Traité de la peinture (Cennini)/XLII

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xlii.00De la nature d’un rouge que l’on nomme sanguine.

Le rouge que l’on nomme sanguine est naturel ; c’est une pierre très-forte et solide ; elle est si serrée et parfaite que l’on en fait des pierres et des dents pour brunir l’or sur panneau. Elle devient noire et aussi parfaite que le diamant. La pierre dans sa pureté est d’une couleur violacée ou noire et a une veine comme le cinabre. Écrase-la d’abord dans un mortier de bronze, parce qu’en la rompant sur la pierre de porphyre tu pourrais la répandre. Quand tu l’as écrasée, mets-en la quantité que tu veux broyer sur la pierre et mélange-la avec de l’eau claire. Plus tu la broies, meilleure elle devient, et le ton en est plus beau. Cette couleur est bonne sur le mur ; employée à fresque, elle donne un ton cardinalesque[1] ou violet et laqueux. Elle n’est pas bonne à employer autrement ni à encoller.

  1. Les cardinaux eurent le chapeau rouge par décret du concile de Lyon, tenu en 1245 par Innocent IV, qui le leur donna à Clugny en 1247. Ils n’eurent le manteau rouge que plus tard, en 1464, sous le pontificat de Paul II. À l’époque de Cennino, ils portaient encore la couleur violet. (G. Tamb)