Traité de la peinture (Cennini)/XXXVIII

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xxxviii.00De la nature d’une couleur ronge que l’on nomme sinopia[1].

Il y a un rouge naturel que l’on nomme sinopia ou porphyre. Cette couleur est d’une nature maigre et sèche, elle supporte bien le broyage ; plus on la broie, plus elle devient fine ; elle est bonne à employer sur panneau, sur mur à fresque et à sec. Je t’expliquerai ce que c’est qu’à fresque et à sec quand nous parlerons du travail sur mur. Ceci te suffit pour le premier rouge.

  1. La couleur sinopia n’est plus en usage sous ce nom, ni par conséquent le cinabrese, qui en était un composé. Dans l’herbier de Mattioli et aux discours du ve livre de Dioscoride, ch. 71, p. 752, on en trouve cette définition : « La terre rouge sinopia est très-choisie si elle est serrée, pesante et de la couleur du foie, sans mélange de pierre et colorée partout également. Quand on la met dans l’eau, elle se défait copieusement On la déterre en Cappadoce, dans de certaines cavernes, et on la porte, quand elle est bien purgée, dans la ville de Sinope, où elle se vend et d’où lui vient sans doute le nom de sinopia. Elle a des vertus siccatives. » Là finit Dioscoride. Son commentateur dit qu’il ne trouve plus de son temps qui puisse lui dire ce qui est la vraie sinopia. Il croit que c’est un bol d’Arménie grossier. Il cite Georges Agricola, qui rapporte que la sinopia se trouve dans les mines d’or, d’argent, de cuivre et de fer.

    Pline parle de la sinopia au livre xxxv, ch. 7, comme une des seules quatre couleurs dont se servaient Appelles, Echione, Melanzio, etc. — Lazzarini, dans sa quatrième dissertation sur la peinture, tome ie, prétend que c’est notre terre rouge, un peu plus belle peut-être II parait en substance que c’est une terre rouge obscure ou un oxide de fer brun, troisième degré de l’oxidation de ce métal. (Cav. Tambroni)