Un Nouveau Pontificat

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Un Nouveau Pontificat
Revue des Deux Mondes, 6e périodetome 23 (p. 339-354).
UN
NOUVEAU PONTIFICAT

Voilà plus de trois cents ans qu’une prophétie court le monde, caractérisant par des formules souvent énigmatiques les pontificats successifs qui nous séparent encore du jugement dernier. Elle se présente comme une inspiration du moine irlandais Malachie, prieur d’Armagh, contemporain de saint Bernard. Si d’aventure on la réputait authentique, ce moine aurait annoncé, dès le XIIe siècle, que le Pape qui s’appela Pie IX devait être « crucifié », et que sa croix lui serait infligée par une autre croix, Crux de cruce : pressentiment étrange, assurément, des assauts qui furent livrés au pouvoir temporel sous le pavillon de la Croix de Savoie. La prophétie, se poursuivant, illuminait à l’avance le règne de Léon XIII par cette glorieuse devise : « Lumière au Ciel, » Lumen in cælo ; de ces deux simples mots : Ignis ardens, « feu brûlant, » elle définissait ensuite Pie X. C’est ainsi que le moine Malachie, ou l’anonyme devin qui sut usurper son nom, interrogeait jusqu’à la fin des âges, d’un regard parfois perçant et parfois tâtonnant, les intentions du ciel sur la terre. Mais une fois assoupi l’Ignis ardens, ce regard indiscrètement audacieux voyait, tout d’un coup, des nuages s’accumuler, et, sous ces nuages, un désert s’étendre ; et la plume de Malachie, désespérant sans doute de trouver un mot pour qualifier le Pontificat qui régnerait sur ce désert, écrivait lamentablement : Relligio depopulata.

Longtemps des croyans de cette prophétie — car elle en compte quelques-uns — se sont demandé ce que ces lugubres mots voulaient dire ; tâchant d’épier l’avenir à travers les voiles du présent, ils questionnaient vainement et ne comprenaient point. Ils assistaient, sous Léon XIII, au progrès constant d’un réveil religieux, à une réaction notoire contre les philosophies qui demandaient à la science plus que la science ne pouvait donner ; ils surprenaient, au fond de certains cœurs, sous la forme, balbutiante encore, d’un hommage à l’Inconnaissable, l’élan vers un autre ordre de connaissances, méprisées à tort par l’empirisme positiviste. Que venait leur dire, dès lors, cet importun Malachie, mauvais prophète de mauvaises destinées, quand il avait l’air d’affirmer qu’à bref délai l’immense troupeau quitterait la vieille Eglise et la laisserait dépeuplée ?

Puis ils observaient Pie X, et ce Pape, aussi, les rassurait. Demeurant, sur le siège de Pierre, le pasteur qu’il avait été sur le siège de Marc, et justifiant avec une parfaite exactitude de zèle son titre d’Evêque de Rome, Pie X renouvelait la vie paroissiale dans la Ville Eternelle ; au delà de ses fenêtres du Vatican, qui dominent le monde, ses yeux aimaient à s’arrêter, avec une complaisance touchante, sur les besoins spirituels de ces habitans de Rome qui étaient, à proprement parler, ses diocésains ; il vivifiait les paroisses existantes ; dans ces cimetières spirituels qu’étaient les faubourgs de Rome, il créait des paroisses nouvelles ; il suscitait ainsi, au centre même de la catholicité, un rajeunissement de vie catholique ; et c’était là comme un défi nouveau, comme un nouveau démenti, à l’assombrissant pronostic qui laissait craindre une dévastation prochaine de l’Eglise.

On observait, au surplus, que le pontificat de Pie X s’était donné pour tâche de développer la vie eucharistique, et qu’il avait réussi. Ce Pape s’ingéniait à multiplier Dieu dans les âmes, et Malachie, lui, paraissait menacer Dieu d’une éclipse. Les deux mots du prophète étaient de plus en plus insaisissables : dans les milieux les plus crédules aux prédictions suspectes, on aimait mieux encore, s’il fallait faire un choix, taxer le vieux moine d’erreur, que de conclure aveuglément à la faillite sociale de cette vie eucharistique, soucieusement cultivée par Pie X dans les profondeurs du peuple chrétien.

Mais tout d’un coup, au début du dernier mois d’août, le pronostic s’éclaira. On l’avait mal interprété. Des ravages, sans doute, allaient survenir, et des dépeuplemens : Malachie avait dit vrai ; mais ces milliers et ces milliers d’âmes dont le devin mystérieux avait prévu l’exode, allaient quitter, non point l’Eglise, mais la terre. Les dépeuplemens qu’il avait aperçus, c’étaient les anéantissemens dus à la guerre. On avait à tort supposé qu’il voulait parler de la désertion des autels. Il songeait à de vastes provinces de la chrétienté, devenues une vaste sépulture anonyme, où s’ouvraient des fosses, un peu partout, si même on avait le temps de les ouvrir. Pie X comprit, aux tout derniers jours de sa vie, ce qu’avait signifié Malachie ; il donna l’exemple de mourir à ceux qui allaient mourir.

On n’avait jamais relevé, chez lui, le souci qu’avait eu Léon XIII de parler aux imaginations humaines ; mais sa mort leur a parlé, et durable en sera l’écho. C’est sans le vouloir qu’il était devenu Pape, et sans le vouloir, encore, qu’il avait, bon gré mal gré, inséré sa vie dans l’histoire. Sa mort fait mieux que s’y insérer : elle émerge, elle se dresse ; aux origines de la période qui maintenant s’inaugure, le récit de cette fin s’imposera ; elle fait de Pie X la première victime de la guerre, victime spontanément offerte ; c’est par lui que s’inaugura le « dépeuplement » de la chrétienté ; et le Père s’en fut, au delà de la tombe, attendre l’interminable cortège de ses fils. Dieu concerta l’instant de cette mort, pour en faire, si l’on ose ainsi dire, une mort représentative ; ce prêtre, qui eût aimé une vie obscure, eut une agonie éloquente ; et s’il était donné à l’homme de choisir l’heure où il meurt, soyons assurés que Léon XIII eût fait choix d’un tel instant, de l’instant où sur la chrétienté commençait de planer un voile de deuil, pour laisser s’éteindre l’éclat de son règne. Certaines journées radieuses — et le pontificat de Léon XIII en fut une — semblent aspirer à certains genres de crépuscule. Léon XIII aimait les gestes pontificaux qui ponctuent les époques de l’histoire universelle et qui soulignent la suite de cette histoire ; la mort de Pie X fut un de ces gestes.

Durant chacun des jours qui la suivit, le monde chrétien continua de se décimer, de se dépeupler ; il n’est pas encore au bout de son calvaire. Le cardinal Jacopo della Chiesa, devenu Pape sous le nom de Benoit XV, dut couvrir de sa première bénédiction un univers homicide ; et son avènement coïncida, comme l’avait vu Malachie, avec la plus tragique des crises ; mais ce n’est pas une crise de l’Eglise, c’est une crise de l’Europe.


Il est rare que la pourpre romaine, à peine posée sur les épaules d’un prélat, s’en détache, triomphalement, pour faire place aux vêtemens qui sont ceux du Pape. Son Eminence le cardinal Jacopo della Chiesa, deux cent soixante et unième successeur de saint Pierre, a connu cette insigne destinée. En moins de quatre mois, il vit descendre vers lui l’une des dernières pensées de Pie X, désireux de rendre tout son lustre au siège de Bologne, et puis monter vers lui les acclamations des cardinaux électeurs. La longévité de Pie X fut heureusement assez robuste pour qu’il eût le temps de rendre papabile, au moins en dernière heure, celui qui devait être le Pape du lendemain.

Des indiscrétions qui feignaient d’avoir pu traverser les imperméables parois du Conclave mentionnèrent, deux jours et demi durant, un duel engagé entre certaines tendances, duel ardent, enflammé. Un seul fait est certain : c’est que la petite fumée traditionnelle qui annonce que l’élection du Pape n’a pu encore avoir lieu, vint délier à plusieurs reprises, pendant deux matinées et deux soirées, l’impatiente curiosité de cette foule, qui attendait qu’un Pape fut nommé et qu’on proclamât son nom. Cette fumée trouva des commentateurs avertis, qui conclurent qu’il y eut dans l’auguste assemblée certaines aspirations lentes à capituler, certains conflits lents à s’apaiser. Mais les cardinaux se sont tus, et même les conclavistes ; et lorsqu’on étudie du dehors les résultats du Conclave, lorsqu’on sait l’imposante majorité qui porta Benoit XV sur la chaire de saint Pierre, on en peut induire que son élection ne fit en définitive ni vainqueurs ni vaincus, et qu’elle sanctionna la prépondérance toute naturelle, toute spontanée, d’un courant dont l’Eglise entière savait la puissance et sentait l’opportunité.

On a vu des conclaves, assez lointains déjà, aboutir au choix d’un cardinal qui s’était longuement signalé, sous le pontificat antérieur, par un suggestif effacement, par un éloquent mutisme ; il pouvait y avoir quelque chose de pénible, et même de troublant, pour les consciences chrétiennes, dans l’éclat des reviremens que de pareils choix semblaient présager. A l’époque contemporaine, la sagesse des Eminentissimes électeurs met l’Église à l’abri de ces épreuves. L’esprit de parti, que déchaînent toutes les assemblées humaines, semble amorti, dans les conclaves, par une certaine préoccupation de synthèse ; elle atténue les contrastes, elle domine les divergences ; elle place la tiare sur le front de Mgr della Chiesa, dont l’élévation cardinalice fut l’une des suprêmes décisions de Pie X, et dont la jeunesse et l’âge mûr avaient été ardemment et fidèlement dévoués au service du cardinal Rampolla.

Voilà moins d’un an que le cardinal Rampolla, sur qui le monde chrétien n’avait jamais cessé de fixer les yeux, était, dans sa retraite de Sainte-Marthe, emporté par une mort soudaine ; et celui qui, vingt ans durant, l’avait incessamment secondé, d’abord dans la nonciature de Madrid, puis à la secrétairerie d’Etat, occupe aujourd’hui la Chaire de Pierre. Voilà onze ans que les cardinaux, après avoir solennellement promis d’élire celui d’entre eux qu’ils jugeraient le plus digne, furent gênés dans leur imprescriptible liberté par un méfait de l’Autriche ; et cette puissance, aujourd’hui, voit monter sur le trône pontifical, pour observer, du haut de cette cime, les remaniemens prochains de l’Europe, le diplomate qui se fit naguère un devoir de réaliser au jour le jour les visées diplomatiques du Cardinal Rampolla, de s’assimiler ses directions, de les énoncer, de les appliquer.

On peut dire qu’avant d’être archevêque de Bologne et puis Pape, Benoît XV fut à même d’étudier de très près toutes les questions européennes et de mesurer avec une agile perspicacité l’inévitable répercussion politique de toutes les démarches pontificales. Il nous faut un pape religieux, et uniquement religieux, disent de temps à autre quelques publicistes. Sous des apparences parfois édifiantes, cette conception du « Pape religieux, » si Dieu permettait qu’elle se réalisât, interdirait au Souverain Pontificat de jeter un regard sur le jeu des affaires humaines ; elle ne le rapprocherait du Ciel et ne le consacrerait aux choses de Dieu que pour qu’il laissât la terre tranquille ; elle condamnerait le Vicaire du Christ à se désintéresser de la vie de l’humanité. Tout comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir, le « Pape purement religieux, » dont rêvent certains esprits singulièrement éloignés des vraies traditions romaines, ferait de la politique sans le savoir ; et ce serait, par cela même, de la mauvaise politique.

Ce Pontife, à supposer qu’il pût exister, serait un Pontife qui ne calculerait pas la portée politique de ses actes ; un Pontife qui serait amené à les atténuer ou à les retirer, faute d’en avoir envisagé d’avance les conséquences diplomatiques ; un Pontife, enfin, qui, dans son parti pris de négliger systématiquement les réalités temporelles, risquerait d’en abandonner la conduite à des influences de hasard. On ose à peine pressentir les graves souffrances auxquelles un tel règne exposerait l’Eglise. Proches parens, qu’ils s’en doutent ou non, de ces philosophes du XVIIIe siècle qui déclamaient contre la théocratie pontificale, les abstracteurs qui dessinent le rêve d’un « Pontificat purement religieux » voient s’insurger contre eux toute l’histoire de la Papauté, depuis Nicolas Ier jusqu’à Grégoire VII, depuis Sixte-Quint jusqu’à Léon XIII ; ils voient militer contre eux, aussi, les documens de Pie IX sur le libéralisme, de Pie X sur le laïcisme. Car ces encycliques, par cela même qu’elles visent une certaine laïcisation de la pensée et de la vie, crient halte aux utopistes qui, sous je ne sais quels dehors de respect pour le caractère religieux du Souverain Pontificat, finiraient par isoler la Papauté des affaires de ce monde : elles réduisent à néant cette conception, plus mesquine qu’altière, d’un « Pape purement religieux, » dont parfois, chose étrange, certaines âmes pieuses sont complaisamment les dupes.

Veut-il, en définitive. Papes plus religieux que ce Benoit XIV et ce Léon XIII, qui furent les deux grands Papes politiques de l’âge moderne ? Le premier, semblant légiférer pour le Ciel lui-même, fixa longuement les règles de la canonisation des saints ; le second développa la théologie de l’Esprit Saint, fit encyclique sur encyclique pour montrer dans le Rosaire une source de grâces, et s’occupa de semer à travers le monde, comme des foyers de vie spirituelle et de charité, les groupemens du Tiers-Ordre de saint François. Ce sont là, je pense, des besognes religieuses ; le souvenir en demeure vivant, et singulièrement précieux pour la piété catholique ; et c’en est assez pour attester que le contraste que d’aucuns prétendent établir entre la notion de Pape religieux et la notion de Pape politique n’est qu’un jeu de mots subtil, et quelquefois perfide.

Pape politique et Pape religieux, Benoit XV sera l’un et l’autre : son passé nous en est garant. Depuis 1878, date de son entrée à l’Académie des Nobles, jusqu’en 1907 où il s’effaça du Vatican pour gouverner un diocèse, ce fut son rôle professionnel de regarder l’Europe et d’insérer, jour par jour, son assidu travail dans la trame de la politique pontificale. L’illustre Benoit XIV, qui parlait librement de son insignifiant prédécesseur Benoit XIII, déclarait un jour, dans une lettre, que ce Pontife n’avait « pas eu la première idée du gouvernement ; » on peut affirmer que ce n’est pas à Benoit XIII que ressemblera Benoit XV.

Tout en même temps, Mgr della Chiesa savait cumuler avec ses fonctions de substitut à la secrétairerie d’Etat la direction d’un tiers-ordre franciscain destiné aux ecclésiastiques ; et l’un des rares travaux de librairie dont il se soit octroyé le loisir est la préface dont il a fait précéder un livre d’un chanoine de Bologne intitulé : Le prêtre. A l’école du cardinal Rampolla, dont Rome entière admirait la haute sainteté, Mgr della Chiesa sut observer comment une âme de prêtre peut prendre contact avec les combinazioni des intérêts humains sans perdre de vue le divin absolutisme des vérités souveraines. Tandis que le cardinal Rampolla, s’enfonçant dans les catacombes, aimait à s’agenouiller devant la tombe des premiers martyrs et semblait ainsi chercher, sous terre, un premier avant-goût de l’Eglise d’en haut, Mgr della Chiesa, de son côté, rompait volontiers ses dialogues avec les représentans des chancelleries, pour s’en aller à l’église Saint-Eustache confesser quelques humbles fidèles, et pour épancher le meilleur de son cœur dans certaines homélies ; et lorsqu’il avait parlé de la terre avec les grands du monde, il s’en allait près des petits, pour leur parler de Dieu.

II témoignait du goût et du dévouement pour les initiatives qui visaient à répandre parmi les catholiques de Rome la connaissance de l’Evangile et l’habitude de le lire. Lorsque, dans les premières années du pontificat de Pie X, la Société romaine de Saint-Jérôme lança dans les diocèses d’Italie, et puis dans ceux de France, des éditions populaires du Nouveau Testament et des Actes des Apôtres, l’intermédiaire qui sollicita et obtint pour cette œuvre les plus formels encouragemens du Vatican n’était autre que Mgr della Chiesa. Le fruit de ses démarches fut une lettre pontificale, trop peu connue en France, dans laquelle Pie X écrivait au cardinal Cassetta :


Le bien entrepris par la Société de Saint-Jérôme est d’offrir à la mases entière une occasion facile de lire l’Évangile à fond et de s’en pénétrer. Comblez par un plus grand nombre d’exemplaires ce large besoin de lire l’Évangile, qu’a fait naître votre zèle : cela ne sera jamais sans fruit, et cela en outre sera efficace pour faire tomber l’opinion d’après laquelle l’Église répugnerait à faire lire l’Écriture sainte au vulgaire ou y mettrait quelque obstacle.


Du fond des bureaux de la secrétairerie d’État, du fond de ces laboratoires où se concerte l’action diplomatique de l’Église, la pensée de Mgr della Chiesa, s’envolant vers les sources très hautes et très pures d’où descendit le message de Dieu, aspirait à familiariser d’innombrables âmes avec l’Évangile. Telle était la distraction de ce prêtre, et tel était son repos, entre deux rédactions de dépêches ministérielles.

Puis sept années survinrent, durant lesquelles, installé sur le siège archiépiscopal de Bologne, il eut à faire acte de pasteur d’âmes, exclusivement, et durant lesquelles il put connaître à fond les rouages d’un diocèse, avec autant de précision qu’il avait appris à connaître ceux de la Curie. Cardinaux qui souhaitaient un Pape pasteur, et cardinaux qui souhaitaient un Pape homme d’État, furent aisément conduits à coaliser leurs suffrages pour couronner de la tiare une expérience aussi complète de tous les besoins de l’Église.


« Vous resterez avec moi, » disait Benoit XV à l’un de ses électeurs quelques minutes après le dernier scrutin ; et l’univers chrétien, dès le lendemain, connut la nomination du nouveau secrétaire d’État. En appelant auprès de lui le cardinal Domenico Ferrata, Benoit XV faisait entrer dans ses conseils l’un des héritiers les plus avisés des traditions diplomatiques romaines. Les premières armes de ce futur cardinal, au temps où il était encore jeune prêtre, lui méritèrent d’inscrire son nom dans l’histoire religieuse de la Suisse et dans l’histoire religieuse de la Belgique. C’était au début du Pontificat de Léon XIII : les rapports entre Rome et la plupart des nations paraissaient assez compromis. L’Allemagne bismarckienne avait l’illusion de pouvoir mesurer sa force matérielle avec l’ascendant spirituel de l’Église ; ce précédent, quelque médiocre qu’en eût été le succès, semblait faire école pour d’autres peuples. La Suisse, plagiant Bismarck, emprisonnait ou proscrivait ses prêtres ; la Belgique s’exacerbait contre Rome ; la France inaugurait certaines allures qui inspiraient de graves appréhensions. En face de ces hostilités ou de ces menaces s’était assis sur la Chaire de Pierre un Pontife qui s’évertuait à renouer les liens brisés, à épier et à interroger, par delà la mauvaise volonté de certains gouvernemens, la bonne volonté des peuples. L’un des premiers serviteurs vers qui ses regards se tournèrent fut Mgr Ferrata, auditeur de la nonciature de Paris.

Léon XIII manda Mgr Ferrata et mit sur ses épaules un lourd fardeau : il s’agissait d’aller en Suisse à titre privé, d’ausculter l’opinion, de l’orienter ou de la transformer. Mgr Ferrata fit quatre voyages, et rapporta la paix. Lorsque Rome, peu d’années après, sentit le moment venu de rétablir les relations avec la Belgique, ce fut à Mgr Ferrata que songea Léon XIII. Installé dans la nonciature de Bruxelles, l’habile diplomate sut aplanir les suprêmes difficultés, écarter les périls auxquels une politique d’intransigeance pouvait exposer le parti catholique, et consolider ainsi les assises de ce parti, devenu majorité. La libération des catholiques suisses, la prépondérance des catholiques belges, furent les conséquences immédiates ou lointaines de son travail diplomatique. A son arrivée dans les deux pays, il avait trouvé des décombres : il ne les quitta, l’un et l’autre, qu’après avoir fait œuvre de construction.

La nonciature de Paris lui réservait une tâche moins décisive et peut-être plus ingrate : il l’accepta telle quelle, et la remplit avec espoir et courage. C’était l’époque où la proclamation de l’ « esprit nouveau » par le ministre Spuller apparaissait comme une réponse, timide encore mais déjà souriante, aux premières avances de Léon XIII : Mgr Ferrata put enregistrer ce discours ministériel comme un premier succès de la politique de « ralliement. » En France comme en Belgique, en Belgique comme en Suisse, c’était en effet sa maxime et son but, de chercher à créer dans l’opinion publique un certain état d’esprit qui faciliterait l’entente avec l’Eglise : il avait confiance qu’une fois cet esprit créé, les difficultés juridiques ou politiques opposées à cette entente s’atténueraient ou s’effaceraient. Léon XIII encourageait cette attitude qui, sans rien sacrifier des droits de l’Église, essayait, tout d’abord, de préparer l’harmonie des bonnes volontés. L’harmonie, sans doute, est parfois difficile à réaliser ; mais, n’est-ce pas l’avoir accomplie plus qu’à demi que d’y aspirer ? Les bonnes volontés qui désirent s’unir pour le bien d’un pays possèdent toutes ensemble, — l’histoire de ces deux derniers mois nous le prouve, — une force merveilleuse qui brave et supprime l’obstacle ; c’est à cette force souvent inconsciente d’elle-même, c’est à cet instinct d’union, à ce besoin collectif de relèvement moral, que Mgr Ferrata faisait appel, lorsqu’au nom de Léon XIII, il recommandait à ses visiteurs catholiques un terrain d’union plus large que le terrain proprement confessionnel.

Léon XIII et le cardinal Rampolla trouvaient dans ce prélat un interprète sagace, tout naturellement prédisposé, par ses expériences de Suisse et de Belgique, à comprendre l’œuvre qui se tentait en France, à la préciser et à la servir. Mgr Ferrata n’était pas homme à ramener la politique ecclésiastique à des discussions purement juridiques, à des tournois entre le droit canon et le droit de l’Etat ; il estimait que des esprits convaincus de la loyauté de l’Eglise et de la portée civilisatrice de sa mission devaient laisser s’émousser en eux, consciemment ou inconsciemment, les préjugés qui peut-être les avaient écartés d’elle ou même armés contre elle. Eclairer l’interlocuteur, faire en quelque mesure son éducation : c’était le premier soin du Pape Léon XIII, au début de toutes les négociations qu’il entreprenait. Mgr Ferrata fut l’auxiliaire par excellence de ce genre de politique : politique tirée de l’Evangile ; charitablement préoccupée de ne pas éteindre les mèches qui fument encore ; sévèrement soucieuse, enfin, de maintenir dans toute son intégrité le rayonnement de l’institution catholique et de la défendre contre ce pharisaïsme usurpateur qui, sous l’apparence de monter la garde autour du sanctuaire, repousserait au loin nombre de consciences droites appartenant à l’âme de l’Eglise. Car, cette âme de l’Eglise, telle que la conçoit la théologie la plus sainement traditionnelle, se confond avec la collectivité de tous ces hommes de bon vouloir, « naturellement chrétiens, » que Léon XIII souhaitait comme auditoire ; et c’est ainsi que cette politique, à laquelle certains reprochaient d’être une attitude de « laxisme, » était, en définitive, une œuvre d’apostolat, s’appuyant tout à la fois sur le sentiment des devoirs de l’Eglise et sur la connaissance des besoins des peuples.

Les noms de Mariano Rampolla del Tindaro, de Jacopo della Chiesa, de Domenico Ferrata, sont dès maintenant associés à l’histoire de cette grande époque ; ces noms évoquent un passé qui suggère aujourd’hui certaines espérances. Supposons — et cette hypothèse est un vœu — que les circonstances diplomatiques, prévalant enfin sur les partis pris archaïques de la politique intérieure, amènent la République française à rentrer en rapports avec le Saint-Siège : les bureaux du quai d’Orsay reprendront tout de suite avec le cardinal Ferrata, secrétaire d’Etat de Benoit XV, les mêmes rapports courtois et cordiaux que Mgr Ferrata, nonce de Léon XIII, entretenait avec eux. Se retrouvant en face d’un tel interlocuteur, ils auront l’impression, non pas d’inaugurer une conversation, mais de la continuer ; et sur l’entretien ne planera pas le souvenir d’une brouille, mais le sentiment d’une amitié retrouvée, et que les événemens avaient interrompue, plutôt que rompue.


Demain appartient encore aux armées ; après-demain appartient aux Congrès. Le nouveau Vicaire du Christ, défiant du haut de son magistère la triste nécessité de la guerre, a tout de suite fait retentir, parmi les échos des canonnades, des paroles de paix : Léon XIII eût aimé ce langage.

Il y a quinze ans, Léon XIII ressentit une grande douleur lorsque, sur la demande d’un ministre italien que désapprouvèrent les publicistes les plus écoutés de la péninsule, la Conférence de La Haye demeura close au représentant du Saint-Siège. Le gouvernement du Pape, comme tous les autres gouvernemens, était périodiquement admis à dire son mot dans les réunions internationales pour la protection légale des travailleurs ; un délégué de la Chaire de saint Pierre était convié à s’y asseoir, à côté des sociologues expédiés par les divers pays. C’était une sorte de reconnaissance du concours que l’humanité du XXe siècle peut attendre du Souverain Pontificat pour l’avènement d’une certaine justice sociale. Mais lorsqu’il s’agissait de réaliser cette autre justice, la justice internationale, le successeur des Grégoire VII, des Alexandre III, des Innocent III se trouvait condamné au silence. Il avait vu les gouvernemens de Madrid et de Berlin réclamer sa médiation dans l’affaire des Carolines, ; en lui semblaient s’être réincarnés les lointains Pontifes dont la voix haute et grave dominait les discordes des peuples, en les pacifiant. Et malgré ce glorieux souvenir, il était en 1899, au moment où s’ouvraient les séances de La Haye, frappé d’une irrévocable exclusion. Elle apparaîtra peut-être, dans le recul de l’histoire, comme un fait aussi grave, sinon plus grave, que la perte du pouvoir temporel : la défaite qu’avait, en 1870, subie la Papauté modifiait les conditions de son magistère et amenait les consciences chrétiennes à se demander, anxieuses, s’il pourrait demeurer libre ; la disgrâce qu’elle dut supporter en 1899, — cette disgrâce dont le cardinal Rampolla ne parlait qu’avec angoisse, — était une méconnaissance de son magistère même et des prérogatives qu’avait accordées à sa souveraineté morale une longue série de siècles.

Dans l’immense guerre qui nous exalte et nous meurtrit, notre sang et le sang de nos alliés achèteront, nous en avons la ferme confiance, certaines réparations justicières : le droit de la Pologne à vivre comme peuple, le droit de l’Alsace à rentrer dans la communion française, triompheront par le sacrifice de toutes les vies humaines qui s’offrent et se donnent pour l’abolition de l’injustice. Il serait douloureux que, dans les rendez-vous diplomatiques qui succéderont à la guerre, on perpétuât systématiquement, au détriment de la Papauté, certains ostracismes qui sont, eux aussi, une injustice. L’histoire n’a pas oublié que la présence du cardinal Consalvi fut l’une des gloires du Congrès de Vienne, il y a tout juste cent ans. Ne pas mettre le Saint-Siège en mesure de remplir tout son devoir envers l’humanité, ce serait une faute contre l’humanité : la voix d’un Pape ne doit jamais être considérée comme inopportune, ni comme importune, ni même comme oiseuse, là où l’on parle d’arbitrage, de médiation, de paix.


Il serait possible, d’ailleurs, que, conformément à certains vœux présentés au Concile du Vatican, un travail théologique s’accomplit pour remettre en lumière et proposer à l’attention des hommes ce vieux « droit des gens » chrétien que le moyen âge élabora. De même que Léon XIII sut trouver dans saint Thomas les élémens de son encyclique sur la condition des travailleurs contemporains, de même un de ses successeurs peut demander aux théologiens des vieux siècles les maximes fondamentales d’un code de justice internationale. A vrai dire, les jeunes nationalités dont l’effervescente ambition prévalut aux XVe et XVIe siècles sur l’idée de chrétienté firent bon marché de ces maximes et les reléguèrent peu à peu dans un injuste délaissement. Les âmes éprises de pacifisme se flattent de connaître les songes lénifians du bon abbé de Saint-Pierre, qui ne fut rien moins qu’un homme d’Eglise ; quant aux maximes de morale internationale qui, parsemées ou codifiées dans les Sommes médiévales, avaient devancé Grotius et l’avaient peut-être dépassé, elles sont tombées dans un tel oubli que, depuis trois siècles, l’Eglise a vu se dérouler en dehors d’elle le vaste mouvement intellectuel qui tendait à la fixation d’un droit des gens. Et, cependant, des institutions comme la Paix de Dieu, la Trève de Dieu, ne furent pas, en leur temps, le caprice bénévole et momentané de quelque Pontife à l’âme sensible, mais les épisodes d’un plan d’ensemble par lequel l’Eglise avait essayé, non seulement d’atténuer les maux de la guerre, mais même de légiférer sur elle.

L’Eglise, de par son expérience des âmes, connaît trop les inévitables conséquences de la faute originelle, pour avoir cette illusion que la guerre puisse jamais être complètement abolie ; elle en parle plutôt comme d’une expiation qui peut devenir, par la vertu même de l’épreuve, une force de relèvement et de renouveau ; et ce n’est point elle qui s’abandonnera jamais aux berquinades d’un pacifisme utopique. Le pacifisme d’un Fénelon convient à cette Salente qu’édifiaient avec complaisance les jeux d’esprit du prélat, à cette Salente dont l’architecte était l’involontaire précurseur de Rousseau, et dans laquelle il semblait bien que les hommes fussent exempts du premier péché. La grande pensée chrétienne n’a jamais construit des Salentes ; mais prenant le monde tel qu’il est, envisageant dans toute leur intégrité les volontés de Dieu sur le monde, et consciente enfin du droit qu’elle a de proclamer certaines règles de justice, elle s’appliqua, durant tout le moyen âge, à définir ces règles, non seulement pour les rapports entre les individus, mais pour les rapports entre ces membres collectifs de la chrétienté qui s’appellent les peuples. Les rêves fumeux d’un certain pacifisme pourraient être, tout à la fois, assagis et satisfaits par certaines pages de saint Thomas ou d’Henri de Suse, de saint Antonin de Florence ou de François de Victoria, qui, sans oser prétendre qu’on put à jamais laisser se rouiller les épées, fixaient les conditions requises pour qu’elles sortissent légitimement du fourreau [1].

Un élan continu, depuis cinquante ans, porte l’Eglise à se fortifier et tout ensemble à s’épanouir, en ressaisissant les traditions du moyen âge, traditions philosophiques, traditions de législation sociale ; c’est dans cet héritage qu’elle a pris l’habitude de fouiller pour répondre à certains besoins que le XVIIIe siècle surexcita sans pouvoir les apaiser. A mesure que le doute des pensées humaines, à mesure que les leçons de l’expérience positive, projettent une ombre décourageante sur tous les songes du XVIIIe siècle, l’Eglise, remontant plus haut et plus loin, fait l’inventaire de ses propres richesses intellectuelles et les étale devant l’humanité.

Le rationalisme du XVIIIe siècle, après avoir exalté la raison humaine jusqu’à la griserie, fut impuissant à la défendre contre les assauts qu’elle se livrait à elle-même et contre les incertitudes qu’elle éprouvait sur sa propre valeur : l’Eglise, avec un esprit d’équité qui, chez toute autre puissance, eût pu passer pour une sorte de coquetterie, arbora le thomisme pour restaurer les titres de la raison et la réintégrer dans ses droits, en même temps qu’elle en maintenait les limites : c’est l’exacte portée que prendra, dans l’histoire des systèmes philosophiques, la condamnation du modernisme.

La philanthropie du XVIIIe siècle, après avoir substitué à l’esprit de charité chrétienne les impulsions de je ne sais quelle sensiblerie, après avoir agi et parlé comme si l’on eût attendu jusqu’à elle pour découvrir l’ « amour des hommes, » fut impuissante à prévenir la plus grande explosion de haine qu’ait connue l’humanité, la Terreur ; l’Eglise, demeurée fidèle aux sept œuvres de charité que prédicateurs et sculpteurs du moyen âge proposaient à la pratique des chrétiens, rappela que pour aimer les hommes et les servir, l’élan du cœur a besoin d’être soutenu par un souffle de grâce, souffle consciemment invoqué ou inconsciemment subi, — par un souffle qui vient d’en haut. La raison qui présumait de ses lumières, le cœur qui présumait de sa bonté, furent ainsi ramenés par l’Eglise, interprète des faits en même temps qu’interprète du dogme, à une exacte appréciation de leurs ressources.

La sociologie individualiste du XVIIIe siècle, après avoir prôné comme une conquête une certaine notion abstraite de la liberté et de l’égalité, après avoir, sous couleur de préserver les droits de l’individu, supprimé tous les liens d’association, se révéla impuissante à assurer, dans la conclusion du contrat de travail, la liberté effective de l’ouvrier désormais isolé ; elle ne put justifier la dette que tout individu doit au corps social et la créance réciproque qu’il possède sur ce corps social : l’Eglise, assidûment insurgée contre un système dont la conséquence primordiale était la négation de l’idée de fraternité, tira du thomisme les rudimens d’une économie sociale et prépara les esprits à comprendre, à l’encontre de la philosophie du XVIIIe siècle, la vertu protectrice de l’association libre et le rôle que peut jouer la loi comme garante de la fraternité lésée.

Le droit des gens, strictement laïque, qu’ébaucha l’époque moderne eut pour organe, à la fin du XIXe siècle, la conférence de La Haye. Et voici que les législateurs qui dans cette conférence croyaient gouverner l’avenir assistent à la faillite de leurs naïves ambitions ; ils se sont révélés impuissans à faire observer, au cours des deux guerres d’Orient et d’Occident qui bafouèrent immédiatement leur travail, les règles qu’ils croyaient avoir fait accepter par l’univers. Leur solennel tapis vert avait groupé les uns à côté des autres tous les délégués des nations armées ; une grande force morale, désarmée, avait dû rester à l’écart ; l’heure approche, peut-être, où ce sera son tour de parler.

Quelque déçues qu’elles soient par l’histoire des dernières semaines, les aspirations légitimes auxquelles la conférence de La Haye s’efforça de répondre gardent toutes leurs racines. Les représentans des peuples, qui parlaient de paix tandis que les peuples préparaient la guerre, eurent un rôle assez ingrat ; mais la puissance qu’ils avaient évincée et dont le seul nom symbolise l’idée d’unité, ne participe point à la disgrâce qui, dès maintenant, pèse sur eux. On eût beaucoup surpris l’opinion, au début du Pontificat de Léon XIII, si l’on avait annoncé que saint Thomas ressuscitant dirait prochainement son mot dans les conflits entre ouvriers et employeurs, et que ce mot trouverait accueil dans un certain nombre d’esprits : est-il plus paradoxal de croire qu’une chrétienté fatiguée, épuisée, écouterait avec une curiosité reconnaissante les pacifiantes doctrines des vieux théologiens sur les rapports entre nations ?

Déjà, sous le Pontificat de Pie X, plusieurs initiatives catholiques s’occupèrent d’exhumer ces textes ; et, par une coïncidence étrange, c’est à Louvain, la cité victime de la guerre, que se tenaient depuis quelques années certaines réunions importantes, consacrées à l’étude historique du droit international chrétien. Voici même une autre coïncidence, non moins émouvante : à Liège, dans la première quinzaine du mois d’août, étaient convoqués un certain nombre de prêtres des diverses nations, pour qu’ils créassent un mouvement, dans leurs pays respectifs, en faveur de la résurrection de cet ancien droit. Il y eut à Liège, hélas ! en cette quinzaine d’août, un rendez-vous d’un autre genre, entre l’artillerie des forts belges et celle de l’invasion allemande. Mais ces ironiques catastrophes ne peuvent étouffer les désirs des âmes, ni périmer l’antique enseignement de l’Église.

L’Europe d’hier souffrait comme d’un malaise de certaines violations flagrantes du droit, et ce malaise l’exposait à des crises fatales. Si dans l’Europe de demain, telle que l’entrevoient nos viriles espérances, ces violations sont réparées, et si la force armée, libératrice de l’Alsace, libératrice de la Pologne, installe un équilibre nouveau fondé sur plus de justice, le terrain paraîtra favorable à l’épanouissement d’un droit international chrétien, qui s’ajouterait à la volonté des peuples pour consolider une paix si chèrement achetée.

D’aucuns auguraient qu’à Pie X succéderait un Pontife de transition : ils signifiaient par là quelque fugitif octogénaire qui mettrait à l’ancre le vaisseau de l’Eglise, et puis attendrait la mort. Leurs calculs ont failli. Ils vont connaître un pontificat de transition, — mais dans un autre sens que celui où ils prenaient ce mot, un pontificat de transition entre deux Europes, de transition entre deux époques. Et l’on a vu, parfois, les Papes postés à de telles heures d’histoire orienter l’humanité.


GEORGES GOYAU.

  1. Voir Vanderpol, Le droit de guerre d’après les théologiens et les canonistes du moyen âge (Paris, Tralin, 1911) et La guerre devant le christianisme, ouvrage suivi d’une traduction du De jure belli de François de Victoria (Paris, Tralin, 1912.)