents authentiques de toute espèce qui intéressent un État, une personne, une ville, un établissement public ou privé, une compagnie, un particulier. Des relations organiques doivent être établies entre les archives courantes qui constituent la documentation des administrations et les archives anciennes. 1° Il est désirable de voir les grandes administrations transférer périodiquement aux archives de l’État les documents devenus inutiles pour le service courant et désignés de commun accord par une commission composée de fonctionnaires des administrations et des archives de l’État. Le transfert est une opération qui a pour but le désencombrement, la sécurité des archives, la mise à la disposition des travailleurs scientifiques. Il est fait d’après les circonstances. Parfois la loi le réglemente. Ainsi, dans certains cas, une nouvelle législation rend inutile les pièces antérieures. On a proposé de fixer le terme moyen de vingt-cinq ans, sauf à admettre des exceptions. Un duplicata du catalogue est transféré avec les archives. L’original cependant demeure à l’administration de manière qu’elle puisse à tout instant faire revenir les pièces dont elle aurait besoin. Les dépôts d’archives sont, en un certain sens, des succursales du service de documentation des administrations. Ils sont, pour les pièces du passé, « les Centrales des Centrales de documents »[14]. 2° Il est désirable que le traitement des archives courantes soit assuré de telle sorte, qu’après leur transfert aux dépôts d’archives, elles n’exigent plus qu’un minimum de classement et de catalogage. Si les archives administratives (documentation administrative, archives modernes) étaient bien classées au moment de leur constitution ce classement demeurerait après leur versement aux archives.

7. — Destruction des pièces.

Plusieurs pays ont arrêté des dispositions très précises pour la mise au rebut et l’élimination de certains documents d’archives (voir les règlements des archives anglaises et italiennes). Tout document officiel doit être tenu comme propriété de l’État. Toute administration doit avoir la faculté de transférer à tout moment aux archives de l’État (service central ou départemental) les documents dont elle n’a plus l’usage. Dans toute administration une personne doit être désignée ayant la responsabilité de la garde des documents et de leur transfert éventuel aux archives nationales. La direction de celles-ci, jamais elle seule, doit avoir le droit d’ordonner la destruction des pièces de l’accord des diverses administrations intéressées. La guerre mondiale a détruit d’énormes quantités d’archives, bien que, d’autre part, elle en a préparé beaucoup pour l’avenir.

8. — Archives économiques et sociales.

a) On a formé des archives économiques et sociales contemporaines : collections des documents imprimés ou manuscrits, intéressant l’histoire d’une commune au point de vue artistique, économique, social et politique. Il s’agit non pas de livres ou de brochures, qui ont leur place indiquée dans une bibliothèque, mais de feuilles volantes distribuées sur la voie publique, de prospectus de maisons de commerce, de préférence des prospectus illustrés ou accompagnés d’échantillons, de programmes illustrés de théâtre, etc., en un mot de tout un ensemble de documents de la vie journalière, d’un caractère extrêmement fugitif et, par conséquent, voués, de la part des particuliers, à une destruction immédiate :

b) On a institué notamment en Hollande plusieurs dépôts d’archives de grandes firmes commerciales.

c) Il faudrait (localement, régionalement, nationalement, internationalement) des dépôts généraux où il soit possible à tous, gratuitement s’il s’agit d’institutions publiques scientifiques ou d’utilité publique, moyennant payement pour les autres, de déposer les papiers hors d’usage fréquemment mais qu’il importe de ne pas détruire. Ces dépôts pourraient être installés hors des centres.

9. — Une Internationale des Archivistes.

L’Institut International de coopération intellectuelle a réuni, en 1931, un comité international d’archivistes, dont les sessions seront dorénavant périodiques. Ce comité est composé des directeurs d’archives d’État de neuf pays : Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Italie. Grande-Bretagne. Pays-Bas, Suisse. Il a estimé que le travail de coordination des administrations centrales d’archives devait porter notamment sur la publication d’un guide international des archives, sur l’échange de fac-similés paléographiques, sur l’unification de la terminologie ainsi que sur des échanges de professeurs et conférenciers entre les différentes institutions ou écoles formant des archivistes.

264 Les Administrations. Documentation administrative.

(Bureaux, Secrétariats, Archives courantes.)

264.1 Notions fondamentales.

a) On définit la documentation administrative (distincte de la documentation scientifique), celle qui procède de l’administration des choses. C’est l’ensemble des opérations documentaires et des documents eux-mêmes qui enregistrent, inscrivent, prennent note de l’activité pratique au fur et à mesure qu’elle se produit, aux fins de communication, de mémoire et de preuve.

b) La documentation administrative constitue l’outillage de l’administration. C’est l’ensemble des pièces qui renseignent les chefs et les agents et leur permettent dans toute circonstance de prendre des décisions en connaissance de cause. De même qu’une usine élabore des produits, une administration élabore des documents. Mais dans l’usine le produit est le but ; dans l’administration le but est l’action administrative laquelle ne peut s’exercer qu’en s’accompagnant de documents, en s’incorporant en eux.

c) La documentation administrative se rapporte à toute administration. Qu’il s’agisse de celle des organismes publics (l’administration proprement dite) ou de celle des organismes privés ; que les organismes poursuivent des buts lucratifs ou des fins économiques ou sociales ; que les organismes soient des collectivités ou des bureaux et studios de particuliers, de mêmes principes, une même méthode régissant la documentation administrative sous toutes ses formes et dans toutes ses applications.

Les Anglais disent « Registration » (Record Department). Les Allemands disent « Registratuur ». Les Français disent « Archives » et parfois « Enregistrement » ; mais le premier de ces termes étant aussi employé pour désigner le document ancien et le second étant aussi appliqué à un organisme fiscal, l’administration de l’enregistrement, aucun d’eux d’ailleurs ne couvrant exactement le contenu de ce qu’ils doivent signifier, il semble préférable d’employer le mot « Documentation administrative ».

c) La documentation administrative est directement dérivée de l’administration elle-même et celle-ci se modèle sur l’organisation qui est donnée à l’action (travail).

264.2 L’Administration. Les transformations survenues parallèlement aux transformations de la Société.

1. — Place dans l’ensemble.

La documentation administrative occupe la place suivante dans le tableau synoptique des choses et des propriétés présenté selon un développement dichotomique. a) La Vie humaine et les autres formes d’existence, b) La Société et la partie non sociale de l’existence de l’homme, c) Le Gouvernement et la Vie sociale privée, d) L’Administration et les autres modes d’activité officielle, e) La Documentation et les autres fonctions de l’ordre administratif.

2. — L’Administration.

La notion de documentation administrative est fonction des notions de documentation, d’une part, d’administration, d’autre part.

Or, la notion de la documentation s’est transformée ; la notion de l’administration aussi. C’est qu’en dépit des apparences, en dépit des régressions momentanées, locales ou spéciales, la civilisation et le progrès général sont à l’œuvre partout, transforment tout et chaque chose. C’est peu ou mal comprendre le processus dans lequel nous sommes indétachablement engagés que de ne pas envisager de ce point de vue les grands problèmes. Cette formule en triptyque doit l’emporter : « À civilisation nouvelle, administration nouvelle ; à administration nouvelle, documentation nouvelle ».

3. — Processus à l’œuvre dans les sociétés.

Les grands processus qui sont simultanément à l’œuvre et influent les besoins de la documentation sont notamment ceux-ci :

a) Notre société s’« économise » ou s’« industrialise » de plus en plus, c’est-à-dire qu’elle attend sa vie matérielle d’une extension du machinisme, d’une production en grand et, partant, d’une concentration de toutes tes fonctions économiques.

b) Elle s’« intellectualise ». c’est-à-dire qu’à l’empirisme se substitue la rationalisation ou application raisonnée de la science.

c) Elle s’« universalise », c’est-à-dire qu’elle étend ses structures et ses activités à la fois dans les divers domaines (liaisons étroites de tous les départements de la vie sociale) ; dans l’espace (tous les pays) ; dans le temps (continuité évolutive du processus en visant à un développement progressif constant).

d) Dans l’ensemble des activités sociales, à côté de celles des individus et des groupes, les activités de l’État et de ses divisions (central, régional, local) accroissent leur importance comme organes de la coordination des activités individuelles et comme agents des activités collectives utiles à la communauté tout entière.

e) L’administration revêt des formes nouvelles qui toutes requièrent un développement de la documentation.

4. — Formes caractéristiques nouvelles de l’administration.

a) Que l’on envisage la formule communiste (collectivisme, marxisme) ou la formule dictatoriale (fascisme) on aboutit des deux côtés à un développement des fonctions de l’État avec, comme corollaire, celui de l’administration.

La conception d’une administration limitée a dû céder presque partout à celle d’une large intervention des pouvoirs publics dans la vie économique, sociale et intellectuelle. Tout à l’extrême est maintenant l’administration communiste de la Russie des Soviets. L’Allemagne est à demi socialisée. En Autriche, à Vienne, la municipalité est intéressée dans 66 entreprises, principalement dans celles du bâtiment, des constructions électriques et des machines. Cet intérêt dépasse la moitié du capital pour certaines entreprises et même la totalité pour d’autres.

La grande transformation, c’est que maintenant l’administration doit être au service du public et non pas l’inverse. Comme sous le régime aristocratique ou oligarchique où l’administration était l’organe du prince ou des élites privilégiées, l’administration, organe de la collectivité doit assumer tout ce qu’il est plus efficient de lui faire faire en commun et par voie réglementaire plutôt que de le confier aux particuliers livrés à eux-mêmes. L’administration alors apparaît comme un énorme appareil, une machinerie dont il importe de savoir se rendre maître pour qu’à son tour elle ne se rende pas elle-même maîtresse de ses maîtres.

b) Aux formes traditionnelles, l’administration ajoute des formes nouvelles. Grandissent considérablement, en ce moment, les entreprises ou services de nature mixte. Jusqu’ici, on n’avait comme formes juridiques de l’activité de la puissance publique dans l’ordre économique, que la régie et la concession. La régie dans laquelle la collectivité publique se fait entrepreneur, se charge de gérer elle-même le service à ses risques et périls, par ses propres employés et agents auxquels elle commande, qu’elle dirige et qui reçoivent des traitements et salaires fixes ; la concession par laquelle la collectivité publique confie l’établissement et l’exploitation du service à un entrepreneur privé, le plus souvent à une société, qui supporte les aléas de l’entreprise, mais est généralement seule à en cueillir les bénéfices et qui, sous la seule réserve de se conformer aux diverses stipulations du cahier des charges, peut la gérer suivant les méthodes et dans les conditions qui lui semblent les meilleures.

À ces deux systèmes et comme modalité s’ajoutent le système de la régie intéressée, où l’exploitation est confiée à un régisseur (individu ou société), rémunéré proportionnellement à la dépense et aux bénéfices : et le système de l’affermage, ou remise de l’exploitation à un intermédiaire qui paye une redevance forfaitaire en gardant pour lui le reste des bénéfices.

La formule de l’économie mixte associe la collectivité concédante, représentant l’intérêt public avec la compagnie concessionnaire, représentant le caractère industriel de l’entreprise ; elle partage entre les deux parties contractantes les charges sociales, les responsabilités de la gestion, les bénéfices et les pertes : cette formule relie en quelque sorte toute la puissance publique à l’activité privée : elle offre une conciliation entre le droit public et le droit commercial ; elle sert d’intermédiaire entre l’administration et l’économie.

La société anonyme peut être la forme juridique donnée à l’économie mixte, le pouvoir public lui faisant un apport en nature ou en argent en représentation duquel il reçoit des actions qui lui confèrent voix délibératives et même des sièges dans le Conseil d’administration ; sièges d’ailleurs pouvant lui être réservés en dehors de toute élection, en raison de son caractère de puissance publique et des intérêts généraux qu’il représente.[15]

c) L’administration comparée révèle l’existence de nouvelles structures et de nouvelles activités administratives. Retenons notre attention sur quelques exemples. Dans l’organisation municipale moderne de Vienne fonctionne un Office de Contrôle (Kontrollambt). Il a trois attributions, théoriquement distinctes, mais pratiquement interdépendantes : ce sont : le contrôle des gestions ; le contrôle des comptes ; le contrôle de l’organisation.

Quant à la gestion, l’Office a pour devoir suprême de tenir la municipalité continuellement et entièrement au courant de ses constatations et de découvrir toutes les défectuosités économiques. Ses fonctionnaires examinent journellement sur place les opérations économiques. Ils s’assurent que les données des comptes et des dossiers sont conformes à la réalité. Quant au contrôle d’organisation, il est la condition indispensable pour que le contrôle des gestions et celui des comptes puissent s’exercer avec efficacité. Il doit approuver les projets modifiant l’organisation où il prend des initiatives dans ce sens. Au cours de ses vérifications journalières, il est à même de recueillir une expérience étendue et de faire bénéficier immédiatement toutes les organisations municipales des constatations faites dans l’une d’elles en matière de défectuosités ou de perfectionnement.

d) Certaines grandes administrations (l’aviation en France, par ex.) en arrivent à constituer de véritables intégrations de toutes les techniques. Son organisation se compose de services complets et parallèles où le nombre de freins est réduit au minimum et où chacun suit directement son travail : le service de recherches, le service technique, le service de fabrication, le service des bases extérieures et, pour l’information de tous, le service de l’Office de Documentation

e) En même temps, on assiste à la création, au sein même de l’administration, d’organes de coordination et de liaison. Citons les transformations apportées aux organismes du Gouvernement central en Angleterre à l’avènement du Gouvernement travailliste ; les plans présentés en France pour faire de la Présidence du Conseil un organe coordinateur entre les divers Ministères (travaux du groupe d’études administratives Fayol à ce sujet). Le plan mis en œuvre en Serbie-Croatie.

f) De loin, dans divers pays, on organise la mobilisation de la nation en cas de guerre. Une vaste organisation corrélative s’en est suivie, mi-militaire, mi-civile.

5. — La rationalisation du progrès.

En fait, aujourd’hui toutes forces actives de la Société sont en lutte contre la routine et l’empirisme pour le progrès et la rationalisation. Mais il a été démontré à surabondance que la routine trouve un point d’appui dans les règlements administratifs qui, par la lenteur de leur élaboration, sont le plus souvent en retard sur la technique, même au jour de leur approbation. Une meilleure documentation de l’administration obviera en partie à ce vice rédhibitoire. Les règlements administratifs doivent prendre aujourd’hui une forme souple pour s’adapter au progrès. Leurs données essentielles doivent périodiquement être revues et corrigées à la lumière des résultats nouveaux. Une collaboration incessante est nécessaire, entre les administrations, les organismes scientifiques, les grandes industries.

6. — La Science et l’Administration.

Le rôle de la science a été graduellement introduit dans les affaires sociales et la science y vient agir à la fois sur l’administration et sur la documentation.

a) Au temps de l’autocratie, c’étaient les conseillers privés du Prince, personnes choisies arbitrairement par lui et dont les avis donnés secrètement ne devaient pas nécessairement être suivis.

b) Puis vint l’organisation d’une hiérarchie de fonctionnaires faisant rapports et propositions, mais c’étaient des agents payés, ne jouissant d’aucune indépendance d’esprit. Le problème reste d’ailleurs ouvert, aujourd’hui encore, du droit du fonctionnaire quant à l’obéissance aux ordres irrationnels ou soulevant l’objection de sa conscience.

c) Les experts ont été nommés ensuite.[16] Ils sont désignés à raison de leur compétence connue et ils sont supposés libres de toute entrave dans l’exposé de leur opinion. Simple supposition cependant, car le fait même de leur désignation implique un choix intéressé et, en fait, l’expert est rarement indépendant.

d) L’organisation objective de la fonction scientifique en fixant par un statut régulier les rapports entre les pouvoirs publics et leurs administrations, d’une part et, d’autre part, les organismes savants indépendants avec les travaux ou services dont Ils sont chargés par conventions.

264.3 Le problème et sa solution.

Le problème général de la documentation administrative peut se formuler ainsi : 1° Comment les unités administratives (État, provinces, municipalités) peuvent-elles offrir à tout moment et donner à connaître à leurs administrés la présentation documentaire de leur situation ? 2° Comment sortir du désordre dans l’action et s’élever à une coopération de plus en plus régulière et étendue, du degré local et national au degré international ? Comment faire que chaque organisme établisse sa propre documentation en s’orientant vers une organisation mondiale des activités humaines et un Plan Mondial ?

La solution posée est celle-ci : a) Considérer par la pensée comme une et indivisible, chaque unité administrative envisagée, quelle que soit sa division en organes distincts (directions, départements, sections, services, etc.). b) Donner au point de départ un exposé, une description analytique et intégrale, une situation de l’entité considérée (documentation statique). c) Enregistrer systématiquement et continuellement toutes les modifications particulières qui surviennent dans cette situation et cela au fur et à mesure qu’elles se produisent et selon une forme telle qu’elle affecte, élément par élément, de la plus petite à la plus grande, chacune et toutes ensemble, les données de cette situation (documentation dynamique). d) Périodiquement confronter la représentation intra-documentaire ainsi obtenue avec la réalité documentée externe en opérant toutes les rectifications et ajustements requis.

264.4 Principes généraux d’organisation.

1 — Organisme.

Tout organisme (établissement industriel, commercial, administratif ou scientifique) constitue une unité qui nécessite, pour son fonctionnement normal, un certain nombre de « documents » ou écrits divers, sous forme de feuilles, fiches, tableaux, reliés en livres, cahiers ou carnets, ou détachés et mobiles (formules au sens général du mot). Il y a le plus grand intérêt à ce que tous ces documents forment eux-mêmes une unité correspondante (unité de l’organisme documentaire) et que, par suite, des simplifications, des compléments, des enchaînements y soient établis. Et l’on dira de même de l’œuvre, l’institut, l’établissement, le service et l’administration publique. L’entreprise est une œuvre au sein de laquelle la vie se manifeste par des mouvements multiples qu’il s’agit de suivre et de comptabiliser, si l’on veut se rendre compte de la façon dont se comporte l’organisme. Mais il n’y a pas dans la vie de l’entreprise que des mouvements intérieurs. Cette œuvre qui la figure est en contact avec l’extérieur ; des mouvements d’échange existent entr’eux qu’il faut connaître, des conditions existent qui ont des répercussions de l’un à l’autre (E. des Fages)

À tout organisme (individu, administration, firme, etc.) correspondent quatre ordres d’unités qui s’interfèrent et se combinent. 1° Unité réelle (physique). 2° Unité juridique (statut). 3° Unité comptable (patrimoine). 4° Unité documentaire.

La division de tout organisme s’opère en services, départements ou sections. Ils comprennent la coexistence des personnes, des choses, des locaux et emplacements, tout à l’état statique et à l’état de fonctionnement dynamique, soit les opérations dans le temps et dans l’espace.

2 — Action organisée.

L’action organisée (le Travail) donne lieu à la mise en œuvre d’un certain nombre de facteurs essentiels dont l’existence et les rapports réciproques peuvent être ramenés aux douze termes de la formule suivante :

« Dans le But (A), précisé et développé selon le Plan (B) ; répartis dans le temps suivant le Programme ou Budget (C) en exécution des Instructions et des Ordres (D) en se conformant aux méthodes (E), soumettre la matière et les objets (F) à une série d’opérations (G) en faisant intervenir les agents personnels individuels ou collectifs (H), les agents matériels (matières, formes ou propriétés) et les machines, outils ou instruments (J) de manière à obtenir les produite ou Résultats (K) destinés à être intégrés dons les ensembles (L). »

3 — Action documentée.

Le fonctionnement de toute administration doit être accompagné de documents. Il y a lieu de réaliser au cours des opérations, un enregistrement continu des données administratives essentielles, enregistrement opéré sur des documents adéquats et permettant une circulation constante des données administratives nécessaires aux travaux à travers tout l’organisme documentaire. La documentation, dédoublement et miroir de l’action ainsi définie intervient : 1° pour chacun des douze termes envisagés ; 2° pour chacun de leurs rapports mutuels deux à deux, ou plus de deux à plus de deux ; 3° à chacun des moments du temps de leur interaction ; 4° à chacun des lieux de l’espace où elle se produit.

4 — Éléments de la documentation.

1° Les écritures qui sont simples ou composées (analytiques et synthétiques) et tendent vers des rédactions unifiées et standardisées (formule). 2° Les ensembles documentaires ou collections de données documentées qui contiennent les écritures similaires. 3° Le classement assigné aux écritures dans le document et assigné aussi aux documents dans l’ensemble ou collections qu’ils constituent. 4° Le contenant ou réceptable matériel des documents. 5° Les relevés (statistique, comptabilité, mesures), d’après les écritures faites, et consistant en comptage dont les données numériques (totaux, moyennes, coefficients, indices) expriment, d’après les enregistrements administratifs, l’état global, absolu ou relatif des données « administrés ». 6° Les rapports périodiques ayant pour objet : a) de déterminer la situation des éléments administrés à des dates successives (état ou bilan) ; b) de proposer les objectifs prochains, orientation et travaux. 7° Les décisions qui sont : a) des ordres, s’il s’agit de chefs hiérarchiques ; b) des résolutions, s’il s’agit de corps ou collèges ayant autorité ; c) des conventions ou accords, s’il s’agit d’ententes intervenues entre entités indépendantes. 8° Les données à enregistrer ont, toutes, une portée administrative, mais elles peuvent être de différents ordres : 1. comptables, 2. juridiques et légales. 3 techniques.

5 — Caractéristiques des pièces.

Les pièces que comprend l’unité documentaire présentent les espèces et caractéristiques suivantes : 1° Les pièces dites imprimés, pièces manuscrites, pièces reçues du dehors ; 2° celles établies à l’intérieur ; 3° les pièces de base (pièces mères), pièces originales et les pièces qui en sont dérivées (résumés, extraits, éléments à porter sur d’autres pièces) ; 4° les pièces elles-mêmes, leur catalogue et le simple énoncé des rubriques ou des indices servant à leur maniement, à leur distribution et à leur placement c’est-à-dire la classification.

6 — Corrélations.

La soudure doit être établie entre les publications administratives, la correspondance administrative et tous les « enregistrements » d’ordre administratif qui viennent prendre place dans des registres, des listes, des répertoires. Une grande clarté est apportée dans le dédale de la documentation en posant désormais ce principe : que la base et la source première de toute documentation est constituée par les enregistrements intérieurs, en étant tenus comme derniers les deux autres formes (soit les correspondances à destination connue d’une part, d’autre part les imprimés qui ne sont en fait que des correspondances à destinataires impersonnels, universels, Inconnus). Correspondance et imprimés peuvent, à un certain moment, être en avance sur l’enregistrement, mais il importe alors d’y introduire leurs données essentielles de caractère général ou permanent, et cela immédiatement après qu’elles auront été établies dans la correspondance ou les imprimés. C’est le moyen de disposer, pour les données administratives, d’un répertoire quelque multiples et variées et soient les formes et les expressions. Un ensemble totalitaire et continu qui soit pour les données et les administrations, leurs éléments, leurs groupements, leurs répercussions, l’analogue de ce que sont les opérations chiffrées en argent dans la comptabilité.

Toutes les données administratives et par conséquent tous les documents qui les contiennent sont rattachés les uns aux autres selon le principe de la classification. Elle est synthétique, procédant du général au particulier, de manière à passer des faits et résultats généraux aux faits individuels et particuliers.

7 — Classification.

La classification détaillée de l’entité administrative (structure, fonction, but, organes, activités, éléments avec lesquels ou sur lesquels elle agit), cette classification est unique quel qu’en soit le développement.

8 — Formes de la documentation.

L’ensemble de la documentation est représenté par trois ordres d’éléments : a) archive des pièces remises en dossiers ; b) le répertoire des notices disposées sur fiches ; c) l’atlas des tableaux synthétiques résumant et coordonnant les données de l’un et de l’autre d’une manière synoptique et visuelle. Archive, répertoire et atlas se complétant l’un et l’autre, leur objet commun est la réalité administrée elle-même. Ils ne sont déterminés distincts, au point de vue matériel, que par les nécessités de la dimension de leurs pièces et, au point de vue intellectuel, par les nécessités inhérentes au mode adopté pour l’enregistrement.

9 — Plan.

Le plan détaillé de l’entité : plan dressé en conformité de son but, de son programme et qui soit une projection par avance de la réalité future proposée aux efforts de l’entité. Un budget est la partie financière d’un tel plan comme la loi et le règlement en est la partie juridique, les uns et les autres étant à compléter par d’autres parties du plan général.

10. — Bilan administratif.

La mise des données en forme telle que toutes concourent à constituer pour l’entité le bilan administratif de son efficience. Par là il faut entendre une disposition de la documentation qui, en procédant de résumé en résumé, et de condensation en condensation, rende possible, non seulement de se représenter et de chiffrer les facteurs dominants de la vie totale de l’entité avec leurs causes, conséquences et incidences, mais encore, en regard de chacun d’eux, les coefficients mesurant, d’après le plan, les objectifs à atteindre. L’efficience sera exprimée par l’écart en plus ou en moins entre les chiffres de l’état réel et ceux de l’état proposé.

11. — Manuel.

Dans chaque organisme établir un Manuel Général comportant : 1° la classification synthétique de l’organisme mise en rapport de concordance avec la classification décimale universelle[17] ; 2° la description de l’organisme et des opérations à faire ; 3° une collection générale de formules avec observations expliquant leur emploi.

12. — Partition administrative.

Tendre à doter l’administration de tout organisme d’un document central, coordonnant tous les autres documents et qui soit pour le commandement et la vue d’ensemble des activités de l’organisme, l’analogue de ce qu’est, pour la cohésion d’action des musiciens, la partition du chef d’orchestre. La partition d’orchestre comporte autant de portées horizontales que de parties ou groupes d’instruments de l’orchestre et ces portées sont coupées verticalement par les barres de mesure du temps, de telle sorte qu’un synchronisme parfait est assuré entre tous les instruments. La « partition » administrative est à diviser en bandes horizontales par services et à subdiviser ensuite par bandes verticales correspondant aux moments du temps où les opérations sont à effectuer. Dans les grands organismes, la partition administrative peut être conçue et donner lieu, par dédoublement, à un mécanisme déroulant automatiquement la partition et mettant en mouvement, à distance, d’autres mécanismes secondaires déclanchant la mise en mouvement des parties afférentes à chaque service et les avertissant par une signalisation visuelle ou auditive.

264.5 Questions diverses.

1. — Statistique. Comptabilité et Métrie.

a) À la documentation administrative se rattachent étroitement la comptabilité (notamment : tenue des comptes, bilans, budget, prévision, contrôle, comptabilité mécanique), la statistique (recensement et statistique résultant des enregistrements administratifs, mesures des phénomènes, coefficients et constantes sociales, répertoires manuscrits et annuaires imprimés, statistique mécanique), l’établissement des atlas administratifs.

b) Statistique, comptabilité et métrie sont distinctes. 1° La statistique, c’est le comptage des phénomènes caractéristiques selon leurs unités naturelles concrètes : des hommes, des maisons, des terres cultivées, etc. 2° La comptabilité, c’est l’enregistrement du mouvement des valeurs économiques d’un patrimoine ramené à l’étalon de valeur monétaire, le franc ou tout autre type de monnaie. 3° La métrie, c’est la mesure de tous les phénomènes caractéristiques ramenés chaque fois aux étalons propres à chaque phénomène. Mais tout en demeurant distinctes l’une de l’autre, statistique, comptabilité et métrie ont entr’elles d’étroites relations : 1° Il y a lieu d’établir des unités-étalons pour chaque catégorie ou aspect de phénomène, comme on l’a fait pour la monnaie ; 2° de se servir des comptages statistiques pour établir leurs mesures réelles ; 3° d’établir des formules générales de situation à tout point de vue à la manière des comptes actifs et passifs et des bilans.[18]

2. — Documentation scientifique et technique dans les administrations.

Parallèlement à l’organisation de la Documentation administrative, toute administration doit veiller à organiser une documentation en conformité avec les méthodes et les desiderata généraux reliés au Réseau Universel. 1° Publications et Catalogues de ses publications. 2° Bibliothèque et Échanges nationaux et internationaux. 3° Bibliographie. 4° Dossiers documentaires,

265 Les Musées.

265.1 Notions.

a) Un musée public est tout édifice servant de dépôt pour la conservation d’objets relatifs à l’art, l’histoire, la science ou l’industrie, qui est ouvert au public pour l’étude de ces sujets (Henry Miers). En principe, un musée peut comprendre des animaux et des plantes vivantes, des livres et les œuvres de peinture et de sculpture. Mais les collections de cette nature prennent nom Jardin Zoologique, Jardin Botanique, Bibliothèque, Galerie de Peinture. Le musée se différencie des autres institutions de la documentation en ce qu’il comprend soit les pièces ayant trois dimensions alors que les autres documents sont présentés sur des surfaces, soit des pièces destinées dans leur arrangement à être vues et non à être lues.

b) Les musées modernes constituent de formidables accumulations d’objets. Ce sont les magasins de la nature et de la civilisation. Les musées de peinture, au commencement de ce siècle comptaient déjà plus de 25,000 œuvres. Quand le Natural History Museum de Londres a occupé ses locaux actuels, le transfert a duré trois ans. Les seuls poissons fossiles y comptent plus de 9,000 numéros. Le National Museum de Washington a entré plus de 200,000 spécimens par an. Plus de 150,000 vases se trouvent dans les grands musées d’Europe. Le Musée historique des Tissus de Lyon comprend 400,000 échantillons.

c) Les musées sont devenus des « Trésors » collectifs. Ils sont pour la collectivité entière ce qu’étaient les anciennes collections royales pour les seuls détenteurs du pouvoir ; ils sont aussi, au point de vue intellectuel, ce qu’au point de vue spirituel ont été les trésors des cathédrales. Les musées, par leurs merveilles, nous étonnent, nous enchantent, nous éblouissent. Leur vue nous donne des émotions salutaires ou bien constitue pour nous un enseignement profond.

d) Les choses rassemblées en leur entier, ou par échantillons (partie d’une matière homogène) constituent des documents par le fait de l’intention qui préside au rassemblement (collection) et qui sont utiles à l’étude, à l’enseignement, à la recherche.

e) La présentation des objets, au repos ou en mouvement, les musées, les expositions, les démonstrations, ont les plus grandes affinités et sont en un certain sens les espèces d’un genre commun basé d’une part sur la vue des choses, d’autre part sur le fait que les pièces sont essentiellement à trois dimensions.

f) M. Paul M. Rea, Président de l’American Association of National Enseignement a présenté les observations suivantes :[19]

« L’idée essentielle du musée, outre sa fonction de conservation des données de la science, dit l’auteur, est l’interprétation des idées associées avec les objets dans les collections. Le musée appelle à l’organe sensible le plus rapide et le plus vivant que nous possédons : l’œil. Ils sont donc des institutions d’enseignement visuel. Les principes de l’enseignement visuel sont essentiellement les mêmes quelle que soit la nature de l’objet, qu’il soit d’art, d’histoire ou de science ; qu’il soit fait appel au public en général ou à des groupes choisis. Et tous ont encore le problème de la présentation. Ce problème implique non seulement la technique, mais la psychologie et il est éclairé par le problème similaire que rencontre l’annoncier commercial dont la tâche est également d’arrêter l’attention et d’imprimer des idées

g) Le développement d’un musée peut être comparé à celui d’un enfant : les progrès visibles d’un jour à l’autre sont petits bien que la croissance à la fin de l’année soit grande. Un musée ne saurait être considéré comme chose réalisée une fois pour toutes et fixée. La stagnation est la mort pour le musée. La conception désirable est celle d’un cadre constamment complété, amélioré quant aux pièces présentées et quant aux points de vues mis en évidence.[20]

265.2 Muséologie. Muséographie.

a) La muséologie ou muséographie est l’ensemble les connaissances, des principes et des règles pratiques relatives à la réunion, montage, à la disposition des objets réels en vue de conservation, d’étude, d’enseignement ou de démonstration, soit en collection permanente ou musée, soit par l’utilisation des objets comme auxiliaire de la graphie dans la démonstration des idées.

b) Les musées soulèvent en grande partie les mêmes questions que les bibliothèques : objet et but ; organisation (Fondation et statuts, direction, personnel, membres). Administration (finances, budgets, recettes et dépenses) ; opérations : (formation de collections, catalogue, préparation, étiquetage, inventaire. Catalogue, conservation, présentation démonstration). Musée, cartes de recherche, de documentation, d’étude, de diffusion et d’information.

Les musées d’objets et la muséographie trouvent leur place dans la documentation, soit qu’on les considère comme une partie intégrale de celle-ci, au sens large, soit qu’ils constituent des sources auxiliaires d’information, soit que certains principes, certaines méthodes, soient communs à l’un ou à l’autre domaine, soit encore qu’il existe des connexions étroites entre musées et bibliothèques.

Le musée, c’est le livre in natura.

d) Des organismes ont été constitués pour l’étude de la Muséographie. Ainsi l’American Association of Museum, la Société des Musées allemands, la Junta de Museos de Ciencias Naturales, Madrid, etc.

L’Office International des Musées, organisé par la Commission de Coopération Intellectuelle de la Société des Nations étudie diverses questions intéressant directement les administrations nationales des Beaux-Arts, notamment l’exportation clandestine des œuvres d’art, la formation professionnelle des restaurateurs d’œuvres d’art, les précautions à prendre en cas de transport par voie de mer, la collaboration internationale entre les cabinets de médailles, l’étude des problèmes de la construction moderne des musées, l’unification des catalogues des musées, l’élaboration des méthodes unifiées pour la rédaction de ces catalogues et à la rédaction des étiquettes placées dans les musées eux-mêmes, etc. L’office publie la revue Mouseion.

265.3 Historique.

a) Noë avait dans l’arche le plus beau musée d’histoire naturelle qui soit. Alexandre le Grand, d’après la tradition plus ou moins vraie, avait au cours de ses expéditions militaires, fait rassembler une grande collection d’animaux qui servit à Aristote à écrire son histoire naturelle. Certains pensent que ce fut plutôt une sorte de Jardin Zoologique. Les anciens appelèrent d’abord musée, un temple de Muses. Puis le nom s’appliqua à tout endroit consacré aux muses, c’est-à-dire à l’étude des belles lettres, des sciences et des arts. Tel fut le Musée d’Alexandrie, que Ptolémée II, Philadelphe, fit construire vers le milieu du IIIe siècle av. J.-C. et qui renfermait, outre la fameuse bibliothèque, des salles de cours, des salles d’élèves et des logements pour les professeurs. Le tout périt dans les flammes.

b) Les collections artistiques ont eu un développement distinct à Athènes : dans une des ailes des Propylées on avait réuni des œuvres de plusieurs peintres célèbres (Pinacothèque). À Rome : les chefs-d’œuvre enlevés à la Grèce furent placés dans des endroits publics. On ornait les monuments publics de peintures ; des riches citoyens réunissaient des curiosités naturelles. À Byzance, Constantin rassembla les œuvres d’art et les répartit dans la ville. Les princes et les riches formaient des collections publiques.

Au moyen âge il n’y eut pas de musées artistiques, mais les églises, les couvents, les abbayes en tinrent lieu. La renaissance opéra des fouilles. Les rois, les villes et les grands eurent des collections plus ou moins précieuses qui devinrent les noyaux de la plupart des grands musées publics. (Médicis, Florence ; Papes, Vatican ; Escorial, Madrid ; François Ier et Louis XIV, Louvre). Les collections des princes furent au début des souvenirs personnels, la collection de portraits de parents et intimes ; le trésor privé, les insignes et les joyaux de la couronne, les meubles, les tapisseries, les verreries, les porcelaines, ce que les souverains ont emporté de leurs voyages, ce que les ambassadeurs étrangers leur ont apporté de cadeaux.

À la fin du XVIIIe siècle intervient l’idée de faire servir les œuvres d’art à former le goût de la population. À partir de la Révolution, on concentra les collections des couvents et les musées sont devenus des institutions publiques. Ils dépendent encore, en certains pays du domaine de la Couronne, mais ils sont inaliénables. Le Louvre a été le premier musée vraiment national qu’il y ait eu en Europe. Pendant les guerres de l’Empire, les Français emportèrent quantités d’œuvres d’art, notamment de Belgique. En 1801 on créa des dépôts dans 15 villes.

Les musées scientifiques ont leur origine dans les cabinets de curiosités naturelles qui naissent avec les sciences naturelles. Les progrès de la navigation, les voyages, les découvertes, les grandes conquêtes coloniales puis, surtout au XVIIIe siècle, l’habitude d’embarquer des naturalistes pour chaque lointaine expédition rassemblent en Europe des collections de presque tout ce qui vit sur le globe, animaux et plantes. Un long et laborieux travail de description et de classification mit de l’ordre dans la multitude des formes et aboutit à une série d’inventaires qui nous servent encore aujourd’hui. Pour les parfaire, certains ont suivi les explorateurs dans les dernières terres inconnues, d’autres ont parcouru les mers. De nombreux amateurs ont recueilli dans une région tous les êtres qui leur plaisaient. Depuis cinquante ans, les navires océanographiques ont révélé un monde nouveau, vivant dans les profondeurs des eaux. Le bilan des êtres vivants s’enrichit ainsi constamment de formes nouvelles. Dès 1619 est publiée une liste de Cabinets scientifiques. En 1681 est installé le Hall d’Anatomie et le Théâtre public de l’Université de Leyde. Vers 1750 est fondé le Musée de Brukman de Wolfenbüttel qui contient des curiosités artificielles. Les chambres des anciens alchimistes, les cabinets de physique, les salons scientifiques du XVIIIe siècle sont des contributions à la formation des musées scientifiques.

255.4 Transformations des musées.

Une transformation similaire à celle des Bibliothèques semble en voie de se produire actuellement dans les musées. Elle prend diverses directions :

1° Les musées étaient autrefois des conservatoires d’objets rares et précieux. Sans leur enlever ce caractère, on cherche à en faire aussi des centres de documentation pour les objets à voir (documents à trois dimensions) ; complètes les objets, soit en les reproduisant, soit en montrant leur liaison et enchaînement, soit en les commentant à l’aide de textes choisis. 2° Les musées, faits d’objets originaux, constituent des collections nécessairement incomplètes. On s’efforce de reproduire les objets eu fac-similés de toute nature ou en modèles réduits et de rendre ainsi possible l’intégration de séries formées par les originaux que possédé une collection. 3° Il n’y avait des musées que pour certains domaines des connaissances et des activités pratiques. Progressivement le Musée devient une forme et une méthode s’appliquant à tous les domaines (science, technique, sociologie, histoire, littérature, médecine, commerce, droit, etc.). 4° Dans une même localité les musées et collections étaient séparés, disséminés, laissés là où les circonstances les avaient fait naître. L’idée de musée général, collectif, universel, se fait jour. Les divers musées ne sont plus considérés que comme des départements ou des branches d’un musée central, à la manière dont les collections de la bibliothèque sont considérés comme des fonds et les établissements destinés comme des succursales. 5° Le musée était autonome et isolé parmi toutes les institutions de l’ordre intellectuel. Il tend à prendre une place coordonnée dans l’ensemble de ces institutions envisagées selon le principe supérieur d’une organisation générale du Travail Intellectuel : Rapports du Musée avec le livre (Bibliothèque), avec l’Enseignement (École et Université), avec la Recherche (Instituts) avec les applications sociales (La vie en général). 6° Le Musée dans son organisation demeurait soit local, soit régional ou national. On considère de plus en plus maintenant l’ensemble des musées d’une localité, d’une région, d’un pays et, maintenant, l’ensemble des musées du monde. Et cela non seulement pour l’interéchange des collections, mais pour la coopération à des travaux d’élaboration en commun.

265.5 Méthodes.

Le travail muséographique consiste : 1° à réunir les pièces ; 2° à déterminer les pièces ; 3° à les classer ; 4° à les étiqueter ; 5° à en dresser le catalogue ; 6° à consacrer une notice spéciale aux pièces caractéristiques ou à des ensembles ; 7° à disposer les objets soit en séries dites de magasin et de réserves, soit en exhibition et démonstration dans des galeries publiques pour les études ; 8° à organiser la division du travail de la coopération.

1. Collectionnement.

Les collections ne doivent pas être réunies au hasard. Il faut une méthode, une systématisation dans le collectionnement des objets choisis, spécialement demandés ou créés. Il ne faut pas se borner uniquement à ce qu’apporte le cas fortuit des donations. On distingue les salles d’exposition qui constituent l’essentiel des réserves où l’exclusive ne s’impose pas. Le succès d’un musée est d’avoir un plan bien défini, un système organisé de collectionnement des objets et ensuite de faire appel à l’apport par les particuliers soit des pièces elles-mêmes, soit de l’argent pour les acquérir.

2. Classement.

Il est chose capitale dans le musée ou dans la bibliothèque. On a suivi des méthodes très variées d’après l’espèce de musées, fondées sur la nature des objets ou la distinction de l’institution. On suit l’ordre historique (chronologie, école) ou géographique (pays, régions) ou simplement (d’après le système en usage dans les sciences). En suivant, pour le classement des objets, le même ordre que celui des textes dans les ouvrages, les deux sortes de documentation, bibliographique et muséographique, sont présentées comme complémentaires l’une de l’autre. Dans un Musée du type documentaire, le visiteur trouve les objets rassemblés systématiquement dans une représentation évocatrice de la vie ce qu’on sait d’essentiel sur l’ensemble de ces objets et sur chacun d’eux.

3. Catalogue.

Les musées organisés ont leur catalogue dont le rôle est semblable au catalogue dans les bibliothèques. Mais ici vu le nombre de pièces relativement bien plus restreint et leur classement systématique on a développé davantage la description des pièces et les mentions d’origine.

Les catalogues de musées constituent une littérature considérable. Les accroissements et transformations des musées donnent lieu à des éditions nouvelles de catalogues qui ont besoin d’être tenus à jour, amplifiés, détaillés, approfondis avec des inscriptions toujours plus proches de la vérité.

Les catalogues sont de valeur très inégale ; il serait utile d’établir des conditions minimum pour de telles œuvres. Les catalogues d’objets et ceux des livres impliquent de simples notices signalétiques ou des notices détaillées ; un seul ordre de choses ou plusieurs ordres (par n° d’inventaire, par notice, par pays, par date, par catégorie d’objets) : ils sont à l’état de manuscrits ou imprimés, de fichiers ou de registres ; ils sont réservés à l’administration des musées ou mis aussi à la disposition du public. Le catalogue, guide pratique du musée, expose la matière dans l’ordre des salles. Une introduction générale place immédiatement le visiteur dans l’esprit même des collections exposées. Les musées, par certains catalogues qu’ils établissent, fournissent des réponses aux demandes de renseignements et leurs vastes répertoires sont devenus des centres d’études. Ce fut là, par exemple, le but primitif du Musée Germanique de Nuremberg. Comme pour les livres encore, il y a les catalogues collectifs ou communs, les catalogues des catalogues, les listes (directory ou annuaires) des collections et des musées.[21]

4. Présentation. Moulage.

Il s’est formé toute une technique du moulage, de la présentation des pièces et de l’art d’opérer les démonstrations : machines découpées de manière à montrer le mécanisme ordinairement caché ; machines mises en mouvement sous la pression de boutons électriques ou de leviers ; diorama ou théâtre en miniature, sur lesquels les objets sont montés en une présentation dramatique ; cinéma et projections en plein jour (Day-light motion-picture) complétant les objets par des vues en mouvement, etc.

5. Locaux.

Les locaux des musées ont donné lieu à des édifices typiques qui constituent un groupe important parmi les édifices monumentaux. Comme toute l’architecture, celle-ci tend à être de plus en plus fonctionnelle. Les locaux ont donc toute la diversité que créent les circonstances et l’état des fonds dont on dispose. En principe il faut s’affranchir des formes et des espaces donnés en les pliant à la démonstration et non l’inverse. Si le musée doit être un traité visualisé, objectif et synoptique, la répartition des locaux y consacrés partira du même principe que celui qui, dans le livre, préside à la répartition par chapitre, par section, par paragraphe, pour aboutir à la phrase et au mot. On considérera donc des grands espaces rectangulaires bien éclairés qui seront divisés à l’aide de cloisons mobiles disposées de manière à former salles, stands et panneaux.

6. Coopération.

On a peu pratiqué jusqu’ici la coopération et l’assistance mutuelle dans le domaine des musées. La coopération peut prendre des formes diverses : a) distribution des doubles ; b) échange ; c) prêts temporaires ; d) conférences pour discuter des points d’intérêt commun ; e) les associations de musées. Un système central de musée municipal avec galerie d’art et branches dans les divers quartiers de la ville a été instauré à Glasgow, Hull, Manchester et Norwich. Le système du pays de Galles créa des liaisons entre le Musée national à Cardiff et les musées locaux.

265.6 Expositions. Foires. Démonstrations.

a) Aux Musées se rattachent les Expositions. Elles sont : locales, régionales, nationales ou internationales, temporaires ou permanentes (musées fixes ou circulants) ; elles sont particulières et spéciales ou générales et universelles.

b) Les Expositions universelles internationales figurent parmi les fêtes ou manifestations publiques qui caractérisent les temps modernes. Déjà Mansard avait inauguré au Louvre (1609) des expositions de peinture et de sculpture. Un siècle plus tard (1798), on voyait, à Paris encore, la première exposition des produits de l’industrie. Les expositions de ce genre ne tarderont pas à se multiplier en France et à l’étranger. Mais la première Exposition universelle internationale n’eut lieu qu’en 1851 à Londres, au Palais de Cristal. Vinrent ensuite : la première exposition universelle internationale de Paris (1867) ; celles de Vienne et de Philadelphie (1876) ; la 3e de Paris (1878) ; la 4e, la plus brillante en 1889 ; celle de Chicago (1893), pendant laquelle se tint le fameux Parlement des religions ; celle de Paris 1900 et celles récentes en Amérique, St-Louis et Chicago. En Belgique, Bruxelles, Anvers et Liège.

c) On organise des expositions pour reconstituer pendant quelques semaines, quelques jours des ensembles qui furent une fois, mais que le temps a dispersés. Par ex. : l’Exposition du « Grenier des Goncourt » (Paris, mai 1933, 473 numéros).

d) les expositions ont de grandes analogies avec les musées. Comme eux, elles présentent des choses à la vue, mais pour une durée temporaire et non permanente. Les expositions, en quelque sorte, ce sont les choses en voyage accompagnées des hommes qui les expliquent.

e) Après les expositions ambulantes ou circulantes, on a vu les trains et les bateaux expositions. Aussi on a organisé des trains-expositions ayant jusque 18 voitures, stationnant dans de nombreuses villes, (train canadien, train belge).

f) les Foires, dont l’origine remonte haut dans le moyen âge, ont pris un grand développement après la guerre. Basées sur la présentation d’échantillons, elles se rapprochent des expositions.

g) Montrer peut être une opération documentaire quand la chose à montrer est un document : « Mostra » dit-on en italien. Et il y a l’ « Ostension de la Sainte Tunique du Christ » à Trêves.

Le renouveau des méthodes transforme les expositions. Ainsi l’Exposition de la Révolution fasciste, à Rome, a été rendue efficace pour la propagande : un art dynamique, passionné sinon brutal, qui rassemble en une synthèse changeante et exaspérée les objets les plus disparates. Le journal, l’affiche, la chanson, la caricature, la photographie, l’insigne, l’emblème, le vêtement, l’arme, le drapeau. (E. Condroyer). Les 18, 000 documents fascistes y sont présentés en 30 salles, non point à la manière neutre, académique et solennelle des musées d’art, mais d’une méthode agressive et diverse qui se tient à égale distance de la mise en scène théâtrale et de la publication[22]. On a cherché par les lumières, les couleurs, les formes à susciter chez le visiteur une tension d’état d’âme dont chacun le prépare aux documents qu’il va découvrir.

265.7 Monuments. Sites. Ruines et Fouilles.

a) Les monuments sont des documents du point de vue scientifique, historique ou esthétique. Ainsi les œuvres d’architecture, créées par l’homme, anciennes ou nouvelles, à l’état conservé et à l’état de ruine. Ainsi également les sites naturels.

b) Monuments et sites sont décrits, catalogués, reproduits. Des mesures sont prises pour leur classement (au titre de monument national). Il est des organismes chargés de leur protection. (Commission des sites et des monuments).

c) Des fouilles ont été entreprises en divers endroits depuis des temps déjà reculés. En ce siècle, une recrudescence d’excavation due à la rivalité et à la coopération de divers pays a mis à jour des centres archéologiques de première importance dans toutes les parties du monde. Ainsi l’expédition suédoise, à Chypre, à elle seule, a découvert plus de 18, 000 objets. Certaines protestations se sont élevées contre la profanation des tombeaux, et l’on s’est plu à reconnaître dans la mort violente des violateurs la mise en œuvre des puissances magiques des Pharaons troublés dans leur dernier sommeil.

  1. Sur l’organisation pratique d’une section catalographique dans une Bibliothèque, voir J Van Hove : Bulletin de la Presse Périodique belge, 1933, n° 1.
  2. Sur l’histoire des bibliothèques, consulter :

    Lipsius, Justin : Histoire abrégée des Bibliothèques. Anvers. 2e éd. 1607. — Savage, Ernest Albert : Old English Libraries. Hessels, Alfred : Geschichte der Bibliotheken. Göttingen, Hochschulverlag, 1925. — Van Hœsen et Walter : Bibliography, p. 406. — Les articles généraux sur les bibliothèques dans les encyclopédies comme l’Americana, la Britannica, Meyer, Larousse, etc. — Consulter aussi les traités généraux de Grœsel, Greenwood, Edwards, Spofford.

  3. Voir à ce sujet le rapport de Sir Frédéric C Kenyon, directeur du British Museum et Président du Board of Education Departmental Committee Public Library dans Library Journal, 1 January 1928. p. 11.
  4. Sevensma T. P. — La Bibliothèque de la Société des Nations. Paris, Champion, 8e, 1930.
  5. Waas — Volkstumliche und Wissenschaftliche Bibliotheken. Zentralsblatt für Bibliothekswesen, 1926, p. 476-79.
  6. Consulter les ouvrages de Muhlbecht, Otto : Buchlielhberei. 1898. — Slater : How to Collect Book, 1905. — Winterich : Primer of Book Collecting, 1927. — Allans : Book-Hunter at home, 1922. — Willis’s : Bibliophily, Boston 1921.
  7. Milkau, F. : Handbuch der Bibliothekswissenschaft, 2 vol. 1932-33. — Morel, Eugène : Bibliothèque. Essai sur le développement des bibliothèques publiques et de la librairie dans les deux mondes, Paris 1908. — Briscoe, W. A. : Library planning. A compilation designed to assist in the planning, equipment and development of new libraries, and the reconstruction of old ones, London 1927. 141 p. — Coyecque, Ernest : Code administratif des bibliothèques d’études, Paris 1929, 2 vol. (organisation, cadres et traitements). — Paul Otlet : Manuel de la Bibliothèque publique, publication n° 133 de l’Institut International de Bibliographie, 1925, 166 p. — Trozet, Léo : Manuel pratique du Bibliothécaire. Préface de MM, Pol Neveux et Charles Schmidt. Paris. E. Nourry, 1933.
  8. Les collections d’ex-libris présentent non seulement un intérêt pour l’art, mais aussi pour l’histoire des bibliothèques. Les répertoires d’ex-libris auxquels elles donnent lieu constituent de véritables listes historiques des bibliothèques privées. Le nombre de ces répertoires, pour telle ou telle région, devient de plus en plus grand. On les termine aujourd’hui par des tables alphabétiques générales, des armoiries, des devises et des noms propres, renvoyant aux notices descriptives des armoiries elles-mêmes et permettant ainsi de les identifier facilement. L’équivalent de l’ex-libris appliqué sur les documents de toute espèce devrait être dit Ex-Documentis et faire l’objet d’une certaine standardisation. C’est à l’Allemagne que reviendrait l’honneur d’avoir inventé, vers le milieu du XVe siècle, l’ex-libris ; on en trouve la première mention en l’an 1480, Un siècle plus tard, on trouve des ex-libris en France et en Angleterre.
  9. Aux États-Unis, les Tables de Cutter et de Biscoe. Les Russes en ont fait une adaptation à la forme et à la fréquence de leurs noms propres. Voir Griorjev, J. V. : Distribution et conservation des livres dans les bibliothèques, Moscou 1931, p. 23.
  10. Les in-folio, à raison de leurs dimensions sont avantageusement conservés à plat. Lorsqu’ils sont dressés, les ouvrages voisins les pressent et les abîment. On a créé un type de meuble spécial pour conserver et lire les in-folios dans les petites bibliothèques (armoires des atlas)
  11. La nouvelle Bibliothèque de l’École des Hautes Études commerciales de Varsovie, qui abrite provisoirement la Bibliothèque Nationale Polonaise (architecte Jan Witkiewicz Koszczyc) réalise une nouvelle disposition de locaux : les salles de lecture sont placées immédiatement au-dessus du magasin à livres et reliées à lui par des monte-charges électriques. Ainsi le livre se trouve à une distance minime du lecteur, son trajet étant vertical et d’un étage seulement. Dans l’édifice, 1,000 étudiants peuvent travailler aisément et simultanément. L’édifice a été construit en 17 mois et demi.
  12. Il y a les archives des organisations secrètes de l’« Intelligence service » dans les archives du Foreign Office, des ministères, du château de Windsor. (Les pièces passées à l’état historique mais qui intéressent les intrigues des cours), du British Museum (sans indication de provenance) de Scotland Yard (les portraits des espions) de l’Amirauté et du War Office (plans, graphiques, épures du contre-espionnage). Les archives de l’Intelligence service restent à l’abri d’un attentat convoité, d’un incendie criminel. Il y a des gens très haut placés de par le monde qui, de tous temps, eussent bien aimé considérer comme détruits certains dossiers ». (Les hommes aux mille visages). « Indépendance Belge, 21 oct. 1933 ».
  13. Manuel pour le classement et la description des archives. par S Muller. J. A. Feith et Fruin. Traduction française du hollandais, adaptation aux archives belges, par Jos. Cuvelier, adaptation aux archives françaises par H. Stein. La Haye, A. de Jager, 1910.
  14. J. Cuvelier. De la nécessité des versements périodiques des documents administratifs dans les dépôts d’archives. Rapport au Congrès International des Sciences administratives 1910. (4-1-12).
  15. Rapport de Maurice Félin, dans l’Administration locale. 1930. p. 938.
  16. Mi-janvier 1930, le Gouvernement espagnol faisait paraître une note officieuse contenant ce passage : « Persuadé de l’injustice de la campagne de diffamation qui est menée à l’étranger contre la situation économique de l’Espagne, le Gouvernement a décidé d’inviter quatre ou six experts étrangers en sciences économiques et financières à visiter l’Espagne et à étudier la situation afin d’émettre un avis autorisé. »
  17. Pour les développements, voir les travaux de l’Institut International de Bibliographie et de Documentation et les collections types et comparées formées au Palais Mondial. En particulier, voir : 1° La Classification universelle décimale. 2° L’Atlas administratif. 3° La collection comparée des formules, par établissement et dans leur unité organique, par types de formules comparées. 4° Les traités Paul Otlet : a) Manuel de la Documentation Administrative (publication η° 137) ; b) Sur les possibilités pour les entités administratives d’avoir à tout moment leur situation présentée documentairement (publication n° 162).
  18. Voir Paul Otlet Statistique et Comptabilité de l’I. I. B. n° 137 et 162 mentionnées ci-dessus. Rapport sur l’avenir de la comptabilité dans Congrès International de Comptabilité, 1923, Études sur le Bilan Mondial : « France Comptable », 1932 et 1933.
  19. Bulletin of the International Association of Medical Museums, déc. 1922.
  20. Murray, D. Museum their History and their use. 3 vol. Glasgow, 1904. — Flower, W. H. Le rôle et l’organisation des musées d’Histoire naturelle Revue scientifique, vol. XLIV, p. 385 — A report on the public museum of the British Isle (Other than the National Museum) by Sir Henry Miers to the Carnegie United Kingdom Trustee 1928. — Lowe. Dr. A report on American Museum Work, by Dr. Lowe. Dunfermline Carnegie United Kingdom trustees. — Coleman (Laurence Vail) Manual for Small Museum, New-York. — Mouseion. Revue Internationale de Muséographie. Publiée par l’Office International des Musées. Paris. — The Museum. Illustrated Journal devoted to museum activities and interests.
  21. Pour les Herbiers, par exemple, on possède : 1° la liste des herbiers d’administrations publiques, des sociétés et de particuliers ; 2° l’énumération alphabétique d’auteurs et collectionneurs, avec indication des herbiers qu’on peut consulter sur les échantillons authentiques, avec références aux sources permettant d’affirmer les faits. Indication sur le lieu actuel des collections.
  22. Voir Bruxelles. Janvier 1934, p. 4.