Ultimatum de l'Allemagne à la France en 1914

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Télégramme du chancelier du Reich au baron von Schoen, ambassadeur d’Allemagne à Paris le 31 juillet 1914
Traduction par Camille Jordan.
Alfred Costes (3p. 27-28).
N° 491

Le Chancelier de l’Empire à l’Ambassadeur à Paris[1].

Télégramme 180.

Urgent.

Berlin, le 28 juillet 1914[2].

La Russie en dépit de notre action de médiation encore en cours, et bien que nous n’ayons nous-mêmes pris aucune mesure de mobilisation[3], a ordonné la mobilisation de toute son armée et de sa flotte, donc aussi contre nous. Nous avons déclaré l’état de menace de guerre qui doit être suivi de la mobilisation si, dans le délai de 12 heures, la Russie n’arrête pas toute mesure de mobilisation contre nous et l’Autriche-Hongrie. La mobilisation signifie inévitablementla guerre[4]. Je vous prie de demander au Gouvernement français si, dans une guerre entre l’Allemagne et la Russie, il restera neutre.

La réponse doit être donnée dans le délai de 18 heures[5]. Télégraphiez immédiatement l’heure à laquelle vous aurez posé cette question. La plus grande hâte s’impose.

Secret : Si, ce qu’il n’y a pas lieu de supposer, le Gouvernement français déclare qu’il restera neutre, je prie Votre Excellence de déclarer au Gouvernement français que nous devrons exiger comme gage de sa neutralité la remise des forteresses de Toul et de Verdun que nous occuperons et que nous restituerons après que la guerre avec la Russie sera terminée. La réponse à cette question doit être connue ici demain à 4 heures de l’après-midi.

BETHMANN HOLLWEG.

  1. D’après la minute. Projet de la main de Jagow avec additions de la main du Chancelier. Voir aussi n° 488. Cf. Livre Blanc allemand de mai 1915, p. 36, n° 24.
  2. 3 h. 30 après-midi à l’Office central télégraphique.
  3. « et bien que… mobilisation » ajouté par le Chancelier dans le projet de Jagow.
  4. « si, dans le délai de 12 heures, la Russie… inévitablement la guerre » ajouté par le Chancelier.
  5. Voir la réponse nos 528 et 571 ; voir aussi n° 543.