Trois semaines d’herborisations en Corse/D

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NOTE 1.

× Ranunculus petiolulatus Nob. (R. bulbosovelutinus Nob.).

Souche bulbiforme à racines les unes épaisses, les autres fibreuses. Tige de 3 décimètres, robuste, rameuse, munie, ainsi que les pétioles et la partie inférieure des pédoncules, de poils assez serrés, étalés. Feuilles grandes, molles, minces, nervées-réticulées, poilues, à lobes largement et plus ou moins profondément dentés ; les radicales et les inférieures longuement pétiolées, largement ovales, obscurément pentagonales dans leur pourtour, trilobées à lobes larges, 2-3-fldes, le médian plus grand, pétiolulé, cunéiforme, tronqué ou cordiforme à la base ; les moyennes et les supérieures sessiles, divisées en 3-7 lobes ovales simulant des feuilles, à pétiolules partant d’une gaîne poilue, assez courte, les uns très courts ou nuls, surtout au sommet, et d’autres atteignant jusqu’à 6 centimètres de longueur. Fleurs assez grandes, à pédoncules les uns courts, les autres très longs ; sépales très velus ; pétales à écaille grande, aussi large que l’onglet. Carpelles… ♃ mai.

Cette curieuse plante est certainement le produit du croisement du R. velutinus Ten. par le R. bulbosus L. au milieu desquels elle croissait, à peu de distance des grands rochers de Caporalino.

NOTE 2.


X Cistus Flichei Nob. ; C. Monspeliensis-salvifolius Fliche, Bull. Soc. bot. Fr. 39, p. 358 ; C. salvifolius var. cymosus-Monspeliensis Nob.


Tige de 1 mètre environ, rameuse, visqueuse, à rameaux floraux munis de quelques longs poils blancs ainsi que les pédoncules, les pédicelles, les folioles de l’épicalice et les sépales. Feuilles courtement pétiolées, lancéolées ou ovales-lancéolées, trinervées, rugueuses, faiblement roulées en dessous par les bords ou planes, très réticulées. Fleurs de 4 centimètres de diamètre environ, 2-5, longuement pédicellées, unilatérales, sur des pédoncules atteignant jusqu’à 10 centimètres ; épicalice à folioles petites, ovales-cordiformes, aiguës ; pétales au moins deux fois plus longs que les sépales. Capsule petite, stérile. Juin.

Ce Cistus se rapproche du C. salvifolius var. cymosus Willk. par ses feuilles pétiolées ; par ses longs pédoncules dont quelques-uns sont ternés ; par ses épicalices assez longuement acuminés et par ses grandes fleurs blanches.

Il se rapproche du C. Monspeliensis par ses tiges visqueuses ; par ses feuilles allongées et par ses fleurs dont la plupart sont disposées en grappe unilatérale.

Il croît près d’Ajaccio parmi les parents dans le maquis de Capo-Toro, à peu de distance de la tour de Capitello.

Le même hybride a été observé par M. Fliche, il y a quelques années, dans la forêt de Petaca, près d’Ajaccio.

NOTE 3.


Helianthemum guttatum forma plantagineum var. viscosum Nob.


Cette plante a la partie supérieure de ses tiges, de ses rameaux, ainsi que ses pédoncules, ses épicalices et ses calices visqueux-pubescents, munis de quelques longs poils.

Elle est très commune à Calvi et dans les environs ; nous l’avons également observée à Solenzara, à Corté et à Ajaccio. On la trouvera certainement sur beaucoup d’autres points de la Corse.


NOTE 4.


Sagina maritima var. Corsica Nob.


Cette variété forme des touffes denses, arrondies et étalées et elle se rapproche bien plus de la var. densa (Jord.) que du type.

Elle diffère de cette variété par ses touffes plus denses ; par ses tiges étalées, à rameaux plus nombreux, plus courts ; par ses fleurs plus développées, plus nombreuses au sommet des rameaux et courtement pédonculées.

Dans la var. densa, les fleurs de la partie supérieure des rameaux dépassent irrégulièrement les touffes et pour la plupart assez longuement, tandis que dans la var. Corsica, elles atteignent presque la même hauteur ou dépassent peu.

Nous avons observéce Sagina dans les sables maritimes de Solenzara où il paraît assez rare.


NOTE 5.


Sagina subulata var. gracilis Nob.


Ce Sagina diffère du type par la ténuité de ses tiges, de ses feuilles, de ses pédoncules et par ses capsules plus petites. De plus, ses tiges, au lieu d’être cespiteuses, sont solitaires et le plus souvent uniflores.

Il a l’aspect d’un Sagina apetala avec des capsules plus grosses.

Nous l’avons découvert à Saint-Florent, croissant en compagnie des plantes suivantes : Plantago Bellardi All. et Coronopus L., Silene sericea All., Sagina maritima Don., etc.


NOTE 6.


Spergularia insularis Nob.


Plante glauque et plus ou moins glanduleuse, surtout au sommet. Racine atteignant au plus 3 millimètres de diamètre. Tiges dressées ou couchées, redressées supérieurement, à mérithalles allongés, à nœuds peu renflés et munis sous les stipules d’une ligne brunâtre circulaire. Stipules larges, aiguës, à peu près aussi longues que larges, d’un beau blanc au sommet, un peu roussâtre à la base. Feuilles charnues, linéaires ; les caulinaires longues, dépassant souvent la longueur des mérithalles ; les supérieures très courtes. Pédoncules assez épais ; les inférieurs 1-2 fois plus longs que la capsule ; les autres l’égalant ou un peu plus courts. Fleurs assez grandes, disposées en grappes feuillées, peu allongées, plus ou moins denses, quelquefois très rapprochées au sommet ; sépales oblongs, largement scarieux aux bords, verts sur le dos, égalant environ les ⅔ de la longueur de la capsule ; pétales blanchâtres ou légèrement rosés, plus courts que les sépales ; étamines 2, 3. Graines d’un brun roux, finement tuberculeuses ①. Mai-juin.

Cette plante se place à côté des Spergularia Nicœensis Sarato et rubra Pers. avec lesquels elle ne peut être confondue.

Nous l’avons observée à Calvi et à Bonifacio où elle paraît assez rare.


NOTE 7.


Spergularia rubra subsp. arenosa Nob.

Tiges robustes, raides, dressées ou étalées-dressées, très glanduleuses au sommet ainsi que les rameaux, les pédoncules et les calices, ordinairement munies à l’aisselle des feuilles, dans la partie moyenne, de rameaux courts dont les feuilles supérieures sont souvent dépassées par les stipules, lesquelles sont argentées et lancéolées-acuminées. Feuilles charnues, les unes courtes et d’autres allongées atteignant plus de 1 cent. ½ de longueur sur 1 millim. ⅔ de largeur. Fleurs assez nombreuses, disposées en grappes plus ou moins denses, plus ou moins allongées, courtement et très peu feuillées ; sépales oblongs, largement scarieux ; pétales blanchâtres ou rosés, plus courts que les sépales. Capsules assez grosses, égalant ou dépassant peu les sépales, à pédoncules inférieurs égalant ordinairement moins de 2 fois la longueur des capsules. Graines d’un brun foncé, fortement tuberculeuses. ①, ②. Mai-juin.

Ce Spergularia diffère du S. rubra Pers. et de ses sous-espèces et variétés, indépendamment des caractères cités, par ses tiges plus robustes, plus élevées, plus raides ; par ses feuilles charnues et plus larges ; par ses pédoncules plus épais ; par ses fleurs plus grandes ; par ses capsules plus grosses et par ses graines d’une couleur différente.

Il croît dans les sables maritimes humides de Solenzara et d’Aspretto près d’Ajaccio.


NOTE 8.


Spergularia rubra subsp. arenosa var. oligantha Nob.

À Solenzara, nous avons observé avec le précédent un autre Spergularia qui offre les caractères suivants : Tiges couchées ou étalées-dressées, très feuillées, à mérithalles courts ; stipules très rapprochées, grandes et donnant à la plante, surtout lorsque ses tiges sont couchées, l’aspect du Spergularia macrorhiza G. G. ; fleurs assez petites, peu nombreuses et disposées en grappes courtes.

Cette plante constitue une bonne variété du Spergularia rubra subsp. arenosa.

NOTE 9.


Trifolium subterraneum var. Marsillyi Nob.


De Marsilly (Cat. pl. Cors. p. 47) dit au sujet de cette plante : « Terrains sablonneux sous deux formes différentes : l’une ramassée, à capitules enfoncés en terre, l’autre plus grande, à tiges écartées, rampantes, et à capitules grands, restant à la surface du sol, quoique le pédoncule se recourbe également. La première forme C. partout, en avril, mai ; la seconde, un peu plus tardive, dure jusqu’en juin. Vallée de l’Albitrone et Sartène ».

Nous avons constaté les mêmes faits.

La variété à capitules grands et restant à la surface du sol n’ayant pas été nommée, nous la dédions à de Marsilly dont elle avait attiré l’attention.


NOTE 10.


Vicia Corsica Ces., Pass. et Gib. Comp. del. Fl. It. 2. p. 685 ; Cracca Corsica G. G.

Les nombreux échantillons de Vicia Corsica que nous avons recueillis et étudiés, nous ont permis de constater la variabilité remarquable de cette plante. En effet ses tiges sont plus ou moins grimpantes et atteignent parfois plus d’un mètre de hauteur ; ses feuilles ont de 6 à 10 paires de folioles très variables ; ses pédoncules plus ou moins longs, mais toujours plus courts que la feuille, ont de 1 à 5 fleurs à calice à dents très inégales ; ses gousses ont de 12 à 20 millimètres de longueur sur 5 à 7 de largeur ; ses graines sont plus ou moins grosses, à hile égalant du sixième au dixième de leur circonférence.

Le Vicia Corsica a, comme on le voit, passablement de points communs avec le Vicia disperma DC. Ses tiges sont généralement plus grêles, ses feuilles ordinairement plus étroites, ses fleurs plus petites et d’un blanc bleuâtre ; ses graines sont plus petites, brunes et maculées de noir, tandis que celles du V. disperma DC. sont noires et veloutées.

Les caractères des fleurs et des graines sont les seuls qui séparent nettement ces deux plantes.

Les échantillons les moins développés et réduits dans toutes leurs parties croissent dans les terrains secs et il n’est pas douteux que lorsque Grenier et Godron ont décrit leur plante, ils n’aient eu à leur disposition que des échantillons de cette provenance.

Nous avons observé le Vicia Corsica dans les maquis de Calvi, de Belgodère, de Novella à Saint-Florent et d’Ajaccio.


NOTE 11.


Lathyrus setifolius var. alatus Nob.


Diffère du type par ses tiges ailées et plus élevées, par ses pédoncules munis de poils et par ses gousses renfermant jusqu’à 4 graines.

Nous avons observé cette curieuse variété dans la partie élevée du maquis de Belgodère où elle atteignait plus de 1 m. 50 de hauteur et au pied des grands rochers de Caporalino où sa hauteur était de 60 à 70 centimètres.

NOTE 12.


Lathyrus Cicera var. tenuifolius Nob.

Tiges grêles, munies de quelques longs poils, à entre nœuds supérieurs très espacés ; stipules plus petites que dans le type, longuement ciliées et dépassant souvent les pétioles, lesquels sont courts et plus ou moins ciliés ; feuilles étroitement linéaires-allongées, les inférieures et les moyennes lâchement et longuement ciliées, les supérieures moins ou non ciliées ; fleurs environ une fois plus petites ; gousse renfermant jusqu’à 6 graines.

Le type affectionne les moissons tandis que la var. tenuifolius croît entre les rochers. Nous n’avons vu cette variété qu’à Caporalino.


NOTE 13.


Potentilla mixta var. Corsica Nob.


Tiges moins épaisses et moins allongées que dans le type ; feuilles plus fortement velues-grisâtres, moins grandes et assez courtement pétiolées ; fleurs plus petites et moins longuement pédonculées.

Cette plante forme des tapis assez denses et peu étendus et croît dans les gorges de la Restonica près de Corté.


NOTE 14.


Cratægus monogyna var. microphylla Nob.


Rameaux raides, allongés, tortueux, peu et courtement rameux ; aiguillons épais, très aigus ; feuilles, les unes petites, les autres assez grandes, courtement pétiolées, à divisions profondes ; fleurs petites, un peu rosées, courtement pédicellées en corymbe pauciflore ; fruit petit (5-7 millimètres de diamètre).

Ce Cratægus, d’un aspect tout particulier, abonde près des grands rochers de Caporalino ; il était encore en pleine floraison le 24 mai, bien que croissant dans un endroit très chaud.


NOTE 15.


Logfia Gallica subsp. tenuifolia Nob. ; Filago Gallica var. tenuifolia Presl. Delic. p. 101 ; DC. Prodr. 6, p. 248.

Le Logfia Gallica est représenté en Corse par le type, que nous avons découvert à Calvi, et par sa sous-espèce tenuifolia que nous avons observée sur un grand nombre de points.

Cette sous-espèce est ainsi caractérisée :

Subsp. L. tenuifolia Nob. — Plante d’un blanc grisâtre ou blanche surtout supérieurement ; tiges solitaires ou plus ou moins nombreuses, dressées ou ascendantes, rameuses au sommet à rameaux plus courts, moins lâches et moins feuillés que dans le type ; feuilles étroitement linéaires, les florales dépassant plus ou moins les glomérules ou les égalant.

Cette sous-espèce offre les deux variétés suivantes :

α. simplex Nob. — Plante ordinairement d’un blanc grisâtre ; tige solitaire (rarement 1-3), dressé, courtement rameuse au sommet ; glomérules peu nombreux, longuement dépassés par les feuilles florales.

β. multicaulis Nob. — Plante ordinairement blanche ; tiges plus ou moins nombreuses, ascendantes, plus longuement rameuses que dans la variété précédente ; glomérules plus nombreux, moins longuement dépassés par les feuilles florales ou quelquefois les égalant.

La var. α. paraît plus répandue que la var. β. ; nous n’avons observé cette dernière qu’à l’Île Rousse et à Aspretto près d’Ajaccio.


NOTE 16.


Scirpus Savii Seb. et Maur. Fl. Rom., 22 ; S. gracillimus Kohts, Oesterr. nov. 1869.

Loret et Barrandon (Fl. Montp. éd. 2, p. 520) disent que pour eux le S. gracillimus ne constitue même pas une variété. Nous partageons entièrement cette manière de voir ; nous avons constaté en effet, en comparant des échantillons de S. Savii provenant de Corse et d’un grand nombre de localités de France que tous ces échantillons offraient à l’état mûr et vus à une forte loupe, des achaînes finement ponctués et que les chaumes, suivant le milieu où croissait la plante, étaient plus ou moins grêles et plus ou moins élevés.

Une variation de cette plante à chaumes grêles et hauts de 5 à 15 centimètres se trouve à la Chapelle des Grecs près d’Ajaccio en compagnie de l’Isoetes Duriœi Bory, de l’Anagallis parviflora Salzm., du Laurentia Michelii DC., etc. Une autre variation à chaumes moins grêles et hauts de 20 à 25 centimètres croît à Belgodère et à Calvi.

J. FOUCAUD et E. SIMON.