Trois toiles de Feyen-Perrin
SUR TROIS TOILES DE FEYEN-PERRIN
Le bruit des flots a-t-il chassé de ton oreille
Les grands bruits de la ville à l’Océan pareille,
Ô fille de Paris debout près de la mer ?
Toi qui n’as pas d’absents à demander aux vagues,
Ta rêverie est douce et, vers tes beaux yeux vagues,
Jamais, du gouffre bleu, ne monte un pleur amer.
Les hommes sont partis : sur le bord de la mer,
Jusqu’à l’heure où viendront s’y pencher les étoiles,
Les femmes resteront ; leurs doigts tissent des toiles ;
Mais leur rêve, tantôt charmant, tantôt amer,
Suit dans l’azur profond l’aile blanche des voiles.
Sous le thyrse qui vole et le cuivre qui tonne,
Orphée est étendu ; les Ménades en chœur,
Comme une grappe mûre échappée à la tonne,
Foulent, en bondissant, sous leurs pieds nus, son cœur ;
Et son chef, que brandit leur caprice vainqueur,
Semble un astre sanglant sur l’or d’un ciel d’automne.