Tresor de recherches et antiquitez gauloises et françoises/Nlle éd., 1882/Tome 1

La bibliothèque libre.
DICTIONNAIRE
DES
TERMES DU VIEUX FRANÇOIS
ou
TRÉSOR DES RECHERCHES & ANTIQUITÉS GAULOISES & FRANÇOISES
Par BOREL
Conseiller et Médecin ordinaire du Roy,


Augmenté de tout ce qui s’est trouvé de plus
dans les Dictionnaires de Nicot, Monet et de plusieurs autres,
NOUVELLE ÉDITION
Avec addition de mots anciens omis par Borel,
SUIVIE DES
PATOIS DE LA FRANCE
Recueil de Chants, Noëls, Fables, Dictons, Dialogues, fragments de
Poëmes, composés en principaux dialectes de la France,
PRÉCÉDÉ D’UNE
Etude sur l’origine des Patois, sur les langues d’Oil et d’Oc et sur leurs limites,
Par L. Favre
Membre de la Société de l’Histoire de France.
____________
Tome 1
NIORT
L. FAVRE
Editeur du Dictionnaire historique de l’Ancien Langage
François par La Curne de Sainte-Palaye.
1882





DICTIONNAIRE


DES


TERMES DU VIEUX FRANÇOIS

OUVRAGES PUBLIES PAR L. FAVRE :

____________________________


Glossaire du Poitou, de la Saintonge et de l’Aunis, par L. Favre. — I vol. grand in 8o 12 fr.

Supplément au Glossaire du Poitou, de la Saintonge et de l’Aunis, par L. Favre. — I brochure grand in-8o 3 fr.

Histoire de la ville de Niort, depuis son origine jusqu’en 1789, par L. Favre. — I vol. in-8o 6 fr.

Du Cange. — Glossaire François, avec addition de mots anciens et une notice sur Du Cange, par L. Favre. — 2 vol. in-8o. 15 fr.

Dictionnaire historique de l’ancien Langage français, ou Glossaire de la Langue françoise, publié par les soins de L. Favre, avec le concours de M. Pajot, archiviste-paléographe. — 10 vol. in-4o … 300 fr.

Laurière. — Glossaire du Droit français ; nouvelle édition, avec addition d’anciens mots, publiée par L. Favre. — I vol. in-4o. 20 fr.

Parabole de l’Enfant prodigue, traduite en 88 patois de la France, avec une introduction sur la formation des patois, par L. Favre. — I vol. in-8o 5 fr.


____________________
DICTIONNAIRE
DES
TERMES DU VIEUX FRANÇOIS
ou
TRÉSOR DES RECHERCHES & ANTIQUITÉS GAULOISES & FRANÇOISES
Par BOREL
Conseiller et Médecin ordinaire du Roy,


Augmenté de tout ce qui s’est trouvé de plus
dans les Dictionnaires de Nicot, Monet et de plusieurs autres,
NOUVELLE ÉDITION
Avec addition de mots anciens omis par Borel,
SUIVIE DES
PATOIS DE LA FRANCE
Recueil de Chants, Noëls, Fables, Dictons, Dialogues, fragments de
Poëmes, composés en principaux dialectes de la France,
PRÉCÉDÉ D’UNE
Etude sur l’origine des Patois, sur les langues d’Oil et d’Oc et sur leurs limites,
Par L. Favre
Membre de la Société de l’Histoire de France.
____________
Tome 1
NIORT
L. FAVRE
Editeur du Dictionnaire historique de l’Ancien Langage
François par La Curne de Sainte-Palaye.
1882

ABREVIATIONS :

B., — pour Burguy.
Beaum. C. B., — pour Beaumanoir, Coutumes du Beauvoisis.
Chron. S«-D., — pour Chronique de Saint-Denis.
Ch. de F., — pour Chronique de Froissart.
D. C, — pour Du Cange.
E. D., — pour Eustaches Deschamps.
F., — pour Fauchet.
F. G., — pour Fontaine Guérin, Trésor de Vénerie.
F. des Amour., — pour Fontaine des Amoureux.
L. D. N. sur R., — pour Le Duchat, notes sur Rabelais.
L. G. D. F., — pour Laurière, Glossaire du Droit françois.
L. D. F., — pour id. id.
L. CD., — pour Le Clerc de Douy, Glossaire de l’Orléanais.
L. C. G. F., — pour La Curne, Glossaire françois.
L. J., — pour le Livre de Jostice et de Plet.
M. M., — pour Marguerite de la Marguerite.
M. F., — pour Marie de France.
M., — pour Monet, Dictionnaire.
Mesn., — pour Mesnage, Dictionnaire.
N., — pour Nicot, Dictionnaire.
P., — pour Pasquier.
P. B., — pour Partonopex de Blois.
Perc, — pour Perceval.
R., — pour Ragueau, Glossaire du Droit.
R., — pour Roman.
R. E., — pour Robert Estienne.
Rose, — pour Roman de la Rose.
V. Charles VII, — pour Vigiles de Charles VII.
[ ], — mots intercalés par le nouvel éditeur.

AVIS

Concernant la nouvelle édition du Trésor des Recherches
et Antiquités Gauloises et Françoises.


______________________


L’auteur de cet ouvrage, Pierre Borel, est né à Castres, vers 1620. Son père, Jacques Borel, était un érudit et même il était poëte. Quelques-unes de ses poésies ne sont pas sans valeur et ont eu les honneurs de l’impression ; honneur qu’on accordait, alors, beaucoup moins facilement que de nos jours.

Pierre Borel se consacra à la médecine, et fut reçu docteur à Montpellier en 1640. Il se fixa d’abord à Castres, et c’est dans cette ville qu’il réunit les matériaux d’un grand ouvrage sur l’histoire naturelle qu’il fit paraître en 1649, sous ce titre : Antiquités, raretés, plantes, minéraux et autres choses considérables de la ville de Castres, 1 volume in-8o. Cet ouvrage, fruit d’immenses recherches et qui renfermait des idées neuves, mais bizarres, fixa sur cet auteur l’attention ; il lui créa de nombreuses relations avec les savants de la capitale, qui firent, auprès de lui, de vives instances pour l’attirer à Paris.

Ce ne fut qu’en 1653 qu’il répondit à cet appel si flatteur. Il arriva dans la capitale précédé de la réputation d’un habile médecin et d’un savant naturaliste. Aussi, la plus brillante carrière s’ouvrit-elle immédiatement devant lui. Presque aussitôt son arrivée, il fut nommé conseiller et médecin ordinaire du roi.

Ces importantes fonctions ne lui firent point perdre de vue ses études chéries. Avant de quitter Castres, il avait publié : Historiarum et observationum medico-physicarum centuriœ, 1 volume in-12.

A Paris, il termina une vie de Descartes, 1 volume in-8o. L’année suivante, il donnait la Bibliotheca chimica, seu catalogus librorum philosophicorum hermeticorum, 1 volume in-12. En 1655, il faisait imprimer à La Haye 1 volume in-4o qui avait pour titre : De vero telescopii inventore, cum brevi omnium conspicillorum historiá.

Son Trésor des Recherches et Antiquités gauloises et françoises parut de 1655 à 1667. Cest le livre que nous réimprimons. Mais poursuivons notre liste des travaux de cet infatigable auteur. En 1656, il fait imprimer à La Haye : Observationum microscopicarum centuria, 1 volume in-4o. En 1657, il publie le Discours prouvant la pluralité des mondes, et, en 1666, le Hortus, seu armamentarium simplicium, plantarum et animalium ad artem medicam spectantium.

De tous ces ouvrages, un seul a conservé de l’intérêt, c’est le Trésor des Recherches et Antiquités gauloises et françoises. Ménage a réimprimé ce Glossaire, avec des additions, à la suite du Dictionnaire étymologique, en 1750. Nous en donnons une nouvelle édition, en y ajoutant plusieurs mots appartenant au gaulois et au vieux français.

Borel avait introduit dans son Trésor des dissertations et des longueurs que nous avons supprimées ou réduites, nous en tenant à la définition des anciens termes qu’on recherche dans un pareil dictionnaire.

Nous avons aussi abrégé la définition de certains mots, de manière à la rendre plus claire, et nous avons réduit le nombre des citations lorsqu’elles nous ont paru présenter un double emploi. Ces modifications nous ont permis d’ajouter beaucoup de mots à cette édition, et de rendre ce Glossaire plus complet.

Voici en quels termes le savant Ménage parle de l’ouvrage de Borel, dans l’Avertissement placé en tête de son Dictionnaire étymologique de la Langue françoise : Nous avons cru faire au public un présent bien digne de la curiosité des amateurs de la langue françoise, que de lui donner à la fin du tome second de ce livre une nouvelle édition du Trésor des Recherches et Antiquités gauloises de Borel, augmenté de ce qui s’est trouvé de plus dans les dictionnaires de Monet et Nicot, et dans la plus grande partie des auteurs anciens de notre langue. La rareté de la précédente édition de ce livre, toute imparfaite et mal ordonnée qu’elle était, est une preuve qu’il est estimé le meilleur qui ait paru jusqu’ici en forme de dictionnaire du vieux françois. » Ainsi, Ménage avait compris la nécessité d’améliorer la précédente édition du Trésor de Borel, qu’il trouvait imparfaite et mal ordonnée.

L’érudit Barbazan, qui a publié les Fabliaux et Contes des poëtes françois des xiie, xiiie, xive et xve siècles, a laissé un Glossaire qui est resté manuscrit. Pour ce Glossaire, Barbazan s’est servi du Trésor de Borel, qu’il a remanié. Dans l’avertissement de cet ouvrage, il déclare qu’il a pris dans cet auteur tout ce qui lui paraissait mériter d’être conservé.

Nous avons été moins exclusif que Barbazan et nous avons imité Ménage, en maintenant la plus grande partie du texte de Borel.

Rien de plus facile qu’une reproduction textuelle ; un
- IV -
bon compositeur, un habile correcteur d’imprimerie suffisent ; mais il en est autrement si l’on opère la plus légère refonte d’un livre; alors, des recherches souvent longues et nombreuses sont indispensables ; il faut améliorer et prendre une responsabilité devant laquelle nous n’avons pas reculé pour le Borel, bien convaincu qu’on tiendra compte de notre travail. Nous avons placé entre crochets [ ] les mots que nous avons ajoutés.

Nous avons fait suivre cet ouvrage d’une étude sur nos patois et d’une anthologie qui renferme des pièces patoises des divers dialectes de la France.

Un pareil travail avait été entrepris en 1840 par un Allemand, J.-F. Schnakenburg, qui a fait preuve d’une connaissance profonde de nos idiomes. Nous l’avons souvent consulté avec fruit. Avons-nous fait mieux ? Les lecteurs le décideront. Nous pouvons dire que nous nous sommes livré à de longues recherches, afin de recueillir une précieuse collection de pièces patoises inédites ou disséminées dans un grand nombre de livres. À ce point de vue, nous pensons avoir fait une publication utile ; le concours que nous avons rencontré de la part de beaucoup de philologues en est la preuve.




___________

DICTIONNAIRE

DES
TERMES DU VIEUX FRANÇOIS
ou
TRÉSOR DES RECHERCHES
ET ANTIQUITÉS GAULOISES ET FRANÇOISES
avec additions par le nouvel éditeur.
_____________________________________________________________


A


Aarbrer. Se cabrer, selon le Roman de Perceval : d’où vient le mot Languedocien s’asalbra. c’est-à-dire se dresser pour monter sur les arbres.

Abaco ou Abaque. Tailloir ; la plus haute moulure d’une colonne en architecture, lui servant comme de couvercle. (Monet.)

Abaeuz. [Vacans, biens vacans. (Coût, du Poilou.)]

Abai ou Abaiement. Aboyement, cri du chien. (Monet.) D’où abaier, aboyer, abaieur, aboyeur.

Abaille. Abeille. (Joach. Perisonius) : de linguæ Latinæ origine.

Abaiser. Apaiser. (Ovide, ms.)

Aballeurs. [Alluvions de la rivière. (L. C. D.)]

Abandon. [Cri public, proclamation, permission générale. Par abandon, sans jugement. (Beaum.)]

Abandonnenient. [Cession de biens. (G. C. F.)]

Abannir. [Défendre, prohiber. (G. C. F.)]

Abarrer. [Empêcher l’effet. (Littl.)]

Abassi. Aballu.

Abassin. Abyssin, qui est de la côle d’Abex, côte orientale d’Ethiopie. (Monet.)

Abateis. Forêt, selon un ancien. (Ovide, ms. en vers.)

Abater. [Abolir. (L. J.)]

Abator. [Entier, en possession d’un héritage. (Litll.)]

Mais ne pot souffrir tel desroy,
Pallas qui la noise abaisa
Tant que li un l’autre baisa.

Abatre. [Diminuer, rabattre. (Beaum.)]

Abbatement. [Destruction. (Littl.)]

Abbatre. [Anéantir, rejeter, (Littl.) S’abattre en une terre, s’en emparer. (Littl.)]

Abbec. Amorce, appast. (Monet, Nicot.)

Abbechemant. Action de donner la becquée. (Monet.)

Abbecber. Donner la becquée à un oiseau. (Mon., Nic.)

Abéiance. [Droit suspendu. (Littl.)]

Abeliser. Charmer et ravir. (R. de la Rose) :

Si m’abelisoit ot feoit.

Ou abrutir et estourdir ; de bellua, besle.

Abenevis. [Droit de jouissance à volonté. (Laur.)]

Abeneviser. [Concéder. (Laur. Glos. D. F.]].

Abenfans. [Arrière-petit-fils. (La Curne. Gl. F.)]

Abensté. Absence nécessaire ou forcée. (G. C. F.)

Aberhavre. Lisez Aber, embouchure de fleuve ou de mer, d’où vient havre : du mot hébreu habar, associer. (Bochart en son Phaleg.)

Abeuvrage. [Redevance annuelle en argent. (L. C. D.)]

Abborrir. Abhorrer, avoir en horreur. (Nicot.)

Abienneur. [Séquestre. (Laurière. Glos. D. F.)]

Able. [Habile, convenable. (Litll.)]

Aboilage. Droit des seigneurs sur des abeilles,

Aboile. Abeille.

Abominer. Abhorrer, avoir en aversion. (Monet, Marot. Pseaume 5.)

Quant aux meurtriers et décepteurs,
Celui qui terre et ciel domine,

Les abomine.

Aboné. [Serf soumis à un cens déterminé. (Beaum.)]

Abonnage. [Convention, droit d’abonnement. (Laur.)]

Abonner. Changer ou apprécier, et estimer des chevaux, selon Ragueau ; comme aussi mettre des bornes. Voyez Bonna.

Abonneur. [Acquéreur. (Laurière. Glos. D. F.)]

Aborener. Dédaigner; de abhorrere [selon un Roman de la Rose ms.)

Abouter. [Borner, mettre des bornes. (La Curne.)]

Abouvier, Lâcher les bœufs du joug après qu’ils ont labouré, les disjoindre. (Nicot. Ce mot est encore usité en certains lieux de Normandie.

* Abramas. Singe ; de l’hébreu abrama. Bochart. Voyez Abranas.

Abranas. [Mot gaulois : singe. Gwrab, en kymmryque ; Mab, en armoricain; Ab, en irlandais. Aban, en gaëlique.]

Abrancher. [Mettre un arbre sans branches. (L. C. D.)]

Abrava. Singe. Hesichius.

* Abravanus. Rian, ville d’Ecosse, dite de Aber riani, le havre de Rian. (Ptolémée.) Ainsi, en Espagne, Cantabri est dit de aber et cant, loin ; et Artabri, peuples de la mer.

Abri. Douce température d’air. (Monet.)

Abriconer. Charlater. Ovide ms, parlant d’Ulysse et d’Iphigénie, qu’il obtint pour en faire sacrifice, dit :

Bien sot la mer abriconner.
Et faire esiouir de noyant.

Abridger. [Abréger. (Littleton.)]

Abrier ou Aubrier. Fust d’arbalète. (Monet.)

Abriever. Arriver. (R. de Perceval.)

Abrousture. Droit de pâture. (La Curne, Gl. F.)

Absconcer. Cacher ; de abscondere. (Nicot.)

Absoille. Absolve. (Ms. des mémoires de Paris : du trépas de M. le président Baillet, que Dieu absoille.)

Abuter. Viser.

Abuvrer. Arroser. (L. J.)

Acanner. [Injurier. (La Curne, Glos. Fr.)]

Acapit. [Certains droits qui se payaient au seigneur pour chaque mutation de propriété. (La Curne, Glos. Fr.)]

Acaration. [Confrontation. (La Curne, Glos. Fr.)]

Acasement. [Inféodation. (La Curne, Glos. Fr.)]

Acaunum ou Agaunum. [Mots gaulois : pierre, rocher, en vieux gaulois, Agalen en Kymmryque. Agolan en Cornique, signifie pierre à aiguiser. Dans le Valais, le couvent de Saint-Maurice a conservé le nom d’agaunum.]

Acaunumarga. [Mot gaulois : la marne rousse. Marg en armoricain ; en Gaëlique màrla. Le mot marle est resté dans quelques-uns de nos patois. Voyez Acaunum, qui signifie pierre, rocher.]

Accarement, affrontement, opposition mutuelle de personnes face à face. (Monet.)

Accarer. Affronter deux personnes l’une à l’autre, les opposer face contre face, (Idem.)

Accensaige. [Arrentement. (La Curne, Glos. Fr.)]

Accensement. [Bail à cens. (La Curne, Glos. Fr.)]

Accenseur. [Fermier ou colon. (L. C. D.)]

Acceptance. [Acceptation, consentement. (La Curne.)]

Acceptilation. [Déclaration par laquelle on tenait quitte son débiteur. (La Curne, Glos. Fr.)]

Accessadeur. [Celui qui tient à cens. (La Curne.)]

Accesseur. [Prédécesseur. (La Curne, Glos. Fr.)]

Accessoire. Désordre. Marot. ii. balades, dit :

Adventuriers, que la pique on manie,
Pour les choquer et mettre en accessoire.

Accise. [Imposition, taille. (La Curne, Glos. Fr.)]

Acclosagier. [Clore de murs. (La Curne, Glos. Fr.)]

Accodepot. (Rabelais.) Ou Appuipot. (Nicot.) On appelloit de ces deux manières fulcrum et fulcimentum, ce qu’on met contre un pot pour empêcher qu’il ne verse lorsqu’il est sur le feu.

Accointable. Aisé à hanter, à estre fait ami. (Nicot.)

Accointance. Familiarité qu’on a les uns avec les autres. (Idem.)

Accointer. Rechercher quelqu’un avec cointise et honnêteté pour s’en faire un ami. (Nicot.)

Accointer est aussi faire coint, rendre joli et mignon, comme accointer une pucelle, la faire cointe et jolie.

Accoiser ou Acquoiser. Rendre coi, apaiser. (Monet, Nicot.)

Accomparager. Faire comparaison d’une chose avec une autre. (Nicot.)

Acconduire. Amener en troupe. (Nicot.)

Acconsuivre. Atteindre quelqu’un en cheminant. (Monet.) D’où acconsuivi, atteint.

Accord. [Réconciliation, décision, jugement, droit seigneurial. (La Curne, Glos. Fr.)]

Accordablement. [De bon accord. ;L. G. D.)]

Accordant. [Qui a rapport, qui est conforme. (Litt.)]

Accordement. [Convention, droit seigneurial. (L. G.)]

Accort. Subtil, avisé, prudent. (Monet.) De l’italien accorto.

Accortement. Subtilement. (Idem.) De l’italien accortamente.

Accortise. Subtilité, prudence. (Idem. Nicot.) Ou Accortesse.

Accourciers. Marchands, chalans. Rabelais, liv. 2. chap. ii, dit: « Moyennant une sédition de Balivernesmne « entre les Baragouins et les Accoursiers pour la rébellion « des Sonisses, etc. » On appelle accoursiers de la Saintonge les chalans d’une boutique où ils sont accoutumés de prendre sur taille ; d' adcruciare, parce que sur les tailles chaque dizaine est marquée par un coche en forme de croix.

Accours. Affluence de survenans. (Nicot.)

Accoursier. Favori de quelque seigneur. (Monel.)

Accousiner. Se faire cousin de quelqu’un, l’appeler son cousin. (Nicot.)

Accouter. Acouter, ascouter, et plus communément escouter ; de auscultare, ou de àxovœ, écouter. (Nicot.)

Accoutrer. Orner, approprier une chose. (Nicot.)

Accouveter. S’accroupir sur quelque chose, couvrir, et métaphoriquement couver en parlant des poules. (Nie.)

Accrevanter. Rompre, briser avec effort. (Nicot.) Nicole Giles en la Vie du roi Philippe-Augusle dit : « Le « roy à cest cause assembla son ost et entra en la terre « dudit roy .lean d’Anglelerre, par Normandie, print et « accrevant les dites places de Boulavant, Argueil, « Couches, etc. »

Accroire. Mettre sous la loi d’autrui, confier ; comme « accroire quelque argent. « (Nicot.)

Accroisseur. [Enchérisseur. (La Curne, Glos. Fr.)]

Accroué. Accroupi. Rabelais, liv. 5. ch. viii. dit : « Et « nous mena en tapinois et silence droit à la caige en « laquelle il étoit accroué. » Ce mot vient d’accurvatus fait de curvare, d’où corvée dans la signification de certaine prestation corporelle qu’à Metz on nomme crouée, et qui consiste à se courber pour remuer la terre.

Accubes. Repaires, lifs, selon le R. d’Arlus de Bretagne : « Ils tendirent pavillons et accubes ; » de accumbo.

Acée. Bécasse ; de acceia ; et celuy-cy de acus, aiguille, à cause de son long bec.

Acense. [Cens, revenus. (La Curne, Glos. Fr.)]

Acenser. Mettre à prix de cens, prendre à cens et ferme. Nicot. ;

Acenseur. [Fermier. (La Curne, Glos. Fr.)]

Acermenter. [Tailler la vigne. (La Curne, Glos. F.)]

Acertenées. Rendues certaines, assurées. Marol, 2. liv. de la Métamorphose dit :

Elle bailla ce corbillon en garde
Entre les mains des trois pucelles, nées
Du roy Cecrops, sans ce qu’acertenées
Pallas les eust de Festrange merveille.

Accertener. Assurer, rendre certain de quelque chose. (Nicot.)

Acertes. À bon escient, affectueusement, sérieusement. Monet.)

Acesiné. Bien en point.

Belle, gente et acesinée. (Perceval.)

Acesmé. Assaisonné ; d’où vient le mot de Languedoc, assema. Ou couvert, armé, et orné.

Et de ses armes acesmés. (Perceval.)

La pucelle au corps acesmé
Quand meust l’huys defermé. (R. de la Rose.)