Traité des sièges et de l’attaque des places/19

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DES SORTIES.

Maximes générales qui leur peuvent convenir.

I. La première et plus importante de toutes Faire trois places d’ar­mesest de bien faire et perfectionner les trois places d’armes, les mettre en état de servir de même que les autres logemens à feu que nous appelons demi-places d’armes.

II. De ne faire aucun ouvrage qui ne soit flanqué à bonne portée.

III. De n’en point pousser en avant, que ceux qui les doivent soutenir, ne soient en état.

IV. De bien disposer les troupes dans les places d’armes, tenir les ailes et le milieu toujours plus forts que les autres parties, et destiner le gros de la garde pour faire feu, et les grenadiers et gens détachés pour marcher aux ennemis, quand il sera temps, n’oubliant pas de se ménager une Se ménager une réserve.réserve qui sera forte du tiers ou du quart de la garde, et qui tiendra lieu de troisième ligne.

V. Instruire journellement la garde de cavalerie de ce qu’elle aura à faire en cas de sortie, et l’obliger d’envoyer au lieutenant-général de tranchée, quelqu’officier intelligent pour recevoir ses ordres.

VI. Renouveler tous les jours la disposition des gardes, à cause de l’avancement des tranchées, et les régler comme si on était assuré que l’ennemi dût faire sortie ; en conséquence de quoi, bien instruire les postes de ce qu’ils auront à faire.

Ne pas tenir ferme dans des ouvrages imparfaits.VII. Ne jamais s’opiniâtrer au soutien des ouvrages imparfaits, mais céder et faire retirer les gens armés et les travailleurs sur le revers des places d’armes prochaines, laissant agir le feu de la tranchée, qui fera beaucoup plus de mal à l’ennemi que la résistance qu’on pourrait lui faire en s’opiniâtrant à tenir tête dans des lieux désavantageux, qui ne seraient pas en état.

VIII. Par la même raison, ne se presser point d’aller au-devant de lui, mais l’attendre ; le laisser engager et essuyer le feu des places d’armes, tant et si longuement qu’il trouvera à propos de s’y exposer ; et quand il sera affaibli et bien engagé, le faire charger par les grenadiers et gens détachés ; comptant que la garde de cavalerie qui aura eu le temps de venir, tombera sur lui de son côté, soit en le coupant ou le prenant par les flancs.

IX. Après avoir battu la sortie, ne la point poursuivre avec trop d’opiniâtreté, mais se contenter de la pousser et renfermer chez elle ; après quoi se jeter promptement dans la tranchée, pour ne pas demeurer exposé au feu de la place, qui étant préparé, sera pour lors fort dangereux.

Maxime certaine.X. Tenir encore une fois pour maxime très-certaine, de ne se jamais trop presser, mais de laisser agir votre feu quand il est bien disposé, et ne revenir sur l’ennemi, que quand on le verra en désordre et fort engagé ; et pour conclusion, ne se pas faire une affaire de lui voir renverser une douzaine ou deux de gabions, et mettre la feu à quelque bout de travail imparfait ; attendu que si votre feu est bien conduit, il le paiera très chèrement.

On est à por­tée, par les places d’ar­mes, de re­pousser les sorties, et, par les batte­ries à rico­chet, de les empêcher de s’assembler dans les che­mins cou­verts du front d’attaque.Ces maximes suffiraient pour indiquer les dispositions nécessaires à se pouvoir opposer aux sorties avec beaucoup d’avantage, et même pour empêcher l’ennemi d’entreprendre rien de considérable, car il est certain que si on établit des places d’armes, comme il est proposé dans ces Mémoires, que la disposition des troupes y soit bien appropriée, l’ennemi ne pourra faire de sorties qu’il ne rencontre tête pour tête toute la garde de la tranchée ; et que si d’autre côté les batteries à ricochets sont bien servies, il ne pourra s’assembler en nul endroit des chemins couverts opposés aux attaques. Ainsi, peu ou point de sorties.

Je pourrais donc en demeurer là, et finir ce chapitre ; mais comme on pourrait ne le pas trouver assez détaillé, je m’étendrai davantage dans ce qui suit, au hasard de me rendre un peu ennuyeux.

CONTINUATION DU CHAPITRE
CONTRE LES SORTIES.

Objets divers des sorties.Les sorties ont toujours pour objet de faire du mal aux assiégeans, soit pour battre la tranchée, en tout ou en partie ; ou raser quelque bout considérable et mal protégé de ses logemens ; retarder le progrès des attaques ; attirer l’assiégeant sous le feu de la place, pour lors très-bien préparé ; reprendre quelque partie de chemin couvert nouvellement perdue, et où l’assiégeant ne sera pas bien établi ; le chasser d’une brèche où il sera encore mal affermi, soit dans les demi-lunes, contre-gardes, ouvrages à corne, ou dans l’enclos de la place même ; de chicaner le passage du fossé ; et enfin chasser ou tuer le mineur dans son trou. Voilà en général les objets de toutes les sorties.

Nous les diviserons en extérieures et intérieures. Les extérieures sont toutes celles qui se font hors des chemins couverts. Les intérieures sont celles qui se font dans l’enclos des mêmes.

Des sorties extérieures.On peut encore diviser les extérieures, en générales et particulières. Les générales ne s’entreprennent que quand une garnison est bien forte, ou que la place a reçu quelque renfort considérable, qui la met en état de braver les assiégeans, et de pouvoir faire impunément de grandes entreprises sur eux.

Sorties exté­rieures géné­rales.Ces sorties se peuvent réduire à celle de battre la tranchée, ou d’enlever quelque quartier des plus à portée ; ce dernier ne se peut que quand l’assiégeant est trop faible par rapport à la garnison ; pour lors c’est à lui à se sentir et à voir s’il est en état de continuer le siége ; s’il ne l’est pas, il doit lever le piquet le plus promptement qu’il lui sera possible. S’il se trouve en état de le continuer, il est à présumer qu’il ne se laissera pas surprendre, Précautions pour les em­pêcher de réussir.qu’il sera précautionné d’une bonne de contrevallation, que les quartiers les plus exposés à la place seront bien retranchés, qu’on y fera bonne garde de nuit et de jour ; que pendant la nuit ils auront des batteurs d’estrade entr’eux et la place pour les avertir, que tous les jours ils renforceront leurs gardes ; et enfin qu’ils se mettront en état de n’avoir rien à craindre de ce côté-là, et que de plus ils y auront toujours un piquet commandé, de cavalerie et d’infanterie, pour en tous événemens s’en pouvoir servir au besoin ; moyennant ces précautions[1], il est moralement impossible qu’une sortie, quelque grande et bien concertée qu’elle puisse être, réussisse.

Si la sortie se fait sur la tranchée, l’ennemi ouvrira toutes les barrières du chemin couvert opposé aux attaques, et même celles de la droite et de la gauche qui les débordent à même temps, afin de pouvoir sortir plusieurs corps à la fois. Tous ensemble attaqueront tout le front des tranchées. Si cela arrive à la première ou à la deuxième garde de tranchée, cette sortie pourrait échouer et s’exposer à souffrir une grande perte, parce qu’elle s’éloignerait trop de la place, et qu’elle essuierait long-temps le feu de la tranchée, avant que d’en pouvoir venir aux mains, sans que de sa part elle puisse lui rendre la pareille ; et que de plus elle se mettrait en état d’être coupée par la cavalerie, tant de la garde que du piquet, et chargée à même temps par les grenadiers et gens détachés de la tranchée, soutenus des bataillons, ce qui serait très-capable de la battre et défaire entièrement ; c’est pourquoi, quelque Les deux ou trois pre­miers jours, les sorties se réduisent à quelques galopades de cavalerie.forte que puisse être une garnison, je ne crois pas qu’elle se commette jamais à de pareilles aventures, les deux ou trois premiers jours de tranchée, si fait bien quelque galopade de cavalerie de peu d’effet et incapable de rien déranger aux attaques.

Les quatre ou cinq premiers jours de la tranchée, on sera encore loin du chemin couvert ; mais comme la deuxième place d’armes pourrait bien n’être pas achevée, il ne serait pas impossible que l’ennemi, dans le désir de profiter de cette imperfection, ne pût hasarder une sortie, s’il était bien fort. Il est à présumer que la première place d’armes sera pour lors achevée et occupée par la garde, Disposition pour repous­ser une sor­tie sur la deuxième parallèle.et la deuxième commencée mais non tout-à-fait achevée ; en ce cas, la disposition suivante pourra servir à repousser la sortie et rendre ses efforts inutiles.

1o Bien garnir les deux extrémités de la première place d’armes, et le milieu par les grenadiers et gens commandés, et le surplus de la même, bordé par les bataillons.

2o Si la deuxième place d’armes est bien avancée, quoique non achevée, y faire tenir deux ou trois bataillons avec des détachemens et des grenadiers à l’extrémité des ailes.

3o Une compagnie de grenadiers à la queue des travailleurs les plus avancés, et quelques détachemens pour les soutenir, avec des sentinelles à la tête du travail, bien averties de ce qu’elles auront à faire ; et le surplus de la garde posté de manière qu’elle puisse border les places d’armes, et tous les logemens à feu qui seront en état.

Instructions à donner aux postes de la tranchée, à cet effet.Cela bien disposé, et toutes les gardes faisant front à la place, il faudra encore bien avertir tous les postes des choses qu’ils auront à faire, dont la première est de ne se pas laisser surprendre.

La deuxième, de ne point tenir dans les parties imparfaites du travail, mais de céder, et faire retirer les travailleurs et gens armés de la tête, dans les revers marqués des places d’armes prochaines, et laisser agir le feu de la tranchée.

La troisième, de ne se pas presser d’aller aux ennemis, mais d’attendre qu’ils soient à quinze pas de la tranchée, avant que de faire sortir les grenadiers et gens commandés pour aller sur eux.

La quatrième, de faire faire tout le feu possible des logemens et places d’armes pendant tout le temps qu’ils seront en marche pour venir à nous : cela bien observé, donnera un grand avantage à l’assiégeant.

Pendant ce temps, la garde de cavalerie, qui doit être avertie dès en montant la tranchée, de ce qu’elle aura à faire en cas de sortie, aura vraisemblablement disposé devant elle deux ou trois petites troupes de trente ou quarante maîtres chacune, commandées par de bons lieutenans, qui, observant la marche des ennemis, attendront qu’ils soient bien engagés, et le signal qui leur sera fait de la tranchée avant que de partir ; et quand ils se verront à quelques trente ou quarante pas près, pour lors ces petites troupes doivent partir et prendre aussitôt le galop, pour aller charger par les flancs ou en les coupant tout-à-fait, pendant que les grenadiers sortant des places d’armes les attaqueront par la tête. Le gros de la garde de cavalerie, divisé en plusieurs escadrons, doit suivre au trot pour soutenir ces détachemens, et faire son possible pour couper la sortie. Si elle est soutenue par la cavalerie de la place, comme il n’en faut pas douter, il ne faudra pas manquer de la faire charger par quelques-uns de nos escadrons, pendant que d’autres soutiendront les petites troupes, et se joindront avec elles pour achever de rompre le gros de la sortie, qu’il faudra poursuivre tant que l’on pourra se mêler avec elle, et s’en épauler contre les feux de la place ; mais dès aussitôt que les ennemis seront recoignés dans leur chemin couvert, il faut que toute l’infanterie qui aura chargé, se rejette aussitôt dans la tranchée, et que la cavalerie s’éloigne promptement ; car le feu de la place, qui sans doute sera bien préparé, deviendra fort dangereux.

Voilà de quelle manière on peut repousser les grandes sorties sans grande perte, les quatre ou cinq premiers jours de l’ouverture de la tranchée. Quand la première et la seconde place d’armes seront achevées de tous points, et garnies des troupes qui leur conviennent, les ennemis n’en entreprendront plus de semblables.

Mais comme la troisième place d’armes se fait pour l’ordinaire fort près de la place, et qu’elle est assez éloignée de L’ennemi peut encore faire une grande sortie avant l’achè­vementla deuxième, il se pourrait bien que l’ennemi entreprendrait encore dessus, avant qu’elle fût achevée. Cependant les première sortie et deuxième places d’armes étant pour lors bien garnies, l’ennemi sera moins en état de réussir de la troisiè­me place d’armes.que ci-devant, car il sera beaucoup resserré ; cependant jusqu’à ce que la troisième soit en état de recevoir du monde, il pourra bien être tenté d’entreprendre ; c’est pourquoi quand la tranchée sera poussée jusqu’à l’endroit de sa situation, il faudra la diligenter avec application ; la garnir et border de troupes à mesure que quelque partie s’achèvera, avant que de pousser la tranchée plus avant ; et enfin la mettre en état de recevoir quelques bataillons.

Quoi fait, et cette place d’armes une fois remplie des troupes qui lui conviennent, il n’y aura plus d’autres sorties à craindre, que celles qui se feront à la dérobée, qui sont toujours petites, et ne s’entreprennent guère que de nuit ; supposé cependant que l’ennemi en entreprît, quelqu’une de considérable avant qu’elle fût achevée, il ne faudra pour les repousser, que tenir la conduite ci-devant proposée pour les quatre ou cinq premières gardes.

Objet des sorties entre la troisième parallèle et le chemin cou­vert.Toutes les sorties à faire entre la troisième place d’armes et le chemin couvert, ne se font que pour tâcher de surprendre quelque bout de sape imparfait, renverser le travail, y mettre le feu, et obliger les postes avancés de la tranchée, à se découvrir.

Ces sorties se font ordinairement par dix, vingt, trente et quarante hommes, appuyés de beaucoup de feu préparé contre ceux de la tranchée qui se découvriront pour les charger, ce qui ne saurait manquer d’être fort sanglant, vu la proximité du chemin couvert.

C’est pourquoi il ne s’y faut pas exposer, mais bien apprêter le feu de la troisième place d’armes, et le laisser agir ; après quoi quand il sera temps d’y faire marcher quelque compagnie de grenadiers, se servir des couverts de la tranchée tant qu’on pourra ; et surtout ne se point presser d’aller au-devant de ces sorties, mais céder et leur donner lieu de s’engager pour les attirer sous notre feu ; ensuite de quoi, et quand ils seront bien en désordre, les faire pousser par nos grenadiers sans poursuivre trop loin, mais se contenter de les recoigner chez eux, et puis se retirer dans nos couverts.

Comme ces sorties ne peuvent avoir pour objet que de surprendre quelque tête de tranchée imparfaite, obliger votre monde à s’exposer au feu apprêté pour cela ; il faut, pour ne s’y point commettre, donner ordre aux sapes et à ceux qui les soutiendront, de se retirer promptement sur les revers de la place d’armes sitôt qu’on verra paraître les premières têtes de la sortie, laisser agir quelque temps le feu de la même, et revenir sur eux quand on les verra assez engagés, sans se faire une affaire de leur voir renverser une douzaine ou deux de gabions et y mettre le feu, pourvu qu’on leur fasse bien acheter. Une heure de réparation bien employée, fera qu’il n’y paraîtra plus.

Ceci est une répétition de ce qui a été déjà dit, je l’avoue ; mais l’importance de la chose mérite bien qu’on la répète plusieurs fois, plutôt que de manquer à la bien éclaircir.

SORTIES INTÉRIEURES.

Des sorties intérieures, entre le corps de pla­ce et le che­min couvert.Si après être logé sur le parapet du chemin couvert, les ennemis s’avisaient d’y revenir, avant que le logement fût bien établi, mon avis est de ne se point opiniâtrer à le soutenir, mais de retirer les travailleurs et gens armés à l’abri des cavaliers, et de leur laisser jeter leur feu, qui se réduira peut-être à faire jouer quelques fougasses, pendant quoi il faut faire servir les ricochets, et remonter sur les cavaliers pour leur faire feu ; il est sûr qu’ils ne sortiront pas de leur chemin couvert pour défaire ce logement ; c’est pourquoi ils n’y feront pas grand mal : leur laisser donc quelque temps jeter leur première fougue, après quoi les mêmes gens qui étaient à la garde du logement, ayant repris haleine, ou d’autres gens frais bien munis de grenades et de ce qui leur fera besoin, reviendront sur la sortie et achèveront de leur faire quitter le logement, qu’il faudra réparer et mettre en état de se pouvoir soutenir lui-même, le plus tôt qu’il sera possible.

Sorties sur le couronnement du chemin couvert.Si après qu’on aura pris les premières traverses plus prochaines, l’ennemi fait mine d’y revenir : vraisemblablement il ne le fera que pour avoir le temps de faire jouer quelques fougasses, et attirer ce qu’il pourra de notre monde dessus ; c’est pourquoi sans avoir d’empressement de s’y mettre, il faudra céder d’abord, et quelques momens après le faire brusquement attaquer par une compagnie de grenadiers, qui le pousse et déloge de là, et à même temps en faire entrer trois ou quatre dans le chemin couvert pour chercher le trou de la mine, en tirer la saucisse, la rompre ou l’enterrer, si on ne peut l’arracher.

Que si pendant toute la bagarre que cette action causera, la fougasse joue, il faudra se loger dans le trou qu’elle fera, et s’y couvrir aussitôt ; après quoi s’étendre et achever de s’y établir.

Quand on se sera rendu maître des places d’armes des angles rentrans, si avant d’avoir mis les logemens en état, les ennemis s’avisaient d’y revenir par une sortie ; il faudrait procéder comme ci-devant, sans se presser ni se mettre en peine de les soutenir de vive force, parce que le feu de la place d’armes et celui des ricochets, des bombes, et l’effet des pierres nous en feront raison dans peu.

Après quoi, s’ils ne l’abandonnent pas d’eux-mêmes, la moindre charge qu’on leur fera les déterminera à s’en aller : ce qui doit être suivi d’une réparation et d’un achèvement parfait, qui nous mette hors de la portée de pareilles entreprises.

Si l’ennemi fait sortie dans le fossé, ce ne pourra être que dans ceux qui seront secs, pour tâcher d’en traverser le passage, y apporter du retardement, et nuire à l’attachement du mineur.

Précautions à prendre contre les sorties dans les fossés.Les précautions à prendre contre ces sorties qui sont ordinairement faibles, sont de bien faire plonger les logemens du chemin couvert dans le fossé, le plus près que l’on pourra, même les batteries contre les flancs où il sera bon d’avoir quelques gargouches chargées à balles de mousquet, pour, en cas de besoin, en charger promptement quelques pièces.

Outre ce que dessus, dès en débouchant dans le fossé, il faudra débuter par établir des logemens adossés contre son bord extérieur, qui flanqueront le passage des deux côtés, lesquels soient assez étendus pour pouvoir y mettre à couvert vingt-cinq à trente grenadiers.

Après cela et quand on travaillera à l’épaulement, le charger de terre le plus qu’on pourra, afin qu’il soit moins facile à brûler, car si les ennemis l’attaquent, ce ne sera que dans cette vue ; c’est pourquoi, supposé que l’eau fût près de la superficie du fond, il y faudrait faire des trous, et se pourvoir d’escoupes pour en jeter de temps en temps sur l’épaulement et le mouiller. Il sera bon aussi de percer dans ledit fossé par plusieurs descentes, et d’avoir dans le logement plus prochain quelque compagnie de grenadiers pour accourir au secours dudit épaulement.

Quant au mineur, si on fait brèche avec le canon, il ne sera pas question de sorties sur lui ; et si après l’éboulis dudit canon, on juge qu’il soit nécessaire d’y en attacher un, l’épaulement qui sera pour lors achevé, et le logement fait pour le soutenir ; l’un et l’autre munis du monde nécessaire, seront suffisans pour le protéger, sans se mettre en peine d’y faire autre chose.

Retours of­fensifs sur les brèches.À l’égard du retour des ennemis sur des logemens en brèche, sur lesquels on ne serait que faiblement établi, c’est une chose assez commune aux gens qui veulent se défendre, quand on se presse trop.

Nous dirons de quelle manière on doit se procurer cet établissement, au chapitre de la Prise de la demi-lune, qui est un moyen sûr de prévenir les retours, et de faire du moins qu’ils ne soient pas dangereux : et attendu que ce qui se fait pour une demi-lune en cas pareil, se peut faire pour une contre-garde, Les grandes sorties sont très-peu fré­quentes au­jourd’hui.ouvrage à corne, bastions et toutes autres pièces revêtues ; nous finirons ici le chapitre des Sorties qui sont très-peu fréquentes depuis l’usage des places d’armes et des ricochets, du moins les grandes.

  1. À ces précautions, Vauban ajoute, dans l’Avis plusieurs fois cité, celle d’établir des batteries, armées de pièces de petit calibre, sur les extrémités de la droite et de la gauche des attaques.