Trente-six Ballades joyeuses/Ballade de la joyeuse chanson du cor

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XXXIV

Ballade
de la joyeuse chanson du cor

Ainsi qu’un orage tonnant
À la voix des magiciens,
Le cor éveille, en résonnant
Sur les coteaux aériens,
Le chœur des vents musiciens.
Sonnez, piqueurs galonnés d’or !
Parmi les aboiements des chiens
Qu’il est joyeux le chant du cor !

Dans le clair matin rayonnant,
Plus d’ennuis et plus de liens
Au bois sauvage et frissonnant
Qui n’a que des loups pour gardiens !
Éclatez, cris olympiens,
Encor ! encor ! encor ! encor !
Ô chasseurs, francs bohémiens,
Qu’il est joyeux le chant du cor !

Le soleil embrase, en tournant,
Les gorges de ces monts anciens,
Et l’on croit y voir maintenant
Briller cent rubis indiens.
Ô sanglier géant, tu viens
Tomber dans ce riche décor :
Hurrah ! bons chiens patriciens !
Qu’il est joyeux le chant du cor !

Envoi.

Prince, les beaux tragédiens
Que ces chiens au rapide essor,
Et dans les vents éoliens
Qu’il est joyeux le chant du cor !


Octobre 1869.