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Traité de la peinture (Cennini)/CLXVII

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Traduction par Victor Mottez.
Jules Renouard et L. Lefort (p. 148-149).

CLXVII.Qui démontre comment on peut mouler le nu entier d’homme, de femme ou d’animal, et le jeter en métal.

Sache que la méthode que je viens de décrire peut se suivre d’une façon plus magistrale, car on peut mouler et faire l’empreinte d’un homme entier, comme les belles figures nues qu’on voyait anciennement. Ton métier sera donc, si tu veux mouler tout le nu d’un homme ou d’une femme, d’abord de les faire tenir debout sur le fond d’une caisse que tu feras faire de la hauteur d’un homme jusqu’au menton. Fais que ladite caisse ouvre par le milieu des deux côtés dans la longueur. Ordonne qu’une lame de cuivre bien légère parte du milieu de l’épaule en commençant à l’oreille jusqu’au fond de la caisse, qu’elle contourne légèrement sans lésion tout le long du nu, s’en tenant éloigné de l’épaisseur d’une corde. Que ladite lame de cuivre soit arrêtée sur le bord de la caisse là où elle se ferme, et par ce moyen arrête quatre morceaux de lame qui se réunissent ensemble comme les bords de la caisse. Alors enduis d’huile le nu. Mets-le droit dans la caisse ; pétris une bonne quantité de plâtre à l’eau tiède, et aies un aide pour que tu puisses emplir le devant de l’homme, pendant que ton compagnon emplira le derrière, pour que dans le même temps la caisse soit pleine jusqu’en haut, la gorge couverte. Pour le visage, tu peux, comme je t’ai démontré, le faire à part. Laisse reposer le plâtre tant qu’il soit bien pris. Pour ouvrir la caisse, mets quelque instrument ou ciseau entre les bords et les lames de cuivre ou de fer que tu as fait ; ouvre comme tu le ferais pour une noix, retenant de chaque côté les parties de la caisse qui contiennent l’empreinte. Avec précaution fais-en sortir le nu ; lave-le vite avec de l’eau claire ; toute sa chair sera colorée comme une rose.

De la même façon que tu as rempli la face, tu peux jeter de tel métal que tu veux ladite forme ou empreinte ; mais jeté conseille la cire. Ma raison est que si la pâte vient à se rompre, elle n’occasionne pas de dégâts à la figure, qu’on peut l’enlever à toute heure et raccommoder là où il y a des défauts. Tu peux ensuite y ajouter la tête, et jeter ensemble la personne tout entière ou membre par membre.

Particulièrement pour essayer, tu peux ne faire qu’un bras, une main, un pied, une jambe, un oiseau, une bête et des animaux de toutes conditions, comme poissons ou autres. Mais il faut qu’ils soient morts, car ils n’auraient ni le sens ni la fermeté de se tenir tranquilles et immobiles.