Traité des sièges et de l’attaque des places/50

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ÉTAT-MAJOR.

Au colonel, lieutenant-général d’artillerie
300 l.
Lieutenant-colonel, lieutenant en second d’artillerie
150
Major, sous-lieutenant d’artillerie
150
Aide-major
75
Aumônier
75
90 Places de gratification, à raison de cinq
par compagnie, sur le pied de 6 sols
810
Tambour-major, à 12 s.
18
1 Fifre, à 12 s.
18
Chirurgien-major
100
4 Fraters à 25 l.
100
Prévôt, à 1 l.
30
Greffier, à 15 s.
2210
7 Archers
63

Par mois
1,911 l. 10 s.

Et par an
22,938 l.
Suivant ce détail, le total d’un régiment d’artillerie composé de 18 compagnies, compris les deux de mineurs et de bombardiers, toutes complètes, sera de 1265 hommes qui coûteront par an
263,850 l.
Et les trois nécessaires dans le royaume, sur le même pied, complets, seront de 3,795 hommes, et coûteront par an
791,550 l.

Nota. Qu’on trouvera en la personne du colonel, dans chacun de ces régimens, un lieutenant d’artillerie ;

Un lieutenant en second en celle du lieutenant-colonel ;

Un sous-lieutenant en celle du major.

Plus, un capitaine de bombardiers, deux lieutenans et deux sous-lieutenans, dans la compagnie, qui seront aussi sous-lieutenans commissaires provinciaux, ordinaires et extraordinaires de l’artillerie, et des maîtres charpentiers, artificiers, etc., conducteurs, en la personne des sergens et caporaux, avec 57 bombardiers qui pourront servir au canon dans les besoins.

Les mêmes en égale quantité et qualité dans celle des mineurs, qui, outre les descentes et passages de fossés, mines et contre-mines, pourront servir de canonniers et bombardiers quand ils ne seront pas occupés de leur emploi.

Plus, 16 capitaines commissaires provinciaux, 32 lieutenans commissaires ordinaires, et 32 sous-lieutenans commissaires extraordinaires, 48 sergens, qui seront autant de conducteurs d’équipages, maîtres charpentiers, artificiers, gardes du parc,  etc., capables d’exploiter des batteries et de les faire servir ; 48 caporaux, qui seront comme autant de maîtres canonniers ou officiers pointeurs commis à la conduite d’autant de pièces ; 84 appointés qui seront aussi maîtres canonniers, mais sous-ordonnés aux ci-dessus, à qui ils serviront de lieutenans ; 720 soldats séparés en 1re, 2e et 3e classe, qui seront canonniers et soldats, gardant et exploitant le canon et les batteries, sans jamais faire autre fonction que celle du canon et du parc ; ce sera dans les appointés de la 1re classe qu’on pourra entretenir nombre d’ouvriers, tous propres au service et à l’usage de l’artillerie, comme charpentiers, charrons, menuisiers, tourneurs, armuriers, serruriers, etc.

Il ne faut pas douter que tels régimens bien disciplinés, instruits et bien exercés, ne servissent très-bien l’artillerie, les bombes et le canon dans quelque siége que ce pût être, n’y en eut-il qu’un dans une grande armée, d’où on pourrait encore tirer des détachemens de deux ou trois cents hommes pour jeter dans les places plus menacées pendant la campagne ; pour lors il ne tiendrait qu’à Sa Majesté que l’artillerie ne lui fût aussi utile dans les batailles, combats de postes, attaques de lignes, retranchemens, grands fourrages, grosses escortes, que dans les siéges, et on oserait bien se promettre qu’elle y pourrait, selon qu’elle serait employée à propos, en partager les avantages avec la cavalerie et l’infanterie, ou du moins en être pour son tiers, ou pour le quart, de même qu’elle est pour la belle moitié dans tous les siéges.

Voilà de quelle manière les trois premiers défauts de l’artillerie se peuvent corriger ; le Roi remédiera facilement au quatrième, si Sa Majesté a la bonté de considérer que les emplois des officiers de ce corps les obligent à plus de peine et d’industrie que ceux des autres, et ne les exposent pas moins aux périls de la guerre, mais bien à de plus grandes blessures, et qu’enfin ce métier demande de l’honneur, de la probité et du courage, autant et plus qu’aucun des deux autres, ce qui les met en droit d’espérer que Sa Majesté les fera jouir à l’avenir des mêmes grades et récompenses dont elle honore les officiers des autres troupes.

Le cinquième se peut corriger avec autant de facilité, si Sa Majesté a pour agréable de régler le commandement sur l’exemple des Allemands, qui me paraît le plus juste, ou d’équivaler le commandement des colonels, lieutenans-commandans de l’artillerie qui ne sont pas généraux à celui des brigadiers, celui des commissaires provinciaux capitaines dans les régimens d’artillerie, à celui des lieutenans-colonels, en ce qui regarde les marches, escortes, gardes, services particuliers et logemens, afin qu’elle ne soit point assujétie à qui ne l’entend pas, ni abandonnée par impatience, et qu’enfin elle puisse être toujours secourue à propos dans ses besoins par ses propres officiers. Au moyen de ces régimens, il ne restera plus tant de commissaires à entretenir dans les places qu’il y en a, et le Roi pourra, en supprimant les semestres, ne laisser que les cent quarante-deux résidences ordinaires qui pourront pour lors être payées annuellement, comme il sera proposé ci-après ; de cette façon on corrigera le sixième défaut.

Celui des gardes-magasins semble plus difficile ; il y a cependant un expédient, qui serait de faire artificiers ceux qui s’en rendraient capables ; après quoi au lieu de 360 liv. de gages, on pourrait leur en donner 600, savoir : 360 comme gardes-magasins, et 240 comme artificiers, moyennant quoi, on remédiera en quelque façon aux septième et huitième défauts, en prenant avec eux les précautions requises et réglées par l’ordonnance de… qu’il faudrait renouveler.

Les neuvième et dixième seront suffisamment réparés par l’érection des régimens d’artillerie, puisque dans les commencemens de campagne, il n’y aura qu’à ordonner des régimens qui doivent composer les équipages des armées à proportion de leur force, observant qu’à celles qui ne seront pas assez considérables pour avoir des régimens entiers, on y pourra envoyer des détachemens de cinq ou six compagnies, et des escouades de mineurs et de bombardiers, les équipages commandés par des lieutenans-colonels ou lieutenans en second d’artillerie.

Il serait encore à désirer qu’il plût au Roi de mettre à la tête de chaque équipage un homme de naissance ou de capacité distinguée, afin que les gentilshommes et vieux officiers de ce corps eussent moins de répugnance à leur obéir ; moyennant ce que dessus, et l’exécution sincère et non altérée de cette proposition, il est certain que l’artillerie se pourra mettre sur un pied excellent en moins de deux campagnes, que quantité d’honnêtes gens qui la méprisent présentement, s’y jetteront, et que le Roi en sera incomparablement mieux servi qu’il n’a jamais été.