Trois petits poèmes érotiques/La Foutriade/01

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Trois petits poèmes érotiquesImprimé exclusivement pour les membres de la Société des bibliophiles, les amis des lettres et des arts galants (p. 1-6).

LA FOUTRIADE


CHANT PREMIER


SOMMAIRE


Début. — Invocation à Priape. — Discours de Viferme au peuple des Sodomites. — Étrange combat de ce peuple pour élire un roi. — Viferme est vainqueur. — Honneurs rendus à son membre viril.


Attention !… Je chante et les vits et les culs,
Les couilles et les cons, et les jeux de Vénus,
Et les chancres rongeurs, et la vérole affreuse,
Enfin les maux qu’on gagne en foutant une gueuse.

O toi, dieu paternel des lubriques amours,
Priape, à qui mon vit sacrifiera toujours,
Viens échauffer mes sens, viens embraser mon âme.
Et, pour peindre en beaux traits le sujet qui m’enflamme,

Prête-moi, pour pinceau, ton intrépide engin,
Et, pour encre, les flots de ton foutre divin !

Phœbé quittait les cieux. L’amante de Céphale
Ouvrait de ses doigts d’or la porte orientale.
Phœbus paraît bientôt. Mais ses tremblants rayons
Dorent, comme à regret, les fiers sommets des monts.
Son char éblouissant sous la céleste voûte
Parcourt avec lenteur sa lumineuse route.
Phœbus n’embrase plus : ses feux sont amortis :
Ce Dieu vient d’obtenir les faveurs de Thétis :
Dix fois il l’a foutue, et dix fois sa semence
En sortant à flocons a prouvé sa puissance.
Tant de coups toutefois ont affaibli ses sens,
Et Phœbus sous les cieux se traîne à pas pesants.

Cependant les humains, à sa pâle lumière,
Entr’ouvrent en bâillant une rouge paupière.
Tous sortent de leur couche, et volent aux travaux
Qu’ils s’étaient préparés au moment du repos.

Viferme, l’ancien chef d’une île que les ondes
Vomirent tout à coup de leurs grottes profondes,
Se dirige à grands pas sous le feuillage épais
Où déjà l’attendaient tous ses anciens sujets.
C’est là qu’ils vont nommer pour chef de leur milice
Celui qui d’un rectum foutra mieux l’orifice.
Viferme au même instant a prononcé ces mots :

« Depuis que nous vivons, sur la face des flots
» L’astre majestueux d’où nous vient la lumière,

» Vingt-cinq fois a rempli son annale carrière.
» Nous avons vingt-cinq fois élu pour gouverner
» Ceux qui dans nos combats surent le mieux piner.
» Leur règne avec l’année a toujours eu son terme.
» C’est hier qu’a fini le règne de Viferme.
» Oui, déjà, compagnons, un an s’est écoulé ;
» Depuis que ma flamberge a si bien enculé ;
» Depuis que j’ai vaincu Foussicoup, Donnedousse,
» Roidengin, Vibandant, Fierfouteur, Onzepouce,
» Tous autrefois vos chefs, et dont les vits membrus
» Foutent jusqu’à sept fois le plus étroit anus.
» Je les vois : leur vigueur à ce discours augmente.
» Leurs vits lèvent déjà leur tête menaçante…
» Allons, plus de retard : foutons, foutons, amis.
» Au plus ardent fouteur jurons d’être soumis. »

Il dit, et ce serment que le peuple répète,
Aux vits ouvre la lice en guise de trompette.

O fortunés humains ! Gais et francs enculeurs !
Non, les femmes n’ont jamais causé vos douleurs.
Non jamais, peuple heureux ! de puantes matrices
N’ont offert à tes vits leurs mortels précipices.
Non, tu ne connais point ce sexe trop pervers
Dont les cons vérolés dépeuplent l’univers.
Né d’un enchantement, d’un céleste miracle,
De tétons allaitants tu n’eus point le spectacle.
Et relégué tout seul sur des bords inconnus,
Tu ne fous d’autres trous que le trou de l’anus.

Le peuple cependant baisse le testicule,

Lève un vit, tend un cul, se baisotte et s’encule.
Tout est en mouvement. Les uns sur le gazon
Donnent des coups de ventre et des coups de plastron,
Les autres, mieux placés sur d’humaines échines,
Donnent, en soupirant, des coups de culs, de pines.
Ici c’est Foussicoup, qui, dans un fondement,
Seringue les bouillons de son foutre écumant ;
Couillemorte plus loin verse un foutre à la glace ;
Vimollet, près de lui, semble demander grâce ;
Mais au fond du rectum, Viferme jouissant,
Pour la seconde fois lance un germe bouillant.
Onzepouce le voit : son long engin enrage,
Et sa liqueur enfin s’est ouverte un passage.
Il soupire, et bientôt, reprenant sa vigueur,
Son vit enfonce encore un gros postérieur.
Vibandant quatre fois a perdu sa semence,
Mais, déjà las de foutre, il tombe en défaillance.
Onzepouce le suit. Après trois coups fameux
Roidengin affaibli, pâle, tombe avec eux.
Fierfouteur, dont le vit soudain devient mollasse,
En frémissant de honte abandonne la place.
Et Donnedouce enfin, ne pouvant enculer,
Par la main d’un ami gaîment se fait branler.

L’imprudent ! Juste ciel ! s’oser branler la pine !
Hélas ! il ne sait pas qu’il cause sa ruine,
Et qu’en branlant sa verge il fait naître en ses flancs
Un poison qui le traîne au cercueil à pas lents.

Les autres champions confessent leur défaite :
Un coup seul tous les ans les fait battre en retraite.

Mais le fougueux Viferme et le fier Foussicoup
Tirent en ce moment leur cinquième coup.
Leurs vigoureux engins sont les seuls qui disputent
Le sceptre pour lequel au fond des culs ils luttent.
Viferme a déchargé. Rien n’abat sa vigueur.
Et sans sortir du trou qu’inonde sa liqueur,
Sa broquette rebande et refout le derrière
Qu’elle a déjà cinq fois humecté de matière.
Foussicoup essoufflé, lime et décharge encor,
Mais succombant enfin sous un pénible effort,
Il cesse de bander, il se pâme, et sa pine
Sort d’un cul dans lequel en vain elle s’échine.
Viferme alors versait en de jaunes parois
Le foutre qui le va mettre au rang des rois.
Puissant et noble foutre ! oui, c’est toi seul qui nommes
Viferme souverain de ces enculeurs d’hommes !
C’est toi qui sur ton vit roide et victorieux
Fais poser aujourd’hui des lauriers glorieux !…
Oui, ce vit est orné d’une double couronne.
Viferme à tous les yeux l’expose sur un trône.
Ainsi le veut la loi, bientôt tous les vaincus
Viennent baiser ce vit, savonnette des culs.
Vimollet, le dernier, vers lui se précipite…
O surprise ! ce vit qu’un vit mollasse irrite
Rappelle tout à coup sa force et sa roideur,
Et casse une des dents du pétulant baiseur.
Vimollet se résigne, et loin qu’il en soupire,
Avec tous ses amis, ce vrai sage en sait rire.

Mais le signal se donne : à de nouveaux plaisirs
Ce peuple maintenant occupe ses loisirs,

Enfin n’en pouvant plus, tombant de lassitude,
Chacun des enculeurs cherche la solitude,
Et couché mollement sur la feuille des bois,
Ronfle tout aussi bien que nos indolents rois.