Traité de la peinture (Cennini)/CV

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Traduction par Victor Mottez.
Jules Renouard et L. Lefort (p. 102-103).

cv.Comment se fait la colle de pâte

Au nom de la sainte Trinité, qu’il faut toujours invoquer, ainsi que celui de la vierge Marie, avant de te faire commencer le travail sur panneau, il conviendra d’en établir ici le fondement, je veux dire les colles, dont il y a une grande diversité[1]. Il y en a une qui se fait de pâte cuite, qui est bonne pour les cartonniers, les relieurs, pour coller un papier sur l’autre et attacher l’étain au papier. Quelquefois on s’en sert pour coller les papiers à faire des dentelles. On la fait de cette manière : prépare une casserole pleine d’eau claire, fais-la bien chauffer ; quand elle est prête à bouillir, aie de la farine bien tamisée, jettes-en peu à peu dans la casserole toujours remuant avec une petite baguette ; laisse bouillir, mais qu’elle ne devienne pas trop épaisse ; retire-la et mets-la dans une écuelle. Si tu veux qu’elle ne pue pas, mets-y du sel, et sers-t’en ainsi quand tu en as besoin.

  1. Cennino donne ici une espèce de traité sur les colles et leur usage. Il est plus prolixe sur cette matière, parce que de son temps on en avait plus grand besoin pour les tempere. Vitruve et Pline parlent souvent des colles mises en œuvre par les peintres dans leurs ouvrages. Le premier, livre vii, ch. 10, dit : Reliqua tectores glutinum admiscentes in parietibus utuntur. Le second en parle au livre xxxv, ch. 6. (Cav. Tambroni.)