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Tresor de recherches et antiquitez gauloises et françoises/Nlle éd., 1750/Tome 1

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DICTIONNAIRE

DES TERMES

DU VIEUX FRANÇOIS,

ou

TRÉSOR DE RECHERCHES

ET ANTIQUITÉS

GAULOISES ET FRANÇOISES.

Par M. BOREL, Conseiller & Médecin ordinaire du Roy.

NOUVELLE ÉDITION,

Augmentée de tout ce qui s’est trouvé de plus dans les

Dictionnaires de Nicot, Monet, & plusieurs autres.


A PARIS,

Chez BRIASSON, rue Saint Jacques à la Science & à l’Ange Gardien.

M. DCC. L.

AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROY.

ÉPÎTRE

DÉDICATOIRE

DE P. BOREL A MONSIEUR CONRART
Conseiller & Secrétaire du Roy, Maison & Couronne
de France.

MONSIEUR,

ON me blâmera peut-estre d’adresser à un des plus polis esprits de France, ce qui nous reste de plus rude & de plus barbare du langage de nos ancestres. Mais pour vous, MONSIEUR, vous aurez sans doute la bonté de m’excuser, si vous considérez que je ne pouvais en user autrement sans injustice. Car puisque vous avez esté une des principales califes de la naissance de cet ouvrage, je ne devois le dédier à personne qu’à vous. C’est par vostre conseil que je l’ay entrepris, pour le soulagement & la satisfaction des Curieux, qui seront bien-aises, en lisant les Livres écrits en vieux François, de n’estre pas arrestez par tant de mots dont on n’use plus maintenant, & qui ont quelquefois des significations assez belles, & des origines très-anciennes, mais qu’il est difficile d’entendre sans une longue méditation. Vous m’avez asseuré que ce travail ne sera pas inutile, & je me suis laissé flatter par cette espérance, d’autant plus aisément, qu'un excellent homme de l’antiquité nous enseigne, que ce n’en pas estre peu heureux que de pouvoir donner la nouveauté aux choses la lumiere aux obscures, l’agrément à celles qui ont déplû, & en un mot, de ressusciter, s’il faut ainsi dire , celles qui estoient comme ensevelies dans les ténébres de l’oubly. Mais quelque utile que puisse estre mon Livre, je ne m’attends pas qu’il soit approuvé de tout le monde , puisque c’est un avantage que les plus accomplis n’ont pû obtenir jusques icy ; de sorte qu’ayant besoin de protection contre l’injustice ou la malignité des sévéres Censeurs, dont nostre siécle n’est que trop remply, je ne pouvais avoir recours à une plus puissante , ni plus asseurée que la vostre, que vous ne refusez jamais à ceux qui aiment les Lettres & la vertu. Je me promets donc, MONSIEUR, que plusieurs qui vous verront estimer cet Ouvrage, ou l'estimeront à vostre exemple , ou du moins s’empescheront de le blâmer, pour n’estre pas d’un autre sentiment que vous. Car il y a de la gloire à imiter un homme judicieux & sincere, dont l’inclination est toujours portée à favoriser ce qui est louable , & à excuser ce qui a quelque défaut. Je suis témoin que c’est ainsi que vous agissez, m’ayant donné souvent des avis très-salutaires, & dont j'ay avantageusement profité, & laissé puiser dans votre curieuse Bibliothéque, qui est une source féconde de Livres rares imprimez & manuscrits, tout ce qui m’a été nécessaire pour la composition, non-seulement de cet Ouvrage, mais aussi de plusieurs autres que i’ay destinez au Public, & dont on trouvera les titres au commencement de ce Volume ; si bien, MONSIEVR, que ie puis dire que vous estes en quelque sorte l’Auteur, aussi bien que moy, puisque vous y avez tant contribué. J’ai trouué, dans cette grande Ville, peu de personnes aussi officieuses, & aussi obligeantes que vous ; & c’est ce qui augmente mon ressentiment & ma reconnoissance. Je confesse pourtant que i’en dois beaucoup à M. vostre frére, qui ne m’a rien refusé de ce qui estoit en son pouvoir, pour l’avancement de mes travaux. Et certes, la générosité est une qualité tellement attachée à votre famille, qu’on peut dire qu’elle y est héréditaire, puis qu’on la louoit dans les Estats des anciens Ducs de Bourgogne, en ceux de qui vous tiret vostre origine comme on la loue aujourdhuy en vous, à Paris, & dans toute la France. Je serois ingrat, si ie n’avouois aussi, que je suis redevable de beaucoup de faveurs à M. Borel Ambassadeur de Messieurs les Estats des Provinces-Unies en cette Cour & que j’ay appris, en la conversation de Messieurs Gassend, de la Mothe-le-Vayer, & Chapelain, des choses que je n’avois point découuertes dans les Livres. Aussi, par leur profond sçavoir, par leur jugement exquis, & par leur rare probité, ont-ils obtenu, & dans ce Royaume, & par toute l’Europe, une telle reputation, qu’il y a peu d’hommes à présent qui en possédent une aussi générale & aussi pure. Pour M. de Pelisson-Fontanier, outre que je puis parler de luy de la mesme sorte, je dois ce témoignage à la vérité & à son affection, que dés mon enfance il m’en a donné des preuves si effectives ; que je ne pourray iamais rencontrer assez d’occasions de luy en rendre de pareilles de la mienne ; mais ce n’est pas une des moindres obligations que je luy aye, que celle de m’avoir procuré l’honneur de vostre connoissance, que je mets au rang de mes biens les plus précieux. Je n’ai point fait de difficulté de parler en ce lieu de toutes ces Personnes illustres, & de les joindre avec vous, MONSIEUR, parce qu’ils sont vos amis intimes, & que je sçay qu’on ne les peut estimer plus que vous faites. D’ailleurs, j’ay esté bien-aise de marquer ma gratitude envers vous & envers eux, puis-qu’eux & vous faites profession de mesmes vertus, & que vous m’honorez, tous d’une bienveuillance particuliere, que ie n’ay point éprouvée ailleurs, & que ie ne pouvois prétendre par mon mérite ; mais dont j’essyeray de ne me rendre point indigne, afin de vous faire connoître que personne n’est plus véritablement que moy,


MONSIEUR,


Vostre tres-humble, & tres-obeïssant Serviteur,
P. Borel.
DE VIRI CLARISS.
PETRI BORELLI, MEDICI,
ANTIQUO LEXICO GALLICO.
JUDICIUM.


onebat quondam πολυμα θέστατοζ ille popularis noster, viuendum moribus praæteritis, loquendam verbis præsentibus, & quidem prudenter, exauctoratus enim ille sermo, & abhinc multis anni jam desitus decem virales tabulas, saliare carmen, atque aborigines sapiens, ipsisque Romuli Nepotibus cum Egeria. Numæ, cum Euandri Carmenta, Balbutientibus familiaris & Vernaculus quem finem alium habere potest, nisi hunc vnum ; caliginem audientium animis vt offundat & quem mirentur citiùs homines, quam intelligant, longè ab co consilio quo natura ώροφδεικόν λόγον animi interpretem fidelem esse voluit. Sic ut quæ ille meditatur & cogitat planè liquidè enuntict & propalet oratio ipsa, cujus vnica & singularis laus est ipsa perspicuitas vtendum ergo sermone vt nummo cui publica forma est nisi hoc vnum studeamus, vt non intelligamur atque tum præftaret tacere, aut ab in fœlici Charta prurientem abstinere manum, qui enim voces istas priscas & exoletas in quotidianis communibusque sermonibus expromunt, perinde faciunt, ac si qui Velleri Tyrio Murice Ebrio & εύανθεί ferruginem aut centonem lacerum & detritum assumerent tantum abest vt ex eo rectum conciliasse temperamenta colorum ; quin imo purpuram ipsam exoculasse merito censendi sunt. Ita illi orationis Nitorem hac vetustate fuliginis plane infuscanc & quà natiua pulchritudine exurgere debet, hanc quæsitis, fucis & pigmentis iisque temporis vetustate vanesentibus, interpolare, & adulterare non verentur. Atque vt dignissimi rerum æstimatores numquam ferent, minus probabunt istam in aucupandis obsoletis, ad antiquitatis speciem, vel obscuris ad eruditionis ostentationem nimiam & affectatam diligentiam, sic credo nec illi negabunt, multum illam facere ad bonam mentem, & omne punctum ferre in rectum instituenda studiorum ratione. Cum enim præstantissimos illos seruas a quibus hoc quidquid est invita meliore commodi & bonæ frugis fato, tandem concedere necessum est quos immortales esse oporteret, reliquum est, vt quos affari præsentes, & quibuscum colloqui non iicet, horum monumenta quaæ fugacis temporis obliuio delere non potuit rehgiose colamus, sermo autem ipse animi sensa & cogitationes plané & liquidè cum exprimat sitvvt sedulam nauare nos oporteat operam in eo inquirendo, & inueniendo qui majoribus nostris fuit vsitatus & familiaris. Nolim tamen iniquissimi rerum æstimatores putent me ita sentire vt velim nostros homines in loquendo cum tenere sermonem, qui vsu ipso (penes quem est arbitrum & Norma loquendi) iampridem exoleuit ; inque dissuetudinem abiit ; minimè, longè mihi alia mens est, alia cogitatio, sed hoc vnum affirmo valere quamplurimum eam αρχαιολογιαν ad informandum animum melioribus illis disciplinis quæ ingenuum & literalem hominem decent ; neque vnquam vlli author fuerim ea esse vtendum in colloquio familiari & consuetudine quam homines habent inter se, sed pari cultu & veneratione qua vetera omnia esse excipiendam, haud absimili ferè ingenio & ratione quâ élégantes illi vasa assabrè facta, quibus prætium facit ipsa rei vetustas, iniquirunt omni cura & sollicitudine, inuenta fouent studiosissimè, id vnum vnicè curantes ne ea habendo depereant ; imô ne vsu ipso intertrituram patiantur vel minimam, reponunt asseruantque inter, τά κειμήλια, recondita,

in ostentationem artis, & artificis commendationem. Magnam proinde gratiam tibi debituri antiquarij omnes (Vir Clarissime) ob tam egregiè nauatam operam in eruendis illis monumentis, etiam cum ipsa vetustate certantibus, & primorum hominum ingenio & indole describenda. Magnus me Hercle labor, &c negotium operosum’eos reuocare in vitam, quos longa annorum series confecit, tenebris damnatos in lucem eruere, miserè cum blattis & tineis luctantes dare famà, atque ostentare posteris quos tanquam duces & antesignanos sequantur, & ad quorum exemplum omnia sua componant. Nihil dico de delectu, quem pari ingenij felicitate, & iudicij grauitate feceris in legendis iis quæ consilio tuo arque instituto fauerent, omnes me tacente facilè iudicabunt, te in eo argumenti genere aliàs copioso, rerum curà potius quàm copia institisse, ne opus maiorem in molem assurgeret sat fuit præcipua rerum capita delibasse, summas modo lineas duxisse, & digitum ad fontem intendisse. Omnia isthæc quam ornaté, quam nitidè, quam fæliciter atque ex animi sententia eorum quos antiquitatis amor tenet, sollicitatque, malim te ex alieno ore quam meo rescire, ne assentationis à qua suum ipse alienissimus, suspicionem incurrisse videar. Perge itaque, vir Clarissime, quô tuus te genius vocat, fælicioribus istis auspiciis ire in Litterarium plausum, ausim polliceri futurum vt hoc ingenij opus melioribus musis editum, ætatem ferat, laudetur, probetur eruditis omnibus, & quam dedit fugienti atque breui emorituræ vetustati gratiam, eandem illi, imò cumulatiorem posteritas sit repensura. Quod optat ex animo tuus

Ant. Carpentarivs, Doct. Med. Paris.

IN

PETRI BORELLI

MEDICI REGII

LEXICON CELTICVM.


D
Vm pereunt Graijs sublimia pergama flammis,

Et tota in cineres Troïa redacta, iacet :

Sufficit Æneæ, patris venerabile pondus

Tollere, & èmedio membra cremanda, rogo ;

Egregium certè & cunctis memorabile fastis :

Namque patri, vitam qui dédit, ipse dédit.

Tu majora tamen, Castrensis Docte Borelle,

Perficis, immensi prodigus ingenij.

Linquit is æternæ profugus damnata ruinæ

Mœnia & haud certâ Troïca tecta fide.

Non tibi sufficiunt, antiqua resurgere Castra,

Et Volcos & iam nomina, Tectosagos :

At Romana prior Gothicis immixta loquelis

Lingva, per innumeros non benè lecta dies :

Per te recta sonat : clarescit congrua Chartis

Celtica ab antiquis quantula temporibus.

Sicque nouâ Patriam das expergiscere vitâ :

Et mutus, per te lucida dicit auus.

Si plus Æneas toto memoratur in orbe :

Num potiore pius iure Borellus erit ?
L. de H.


D. PETRO BORELLO

Doctori Medic. in Onomasticon

ejus Gallo-Francicum.


I
Ngenijs natura studet dare singula parcè :

At pro te, cumulos prodiga semper habet.

Nouit Aristoteles ejus transcendere metas,

Inuidus heu metas fixit & ïngeniis.

Sed mox vincendas proprio Borelle labore

Præmonstrant animi pignora clara tui,

Nasonis tibi crescit honos, fastuque Maronis,

Ac medicas artes laudat Apollo tuas.

Castrensis Solus Patriæ Polyhistor haberis :

Scriptis ipsa tuis Gallia facta loquax.

Sic fatum supra Æsonium sine Colchidis arte,
{{Alinéa|Lethæas Gallus non bïbet ullus aquas.


Clemens Dvrandvs Reginæ
Gall. Elemesionarius,


IN D. PETRI BORELLI

MEDICI REGII THESAVRVM

linguæ antiquæ Gallorum restitutæ.

DISTICHON.


N
Onne satis præclara suit tibi fama, Borelle,
Cur igitur corpus dissipat ingenium.

Iacobvs Conrart
.