Traitté de la canicule et des jours caniculaires/01

La bibliothèque libre.


À MONSEIGNEUR,
MONSEIGNEUR
FRANÇOIS
DE NEVVILLE,
DUC DE VILLEROY,
Pair de France.


MONSEIGNEUR,



J E ne doute pas qu’il n’y ait de la temerité de ſe preſenter devant vous ſans Introducteur, pour vous demander la permiſſion de faire paroiſtre ce petit Traité ſous la faveur de voſtre illuſtre Nom, avant que l’Auteur ait l’honneur d’eſtre connu de vous. Ie m’y trouve neantmoins engagé, MONSEIGNEUR, comme eſtant eſtably dans une Ville, qui ne met ſa felicité que dans l’honneur d’être ſous voſtre protection, & de vous appartenir ; C’eſt donc pour vous rendre publiquement mes tres-profonds reſpects, tels que vôtre generoſité les attire de tous nos Citoyens ; Cette generoſité, dis-je, qu’ils épreuvent depuis plus d’un ſiecle de vos illuſtres ayeuls, & que vous ſoutenez avec tant d’éclat. I’aurois lieu de m’eſtendre icy ſur la grandeur & ſur le merite de cette tige glorieuſe ; Si mon ſtile eſtoit aſſez éloquent, & ſi l’eſtenduë d’une Epiſtre me le permettoit, quoy qu’il ſeroit fort ſuperflu, puiſque les grands & ſignalez ſervices qu’elle rend il y a pluſieurs ſiecles à l’Eſtat, ſont ineffacables du cœur de tous les veritables François, & particulierement de tous nos Bourgeois & Habitans. Qui pourroit, MONSEIGNEVR, dignement parler de celuy de noſtre Grand & Sage Gouverneur, dont la mémoire qui nous eſt ſi chere ne mourra jamais. C’eſt aſſez pour faire ſon panegirique, de dire qu’il l’a eſté de noſtre Invincible Monarque ; & que la gloire de ce Heros, & de tant de grandes choſes, qui font l’étonnement & l’admiration de toute la Terre, ſont les fruits de l’éducation de cet Incomparable Marêchal, que le Ciel n’avoit conſervé dans une heureuſe vieilleſſe que pour joüir plus long-temps du ſuccés de ſes ſoins, & goûter avec une plus douce & longue ſatisfaction pendant ſa belle vie, la joye de voir renaiſtre & ſe réunir en voſtre Perſonne toutes les rares qualitez de vos Anceſtres, avec cette brillante ſageſſe, qui eſt l’un des plus nobles appanages de voſtre illuſtre Maiſon, qui vous rend le tres-digne ſucceſſeur des bonnes graces du premier & du plus grand de tous les Roys. Pardonnez, MONSEIGNEVR, ſi je tranche court ; vous eſtes en eſtat d’aller ſi loin, qu’il faut reſerver les ſiécles futurs à décrire une vie auſſi éclatante que la voſtre le ſera. Mais, permettez-moy, que ſous de ſi heureux auſpices, ce petit Livre paroiſſe au jour, & que je prenne avec un Zele tres-reſpectueux, la qualité,


MONSEIGNEUR,


De voſtre Grandeur,


Le tres-humble & tres-
obeiſſant Serviteur,
A. PORCHON. D. en Med.