Traité des sièges et de l’attaque des places/48

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PROPOSITION
pour la levée de trois régimens d’artillerie.

L’expérience nous apprend tous les jours que l’artillerie n'est pas moins nécessaire à la guerre que l’infanterie et la cavalerie, puisqu’elle entre dans toutes les grosses expéditions pour une part très-considérable ; qu’elle triomphe dans tous les siéges, soit pour attaquer ou défendre, et dans toutes les actions de guerre où on la peut employer à propos ; que dans les combats de plaine elle prime souvent sur l’infanterie, et dans ceux des postes et pays couverts, toujours sur la cavalerie, et quelquefois sur toutes les deux ; mais il est encore plus vrai de dire que quand elle est jointe à ces deux corps, elle achève de leur donner la force et les moyens requis pour agir avec succès dans toutes les entreprises difficiles, et que ce n’est que par elle qu’on peut achever de vaincre quand l’ennemi prenant le parti de la retraite ou de la défensive, se retire dans ses places ou dans les lieux forts et avantageux de son pays.

On doit considérer l’artillerie par rapport à elle-même ou par les officiers qui l’exploitent : quand, par rapport à elle-même, on entend le canon, son usage, et tout ce qui en dépend ; et par les officiers qui l’exploitent, le corps qui la sert et qui lui donne toute l’action et le mouvement qu’elle doit avoir ; ce corps, depuis long-temps si considérable dans le royaume, est composé de tout ce qu’il y a de grands et petits officiers employés à son usage, et de tous les ouvriers qui en dépendent et qui y ont un attachement particulier ; et c’est à proprement parler ce qu’on appelle le corps de l’artillerie. Ces officiers consistent en la personne du grand-maître et capitaine-général qui a sous lui un lieutenant-général et d’autres lieutenans particuliers ; des commissaires provinciaux ordinaires et extraordinaires ; capitaines de mineurs, bombardiers, artificiers, canonniers, capitaines de charrois, maîtres forgeurs, charpentiers et tous autres ouvriers en fer, en bois et en fonte qui ont rapport à l’artillerie et qui sont gagés par le Roi pour le servir.

Elle a de plus ses contrôleurs, secrétaires, trésoriers, etc., et sa justice particulière sur tout ce qui en dépend, qui a son siége à l’arsenal, et son ressort unique au parlement.

La facture des poudres et salpêtres ; la fonte du canon, des mortiers, pétards, bombes, grenades et boulets, et leur usage, aussi bien que la façon des affûts, outils de toutes espèces, chariots, charrettes, ponts pour passer les rivières en corps d’armée, et toutes sortes d’armes offensives et défensives, sont de sa connaissance et de sa juridiction ; comme aussi la fourniture de tous les magasins et arsenaux des places fortifiées, la levée et construction des équipages d’artillerie, soit pour l’attaque ou la défense des places ou pour la guerre de campagne ; enfin tout ce qui a quelque rapport, et qui peut être de sa dépendance, laquelle s’étend dans tout le royaume, et partout où les armées du Roi se peuvent porter.

C’est enfin un ministère particulier qui a ses relations immédiatement au Roi et à celui qui le représente à la tête de ses armées ; ce serait ici le lieu de définir cette belle et grande charge, et ses attributs, mais mon intention n’étant que de proposer au Roi les moyens de rendre ce corps encore plus utile qu’il n’est ; je me contenterai de dire que quand le grand-maître l’exerce dans toute son étendue, il commande et ordonne de tout ce que dessus, et que c’est aussi lui qui crée les officiers dépendant de cette charge, qui tous prennent commission de lui, et qui, sous le bon plaisir du Roi, les distribue dans les provinces par départemens, composés d’une certaine quantité de places où ils ont des commandemens subordinés sur l’artillerie, et inspection sur les magasins et arsenaux, soit de places ou de campagne : il y a de plus des commissaires provinciaux, dont quelques-uns ont aussi des départemens, et des commissaires ordinaires et extraordinaires dans toutes les villes de guerre où ils ont un commandement subordiné aux premiers. Il y avait autrefois un certain nombre d’officiers pointeurs ou maîtres canonniers, entretenus dans chacune, mais qui ont été supprimés à cause des abus qu’on en faisait.

Premier dé­faut. Outre le nombre d’officiers qui composent l’ancien corps de l’artillerie[1], on y a ajouté depuis quelque temps un régiment de fusiliers et un de bombardiers ; celui de bombardiers n’a point été assujéti à d’autre service que celui des bombes et mortiers dont il s’acquitte bien, mais il est trop fort des deux tiers pour n’avoir que cela à faire ; celui des fusiliers, bien plus ancien que le précédent, a été créé pour l’artillerie, mais ce régiment ayant voulu faire le service ordinaire de l’infanterie et celui de l’artillerie à même temps, et avec les mêmes gens, est tombé dans le cas du précepte de l’évangile, où il est dit, que nul ne peut servir à deux maîtres ; et effectivement l’artillerie s’en trouve très-mal servie.

1o En ce que toutes les fois qu’il monte la tranchée, il ne fournit que de faibles détachemens aux batteries.

Second et plus considé­rable défaut. 2o En ce que quand il se présente un jour de bataille, il abandonne le canon pour combattre en ligne, ou n’y laisse que les plus mauvais soldats, ce qui se prouve par l’exemple de la bataille de 1690. Fleurus où la moitié du canon devint inutile après la première décharge, faute de canonniers et de soldats pour le servir.

Et 3o en ce que les officiers de ce régiment ne se comptent point du corps de l’artillerie, et n’y prennent que le moins de part qu’ils peuvent, se contentant d’y employer simplement les soldats qu’on leur demande, et de les remettre aux commissaires qui, n’étant point connus d’eux pour leurs officiers naturels, en sont toujours mal obéis ; à cela, joint que les officiers de ce régiment ne se mêlant point du canon ni des batteries, leurs soldats n’en sont nullement instruits ; et comme le soldat suit son officier naturel et l’accompagne partout, il perd bientôt ceux d’artillerie de vue, d’où s’ensuit que ne les voyant que par des intervalles de plusieurs mois, et quelquefois de plusieurs années, il oublie facilement de les connaître dans l’occasion jusqu’à leur manquer de respect, même dans les affaires plus pressantes où l’officier d’artillerie n’étant pas en pouvoir de les châtier, est réduit à s’en plaindre dans le temps qu’il doit être le plus occupé à les faire agir.

Pour conclusion, il est certain que le service partagé de ce régiment produit un très-mauvais effet qui ne convient point à l’artillerie, où il faut nécessairement des hommes qui ne soient occupés que d’elle, et mieux instruits de ses mouvemens que ne le peuvent être les soldats des fusiliers.

Les quatre compagnies d’ouvriers du même régiment sont bien assujéties à l’artillerie pour les soldats, mais non quant aux officiers qui ne se mêlent que du détail de leurs compagnies, et qui n’étant pas capables de juger de l’habileté des ouvriers qu’ils ne mettent jamais en œuvre, il arrive que ces compagnies en sont toujours mal fournies et que le peu qu’il y en a sont très-mauvais, les capitaines prenant, de bien plus près, garde à les avoir bien faits et de bonne taille qu’à leur habileté, les aimant mieux propres au combat qu’au canon ; ce qui fait qu’ils ne s’en tiennent que très-faiblement à leur première institution.

On peut dire la même chose des douze compagnies de canonniers, dont les officiers ne font ni guet, ni garde, ni aucune autre fonction que d’avoir le soin ordinaire de leur compagnie, qui est un abus dont le service se trouve très-mal.

Il y a d’autres défauts dans l’artillerie, dont l’un des plus considérables consiste en la privation des honneurs et récompenses auxquels les troupes ordinaires parviennent par leurs services, en quoi on leur fait d’autant plus de tort, qu’outre les périls qu’ils ont communs avec la cavalerie et l’infanterie, et bien souvent plus grands, leurs emplois sont beaucoup plus pénibles et plus assujétis de corps et d’esprit, sans compter qu’il ne faut pas moins de vigueur à bien exploiter une pièce de canon qu’à marcher à la tête d’un détachement dans un jour d’occasion ; cette privation d’honneur et d’avantage, est même venue à tel point qu’on refuse des lettres d’état, depuis le commencement de la guerre, aux officiers d’artillerie qui sont actuellement dans le service, comme s’ils étaient moins utiles à Sa Majesté que par le passé, et moins recommandables que les autres officiers de ses troupes à qui on n’en refuse aucune ; on ne peut disconvenir que ces abaissemens qui passent chez eux pour de véritables marques du peu de cas qu’on en fait, n’aient rebuté et abattu le cœur à quantité d’honnêtes gens qui se sont retirés du service, ou sont tombés dans des relâchemens qui font grand tort à ce corps.

Quatrième défaut. Ceux qui commandent les équipages d’artillerie dans les armées disent encore qu’ils ont toujours eu le rang des derniers maréchaux-de-camp, qu’ils ont été considérés comme tels sur l’état du logement, et qu’ils ont commandé les troupes attachées aux gardes et escortes d’artillerie, ou qui se sont trouvées dans les mêmes quartiers avec elle, quand il n’y a pas eu de maréchaux-de-camp à la tête, et qu’à présent, dans l’abaissement où est ce corps, ce commandement leur est presque universellement contesté, et l’officier des troupes, tel qu’il puisse être, croit être en droit de les commander, et de faire marcher l’artillerie comme il lui plaît » ; ce qui est contraire au bien du service et à l’ordre naturel des choses, attendu que l’artillerie étant la plus difficile à mouvoir, il faut par nécessité que la cavalerie et l’infanterie assujétissent leurs mouvemens aux siens, ou qu’elles l’abandonnent ; or c’est ce que la plupart de nos officiers de cavalerie et d’infanterie n’entendent pas, et ne sont pas même autrement capables d’entendre.

Chez les Allemands, où la discipline est très-bien réglée, les corps plus pesans commandent toujours aux plus légers quand ils se trouvent ensemble, c’est-à-dire que les lieutenans-généraux d’artillerie commandent à ceux d’infanterie et de cavalerie, et ceux de l’infanterie à ceux de la cavalerie ; car ils en ont de tous ces corps ou d’équivalens, et ainsi des autres officiers ; hors de là, chacun d’eux fait son fait à part : cette remarque n’est pas inutile.

Pour venir au fait, il est du service du Roi que les officiers d’artillerie soient maintenus dans l’ancien usage ; la première raison est que le commandant de l’artillerie est toujours un vieil officier qui doit savoir la guerre, et que celui des troupes se rencontre peu souvent tel, joint que n’étant pas accoutumé à de si lentes marches ni au maniement du canon, ni à la correction des mauvais chemins, il se donne ordinairement beaucoup de peine inutile qui ne l’avance guère et le retarde souvent.

La seconde, que personne ne doit mieux savoir que lui disposer de ses marches, escortes, campemens, gardes et sentinelles, contre les ennemis ou contre les accidens du feu.

De plus, il est nécessaire que les corps dont les maniemens sont plus légers et plus aisés, soient assujétis à celui dont le mouvement est plus pesant et difficile, lorsqu’ils sont ensemble, afin qu’ils en puissent recevoir les secours et la protection nécessaires dans les besoins.

Cinquième défaut. Les semestres de quelques-uns des commissaires provinciaux ordinaires et extraordinaires sont encore un autre défaut qui mérite d’avoir place ici ; les premiers servent sept mois et touchent 800 liv. d’appointement, et les extraordinaires cinq mois, pour lesquels ils reçoivent 400 liv., ce qui les réduit à rien pour aller et venir chez eux, par la petitesse des appointemens.

Sixième défaut très-considérable. L’établissement des gardes-magasins, dont la paie est très-modique, en est un très-considérable, en ce que le grand-maître ne les peut choisir aussi bons et aussi sûrs qu’il serait à désirer, la plupart étant gens de bas aloi, pauvres, et qui, n’ayant ni bien ni caution qui puisse répondre de leur fidélité, seraient faciles à séduire, vu qu’ils vont, viennent et demeurent souvent seuls aux magasins, où ils sont par conséquent en état de faire du mal s’il leur en prenait envie ; or, faire du mal pour un garde-magasin, n’est autre chose que mettre le feu aux poudres, comme je l’ai vu arriver à Saint-Guislain : je laisse juger de la conséquence, et si elle ne doit pas faire trembler.

Septième défaut. C’est encore un défaut que le manquement d’artificiers, dont il n’y a presque plus dans le royaume ; cependant, la dépense de ces sortes d’officiers va à peu de chose, et on peut dire qu’ils ne sont guère moins nécessaires dans les places et en campagne, que les commissaires mêmes.

Il n’y a plus de canonniers que dans les bombardiers et fusiliers ; la moitié de ceux des douze compagnies n’en ont jamais eu aucune instruction, et n’ont point été en campagne, si ce n’est quelques compagnies qui se sont trouvées aux siéges de Luxembourg, Philisbourg, Manheim, Frankendal, Mons, etc.

Huitième défaut. Dans la plupart des équipages de campagne où il n’y a pas de canonniers, on est obligé de se servir de soldats maladroits qui ne savent par quel bout prendre un levier, ce qui fait qu’il est impossible que le canon soit bien servi dans un jour d’occasion.

Neuvième défaut. L’abattement dans lequel sont la plupart des officiers du corps, à l’occasion de toutes ces défectuosités, peut encore être compté pour défaut de l’artillerie, dont elle ne se relèvera que par la correction des autres.

S’il s’en trouve quelques autres, ils sont peu considérables et aisés à corriger ; mais, pour les contenus en ce Mémoire, il suffit de les faire connaître pour convenir de la nécessité de leur correction, qui ne sera pas difficile, si Sa Majesté a la bonté de faire attention à ce qui suit.

Éloge de l’organisation moderne des troupes. Mais avant que de passer outre, il est bon de remarquer que, de tous les corps militaires, il n’y en a point de mieux composé que les régimens, ni où la subordination soit mieux réglée ; et quelque chose qu’on nous dise des phalanges grecques, légions romaines et des janissaires, elles n’ont jamais rien eu qui leur soit comparable, et aucun corps ancien ni moderne n’a approché de la discipline ni du bon ordre des régimens ; on n’en a point vu où les gradations du commandement soient mieux établies, et où tout ce qui peut convenir au service soit dans un arrangement plus parfait ni mieux disposé pour agir : jamais les sujets propres à tout ce qui peut convenir au service n’y manquent ; chaque officier a son emploi réglé ; ils savent tous à quoi consiste leur devoir, et jusqu’où il s’étend : depuis le simple soldat jusqu’au colonel, chacun entend sa subordination, et jamais le commandement ne périt, à moins que tout le régiment ne périsse, parce que la succession des chefs est tellement prévue, qu’il n’y a pas un seul officier qui ne sache à point nommé quand et en quel cas le commandement lui peut échoir ; on ferait un volume de l’excellence et du bon ordre de ces corps, si on voulait approfondir toutes les bonnes qualités des régimens ; aussi ont-ils été imités presque aussitôt qu’inventés par toutes les puissances de l’Europe, sans qu’aucune s’en soit rétractée ; l’usage leur en ayant continuellement prouvé le mérite et au-delà de celui des autres troupes dans les autres corps, ce qui me persuade que le Roi ne saurait mieux faire que de réduire toute son artillerie en trois régimens de 18 à 20 compagnies chacun, dans lesquels seraient compris et comme renfermés, tous les officiers, canonniers, soldats et ouvriers dépendans de ce corps, suivant le grade qu’ils occupent dans ladite artillerie. Il est encore bon d’observer avant de venir au fait :

1o Que le service des officiers devant être double, et doublement pénible à cause du détail des compagnies, gardes ordinaires, commandemens, et service de l’artillerie, il est juste que leur paie y soit proportionnée, ce qui n’ira cependant pas jusqu’à égaler la paie d’un capitaine de fusiliers et d’un commissaire ensemble.

2o Que les compagnies devant être composées de canonniers à différens étages, et des ouvriers nécessaires à l’artillerie, il y faut faire quantité d’appointes ou hautes-paies pour en égaler à peu près le nombre, ce qu’on leur donne dans les compagnies où ils sont présentement, et différencier les paies ordinaires des soldats canonniers par classes pour leur donner plus d’émulation.

3o Que les corps tout entiers doivent être considérés comme autant de canonniers et bombardiers, qui tous doivent savoir manier le canon en tous lieux et en tous pays ; c’est de quoi il faudra très-soigneusement les instruire, et comme il faut des hommes forts et robustes qui seront sujets à une infinité de corvées pénibles et fâcheuses, il faudra aussi leur donner une paie qui les puisse un peu mieux faire subsister que le commun des soldats des autres troupes.

Pour composer les trois régimens d’artillerie proposés ci-dessus, il est premièrement nécessaire de partager la compagnie de Camelin en trois parties égales par le nombre et la capacité, pour faire les têtes des compagnies de mineurs des trois régimens.

2o Partager aussi deux compagnies de bombardiers du régiment de ce nom en trois, pour faire les têtes des trois compagnies de bombardiers des mêmes régimens.

3o Prendre trois compagnies d’ouvriers, laissant celles de la tête pour ce que nous proposerons ailleurs ; les douze de canonniers, et trois bataillons des fusiliers, pour, avec le restant du régiment des bombardiers, faire le nombre complet de cinquante-quatre compagnies dont ces trois régimens devront être composés.

Donner à ces régimens, dont M. le grand-maître sera le colonel-général, pour officiers principaux, savoir : le lieutenant-général et deux lieutenans d’artillerie pour colonels, des lieutenans d’artillerie en second et des sous-lieutenans pour lieutenans-colonels, majors et capitaines de mineurs, des commissaires provinciaux pour capitaines, des commissaires ordinaires pour lieutenans, et des extraordinaires pour sous-lieutenans ; le tout suivant le projet en table qui sera mis ci-après.

Quant aux officiers restant de ces bataillons, ils pourront suivre leurs compagnies et entrer dans les régimens d’artillerie sur le pied de capitaines et lieutenans en second, jusqu’à ce que le Roi les ait pourvus, Sa Majesté leur conservant les mêmes appointemens qu’ils avaient dans le corps, et le même rang, hors que les commissaires provinciaux doivent précéder dans les compagnies, à cause que les fonctions de ces régimens doivent toujours être dans l’usage de l’artillerie, et à mesure que les anciens seront pourvus, ou qu’ils viendront à mourir, leurs charges seront éteintes, les majors et aides-majors de fusiliers et bombardiers seront pris pour faire les mêmes fonctions dans les nouveaux régimens, sinon et au cas que celui des fusiliers aime mieux y demeurer, il faudra prendre dans ce nombre des capitaines en second.

Au reste, on ne saurait assez dire que la fonction de ces régimens doit être entièrement dans le service de l’artillerie, et pourvoir à sa garde et à ses escortes, sans jamais leur permettre de faire autre chose, si ce n’est quand ils se trouveraient en corps dans les places où ils ne seraient pas occupés ; pour lors on pourrait leur faire monter la garde avec les autres troupes, suivant le rang de leur ancienneté.

  1. Le corps de l’artillerie se composait en 1691 :
    1o Du corps de l’artillerie proprement dit, corps d’officiers, le grand-maître, soixante lieutenans du grand-maître ayant le rang d’officiers généraux, brigadiers, colonels ou lieutenans-colonels, soixante commissaires provinciaux avec rang de capitaines en Ier, soixante commissaires extraordinaires, et quatre-vingts officiers pointeurs, avec rang de lieutenans ;
    2o Du régiment des fusiliers du Roi, créé en 1671 pour la garde et le service de l’artillerie, appelé plus tard, en 1693, royal-artillerie, et composé de six bataillons, chacun de treize compagnies de cinquante-cinq hommes ;
    3o De douze compagnies de canonniers, incorporées en 1695 dans royal-artillerie ;
    4o Du régiment royal des bombardiers, créé en 1684, et fort de quatorze compagnies ;
    5o De deux compagnies de mineurs. Une troisième fut créée en 1695, et une quatrième en 1706.

    En 1720, toutes les troupes destinées à servir l’artillerie ne formèrent qu’un seul régiment, royal-artillerie. (Voy. pour plus de détails sur les différentes organisations de l’artillerie, l’état militaire de cette arme pour 1786.)