Traité de la peinture (Cennini)/LVIII

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Traduction par Victor Mottez.
Jules Renouard et L. Lefort (p. 62-63).
lviii.00De la nature dublanc de Saint-jean.

Ce blanc est une couleur naturelle mais travaillée ; on le fait ainsi. Prends la chaux effleuvée, bien blanche ; quand elle est réduite en poudre, mets-la dans une cuvette l’espace de huit jours, en y remettant chaque jour de l’eau claire, et battant la chaux bien mêlée avec l’eau pour en sortir toutes les matières grasses. Alors fais-en des petits pains, mets-les au soleil sur les toits, plus ces petits pains sont vieux, meilleur est le blanc. Si tu veux le faire vite et bon, quand les pains sont secs, broie-les sur ta pierre avec de l’eau et refais-en des pains et resèche-les ; et ainsi deux fois, après quoi tu verras quel excellent blanc ce sera. Ce blanc se broie avec de l’eau et veut être bien broyé. Il est bon à employer à fresque, c’est-à-dire sur mur sans tempera. Sans lui on ne peut rien faire en fait de carnations ou de tout autre mélange de couleurs qui s’emploient sur mur à fresque ; jamais il ne réclame aucune sorte de tempera[1].

  1. Le blanc de Saint-Jean fait comme le décrit Cennino n’est plus en usage, que je sache, quand on fait la fresque. Je ne suis pas loin de croire que de ce blanc dépend en grande partie le succès de ce mode de peinture. Il serait donc utile d’en reprendre l’usage là où il est perdu.

    Armenîno, au ch. 7 du livre n, enseigne différentes manières de purger ce blanc ; mais aucune d’elles n’est en tous points semblable à celle donnée par Cennino.

    (Cav. Tambroni.)