Traité de la peinture (Cennini)/CLXIV

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CLXIV.Comment on moule sur nature un visage d’homme ou de femme.

Veux-tu avoir une face d’homme, de femme ou de quelque condition que ce soit ? suis cette méthode : Procure-toi un jeune homme, une femme ou un vieillard, bien que la barbe et les cheveux ne réussissent pas ; fais plutôt que la barbe soit rasée. Prends de l’huile de rose ou de senteur, avec un pinceau doux enduis de cette huile le visage ; mets sur la tête un béret ou un capuchon, prends une bande large d’une palme et longue d’une épaule à l’autre en passant pardessus le sommet du bonnet, cous l’ourlet sur le bonnet d’une oreille à l’autre ; mets dans chaque oreille, c’est-à-dire dans le trou, un peu de ouatte, et après avoir tendu l’ourlet de ladite bande, cous-le au commencement du collet et une moitié vers le milieu de l’épaule, et retourne la bande vers les boutons de devant. Fais la même opération sur l’autre épaule, afin que le bout rejoigne la tête où la bande commence ; ceci fait, renverse l’homme ou la femme sur un tapis placé sur un coffre ou sur une table ; aie un cercle de fer large d’un doigt ou deux avec des dents au dessus en forme de scie ; ce cercle doit entourer la face de l’homme et être plus long de deux ou trois doigts. Faisle tenir en l’air par un assistant, sans qu’il touche la face du patient.

Reprends ta bande et tire-la tout autour en fixant l’ourlet qui n’est pas cousu sur les dents du fer, pour que la bande reste attachée entre le fer et la chair, que le cercle soit en dehors, et que tout autour il y ait deux doigts entre la bande et le visage, ou un peu moins, selon ce que tu veux que dépasse la pâte à mouler.

Ici, je t’en avise, est le moment de la jeter.